BEYROUTH: Les restes humains découverts samedi dans un quartier de Beyrouth proviendraient d’une ressortissante éthiopienne, selon une enquête préliminaire.
Les membres ont été retrouvés à l’intérieur d’un sac en plastique noir, devant une banque dans le secteur de Monla.
Une source officielle dans le milieu de la sécurité affirme qu'une enquête est en cours afin de localiser le reste de la dépouille, qui aurait pu être emballée de la même manière et abandonnée ailleurs.
«Nous n'avons pas vu un crime aussi abominable depuis longtemps», assure la source à Arab News. «Les motifs des meurtres sont nombreux», ajoute-t-elle.
La source mentionne par ailleurs que, d’après son expérience dans des enquêtes criminelles de ce genre, l’auteur pourrait aussi être un étranger.
L’auteur du crime ne possède probablement pas de voiture, et vit peut-être dans un «quartier surpeuplé ou pauvre», où il ne pourrait disposer autrement du cadavre sous peine d’attirer l'attention. «Il se pourrait que ce criminel soit instable, qu’il ait de fortes tendances meurtrières, comme il peut souffrir de dépendances ou avoir d'autres motifs. Le taux de crimes contre les travailleurs étrangers continue de monter au Liban», poursuit la source.
Alors que le Liban entre dans la pire période économique de son histoire, de nombreux rapports de sécurité font état de vols, de fraudes, d'enlèvements contre rançon, de meurtres et d'arrestations de trafiquants de drogue.
Le taux d'homicides au Liban a augmenté au cours des cinq premiers mois de 2020 de 74,4% par rapport à la même période en 2019, d’après des chiffres de la Direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI).
Le taux de vols qualifiés au Liban a augmenté de 41,3%. Le FSI déclare que les vols, qui comprennent des effractions dans les maisons, les magasins et les pharmacies, atteignent en moyenne 173 incidents par mois, contre un total de 650 incidents de ce genre en 2019.
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Une source officielle dans le milieu de la sécurité affirme qu'une enquête est en cours afin de localiser le reste de la dépouille, qui aurait pu être emballée de la même manière et abandonnée ailleurs.
Alors que les confinements et les couvre-feux freinent les pickpockets, la pandémie entraîne une hausse du nombre de crimes commis à domicile, tels que «la violence conjugale, les meurtres et la cyber intimidation», toujours selon la même source.
Elle rappelle d’ailleurs que les vols ont augmenté au Liban en raison de la situation économique. «Les affamés ne tuent pas, mais ils peuvent voler pour survivre», dit-elle.
Le Comité pour les droits de la femme libanaise se dit préoccupé par la hausse de la violence contre les femmes, en particulier après l’imposition des quarantaines à domicile.
Il dévoile qu’une petite fille syrienne de cinq ans est décédée après avoir été sévèrement battue, un homme d'un village dans la Bekaa a poignardé sa femme devant ses trois enfants. Ailleurs, deux jeunes femmes auraient tenté de sauter du balcon pour échapper à la violence et la brutalité de leur père.
C’est sans oublier la mannequin libanaise Zeina Kanjo, dernièrement étranglée par son mari.
Les lignes d’assistance téléphoniques établis par les associations de défense des femmes au Liban reçoivent des centaines d'appels au sujet de la violence conjugale. Le taux de signalements est passé à 96,52 après le début de la pandémie. Au cours du premier mois de 2021, les services de sécurité recensent 116 rapports signalements à travers la hotline 1745.
Le chercheur Mohammad Chamseddine, de la société indépendante d'études et de statistiques Information International, estime que, dans un contexte d'effondrement des indicateurs économiques, 2021 verrait davantage de crimes. Il croit aussi que «les gens pourraient avoir recours à la possession d'armes sous prétexte de légitime défense».
La situation économique et la pandémie de Covid-19 ont entraîné la suppression de dizaines de milliers d’emplois au Liban.
La Banque mondiale chiffre le taux de chômage à près 40%. Les individus qui ont gardé leur emploi ont vu la valeur de leur salaire chuter en raison du taux de change du dollar, et près de 60% du pays a atteint ou bascule en dessous du seuil de pauvreté.
Selon la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l'Asie occidentale, le taux de pauvreté serait passé à 55% en 2020, après un score de 28% en 2019. L'étude révèle également que la pauvreté extrême a triplé de 8 à 23% au cours de la même période.
Les banques libanaises ont saisi les dépôts de leurs clients, ce qui incite beaucoup à conserver leur argent dans leurs demeures et leurs entreprises. Les économistes chiffrent le total à 10 milliards de dollars environ. La plupart serait en dollars et le reste en livres libanaises.
Certains anciens condamnés profiteraient de la situation afin de commettre des vols et des fraudes.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com