FMI et Banque mondiale poussent l'idée d'une dette allégée contre des investissements verts

Le logo du FMI, sur la façade de son quartier-général à Washington (Photo, AFP).
Le logo du FMI, sur la façade de son quartier-général à Washington (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 10 avril 2021

FMI et Banque mondiale poussent l'idée d'une dette allégée contre des investissements verts

  • Les pays à bas revenus font face à une double crise : sous pression pour rembourser leur dette, ils doivent aussi s'attaquer aux problèmes environnementaux
  • Dépourvus d'espace budgétaire, ces pays ont utilisé les aides d'urgence pour surmonter la crise sanitaire et économique

WASHINGTON: L'idée d'alléger la dette des pays pauvres en échange d'investissements « verts » a fait son chemin cette semaine lors des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, avec l'objectif de faire des propositions concrètes d'ici le sommet climat à l'automne.

Les pays à bas revenus font face à une double crise : sous pression pour rembourser leur dette, ils doivent aussi s'attaquer aux problèmes environnementaux, ce qui les rend « hautement vulnérables », a souligné Kristalina Georgieva, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI). 

« Cela a du sens » de chercher une solution liant les deux problématiques, a-t-elle ajouté, citant « les échanges de dette verte ».

D'autant que « la crise de la Covid-19 a rendu beaucoup plus difficile pour les pays en développement de faire face aux risques croissants posés par le changement climatique » et les désastres environnementaux, a souligné une porte-parole de la Banque mondiale. 

Dépourvus d'espace budgétaire, ces pays ont utilisé les aides d'urgence pour surmonter la crise sanitaire et économique.

Et « en alourdissant le fardeau de la dette des gouvernements, qui était déjà à des niveaux records avant la crise, ils se sont retrouvés avec moins de ressources à investir dans une reprise qui mettra également la planète sur des bases plus durables », a-t-elle ajouté.

« Options créatives »

Un groupe de travail technique, réunissant des représentants des deux institutions de Washington ainsi que des Nations unies et de l'OCDE, a ainsi été mis en place cette semaine pour « étudier des options créatives pour aider les pays à relever ces défis simultanés ».

« Ce travail ne fait que commencer », a souligné la porte-parole de la Banque mondiale. « Mais nous pensons qu'une approche proactive est essentielle : nous devons examiner de près comment les solutions potentielles aux défis du climat et de la dette peuvent être intégrées pour faire face aux principaux problèmes de développement de notre époque. »

Si aucun calendrier n'a été détaillé pour l'annonce de mesures concrètes, le sommet sur le climat COP26, qui doit se tenir en novembre à Glasgow, en Ecosse, est dans tous les esprits et pourrait servir de jalon à ce groupe de travail.

« Nous allons travailler avec la Banque mondiale. Et d'ici la COP26, nous avancerons sur cette option » d'échange de dette, a indiqué Kristalina Georgieva. « Bien sûr, il appartiendra alors aux créanciers et aux (pays) débiteurs de décider de l'adopter » ou non.

Pour Thierry Déau, fondateur et dirigeant du groupe Meridiam spécialisé dans le développement et le financement de projets d'infrastructures, si cette idée venait à se concrétiser, elle devra s'accompagner de « conditionnalités » claires pour s'assurer que l'allégement de la dette se traduise effectivement par la mise en œuvre de projets verts.

Opportunité d'emplois

« La responsabilité relève avant tout des pays des deux côtés », créditeurs et débiteurs, a-t-il expliqué. « Il y a beaucoup de politesse entourant cette question et je pense que nous devons y mettre un terme. »

Au-delà des pays pauvres, les deux instances financières devront aussi se pencher sur la situation de nombreux petits Etats insulaires, considérés comme des économies à revenus intermédiaires et qui ne bénéficient pas des mêmes aides.

Ultra dépendants du tourisme, la Covid-19 a asséché leurs recettes en raison des restrictions de voyages.

Ce sont aussi des économies souvent confrontées à des événements climatiques extrêmes comme les cyclones qui dévastent tout sur leur passage et coûtent cher.

Cette semaine, Kristalina Georgieva a souligné que la vulnérabilité aux chocs climatiques devrait être prise en compte dans l'allocation des financements internationaux.

Elle a aussi insisté sur les bénéfices pour tous les pays d'accorder « plus d'attention à la crise climatique » lorsqu'ils lancent des projets, avec des opportunités de créations d'emplois.

« Il suffit de prendre l'exemple des énergies renouvelables, sept emplois contre un dans le secteur traditionnel de l'énergie du charbon », a-t-elle relevé. Même si cela nécessite « bien sûr » une formation.

« De même, le reboisement, la prise en charge de la dégradation des terres, la résilience aux chocs climatiques, ce sont toutes des activités à forte intensité de main-d’œuvre », a-t-elle fait valoir. « Les décideurs politiques doivent y réfléchir maintenant », a-t-elle conclu.


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
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  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur l'excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.