La présidentielle en Syrie provoque amertume et déception chez les réfugiés

Une femme et un enfant syriens réfugiés dans un camp de fortune près de la ville frontalière libanaise d'Arsal, au Liban, le 9 janvier 2019. (Reuters)
Une femme et un enfant syriens réfugiés dans un camp de fortune près de la ville frontalière libanaise d'Arsal, au Liban, le 9 janvier 2019. (Reuters)
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Publié le Mardi 20 avril 2021

La présidentielle en Syrie provoque amertume et déception chez les réfugiés

  • L’annonce de l’ouverture des ambassades syriennes à l’inscription électorale a déçu les réfugiés au Liban
  • Des réfugiés syriens au Liban ont été répartis dans la vallée de la Bekaa et aux frontières nord du pays depuis leur arrivée au Liban

BEYROUTH: Les réfugiés syriens au Liban ont exprimé leur amertume et leur déception avant l’élection qui devrait maintenir le président Bachar al-Assad au pouvoir.

Le Parlement syrien a fixé la date du scrutin au 26 mai prochain.

Al-Assad avait remporté l’élection en 2014 avec plus de 88% des suffrages. Il n’a pas officiellement annoncé sa candidature à l’élection du mois prochain.

L’annonce de l’ouverture des ambassades syriennes à l’inscription électorale a déçu les réfugiés au Liban, qui ont également exprimé leur frustration à l’égard de la communauté internationale.

Abu Ahmad Souaiba, qui s’exprime au nom de la Voix des réfugiés syriens au Liban, déclare que la révolution a été lancée pour «parvenir à la liberté et à la dignité».

«Notre déception est grande aujourd'hui en raison de l'échec de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité [de l'ONU], qui appellent à une transition du pouvoir et non à une nouvelle réélection de Bachar al-Assad», confie-t-il à Arab News.

Les réfugiés syriens au Liban ont été répartis dans la vallée de la Bekaa et aux frontières nord du pays depuis leur arrivée au Liban; la majorité de ceux qui ont pris part à la révolution contre Al-Assad sont concentrés dans la région d’Arsal.

«Il existe trois catégories de Syriens au Liban», explique Souaiba. «L’une d’elles comprend les familles qui vivaient au Liban depuis avant la révolution et celles qui ne sont pas affiliées à l'opposition. La deuxième inclut l'opposition et ceux qui ont émigré au Liban en 2013 et 2014 à cause des barils de la mort (barils explosifs). Dans la troisième se trouvent ceux qui n’appartiennent ni à l'opposition, ni au régime; ce sont des gens qui sont venus au Liban à cause de la crise économique, pour tenter de gagner leur vie et de subvenir aux besoins de leurs familles», précise-t-il.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de réfugiés syriens enregistrés au Liban est tombé à 865 500 à la fin du mois de décembre 2020.

Le Liban a appelé le HCR à suspendre les nouveaux enregistrements au début de l’année 2015.

Environ 55 000 personnes sont rentrées en Syrie ces dernières années dans le cadre des efforts de rapatriement menés par la sécurité générale libanaise et dans le cadre d'un programme de réconciliation parrainé par le Hezbollah dans certaines villes syriennes.

Selon des rumeurs, le Hezbollah aurait mis en place des comités afin de grossir les formulaires de recensement avec le nombre de réfugiés syriens présents dans certaines zones avant de les conduire aux bureaux de vote le jour du scrutin.

Ces bruits qui courent au sujet d’un recensement du Hezbollah ont coïncidé avec des informations qui indiquent que le ministère de l'Intérieur attend les données du HCR pour préparer un mécanisme de calcul du nombre de réfugiés syriens au Liban.

Cette tâche a été confiée au ministère de l'Intérieur en coordination avec le ministère des Affaires sociales, la direction de la Sûreté générale libanaise et le HCR.

Arab News a contacté la porte-parole du HCR, Lisa Abou Khaled, mais cette dernière a refusé tout commentaire et s’est bornée à déclarer qu'il n'y avait «actuellement aucun recensement des réfugiés».

Souaiba estime qu'il n'était pas nécessaire de recompter les réfugiés: il y a environ six semaines, un recensement a en effet été effectué par des ONG sous la supervision du service du renseignement militaire libanais pour les réfugiés dans les camps et les colonies, en particulier dans la région d'Arsal, ouverte à la terre qui relie les territoires libanais et syriens.

Il donne également des nouvelles de l'intérieur de la Syrie et déplore la famine qui y règne, même à Damas, brossant un tableau sombre et désespéré des conditions de vie de la population.

«Il n'y a ni carburant ni électricité», souligne-t-il. «Une femme qui a fui au Liban avec ses enfants m'a raconté que son mari avait été arrêté par les autorités syriennes et que son sort était encore inconnu. Elle meurt pratiquement de faim avec ses enfants. Elle a préféré fuir au Liban avec ses enfants et a emprunté 100 dollars (soit 83 euros) pour payer le passeur. Elle pensait trouver de quoi manger au Liban et que cela vaudrait mieux que la famine en Syrie», raconte-t-il.

Une étude du HCR a estimé que 89% des familles de réfugiés syriens vivaient en dessous du seuil de pauvreté extrême au Liban en 2020, contre 55% en 2019.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
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  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Deuxième point de vente duty-free ouvert à Dhahran

Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
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  • Un deuxième magasin duty-free a ouvert à Dhahran, offrant des produits détaxés aux diplomates accrédités, un an après l’ouverture du premier point de vente à Riyad
  • Le dispositif vise à améliorer l’accès des diplomates aux biens hors taxes et à simplifier les procédures de remboursemen

RIYADH : Un deuxième magasin duty-free a récemment ouvert dans le complexe résidentiel d’Aramco à Dhahran, proposant des produits détaxés aux diplomates accrédités en Arabie saoudite.

Cette ouverture fait suite à l’inauguration du premier point de vente, lancé en juin 2023 dans le quartier diplomatique de Riyad.

Le magasin vise à offrir ses services aux diplomates et représentants des missions diplomatiques de la région, en proposant une expérience commerciale complète et des produits hors taxes, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.

Il entend également faciliter l’accès des diplomates aux biens exemptés de taxes et simplifier les procédures de remboursement, qu’elles soient effectuées périodiquement, à la fin de leur mission officielle ou durant leurs congés saisonniers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?