Aïda M’Dalla, une femme d’affaires inspirante et engagée

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Publié le Mardi 18 août 2020

Aïda M’Dalla, une femme d’affaires inspirante et engagée

  • Avec moins de 8 000 euros en poche et la rage de réussir, Aïda M’Dalla se lance dans sa propre aventure en ouvrant un premier salon de coiffure en 1998
  • « Tout rêve peut devenir réalité, quels que soient son histoire, ses origines, son genre ou son appartenance »

PARIS : « Ma plus grande fierté en tant que femme est d’avoir réussi toute seule dans cette aventure entrepreneuriale et d’être indépendante dans tous les domaines », confie Aïda M’Dalla. Issue des minorités, elle a relevé un défi de taille : s’imposer dans un monde dominé par les hommes, celui de la coiffure low cost.

Quels conseils donnerait-elle aux femmes qui voudraient se lancer dans l’entreprenariat ? « Avant tout, oubliez que vous êtes une femme ! Sinon, les sacrifices à faire paraitront plus grands, notamment dans votre vie personnelle. Enfin, restez fidèle à une ligne de conduite et des valeurs fondamentales de vie saine pour vous faire accepter, c’est-à-dire se respecter soi-même et se faire respecter. »

Pour porter haut ses origines tunisiennes, Aida M’Dalla choisit de lancer une gamme sous son propre nom en 2017 (Photo, fournie)

 Aida M’Dalla a fait preuve de pugnacité pour en arriver là. Née à Dijon, elle passe les premières années de sa vie chez ses grands-parents en Tunisie, dans le village de Ghraiba, entre Sfax et Gabès, avant de retrouver ses parents dans un quartier modeste de sa ville natale, où elle grandit avec ses deux frères et sa sœur. Élève moyenne, elle se lance dans un CAP coiffure puis décroche un premier poste. Son patron lui impose de changer de prénom. Aïda devient alors « Johanna » et comprend très vite qu’elle n’est pas faite pour le salariat.

 

Porter haut ses origines
Avec moins de 8 000 euros en poche et la rage de réussir, elle se lance dans sa propre aventure en ouvrant un premier salon de coiffure en 1998. Son objectif ? Rendre la coiffure accessible au plus grand nombre. S’en suivent de nouvelles ouvertures de salons jusqu’à la création de la holding Groupe Allure en 2007. À la tête de 20 salons Allure Coiffure en France, elle poursuit son ascension en développant, en 2011, des produits capillaires professionnels.

Pour porter haut ses origines tunisiennes, elle choisit de lancer une gamme sous son propre nom en 2017. Car outre la première difficulté, celle de s’imposer face aux banquiers et aux bailleurs, Aida a dû faire face au racisme. « Sans jouer les victimes, il n’est pas facile de se faire accepter avec ses origines. Imposer mon prénom de naissance, Aida, n’était pas gagné. En parallèle, j’ai dû faire face à la jalousie. En France, la réussite dérange et encore plus quand on est une femme arabe. »

 On lui reproche une marque trop identitaire ? Aïda fait fi des remarques. « J’assume pleinement qui je suis car, pendant vingt-trois ans, j’ai été “Johanna” et je suis heureuse qu’on m’appelle enfin par mon vrai prénom. Cela me permet d’avoir ma propre identité et d’affirmer mes origines, que je revendique. »

Bien ancrée dans son époque, elle fait évoluer sa gamme pour la rendre plus saine et respectueuse de l’environnement, non testée sur les animaux, avec des formules naturelles à base d’huile d’argan, de kératine et de plantes. Résultat ? Ses produits sont plébiscités par les clientes. « C’est une grande fierté aussi d’imaginer que mon nom est présent chez les gens quand je vends un de mes shampooings. »

Tunisienne et Française à la fois
Aïda M’Dalla est aujourd’hui une femme plus affirmée que jamais. Son message : tout rêve peut devenir réalité, quels que soient son histoire, ses origines, son genre ou son appartenance. « Dans le logo de ma marque AMD, il y a un message fort et réfléchi. J’ai choisi d’apposer “France” et non “Paris” à mon nom, car il est important de rappeler que la France ne se limite pas à Paris. Et Je me sens Tunisienne et Française à la fois. » 

A-t-elle eu envie parfois de baisser les bras ? « Bien sûr ! Le monde entrepreneurial est très difficile. Comme beaucoup de chefs d’entreprise, je me remets en question en permanence. Je sais pertinemment que tout peut s’effondrer à tout moment, car c’est moi qui prends les risques. Mais c’est aussi ça qui m’anime ! » Et où a-t-elle trouvé la force de se battre sans cesse ? « Ma mère m’a accompagnée tout au long de mon parcours professionnel. Elle a su m’apprendre la persévérance et la confiance en soi. Maintenant qu’elle n’est plus de ce monde, je me dis que, pour sa mémoire, je n’ai pas le droit de baisser les bras. Cela me donne de l’énergie et la force d’avancer. Tout ce que j’entreprends, c’est pour elle. »

Le regard que les autres lui portent a-t-il changé avec la réussite ? « Je me protège des autres. J’évite de savoir ce que l’on pense de moi. J’ai compris, il y a bien longtemps, que le monde des affaires est cruel et impitoyable. En France, ceux qui créent sont critiqués quoi qu’ils fassent. » Cette ligne de conduite lui réussit plutôt pas mal. En arabe, son prénom signifie « récompense ». Il n’y a pas de hasard : Aïda récolte le succès qu’elle mérite. Femme accomplie, elle fait les choses qu’elle aime et vit sa vie. En toute liberté. 


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
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  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
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  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".