Qui sont les Shabab qui terrorisent le nord du Mozambique ?

Plus d'un demi-million de personnes ont fui leurs foyers dans le nord du Mozambique depuis que des djihadistes affiliés à l'État islamique ont commencé à faire des ravages dans la province de Cabo Delgado, riche en gaz mais appauvrie, depuis 2017 (Photo, AFP)
Plus d'un demi-million de personnes ont fui leurs foyers dans le nord du Mozambique depuis que des djihadistes affiliés à l'État islamique ont commencé à faire des ravages dans la province de Cabo Delgado, riche en gaz mais appauvrie, depuis 2017 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 mars 2021

Qui sont les Shabab qui terrorisent le nord du Mozambique ?

  • C'est en réalité le début d'une sanglante guérilla jihadiste qui continue à ravager la province, forçant à ce jour plus de 670 000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU
  • La ville est tombée entre leurs mains samedi, après trois jours de combats. Le nombre de victimes parmi les civils et les combattants reste inconnu

MAPUTO: Les islamistes armés qui se sont emparés samedi de la ville de Palma, à seulement dix kilomètres d'un mégaprojet gazier de plusieurs milliards d'euros piloté par le groupe français Total, sèment la terreur depuis plus de trois ans dans le nord-est du Mozambique. 

Octobre 2017, une trentaine d'hommes armés lancent un raid à l'aube contre trois postes de police à Mocimboa da Praia, ville portuaire de la province de Cabo Delgado, frontalière de la Tanzanie, et à majorité musulmane. 

« On a pensé qu'ils voulaient libérer leurs camarades accusés d'appartenir à une secte religieuse radicale appelant la population à désobéir aux lois », racontait fin 2020 un imam qui tient à son anonymat.  

C'est en réalité le début d'une sanglante guérilla jihadiste qui continue à ravager la province, forçant à ce jour plus de 670 000 personnes à quitter leur foyer, selon l'ONU, et faisant au moins 2 600 morts, dont plus de la moitié de civils, selon l'ONG Acled. 

Le mouvement serait né vers 2007, autour d'un groupe baptisé Ansaru-Sunna qui construit de nouvelles mosquées adoptant un islam rigoriste, selon Eric Morier-Genoud, professeur d'histoire africaine à Belfast. 

Les autorités locales sous-estiment alors leur capacité de nuisance, qui se nourrit aussi des déçus de l'exportation gazière offshore, qui avant même d'avoir commencé, chasse des habitants de leurs villages et de leurs zones de pêche. 

Aujourd'hui, la péninsule d'Afungi, centre névralgique des installations gazières qui représentent l'un des plus gros investissements en Afrique et auquel participe notamment le groupe français Total, « est une bulle sécurisée, une sorte de Fort Apache assiégé », souligne un expert sécuritaire français. 

Mercredi, les groupes armés ont lancé une attaque d'envergure contre Palma, simultanément sur trois fronts, le jour même où Total annonçait la reprise des travaux du site d'exploitation gazière, censé être opérationnel en 2024. 

Décapitations à grande échelle 

La ville est tombée entre leurs mains samedi, après trois jours de combats. Le nombre de victimes parmi les civils et les combattants reste inconnu. 

Les dirigeants de ces rebelles, surnommés localement « al-shabab » (les jeunes, en arabe), restent un mystère. Mais ils ont fait allégeance au groupe Etat islamique en 2019. 

Ils ont incendié de nombreux villages, après les avoir pillés, et pratiquent la décapitation à grand échelle pour terroriser la population. Ils enlèvent aussi jeunes gens et femmes pour grossir leurs rangs. 

Ils contrôlent une bonne partie de la zone côtière, y compris le port de Mocimboa da Praia, pris en août 2020, crucial pour l'arrivée du matériel nécessaire aux installations gazières. 

Faiblement équipée et peu entraînée, l'armée a d'abord semblé dépassée, dans ce pays d'Afrique australe indépendant du Portugal en 1975. Le Mozambique a réussi sa transition démocratique il y a près de 30 ans, à l'issue d'une longue et sanglante guerre civile qui a duré une quinzaine d'années et fait un million de morts, jusqu'à un accord de paix en 1992. 

Des milliers de soldats ont toutefois été déployés, aboutissant à une accalmie ces derniers mois, attribuée par les autorités à la réplique militaire. 

Au vu de l'opération spectaculaire menée contre Palma, la baisse d'activité des islamistes semble désormais être plus vraisemblablement attribuable à la saison des pluies, qui ralentit tout, mais aussi à la préparation de nouvelles attaques. 

Les militaires sont « faiblement équipés », commentait Sergio Chichava, de l'Université Eduardo Mondlane, à Maputo, et ils s'appuient sur « des armes d'un autre âge ». Washington a annoncé mi-mars l'envoi de forces spéciales américaines pour deux mois de formation. 

Les autorités ont fait appel à une société militaire privée sud-africaine, Dyck Advisory Group (DAG), pour appuyer les forces de sécurité mozambicaines, qui seraient aussi discrètement épaulées par des mercenaires russes, selon des observateurs. 


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.