En Aveyron, une famille syrienne, confinée, fait le ramadan

Hilal Rajoub prépare de la soupe, du fattouche et du harhoura dans sa cuisine pour l’iftar. Photo Anne Ilcinkas
Hilal Rajoub prépare de la soupe, du fattouche et du harhoura dans sa cuisine pour l’iftar. Photo Anne Ilcinkas
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Publié le Vendredi 16 avril 2021

En Aveyron, une famille syrienne, confinée, fait le ramadan

  • Wael, Hilal et leurs trois enfants sont arrivés en Aveyron par une journée d’orage au mois d’octobre 2016
  • C’est dans ce département qu’elle a été réinstallée, avec son mari et ses trois enfants, en 2016, grâce à un programme humanitaire des Nations unies

CENTRÈS (Aveyron): Wael, Hilal et leurs trois enfants sont arrivés en Aveyron par une journée d’orage au mois d’octobre 2016. De la France, ils ne connaissaient quasiment rien: ni la langue ni les us et coutumes. Venus directement du Liban, où ils s’étaient réfugiés pendant quelques années, ils ont trouvé à leur arrivée à Centrès, un petit village de cinq cents habitants, tout un réseau de bénévoles disposés à les accueillir, à leur apprendre la langue, à les guider dans les démarches administratives, bref, à les aider à se construire une nouvelle vie, loin du chaos de la Syrie.

Près de cinq ans ont passé, et la famille Rajoub a trouvé ses marques à Naucelle, le bourg d’à côté. Rahaf, 7 ans, va à l’école; son frère Yamen, 14 ans, est au collège; Yasser, apprenti dans une carrosserie, prépare son permis de conduire, à tout juste 18 ans. Wael, le père, a quant à lui trouvé un travail de soudeur dans l’usine du village tandis que Hilal, son épouse, révise son français afin de décrocher le code et de passer l’examen de conduite.

Ce mardi après-midi, une soupe de lentilles mijote sur le feu et son délicieux fumet envahit la cuisine de Hilal. Par la fenêtre, on aperçoit le soleil encore haut dans le ciel. Il ne reste que la touche finale: ajouter les oignons revenus à la poêle dans du beurre. Pour le fattouche, Wael est allé acheter de la mâche et du chou rouge dans le petit supermarché du village. Sa femme, elle, n’a eu qu’à sortir dans le jardin pour cueillir les quelques feuilles de menthe indispensables à la réussite de son mets.

Enfin, elle prépare une harhoura avec du boulgour, un oignon et des noix qu’elle a broyées dans un mortier, avant d’y ajouter de l’huile et de la mélasse de grenade. C’est le premier jour du ramadan 2021, le quatrième mois sacré que la famille passe dans l’Aveyron, département rural du sud de la France. C’est là qu’elle a été réinstallée en 2016, grâce à un programme humanitaire des Nations unies.

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La famille Rajoub est réunie à table lors de l’iftar. Photo Anne Ilcinkas

Les vacances sont arrivées. La benjamine est à la maison, le cadet joue avec ses amis dans le village, et l’aîné ne va pas tarder à rentrer de la carrosserie, située dans un village voisin.

«Je prépare la soupe, le fattouche et la harhoura car ce sont les plats que nous cuisinons traditionnellement pour le ramadan», explique Hilal, avant de se plonger dans ses souvenirs, lorsqu’elle fêtait le ramadan en famille, à Homs, en Syrie. À cette évocation, ses larmes ne tardent pas à couler, en silence, roulant sur ses joues. Aujourd’hui, sa famille est dispersée, sa mère est toujours à Homs avec l’un de ses frères, et d’autres membres sont en Jordanie et en Arabie saoudite. «Après trois ans au Liban et bientôt cinq ans en France, cela fait presque huit ans que je n’ai pas vu ma mère, ni mes frères et sœurs», soupire-t-elle.

Le ramadan, période de spiritualité mais aussi de partage, où les iftars se font un jour chez les uns, le lendemain chez les autres, se célèbre désormais seul ou au sein d’un cercle familial restreint, pandémie oblige. «Nous allons rester chez nous et entre nous, à cause du couvre-feu», confie Hilal.

Il est 20 h 37, l’heure du coucher de soleil et de la rupture du jeûne. «Bismillah», dit Wael avant de boire un grand verre d’eau, suivi par chacun des membres de la petite famille. Le repas se déroule presque en silence, puis les jeunes allument la télé et s’installent sur le canapé. Ce soir, le Paris-Saint-Germain affronte le Bayern de Munich sur la pelouse du Parc des Princes, à Paris.


France : l'ancien Premier ministre Philippe demande encore le départ anticipé de Macron

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  • Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu
  • "Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre"

PARIS: L'ancien Premier ministre français Edouard Philippe a à nouveau réclamé jeudi le départ anticipé du président Emmanuel Macron, pour lui "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique avant la prochaine élection présidentielle prévue pour le printemps 2027.

Allié de M. Macron dont il fut le premier chef de gouvernement de mai 2017 à juillet 2020, Edouard Philippe avait lancé un pavé dans la mare la semaine dernière, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu - reconduit depuis -, en suggérant un départ anticipé et "ordonné" du chef de l'Etat, qui peine à trouver une majorité.

"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président (Macron). Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre sur la chaîne de télévision France 2.

"Ca n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l'Etat, sur la légitimité des institutions", a insisté M. Philippe.

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une Assemblée ingouvernable" depuis la dissolution de 2024, "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il poursuivi.

Edouard Philippe, qui s'est déclaré candidat à la prochaine présidentielle, assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher (en 2017), je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à la tête du gouvernement et après avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".


Motion de censure: Le Pen attend la dissolution avec une «impatience croissante»

 Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante". (AFP)
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  • Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu
  • Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver"

PARIS: Marine Le Pen a dénoncé jeudi à l'Assemblée nationale l'"année noire fiscale" que représentera pour les Français "l'année blanche" inscrite dans le budget du gouvernement, disant attendre "la dissolution avec une impatience croissante".

Ce budget est "l'acte ultime, nous l'espérons, d'un système politique à bout de souffle", a affirmé la présidente des députés Rassemblement national en défendant la motion de censure de son parti contre le gouvernement de Sébastien Lecornu. Elle a dénoncé au passage l'"insondable sottise des postures" qui pourrait le "sauver".

"Poursuite du matraquage fiscal" avec 19 milliards d'impôts supplémentaires, "gel du barème" de l'impôt sur le revenu qui va rendre imposables "200.000 foyers" supplémentaires, "poursuite de la gabegie des dépenses publiques", "absence totale d'efforts sur l'immigration" ou sur "l'aide médicale d'Etat", ce budget "est un véritable musée de toutes les horreurs coincées depuis des années dans les tiroirs de Bercy", a-t-elle estimé.

Raillant le premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui a accepté d'épargner le gouvernement en échange de la suspension de la réforme des retraites sans savoir par "quel véhicule juridique" et sans assurance que cela aboutisse, elle s'en est pris aussi à Laurent Wauquiez, le chef des députés LR, qui préfère "se dissoudre dans le socialisme" plutôt que de censurer.

"Désormais, ils sont tous d'accord pour concourir à éviter la tenue d'élections", "unis par la terreur de l'élection", a-t-elle dit.


A peine installé, Lecornu affronte deux motions de censure

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée. (AFP)
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  • Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints
  • Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions

PARIS: Un dernier obstacle avant d'entamer l'examen du budget: deux motions de censure contre le gouvernement de Sébastien Lecornu, l'une de LFI et l'autre du RN, seront débattues par les députés jeudi matin, et devraient être rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien du PS.

Le Parti socialiste a pris sa décision après avoir obtenu mardi satisfaction sur plusieurs revendications clés, dont l'annonce par le Premier ministre, dans sa déclaration de politique générale, de la suspension de la réforme des retraites.

Un débat commun aux deux motions débutera à 09H00 dans l'hémicycle jeudi, et devrait durer environ deux heures trente. Le scrutin sera ensuite ouvert pour trente minutes sur une motion, puis l'autre.

Si la gauche ne soutiendra pas la motion du RN, la motion insoumise devrait elle recueillir les voix de l'extrême droite ainsi que des députés écologistes et communistes.

Manqueraient alors environ une vingtaine de députés pour atteindre la majorité (289 voix) qui ferait tomber le gouvernement, tout juste nommé dimanche.

"Je pense qu'il manque une poignée de voix et que la sagesse peut revenir à certains", a estimé mardi Marine Le Pen, qui défendra la motion de son groupe et de ses alliés ciottistes. Leur texte défend la nécessité d'une dissolution pour "sortir" le pays "de l'impasse".

Combien de députés franchiront le pas en s'affranchissant de la consigne de leur parti?

Chez les LR "deux ou trois" devraient voter la censure, selon une source au groupe.

"Quelques votes pour" sont également possibles chez les indépendants Liot, selon une source au sein du groupe centriste.

Chez les socialistes, le patron du parti Olivier Faure et le chef des députés Boris Vallaud ont appelé leurs troupes à s'en tenir à la ligne décidée de façon "quasi-unanime".

Mais le député Paul Christophe a fait savoir qu'il censurerait malgré tout: "mon sujet c'est la justice fiscale et le pouvoir d'achat, il n'y a pas d'engagement du gouvernement sur ces sujets", a-t-il dit à l'AFP.

Cinq autres députés ultramarins du groupe PS ont également annoncé censurer.

"Un leurre" 

Le socialiste Pierrick Courbon dit lui hésiter. Il s'inquiète que la suspension de la réforme des retraites, qui passera selon M. Lecornu par un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale, implique que les socialistes soutiennent ce texte pour qu'il soit adopté. Or "le PLFSS du budget Macron" n'obtiendra "jamais ma voix", confie-t-il à l'AFP.

Un argument d'ailleurs repris en choeur par La France insoumise. "Vous vous apprêtez à commettre une monumentale erreur", a lancé lundi dans l'hémicycle le député Louis Boyard à l'adresse des socialistes.

"Le débat ouvert sur un éventuel décalage de la réforme des retraites est un leurre, comme l'a été avant lui le +conclave+ de François Bayrou", soutient la motion de censure insoumise, qui sera défendue jeudi par Aurélie Trouvé.

Lors de la première motion de censure contre le gouvernement Bayrou, qui n'avait pas abouti, huit socialistes avaient voté pour malgré la consigne de leur parti.

M. Bayrou avait finalement perdu un vote de confiance début septembre, devenant le deuxième Premier ministre à tomber depuis la dissolution de l'Assemblée en 2024, après la censure de Michel Barnier en décembre.

Si le gouvernement de Sébastien Lecornu survit, les débats autour du budget, dont le texte a été présenté en Conseil des ministres mardi, pourront enfin commencer à l'Assemblée.

La commission des Finances s'en emparera lundi, et il devrait arriver dans l'hémicycle vendredi.

Sans recours au 49.3, que M. Lecornu s'est engagé à ne pas utiliser, la bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et l'extrême droite s'annonce dantesque, dans des délais très contraints.

Les socialistes se réservent d'ailleurs la possibilité de censurer le gouvernement au cours des discussions.

Un député Horizons résume: "Je ne pense pas que le gouvernement sera censuré demain, mais il sera très fragile."