Les partis arabes d'Israël, d'inattendus « faiseurs de roi »

L’implication arabe pourrait contribuer à mettre fin à l’impasse politique d’Israël. (AFP/Archive)
L’implication arabe pourrait contribuer à mettre fin à l’impasse politique d’Israël. (AFP/Archive)
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Publié le Vendredi 09 avril 2021

Les partis arabes d'Israël, d'inattendus « faiseurs de roi »

  • Deux ans et quatre élections plus tard, il semble que la tourmente politique qui envahit Israël soit sans fin
  • « Mansour Abbas, le chef du parti Ra’am, apparaît potentiellement le créateur de rois ou le briseur de royaumes dans ce moment précis »

LONDRES: Deux ans et quatre élections plus tard, il semblerait que la tourmente politique dans laquelle se trouve Israël soit sans fin. Toutefois, au milieu de cette incertitude, les partis arabes sont apparus comme des influenceurs politiques inattendus.

Lors d'un événement en ligne organisé jeudi dernier par le groupe de réflexion Chatham House, auquel a participé Arab News, Ruth Wasserman Lande, ancien membre de la Knesset israélienne (le Parlement) pour le parti Bleu et blanc, a déclaré que les partis arabes se trouvaient, de manière inattendue, en position de force à l’issue des élections du mois de mars, face à un pays qui se trouve, une fois encore, dans une impasse politique.

Pendant ces élections, ajoute-t-elle, «pour la toute première fois, l'électorat arabe, relativement ignoré, durant la dernière décennie au moins, par le gouvernement dirigé par Netanyahou, a soudainement été courtisé. Comble de l’ironie, son plus grand courtisan se trouvait être Netanyahou [le Premier ministre]».

Faiseurs de rois

Elle précise également que, en raison du système politique israélien axé sur la coalition, des partis arabes comme le Ra’am, connu sous le nom de «Liste arabe unie», pourraient avoir une incidence sans commune mesure sur la politique, malgré le fait qu’ils ne disposent que de quatre sièges à la Knesset.

«Mansour Abbas, le chef du parti Ra’am, apparaît potentiellement comme le créateur de rois ou le briseur de royaumes, dans ce moment précis», affirme Lande.

Mardi dernier, le président israélien, Reuven Rivlin, a admis qu'aucun chef de parti n'avait «une chance réaliste de former un gouvernement qui aura la confiance de la Knesset».

Enorme potentiel d’influence

Malgré cela, il a invité Netanyahou à essayer de former un gouvernement, affirmant qu'il avait une chance «légèrement» plus grande que son rival Yaïr Lepid de négocier avec succès une coalition.

Lande déclare que la réussite ou l’échec de Netanyahou dépendra du soutien d'Abbas à sa coalition.

Elle ajoute que ce feuilleton démontre le potentiel de l'électorat arabe à façonner la politique israélienne de l'intérieur – une capacité entravée par sa faible participation aux élections nationales.

«La communauté arabe et son électorat potentiel au cours des dernières années – je fais référence à de très nombreuses années – ont été très indifférentes à l’égard de leur participation aux élections nationales. C’est tout à fait malheureux, car ils disposent d’un énorme potentiel d’influence», signale-t-elle.

Fracture dans la politique israélienne

«Si une forte mobilisation électorale arabe se concrétise, la capacité de la rue arabe à influencer le système politique israélien est intrinsèquement énorme, car un petit parti peut faire une énorme différence», souligne-t-elle encore.

L’implication arabe pourrait contribuer à mettre fin à l’impasse politique d’Israël, confie pour sa part Ksenia Svetlova, autre ancien membre de la Knesset, lors de la réunion de jeudi dernier.

«Cette fois, les Israéliens sont retournés aux bureaux de vote, et la seule question qui les ont préoccupés ne concernait pas la politique étrangère, ni les accords d'Abraham, ni le conflit palestinien, ni même le coronavirus», déclare-t-elle.

«Tous ces sujets étaient secondaires par rapport au seul problème qui retient l’attention: êtes-vous pour ou êtes-vous contre Netanyahou? La société est très divisée sur la question de savoir qui dirigera le pays», explique-t-elle.

Svetlova fait remarquer que cette division a créé une fracture dans la politique israélienne qui a conduit à une impasse sur de nombreuses questions d’une portée nationale significative.

Allégations de crimes de guerre

«Il semble que le gouvernement israélien, en réalité, fuie des décisions difficiles, qu'il s'agisse de questions étatiques ou religieuses, du conflit israélo-palestinien ou des maux sociaux et économiques dont se plaint la société. Nous constatons un important manquement dans le processus de prise de décision. Il est impossible de résoudre les problèmes pendant les campagnes électorales et sans un budget qui soit approuvé par la Knesset», observe-t-elle.

Elle déclare que le traitement par le gouvernement Netanyahou des allégations de crimes de guerre contre les Palestiniens devant la Cour pénale internationale aux Pays-Bas illustre parfaitement cette impasse.

«Hier, Israël a apparemment découvert qu'il devait réagir à la mise au point faite par La Haye. En effet, c’est seulement hier qu’il a engagé une discussion au plus haut niveau concernant au sujet de la manière dont il convenait de réagir – il en est de même pour la nouvelle politique américaine vis-à-vis de l'Iran», fait-elle observer.

«Le processus de prise de décision n'existe plus en Israël. C'est la conséquence de l'impasse politique en Israël», conclut-elle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne annonce le lancement d'une «vaste opération» dans le nord de la Cisjordanie

L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée. (AFP)
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  • "Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien
  • Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé mercredi le lancement d'une "vaste opération" contre des groupes armés palestiniens dans le nord de la Cisjordanie occupée.

"Pendant la nuit (de mardi à mercredi), les forces [israéliennes] ont commencé à opérer dans le cadre d'une vaste opération antiterroriste dans la région du nord" de la Cisjordanie, indique un communiqué militaire israélien.

Les forces israéliennes, "ne permettront pas au terrorisme de s'[y] implanter", ajoute l'armée israélienne.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a indiqué qu'il ne s'agissait pas d'un déploiement dans le cadre de son "opération antiterroriste" lancée en janvier 2025 et visant principalement les camps de réfugiés palestiniens de la région, mais d'une "nouvelle opération".

Elle n'a pas fourni plus de détails dans l'immédiat.

Les violences ont explosé en Cisjordanie depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée par l'attaque sanglante du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 sur le sud d'Israël.

Depuis le 7-Octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels de nombreux combattants, mais aussi beaucoup de civils, y ont été tués par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 43 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les violences n'ont pas cessé en Cisjordanie depuis l'entrée en vigueur de la trêve à Gaza le 10 octobre.

Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) a recensé en octobre un pic des "attaques de colons ayant causé des victimes, des dommages matériels ou les deux" en près de deux décennies de collecte de données dans ce territoire palestinien.

Le 10 novembre, un Israélien a été tué et trois autres ont été blessés lors d'une attaque au couteau menée par deux Palestiniens rapidement abattus par des soldats près de Bethléem, dans le sud de la Cisjordanie.


Le Conseil de sécurité de l'ONU en Syrie et au Liban la semaine prochaine

 Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre. (AFP)
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  • Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive
  • Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU se rendra la semaine prochaine en Syrie et au Liban, a indiqué mardi la mission slovène qui présidera le Conseil en décembre.

Quelques jours avant le premier anniversaire de la chute de l'ancien président syrien Bachar al-Assad, les ambassadeurs des quinze Etats membres doivent se rendre le 4 décembre à Damas où ils devraient rencontrer notamment les nouvelles autorités, dont le président par intérim Ahmad al-Chareh, et des représentants de la société civile, a précisé la mission à des journalistes.

Alors que l'ONU tente de se réimplanter en Syrie, le Conseil a récemment levé ses sanctions contre le nouveau dirigeant du pays, l'appelant à mettre en oeuvre une transition inclusive.

Le 5 décembre, le Conseil sera ensuite à Beyrouth, avant de se rendre le lendemain à la rencontre des Casques bleus de la force de maintien de la paix de l'ONU au sud du Liban (Finul), qui doit quitter le pays fin 2027 après avoir fait tampon entre Israël et le Liban depuis mars 1978.

Ce déplacement intervient alors qu'Israël a poursuivi ses frappes au Liban malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 pour mettre fin à un conflit avec le mouvement libanais Hezbollah, un allié du groupe islamiste palestinien Hamas.


Gaza: le Hamas et le Jihad islamique annoncent rendre le corps d'un otage

Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont annoncé mardi qu'elles allaient rendre le corps d'un 26e otage mort retenu dans la bande de Gaza à 14h00 GMT, après qu'Israël a dénoncé leur retard à le faire. (AFP)
Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont annoncé mardi qu'elles allaient rendre le corps d'un 26e otage mort retenu dans la bande de Gaza à 14h00 GMT, après qu'Israël a dénoncé leur retard à le faire. (AFP)
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  • Le Hamas a depuis libéré l'ensemble des otages vivants enlevés lors de son attaque sanglante en Israël le 7 octobre 2023, et remis - plus tard que prévu - les dépouilles de 25 otages morts, conformément aux termes du cessez-le-feu
  • Il a justifié ces retards par la difficulté à retrouver des corps de personnes décédées sous les décombres laissés par les bombardements israéliens, en l'absence aussi du manque d'engins de déblaiement

GAZA: Les branches armées du Hamas et du Jihad islamique ont annoncé mardi qu'elles allaient rendre le corps d'un 26e otage mort retenu dans la bande de Gaza à 14h00 GMT, après qu'Israël a dénoncé leur retard à le faire.

"Les Brigades al-Quds et les Brigades al-Qassam remettront le corps d'un des captifs israéliens, retrouvé au centre de la bande de Gaza", détaille un communiqué conjoint des deux organisations.

Peu avant, Israël avait accusé le Jihad islamique de violer le fragile cessez-le-feu en vigueur à Gaza depuis le 10 octobre, en tardant à remettre aux autorités un corps que le groupe avait annoncé avoir localisé lundi.

"A la lumière de l'annonce du Jihad islamique concernant la localisation des restes d'un otage décédé, Israël considère comme grave le retard dans sa remise immédiate. Il s'agit d’une nouvelle violation de l'accord" de cessez-le-feu, avait indiqué un communiqué du bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu.

Au début du cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis entre Israël et le Hamas, les groupes armés détenaient 20 otages vivants et 28 dépouilles de personnes prises en otage alors qu'elles étaient déjà décédées ou mortes durant leur captivité.

Le Hamas a depuis libéré l'ensemble des otages vivants enlevés lors de son attaque sanglante en Israël le 7 octobre 2023, et remis - plus tard que prévu - les dépouilles de 25 otages morts, conformément aux termes du cessez-le-feu.

Il a justifié ces retards par la difficulté à retrouver des corps de personnes décédées sous les décombres laissés par les bombardements israéliens, en l'absence aussi du manque d'engins de déblaiement.

En échange, Israël a libéré près de 2.000 prisonniers palestiniens et restitué les corps de centaines de Palestiniens morts.

Le Hamas et Israël, qui a mené la semaine dernière des bombardements meurtriers sur le territoire, s'accusent mutuellement ces derniers jours de ne pas respecter la fragile trêve en vigueur après deux ans d'une guerre dévastatrice, déclenchée par l'attaque du 7-Octobre.

De nombreux points restent en suspens sur la mise en oeuvre de l'accord du cessez-le-feu, en particulier sur le calendrier et le déroulé de ces différentes étapes.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté le 17 novembre une résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour le territoire palestinien, qui prévoit le déploiement d'une force internationale chargée notamment de désarmer le Hamas, qui refuse jusque-là de rendre les armes.

La résolution prévoit aussi la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire, excluant le Hamas, qui a dénoncé un "mécanisme de tutelle internationale" inacceptable.