Après les aides, le transport aérien mondial mise sur la vaccination pour s'en sortir

Pour chaque région, la situation s'est aggravée par rapport à janvier. Le trafic reste dominé par les liaisons intérieures, le trafic international restant famélique.(AFP)
Pour chaque région, la situation s'est aggravée par rapport à janvier. Le trafic reste dominé par les liaisons intérieures, le trafic international restant famélique.(AFP)
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Publié le Mercredi 07 avril 2021

Après les aides, le transport aérien mondial mise sur la vaccination pour s'en sortir

  • En 2020, le secteur aérien a connu la plus grosse crise de son histoire avec deux tiers de fréquentation en moins, selon l'Association internationale du trafic aérien 
  • Un an après le début de la pandémie, il reste moribond. En mars, le nombre de connections aériennes entre deux villes était en baisse de moitié par rapport à mars 2019, selon cette association qui regroupe 290 compagnies aériennes dans le monde

PARIS: L'effondrement du trafic aérien mondial, dévasté par la Covid-19, a contraint des compagnies aériennes exsangues à solliciter des aides publiques massives, à l'image de la recapitalisation d'Air France annoncée mardi. Mais le secteur mise sur une reprise estivale sous l'effet des campagnes de vaccination. 

Un trafic aérien toujours en berne

En 2020, le secteur aérien a connu la plus grosse crise de son histoire avec deux tiers de fréquentation en moins, selon l'Association internationale du trafic aérien (Iata). 

Un an après le début de la pandémie, il reste moribond. En mars, le nombre de connections aériennes entre deux villes était en baisse de moitié par rapport à mars 2019, selon cette association qui regroupe 290 compagnies aériennes dans le monde.

D'après le cabinet spécialisé dans l'aéronautique Cirium, en Asie-Pacifique, le nombre de vols en février accusait encore une chute de 74% par rapport à février 2020. Il était en baisse de 56% en Amérique latine, de 55% en Amérique du Nord, de 50% au Moyen Orient et en Afrique.

Pour chaque région, la situation s'est aggravée par rapport à janvier. Le trafic reste dominé par les liaisons intérieures, le trafic international restant famélique.

En Europe, où la diffusion des variants du virus a entraîné une nouvelle flambée de contaminations et des restrictions supplémentaires à la circulation entre Etats, l'organisme européen de surveillance du trafic aérien Eurocontrol a recensé lundi 30 650 vols, soit 64,1% de moins que deux ans auparavant.

Un soutien public massif qui a limité la casse (pour l'instant)

Avec leurs avions cloués au sol ou moins de passagers à bord, les compagnies ont vu 510 milliards de dollars de chiffre d'affaires disparaître en 2020, selon l'Iata. Leurs pertes cumulées sur l'année se sont établies à 118 milliards.

La reprise du trafic tardant, et malgré des plans drastiques d'économies, les pertes devraient encore atteindre 38 milliards de dollars en 2021.

De nombreux Etats ont donc mis la main au portefeuille pour éviter l'effondrement d'un secteur essentiel pour leur économie. Plus de 173 milliards de dollars ont ainsi été injectés en 2020, selon le cabinet spécialisé Archery Consulting: 82 milliards sous forme de prêts, 68 sous forme de subventions et 23 milliards via des mesures de recapitalisation, notamment au profit du groupe allemand Lufthansa, de la compagnie hong-kongaise Cathay Pacific, de Singapore Airlines ou de la scandinave SAS.

Les compagnies américaines, qui avaient bénéficié de 35 milliards de dollars d'aides en 2020, ont obtenu 14 milliards supplémentaires en mars à travers le gigantesque plan de relance lancé par le président Joe Biden.

Dernière en date, Air France va être recapitalisée à hauteur de 4 milliards d'euros pour éviter d'avoir à faire face à un mur de dette.

En Italie, le gouvernement négocie âprement avec Bruxelles de nouvelles aides pour sauver le fleuron national Alitalia.

Les aides ont pour l'instant limité le nombre de défaillances: "il n'y a pas encore eu énormément de faillites, on s'attend à ce qu'il y en ait beaucoup plus en 2021-2022", selon Bertrand Mouly-Aigrot, associé chez Archery.

Son cabinet a comptabilisé entre 40 et 45 faillites de compagnies en 2020 (Latam Airlines, Virgin Australie, Thai, Flybe, Avianca...), contre 46 en 2019 et 56 en 2018.

Pour M. Mouly-Aigrot, "les aides reçues par les compagnies ne suffiront pas pour tenir jusqu'à un retour au niveau de trafic normal". Elles ne devraient en effet arrêter de brûler des liquidités qu'en 2022, selon l'Iata.

Quelques signes d'espoir

Le trafic mondial ne devrait pas retrouver son niveau d'avant crise avant 2024. "Ce retour est conditionné à deux choses: la mise sous contrôle de la pandémie et l'harmonisation des conditions de voyage à l'international", décrypte Bertrand Mouly-Aigrot.

La mise en place de "pass sanitaires", comportant les documents sanitaires numérisés et standardisés pour faciliter les déplacements internationaux, doit notamment y aider.

Mais ce sont les progrès des campagnes de vaccination qui conditionneront tout redécollage. 

Aux Etats-Unis, les autorités sanitaires ont estimé que les 58 millions de personnes complètement vaccinées, soit environ un adulte sur cinq, pouvaient à nouveau voyager sans risque. Fin mars, le trafic intérieur américain n'était ainsi plus qu'en baisse de 43% par rapport à 2019, contre près de 70% fin janvier, selon la fédération du secteur Airlines for America (A4A). 

Et en Europe, le mastodonte Ryanair mise sur un programme de vols d'"environ 80% de celui des étés normaux" pour juillet, août et septembre, avec jusqu'à 2.300 vols par semaine pendant l'été à la faveur des progrès des campagnes de vaccination sur le continent.


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.