Libye: appels au retrait «immédiat» des mercenaires pour conforter l'embellie politique

La ministre libyenne des Affaires étrangères Najla al-Mangoush et le Ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. (AFP)
La ministre libyenne des Affaires étrangères Najla al-Mangoush et le Ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. (AFP)
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Publié le Jeudi 25 mars 2021

Libye: appels au retrait «immédiat» des mercenaires pour conforter l'embellie politique

  • Ces appels ont été lancés à l'occasion d'une visite surprise à Tripoli des chefs de la diplomatie française, allemande et italienne, dans un geste européen d'unité et de soutien face à ces récents progrès politiques
  • Engluée dans les divisions après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye vient de se doter, au terme d'un processus chapeauté par l'ONU, d'un gouvernement unifié chargé de mener la transition jusqu'à des élections nationales

TRIPOLI: Le nouveau gouvernement unifié libyen et la France ont appelé jeudi au retrait "immédiat" des mercenaires de Libye, pays qui paraît en mesure de s'extraire d'une décennie de chaos à la faveur d'une embellie politique.

Ces appels ont été lancés à l'occasion d'une visite surprise à Tripoli des chefs de la diplomatie française, allemande et italienne, dans un geste européen d'unité et de soutien face à ces récents progrès politiques.

Engluée dans les divisions après la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye vient de se doter, au terme d'un processus chapeauté par l'ONU, d'un gouvernement unifié chargé de mener la transition jusqu'à des élections nationales fin décembre.

Et, alors que le conflit libyen a été largement alimenté par des puissances extérieures, la question des militaires étrangers et mercenaires --ils étaient encore au nombre de 20.000 en décembre selon l'ONU-- apparaît comme centrale.

“Gestes encourageants”

"Nous réitérons la nécessité du départ de tous les mercenaires de Libye et de façon immédiate", a proclamé la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla al-Mangoush, lors d'une conférence de presse avec ses trois homologues européens.

"Le départ des mercenaires (...) est essentiel pour que l’Etat libyen affirme sa souveraineté", a ajouté le Français Jean-Yves Le Drian.

Au Caire, où il recevait le président du Conseil présidentiel libyen Mohamed Al-Manfi, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a lui aussi appelé à un tel "retrait".

La veille, dans le cadre d'un rapport remis au conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'était dit "profondément préoccupé par les informations sur une présence persistante d'éléments étrangers dans et autour de Syrte et dans le centre de la Libye".

Le rapport relevait un léger mouvement de repli, toutefois insuffisant.

Sur ce point, une source diplomatique française a affirmé jeudi que des mercenaires syriens déployés par la Turquie commençaient à se retirer.

"Ca fait partie des gestes encourageants qu'on a pu constater. Il y a des mouvements qui ont été vus, constatés", a déclaré cette source, tout en soulignant que ces indications restaient à "préciser et confirmer".

A la suite de l'émergence de pouvoirs rivaux, Ankara soutenait activement l'ancien gouvernement d'union (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l'ONU.

Face à lui, un camp installé dans l'Est et emmené par le maréchal Khalifa Haftar disposait du soutien des Emirats, de la Russie et de l'Egypte.

A ce titre, parmi les acteurs extérieurs figuraient des mercenaires du groupe privé russe Wagner, soutiens du camp de l'Est, des Tchadiens, Soudanais et Syriens, mais aussi des militaires turcs en vertu d'un accord bilatéral conclu avec le précédent gouvernement de Tripoli.

 "Voisinage immédiat"

De son côté, la France a été mise en difficulté ces deux dernières années en raison de sa proximité supposée avec le maréchal Haftar, un personnage controversé.Paris semble aujourd'hui désireux de tourner cette page et a annoncé la réouverture lundi prochain de son ambassade à Tripoli, fermée depuis 2014.

Mais la visite commune de jeudi visait surtout à afficher une unité européenne sur ce dossier --par le passé mise à mal, notamment entre Paris et Rome--, et à soutenir la transition politique. La Libye "représente notre voisinage immédiat" et "nous ne pouvons détourner le regard des conséquences que peut avoir la crise libyenne en Europe en matière de sécurité, en matière de terrorisme, en matière de migration", a relevé M. Le Drian.

"Nous voulons montrer que nous, les Européens, nous tenons unis et déterminés au côté de la Libye", a renchéri l'Allemand Heiko Maas."C'est un résultat qui, il y a quelques mois encore, semblait inatteignable", s'est aussi félicité l'Italien Luigi Di Maio, qui effectuait son deuxième déplacement en quelques jours à Tripoli.

"En Italie et en Europe, le soutien est inébranlable, avec la conviction qu'il ne peut y avoir de solution militaire", a-t-il insisté. Cette visite intervient une dizaine de jours après l'installation du nouveau gouvernement unifié d'Abdelhamid Dbeibah, né d'un processus onusien lancé en novembre à Tunis et mis sur orbite en février à Genève avant un vote de confiance du Parlement ce mois.

Ce nouvel exécutif est attendu au tournant par une population dont le quotidien est rythmé par les coupures de courant, les pénuries de liquidités et l'inflation, dans un pays qui dispose pourtant des réserves de pétrole les plus abondantes d'Afrique.

La Libye reste en outre une plaque tournante de l'immigration clandestine sur le chemin de l'Europe.


Le chef de l'ONU appelle à mettre fin au «cauchemar de la violence» au Soudan

Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
Des abris érigés par des Soudanais déplacés qui ont fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (RSF) composent le camp d'Um Yanqur, situé à la limite sud-ouest de Tawila, dans la région du Darfour occidental, déchirée par la guerre, au Soudan, le 3 novembre 2025. (AFP)
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  • Antonio Guterres appelle à des négociations immédiates pour mettre fin au conflit au Soudan, avertissant que la crise humanitaire et sécuritaire devient « incontrôlable » après deux ans de guerre entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR)
  • La situation à El-Facher, au Darfour, illustre la gravité du drame, avec des civils pris au piège, des milliers de morts, des violations massives des droits humains et près de 12 millions de déplacés selon l’ONU

DOHA: Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé mardi à des "négociations" pour un arrêt immédiat du conflit au Soudan, mettant en garde contre une crise "en train de devenir incontrôlable".

Le secrétaire général des Nations unies a exhorté les parties au conflit à "venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant".

"La crise horrifiante au Soudan (...) est en train de devenir incontrôlable", a-t-il dit lors d'une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha.

Le conflit entre l'armée et les paramilitaires dure depuis deux ans et a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.

Le 26 octobre, après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris la ville d'El-Facher, dernier verrou stratégique de l'armée au Darfour (ouest du Soudan).

Depuis, les informations et témoignages se multiplient sur les cas d'exécutions, viols, attaques contre des humanitaires et pillages qui y sont commis, documentés par des images satellites et par des vidéos d'exactions publiées par les combattants eux-même.

"El-Facher et les zones environnantes du Nord-Darfour ont été un épicentre de souffrance, de faim, de violence et de déplacements" a souligné M.Guterres, ajoutant que depuis l'entrée des FSR dans la ville, "la situation s'aggrave de jour en jour".

"Des centaines de milliers de civils sont pris au piège par ce siège. Les gens meurent de malnutrition, de maladie et de violence. Et nous continuons à entendre des rapports sur des violations du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a affirmé M.Guterres.


Pour Aoun, le Liban «n'a pas d'autre choix que de négocier avec Israël»

Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
Israël a bombardé le Liban à plusieurs reprises malgré le cessez-le-feu de novembre 2024 qui visait à mettre fin à plus d'un an d'hostilités avec le Hezbollah, multipliant les attaques ces derniers jours. (Reuters)
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  • Joseph Aoun réaffirme l'engagement de Beyrouth en faveur d'un dialogue sans guerre, tout en admettant qu'Israël reste un "ennemi"
  • Les frappes aériennes israéliennes tuent deux personnes, dont un commandant du Hezbollah précédemment blessé dans l'explosion d'un téléavertisseur

BEYROUTH : Le président libanais Joseph Aoun a réaffirmé lundi son engagement à négocier avec Israël, affirmant que son pays n'avait "aucune option" en la matière.

Toutefois, il a ajouté : "La négociation n'est pas menée avec Israël : "La négociation ne se fait pas avec un ami ou un allié, mais avec un ennemi.

"Le langage de la négociation est plus important que celui de la guerre, dont nous avons vu ce qu'elle nous a fait subir.

Selon le bureau des médias du palais présidentiel, M. Aoun a réaffirmé son attachement au "langage diplomatique adopté par nous tous, du président du Parlement Nabih Berri au Premier ministre Nawaf Salam".

Le Liban reste attaché au cadre de négociation "à travers le Comité du mécanisme", qui est limité aux représentants militaires, avec la possibilité d'inclure des civils conformément à une proposition américaine présentée la semaine dernière par Morgan Ortagus aux responsables libanais.

Les remarques de M. Aoun font suite à l'intensification des attaques israéliennes sur le Sud-Liban visant à accroître la pression sur le Hezbollah pour qu'il désarme.

Une frappe aérienne israélienne a visé une moto à Aita Al-Shaab, tuant son conducteur. Il s'agit de la deuxième frappe en l'espace de quelques heures.

Des médias proches du Hezbollah ont rapporté que l'homme tué était Youssef Naameh, le frère de deux autres personnes tuées précédemment dans des frappes israéliennes.

Lors d'une frappe précédente, les forces de défense israéliennes ont visé la ville de Doueir dans le district de Nabatieh, tuant une personne et en blessant sept autres, selon un communiqué du ministère libanais de la santé.

Plusieurs médias libanais ont rapporté que l'homme tué était le commandant du Hezbollah Mohammed Ali Hadid, qui avait déjà été blessé lors de l'explosion d'un téléavertisseur par le Mossad en septembre 2024 - une opération dont Israël n'a jamais officiellement revendiqué la responsabilité.

Selon certaines informations, M. Hadid avait survécu à une première frappe israélienne dimanche dans la ville de Zefta, dans le sud du pays, au cours de laquelle des drones israéliens avaient lancé au moins trois missiles sur une cible. Ces frappes n'ont toutefois pas atteint l'objectif visé.

Des images diffusées en ligne montrent la voiture visée en proie à de violentes flammes, tandis que les équipes de pompiers luttent contre les effets de la frappe, qui a également provoqué l'incendie de plusieurs voitures en stationnement.

Un complexe commercial contenant des magasins et des restaurants a également été endommagé.

La chaîne israélienne Channel 12 a rapporté que les récentes attaques israéliennes faisaient suite aux commentaires d'une "source de sécurité israélienne" dimanche.

Cette source a déclaré que "l'État libanais ne pénètre pas dans certaines zones où le Hezbollah opère et, si l'on nous demande d'agir, nous savons comment augmenter le rythme des attaques au Liban si nécessaire".

L'escalade des frappes israéliennes a porté à 16 le nombre de morts en moins d'une semaine, la plupart étant des membres du Hezbollah.

Samedi, une frappe aérienne meurtrière sur la ville de Kfar Roummane à Nabatieh a tué quatre membres du Hezbollah et blessé trois passants.

Une source de sécurité s'attend à une escalade des attaques israéliennes au cours des derniers mois de l'année, qui est la date limite fixée par l'armée libanaise pour achever le plan de désarmement au sud de la ligne Litani.

Le ministre israélien de la défense, Israël Katz, a accusé dimanche le Hezbollah de "jouer avec le feu". Il a déclaré qu'il tenait le gouvernement et le président libanais "responsables des atermoiements dans le respect de leurs engagements concernant le désarmement du parti et son retrait du sud".

Il a également affirmé qu'"Israël continuera à appliquer une politique de riposte maximale dans ses opérations militaires et n'autorisera aucune menace visant les résidents du nord", appelant les autorités libanaises à "assumer pleinement leurs responsabilités pour assurer la stabilité et empêcher l'escalade".


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.