Climat: Washington promet de mener la lutte mondiale contre le charbon

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors de son discours devant la baie de Chesapeake, dans l'Etat américain du Maryland. (Photo, AFP)
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken lors de son discours devant la baie de Chesapeake, dans l'Etat américain du Maryland. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 20 avril 2021

Climat: Washington promet de mener la lutte mondiale contre le charbon

  • Blinken marque le retour de Washington à l'avant-garde du combat contre le changement climatique, en amont du sommet virtuel organisé cette semaine
  • « Si l'Amérique ne mène pas le monde dans la gestion de la crise, il ne restera plus grand-chose de notre planète », avertit e secrétaire d'Etat

WASHINGTON : Les Etats-Unis vont mener le combat contre le changement climatique, faute de quoi « il ne restera plus grand-chose de notre planète », a déclaré lundi le secrétaire d'Etat américain, promettant de faire pression pour que tous les pays réduisent leur dépendance au charbon.

En amont du sommet virtuel sur le climat de jeudi et vendredi organisé par le président américain Joe Biden, Antony Blinken a voulu signifier, lors d'un discours devant la baie de Chesapeake, dans l'Etat américain du Maryland, le retour de Washington à l'avant-garde de ce combat après le désengagement de l'administration de Donald Trump.

« Si l'Amérique ne mène pas le monde dans la gestion de la crise climatique, il ne restera plus grand-chose de notre planète », a-t-il martelé.

« Si nous y parvenons, nous allons capitaliser sur la plus grande occasion depuis des générations de créer des emplois de qualité; nous bâtirons une société plus équitable, plus saine et plus durable; et nous protégerons cette magnifique planète », a-t-il ajouté.

Le temps presse !, avertit l'ONU

2021 doit être l'année de l'action contre le changement climatique « dont les répercussions sont déjà trop coûteuses pour les populations de la planète », a exhorté l'ONU lundi, avant un sommet sur le climat organisé par Joe Biden.

« Nous sommes au bord du précipice », a mis en garde le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, lors de la présentation, en compagnie de Petteri Taalas, le patron de l'Organisation météorologique mondiale, de son rapport annuel.

Les pays « doivent agir maintenant pour protéger les populations contre les effets désastreux du changement climatique », a-t-il ajouté.

Le rapport rappelle que l'année dernière a été l'une des trois plus chaudes jamais enregistrées et que les concentrations de gaz à effet de serre ont augmenté malgré le ralentissement économique lié à la pandémie.

Pour l'ONU, 2021 est donc une année « cruciale » pour tenter de freiner les effets « désastreux » du changement climatique. L'organisation compte sur une série de sommets clés, qui commencent cette semaine, pour offrir aux dirigeants de la planète l'occasion d'agir.

Alors que les Etats-Unis ont signé la semaine dernière une déclaration commune avec leur principal adversaire stratégique, la Chine, promettant de « coopérer » pour « affronter la crise climatique », Antony Blinken place aussi le curseur en termes de compétition.

« Pour l'instant, nous sommes en retard. La Chine est le plus grand producteur et exportateur de panneaux solaires, de turbines éoliennes, de batteries, de véhicules électriques. Elle détient près du tiers des brevets mondiaux sur l'énergie renouvelable », a-t-il relevé. « Si nous ne rattrapons pas notre retard, l'Amérique va rater l'occasion de modeler l'avenir climatique du monde de manière conforme à nos intérêts et valeurs, et nous perdrons un nombre incalculable d'emplois pour les Américains. »

Dans ce combat, Antony Blinken a mis particulièrement en avant la pression nécessaire sur les pays encore dépendants du charbon.

« Nos diplomates vont mettre en cause les pratiques des pays dont l'action -- ou l'inaction -- nous freinent », a-t-il expliqué.

« Quand des pays continuent de dépendre du charbon pour une part significative de leur énergie ou d'investir dans de nouvelles centrales à charbon, ou de permettre une déforestation massive, ils entendront de la part des Etats-Unis et de nos partenaires à quel point ces actions sont nocives », a-t-il insisté.

La Chine, principal émetteur mondial de gaz à effet de serre, possède environ la moitié de la production mondiale d'électricité au charbon, l'un des principaux freins à la lutte contre le réchauffement. Mais le sujet est aussi sensible aux Etats-Unis: l'ex-président Trump, qui avait retiré son pays de l'accord de Paris sur le climat, s'était érigé en défenseur des producteurs de charbon -- même si la demande américaine de charbon ne cesse de diminuer.

Joe Biden a rejoint l'accord de Paris dès le premier jour de son mandat. Et il organise ce sommet virtuel pour préparer la conférence des Nations unies sur le climat, la COP26, qui aura lieu en novembre à Glasgow, en Ecosse.

Malgré les vives tensions avec Moscou et Pékin, il a invité le président russe Vladimir Poutine, qui interviendra par visioconférence, et le chinois Xi Jinping - qui réserve sa réponse.

Aux républicains qui soupçonnent le président démocrate de vouloir transiger avec Pékin au nom de la crise environnementale, Antony Blinken a assuré lundi que le climat n'était pas « une monnaie d'échange ».

« Nous allons mettre la crise climatique au cœur de notre politique étrangère et de sécurité nationale », a-t-il assuré, car « le changement climatique risque d'aggraver énormément chacun des défis sécuritaires auxquels les Etats-Unis sont confrontés ».

« Mais cela ne signifie pas que les autres pays peuvent marchander leurs progrès climatiques pour s'acheter notre bienveillance face à leur mauvais comportement sur d'autres sujets importants pour notre sécurité nationale », a-t-il promis.


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.


Royaume-Uni: Premiers migrants arrêtés avant leur expulsion vers le Rwanda, d'autres campent à Dublin

Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda  (Photo, AFP).
Des demandeurs d'asile dormant dans des tentes à Dublin affirment que la vie sous les bâches est meilleure et plus sûre que le risque d'être envoyé par le Royaume-Uni au Rwanda (Photo, AFP).
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  • L'adoption d'une loi permettant l'expulsion des migrants vers le Rwanda a déclenché leur départ du Royaume-Uni
  • Une centaine de tentes ont poussé devant l'Office, depuis que le gouvernement irlandais a cessé il y a quelques mois de fournir un hébergement aux demandeurs d'asile

LONDRES: Les premiers migrants susceptibles d'être expulsés par le Royaume-Uni vers le Rwanda ont été arrêtés et placés en détention, a annoncé mercredi le ministère britannique de l'Intérieur, sans préciser le nombre de personnes concernées.

"Les premiers migrants en situation irrégulière devant être expulsés vers le Rwanda ont été placés en détention à la suite d'une série d'opérations menées cette semaine à l'échelle nationale", écrit le Home Office dans un communiqué.

Davantage d'arrestations "devraient être menées dans les semaines à venir", a-t-il ajouté.

"Cette action est un élément clé du plan visant à assurer des vols vers le Rwanda dans les neuf à onze semaines à venir", a poursuivi le ministère.

Le gouvernement conservateur de Rishi Sunak a promis de mettre un terme aux traversées de la Manche par les migrants clandestins.

Le Parlement a adopté la semaine dernière une loi très controversée permettant d'expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni.

Leur demande d'asile sera examinée dans ce pays d'Afrique de l'Est et ils ne pourront pas revenir au Royaume-Uni, quelle que soit l'issue de leur démarche.

Le gouvernement compte commencer les expulsions au début de l'été et espère qu'elles dissuaderont d'autres migrants de venir au Royaume-Uni.

Cette politique "montrera clairement que si vous venez ici illégalement, vous ne pouvez pas rester", redit le ministère de l'Intérieur dans son communiqué.

"Nos équipes (...) travaillent à un rythme soutenu pour arrêter rapidement les personnes qui n'ont pas le droit d'être ici, afin que nous puissions faire décoller les vols", a déclaré le ministre de l'Intérieur James Cleverly, cité dans le communiqué.


L'ONG HRW critique l'application mobile pour demander l'asile à la frontière mexicano-américaine

Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Des migrants de différentes nationalités demandant l'asile aux États-Unis voyagent à bord des wagons de marchandises du train mexicain connu sous le nom de « La Bête » alors qu'ils arrivent à la ville frontalière de Ciudad Juarez, dans l'État de Chihuahua, au Mexique, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières
  • Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application

WASHINGTON: L'obligation pour les demandeurs d'asile aux Etats-Unis d'obtenir un rendez-vous sur une application mobile avant de se présenter à la frontière avec le Mexique livre les migrants à la violence des cartels, déplore mercredi Human Rights Watch (HRW).

Depuis mai 2023, avant de se présenter à la frontière, les demandeurs d'asile, sauf les mineurs isolés, sont censés obtenir un rendez-vous sur l'application téléphonique de la police américaine des frontières ou s'être vu refuser l'asile dans un des pays traversés. Autrement, leur demande est présumée illégitime et ils risquent une procédure d'expulsion accélérée, leur interdisant pendant cinq ans l'entrée aux Etats-Unis.

Cette réglementation fait suite à la levée par l'administration du président démocrate Joe Biden d'une mesure de son prédécesseur républicain Donald Trump qui verrouillait depuis trois ans l'accès au territoire américain.

"Mais un résultat pratique reste le même pour les demandeurs d'asile", affirme HRW dans un rapport publié mercredi : pendant de longues semaines, voire des mois, "ils sont forcés d'attendre dans le nord du Mexique, ainsi que dans beaucoup d'autres villes ailleurs au Mexique par lesquelles transitent les migrants".

Systématiquement visés 

Ils y sont "systématiquement visés par les cartels qui, parfois avec l'aide de responsables des autorités mexicaines, les enlèvent, les rackettent, les agressent sexuellement et les dévalisent", énumère l'ONG.

L'exigence de prise de rendez-vous sur l'application crée un "filtrage numérique", qui livre "aux cartels une population vulnérable", selon le rapport, établi à partir d'interviews avec 128 demandeurs d'asile, des employés de centres d'accueil, des responsables mexicains et des employés d'organisations humanitaires.

Bien que l'inscription pour un rendez-vous sur l'application ne soit en principe pas obligatoire, dans les faits, les demandeurs qui se présentent à la frontière sans l'avoir préalablement obtenue sont éconduits par les autorités frontalières mexicaines et américaines, indique HRW.

Beaucoup des personnes interrogées ont fait état de nombreux problèmes pour utiliser l'application, notamment matérielles, techniques, ou linguistiques. L'application n'est ainsi disponible qu'en anglais, en espagnol et en créole haïtien.

Ces pratiques "violent le principe juridique fondamental de non-refoulement" des demandeurs d'asile vers des pays où leur vie ou leur liberté serait en danger, souligne l'ONG.

Elle exhorte donc l'administration Biden à donner instruction à la police des frontières de traiter toutes les demandes d'asile, indépendamment de la façon ou du lieu de dépôt, ainsi que de l'obtention d'un rendez-vous via l'application "CBP One" de la police des frontières.

Human Rights Watch lui suggère en outre d'en améliorer l'accessibilité et la facilité d'utilisation, y compris par l'ajout d'autres langues, comme l'arabe, le français, le russe, le chinois, le portugais, et de langages amérindiens.