En 15 ans d’existence, Twitter a-t-il fait plus de tort que de bien au Moyen-Orient ?

En 15 ans d’existence, Twitter a-t-il fait plus de tort que de bien au Moyen-Orient ?
Short Url
Publié le Samedi 27 mars 2021

En 15 ans d’existence, Twitter a-t-il fait plus de tort que de bien au Moyen-Orient ?

  • En dépit de la nouvelle politique de Twitter concernant les discours de haine, les comptes qui adoptent ce genre de discours restent actifs sur la plateforme
  • Il va sans dire que la plateforme est devenue un terrain fertile et toxique pour les discours de haine, en particulier dans le monde arabe

LONDRES : La semaine dernière, les employés de Twitter à travers le monde ont eu droit à un jour de congé pour fêter le 15e anniversaire de la plateforme de réseaux sociaux.

Toutefois, s'ils ont profité de la réussite de leur entreprise, il n'en va pas de même pour le grand nombre de personnes qui ont subi le déluge de négativité et de messages préjudiciables que ce réseau de micro-blogging a maintes fois omis de contrer.

« Ils (Twitter) ne consacrent pas suffisamment d'efforts pour s'assurer que le contenu en arabe n’enfreint pas leur politique, comme ils le feraient pour le contenu en anglais. Cela pose un problème majeur », a déclaré à Arab News, Azza Masri, chercheuse dans le domaine des médias.

 

En effet, il va sans dire que la plateforme est devenue un terrain fertile et toxique pour les discours de haine, en particulier dans le monde arabe.

En dépit de la mise à jour de la politique de Twitter concernant les discours de haine, qui stipule clairement que les utilisateurs ne doivent pas « promouvoir la violence contre ou agresser directement ou menacer d'autres personnes sur la base de leur race, de leur ethnicité, de leur nationalité », les comptes qui adoptent particulièrement ce genre de discours sont toujours présents sur la plateforme.

« On constate un véritable laisser-faire dans l'application ou la mise en œuvre de ces normes communautaires pour les contenus en langue arabe, mais aussi pour tout autre langue que l'anglais ou les langues parlées en Europe. Il s’agit d’un véritable problème », lance Azza Masri.

Par ailleurs, on trouve des comptes qui sont restés actifs dans le monde arabe, comme ceux du religieux égyptien exilé, Youssouf Al-Qaradawi, et de Qais Al-Khazali, désigné comme terroriste, qui ont tous deux figuré dans la série « Prédicateurs de la haine » d'Arab News.

 

 

Le compte Twitter du religieux égyptien Youssouf Al-Qaradawi
Le compte Twitter du religieux égyptien Youssouf Al-Qaradawi

 

« À travers l'histoire, Dieu leur a imposé (aux Juifs) des personnes qui les puniraient pour leur corruption », a déclaré Al-Qaradawi dans l'une de ses nombreuses fatwas empreintes de haine.

« La dernière punition leur a été infligée par Hitler. C'était une punition divine.  Si Dieu le veut, la prochaine fois, ce sont les fidèles croyants qui les puniront », a-t-il ajouté.

 On a pu constater que des comptes d'utilisateurs réguliers qui ne sont pas très suivis ont harcelé et maltraité en ligne d'autres personnes sans pour autant que leurs tweets soient retirés sur-le-champ ou dans un délai raisonnable.

Dans un cas mis en évidence par Azza Masri, un doxing de contenu - la révélation d'informations sur l'identité d'une personne sur Internet - commis au Liban en octobre 2019 est resté sur Twitter, en dépit des appels répétés aux équipes chargées de la politique chez Twitter.

Le problème ne concerne pas exclusivement Twitter et le monde arabe

 En effet, ce problème ne se limite pas aux comptes du monde arabe. Ainsi, les plateformes de médias sociaux en Inde, dont Facebook, ont été continuellement critiquées pour avoir offert un environnement propice à la diffusion de discours de haine par les utilisateurs.

« Ces plateformes et ces entreprises ne prennent pas les mesures nécessaires pour protéger les gens ou les utilisateurs — tous leurs utilisateurs—. C'est la plateforme qui doit d'abord travailler à contrer ce problème, pas l'utilisateur », a ajouté Mme Masri.

 Dans un entretien accordé à Arab News, Gavin Esler, écrivain et journaliste de la BBC, a déclaré que « Vous êtes tenu responsable d'une manière ou d'une autre de ce qui est diffusé sur votre plateforme ».

 « Ces organisations très importantes prétendent d'une manière ou d'une autre qu'elles ne sont pas responsables des contenus que nous recevons à travers leurs plates-formes. Logiquement, cela me paraît inacceptable», a-t-il ajouté.

 Début janvier, à la suite des émeutes du Capitole , Twitter a banni et pris des mesures à l'encontre du président américain sortant Donald Trump, pour ses tweets qui auraient encouragé une foule de manifestants d'extrême droite à commettre des actes de violence. Bien que Twitter dispose d'un règlement spécifique concernant les comptes des dirigeants politiques, il affirme que ceux-ci ne sont pas immunisés contre ses politiques d'application. Pourtant, certaines personnes continuent de tweeter et de publier des commentaires que beaucoup considèrent comme inadmissibles, voire dangereux.

Prenons l'exemple de l'ayatollah Ali Khamenei. Même s'il ne possède pas le même nombre de followers ni la même portée que Trump sur Twitter, son activité sur la plateforme suit le même modèle dangereux.

Cette photo publiée sur Twitter par le bureau du guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Khamenei, montre une figurine de l'ancien président américain Donald Trump jouant au golf à l'ombre d'un avion de guerre, accompagnée d'un engagement à venger la frappe de drone meurtrière que l'ancien président a ordonnée en 2020. (Photo de Twitter)
Cette photo publiée sur Twitter par le bureau du guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Khamenei, montre une figurine de l'ancien président américain Donald Trump jouant au golf à l'ombre d'un avion de guerre, accompagnée d'un engagement à venger la frappe de drone meurtrière que l'ancien président a ordonnée en 2020. (Photo de Twitter)

 

 En janvier, Khamenei a publié de fausses déclarations sur ses nombreux comptes — en anglais, espagnol, farsi, arabe et russe — dans lesquelles il affirmait que les vaccins contre le coronavirus (Covid-19) mis au point aux États-Unis et au Royaume-Uni étaient « indignes de confiance » et que la France détenait des « réserves de sang contaminé par le VIH » et qu'il n'était « pas improbable qu'ils (les pays occidentaux) cherchent à contaminer d'autres nations ».

Ce message fait suite à de longues années de tweets tout aussi dangereux et préjudiciables, dans lesquels Khamenei a incité à la violence contre d'autres nations. En mai de l'année dernière, il a indiqué que l'Iran « soutiendrait et aiderait toute nation ou tout groupe, n'importe où dans le monde, qui s'oppose et combat le régime sioniste ».

 

Et la liste se poursuit. Elie Ferzli, vice-président du Parlement libanais, a utilisé dernièrement un langage outrageant pour répondre à un tweet qui le critiquait.

Aux États-Unis aussi, Twitter sert désormais d'espace où les directeurs d'entreprise lancent des menaces indirectes à leurs employés. Vendredi, le National Labor Relations Board a jugé qu'un tweet du PDG de Tesla, Elon Musk, diffusé en 2018, menaçait illégalement les ouvriers de perdre l'option d'achat d'actions s'ils choisissent d'être représentés par le syndicat United Auto Workers (le syndicat des travailleurs du secteur automobile).

 Comment y remédier ?

Le problème persiste même si Twitter, Facebook et d'autres plateformes de réseaux sociaux prétendent être de simples compilateurs de contenu, sans en être les producteurs.

« C'est comme si l'on considérait qu'un site d'information n'est qu'un simple compilateur des contenus que les journalistes désirent publier (sur ce site). Facebook donne l'impression d'être une sorte d'urinoir, dans lequel les gens pissent de temps à autre », ajoute M. Esler.

Par ailleurs, la Russie a menacé de bloquer Twitter pendant un mois si le géant des réseaux sociaux ne retirait pas les contenus interdits, portant sur le suicide de mineurs et affichant des images indécentes d'enfants, ainsi que des informations sur la consommation de drogues.

Si la plateforme s'est pliée à ces exigences et a commencé à en retirer ce contenu, le régulateur national russe Roskomnadzor a fait valoir que la vitesse de retrait des contenus était « insuffisante », dans la mesure où les deux tiers des demandes étaient omises.

 

Jack Dorsey, PDG de Twitter. (Reuters)
Jack Dorsey, PDG de Twitter. (Reuters)

 

Dans un communiqué, le régulateur russe a déclaré : « Roskomnadzor a constaté, qu'à la suite des mesures visant à ralentir le fonctionnement de Twitter le 10 mars, le réseau social a commencé à supprimer les contenus interdits en Russie, mais cette suppression ne concerne que le tiers des contenus. Le rythme auquel le réseau social supprime les informations interdites n'est pas satisfaisant.

Il est regrettable que seules les mesures techniques d'application des lois russes aient contraint le réseau social américain à reconnaître l'existence d'informations absolument néfastes dans tous les pays du monde, et à prendre des mesures pour les supprimer ».

 Des actions comme celle-ci, ainsi que que le bras de fer âpre de l'Australie avec Facebook au sujet d'une proposition de loi qui l'obligerait à rémunérer les éditeurs de nouvelles pour le contenu qu’ils publient, ont déclenché un débat acharné sur la position éthique de ces plateformes —notamment en ce qui concerne la liberté d'expression—.

 Selon M. Esler : «La liberté d'expression n'autorise pas une personne à crier « au feu » ou « à la bombe » dans un théâtre bondé. Cela ne relève pas de la liberté d'expression ».

 

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Ouverture du Grand Musée égyptien : le monde réuni au Caire pour son inauguration

Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
Short Url
  • Le Grand Musée Égyptien, plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation, expose plus de 57 000 artefacts, dont la collection complète de Toutankhamon
  • Inauguré par Abdel Fattah Al-Sissi, l’événement a rassemblé des dirigeants mondiaux et marque un nouveau chapitre culturel et historique pour l’Égypte

LE CAIRE : Le Grand Musée Égyptien — le plus grand musée archéologique au monde dédié à une seule civilisation — a officiellement ouvert ses portes.

L’événement d’inauguration a réuni de nombreuses personnalités internationales, parmi lesquelles le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le roi Philippe de Belgique et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Les hauts responsables arabes présents étaient menés par le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr ben Abdallah, accompagné du prince héritier Theyazin d’Oman et du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré ce musée tant attendu, vitrine d’un milliard de dollars dédiée aux trésors pharaoniques, affirmant que son ouverture marquait « un nouveau chapitre de l’histoire » pour le pays.

« Aujourd’hui, alors que nous célébrons ensemble l’ouverture du Grand Musée Égyptien, nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire du présent et de l’avenir de cette patrie millénaire », a déclaré Al-Sissi devant un parterre de princes, reines, chefs d’État et autres dignitaires réunis sur l’esplanade du musée.

Le spectacle fastueux de samedi a illuminé à la fois les pyramides et la façade monumentale du musée, avec de grandes mises en scène musicales et des performances conjointes entre Le Caire et Tokyo, Paris et New York.

Situé à environ deux kilomètres des pyramides de Gizeh, le site s’étend sur 490 000 m². Son design, signé par le cabinet irlandais Heneghan Peng Architects, mêle modernité et histoire.

--
Le site, situé à environ 2 kilomètres des pyramides de Gizeh, couvre une superficie totale de 490 000 mètres carrés. (Fourni)

Le musée est le fruit de l’initiative de l’ancien ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosny, qui proposa l’idée en 1992. La construction débuta en 2005, mais fut interrompue trois ans durant les troubles politiques qui suivirent la révolution de 2011.

Le projet a néanmoins surmonté de nombreux défis — bouleversements politiques et pandémie mondiale — qui ont retardé son ouverture à quatre reprises.

--
Le Grand Musée égyptien de Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale, Le Caire. (Fourni)

« Dire que le Grand Musée Égyptien est un cadeau de l’Égypte au monde n’est pas une exagération, car l’héritage de la civilisation égyptienne ancienne constitue un patrimoine universel », a déclaré le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly.

Cet héritage sera présenté sur 40 000 m² d’espaces d’exposition, dont 7 500 m² consacrés aux trésors du roi Toutankhamon, tous découverts dans sa tombe sur la rive ouest de Louxor en 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter.

Le musée abrite plus de 57 000 artefacts répartis entre les galeries de Toutankhamon, les galeries principales, la Grande Salle, le Grand Escalier et le musée de la barque de Khéops. La barque solaire de 4 600 ans du pharaon Khéops, longue de 43 mètres, découverte dans les années 1950 près de la Grande Pyramide, est l’un des joyaux de la collection.

--
Un visiteur visite le Grand musée égyptien à Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale Le Caire. (AFP)

« Ce qui distingue véritablement le Grand Musée Égyptien, c’est la présentation complète de la collection de Toutankhamon — plus de 5 000 artefacts exposés ensemble pour la première fois », a confié à Arab News l’ancien directeur du musée, le Dr Tarek Tawfik.

L’inauguration de samedi comprenait notamment l’ouverture de deux salles consacrées à ces 5 000 pièces exceptionnelles.

« Les visiteurs seront émerveillés par les techniques modernes de présentation du musée, qui racontent l’histoire du roi à travers une approche curatoriale novatrice, différente des styles d’exposition traditionnels », a ajouté Tawfik.

--
La statue de la reine Hatchepsout au musée. (Fourni)

Certaines sections du musée sont ouvertes au public depuis 2024, et de nouvelles galeries ouvriront le 4 novembre, dans l’espoir d’attirer visiteurs locaux et touristes internationaux.

Dès l’entrée, le parcours débute par l’obélisque suspendu du roi Ramsès II dans la cour du musée. Les visiteurs peuvent également admirer une statue monumentale du pharaon dans le hall d’accueil avant d’emprunter le Grand Escalier — une statue vieille de 3 200 ans et haute de 11 mètres, déplacée ici après avoir longtemps trôné au centre d’un rond-point encombré devant la principale gare ferroviaire du Caire.

--
Les galeries principales traitent de trois thèmes principaux - les croyances, la société et la royauté - couvrant différentes périodes de l'Égypte ancienne, de l'ère préhistorique et des anciens, moyens et nouveaux royaumes jusqu'à la période gréco-romaine. (Fourni)

Les galeries principales explorent trois thèmes centraux — croyances, société et royauté — couvrant les différentes périodes de l’Égypte ancienne, de la préhistoire à l’époque gréco-romaine.

Le musée abrite aussi un vaste centre de restauration de 32 000 m², le plus grand du Moyen-Orient, comprenant 16 laboratoires spécialisés ouverts au public — une première mondiale.

Présenté comme un pont entre l’héritage antique de l’Égypte et sa vision moderne, le Grand Musée Égyptien offre une fenêtre unique sur l’une des civilisations les plus fascinantes de l’histoire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
Short Url
  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.