Espagne: nouvelle saignée de l'emploi dans les banques

Le logo de la banque espagnole CaixaBank à Madrid. La banque espagnole CaixaBank va licencier près de 8 300 personnes dans le cadre d'une mégafusion avec sa rivale Bankia, plus petite, pour former le plus grand prêteur national du pays, a déclaré un syndicat le 20 avril 2021. (GABRIEL BOUYS / AFP)
Le logo de la banque espagnole CaixaBank à Madrid. La banque espagnole CaixaBank va licencier près de 8 300 personnes dans le cadre d'une mégafusion avec sa rivale Bankia, plus petite, pour former le plus grand prêteur national du pays, a déclaré un syndicat le 20 avril 2021. (GABRIEL BOUYS / AFP)
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Publié le Vendredi 23 avril 2021

Espagne: nouvelle saignée de l'emploi dans les banques

  • A l'automne, le numéro un espagnol, Banco Santander, avait déjà annoncé 3.500 suppressions de postes et Banco Sabadell 1.800
  • Les transactions par internet des clients de BBVA en Espagne ont ainsi augmenté de 87% en deux ans, tandis que les transactions en agence ont chuté de 48%, affirme cette banque

MADRID : "Adios" petite banque du coin de la rue. L'Espagne, où les employés de banque étaient autrefois légion, va de nouveau supprimer des milliers de postes et d'agences, un phénomène engagé depuis dix ans et accéléré par la pandémie de Covid-19.

Deux des plus grandes banques du pays ont annoncé cette semaine de vastes plans de départs: environ 8.300 postes -près d'un emploi sur cinq- chez CaixaBank, et 3.800 chez BBVA, soit 16% des effectifs.

Des projets qualifiés de "sauvages" et de "scandaleux" par les grands syndicats UGT et Commissions ouvrières.

A l'automne, le numéro un espagnol, Banco Santander, avait déjà annoncé 3.500 suppressions de postes et Banco Sabadell 1.800.

Toutes mettent en avant les mêmes arguments: dans un contexte de taux d'intérêt bas appelés à durer à cause de la pandémie, il leur faut réduire leurs coûts et supprimer des guichets rendus inutiles par la montée en puissance des services bancaires en ligne.

Les transactions par internet des clients de BBVA en Espagne ont ainsi augmenté de 87% en deux ans, tandis que les transactions en agence ont chuté de 48%, affirme cette banque.

Cette hémorragie de l'emploi bancaire n'est pas nouvelle en Espagne: entre 2008 et 2019, le secteur s'est débarrassé de près de 40% de ses salariés, soit environ 100.000 personnes, après avoir échappé de justesse à l'effondrement lors de la crise financière, qui a débouché sur un sauvetage public massif des banques du pays.

Consolidation 

La myriade de caisses d'épargne locales, qui avaient nourri la bulle immobilière des années 2000 en prêtant à tout-va, a été absorbée par les grandes banques, qui ont sabré dans les effectifs au passage.

Résultat: le nombre de banques en Espagne a été divisé par deux en une décennie, selon un rapport de Moody's.

"Le système bancaire espagnol a traversé l'un des processus de consolidation les plus profonds en Europe durant la dernière décennie", souligne l'agence de notation.

Entre 2008 et 2019, l'Espagne est en effet le pays européen qui a le plus supprimé d'agences bancaires (-48%) et d'emplois (-37%), largement au-dessus des niveaux européens (-31% et -19% respectivement).

En France, seuls 9% des agences et 6% des emplois ont été détruits dans le secteur durant la décennie écoulée, toujours selon Moody's.

"Je dis toujours qu'en Espagne, on a deux choses: des bars et des agences bancaires (...) Mais c'est un modèle qui n'est plus rentable. Les gens ne vont plus au guichet, seules les personnes âgées y vont encore", explique Ricardo Zion, professeur de finances à l'EAE Business School.

En 2008, l'Espagne comptait environ 105 agences pour 100.000 habitants, trois fois plus que la moyenne européenne, selon des données de la Banque mondiale compilées par Moody's.

En 2019, il n'en restait plus que 46, un chiffre encore deux fois supérieur à la moyenne européenne.

"Le processus de suppressions d'emploi n'est pas encore terminé", et les fusions non plus, prévoit Robert Tornabell, professeur à l'école de commerce Esade et spécialiste des banques.

Pour rester rentables, "les banques doivent gagner en taille (...) et fermer des agences" en particulier dans les zones rurales dépeuplées, souligne-t-il.

Dans ce contexte déjà difficile, la pandémie de Covid-19 "aggrave le problème", car dans une économie ralentie, les banques gagnent moins d'argent et cherchent de la rentabilité ailleurs, analyse M. Zion.

Dans le cas de CaixaBank, la fusion avec Bankia, officialisée fin mars pour créer un géant bancaire, va provoquer la fermeture de nombreuses agences des deux banques, parfois côte à côte dans une même rue, explique Robert Tornabell.

Pour les salariés, cette nouvelle vague de départs pourrait être plus traumatisante que les précédentes, essentiellement composées de pré-retraites.

CaixaBank a ainsi prévenu que la moitié des postes supprimés concerneraient des moins de 50 ans. 

"Ce sera difficile pour ce type de personnes de retrouver du travail", craint M. Zion.

"Ce sont des personnes avec un haut niveau de formation, un capital humain qui doit être préservé le plus possible", a souligné jeudi la ministre socialiste de l'Economie Nadia Calviño, se disant par ailleurs "préoccupée par les hauts salaires et bonus des hauts dirigeants des banques" dans ce contexte de coupes sombres dans leurs effectifs.


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.

 

 


Vision Golfe 2025 : Paris accueille une nouvelle étape dans le partenariat stratégique entre la France et le Golfe

Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
Le quartier d'affaires de La Défense à Paris le 1er juin 2025. (AFP)
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  • Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des pays du
  • Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques

PARIS: Les 17 et 18 juin prochains, la troisième édition de Vision Golfe réunira à Paris des dirigeants gouvernementaux, des chefs d’entreprise et des décideurs économiques de premier plan venus de France et des six pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG).

Ce forum de haut niveau, désormais incontournable, vise à transformer les visions stratégiques partagées en partenariats concrets, autour du thème : « Des visions audacieuses à l’impact concret : une nouvelle ère de coopération ».

Un programme structuré autour de dix axes stratégiques

Pendant deux jours, Vision Golfe 2025 mettra en lumière dix domaines clés de collaboration : transition énergétique, intelligence artificielle, santé, éducation, agroalimentaire, infrastructures intelligentes, luxe, sport, mobilité et environnement d’investissement.

Chaque thématique sera abordée à travers des panels, des ateliers B2B et des rencontres stratégiques.

Des figures majeures au programme

L’événement accueillera des ministres de haut rang de France et du Golfe, apportant une perspective politique de premier plan sur les grandes orientations bilatérales. Parmi les institutions représentées figurent notamment l’Université d’intelligence artificielle Mohammed ben Zayed  (MBZUAI) à Abou Dhabi et le Abu Dhabi Investment Office (ADIO), tous deux engagés dans la construction de ponts technologiques et économiques entre les deux régions.

Une ambition européenne portée par la France

En tant que première destination des investissements étrangers en Europe en 2024, la France joue un rôle de passerelle vers le marché européen pour les fonds souverains, les investisseurs privés et les start-ups innovantes du Golfe.

Vision Golfe 2025 s’inscrit dans cette dynamique en offrant une plateforme stratégique pour explorer de nouvelles synergies économiques.

Bilan positif et continuité

La précédente édition avait permis la signature d’accords marquants, notamment entre la Saudi Ports Authority (MAWANI) et le Grand Port Maritime de Marseille Fos, ainsi que la création du France Lab au sein de la MBZUAI — véritable symbole de coopération en matière d’intelligence artificielle.

Vers un partenariat durable et multidimensionnel

Dans un contexte de croissance continue des échanges — estimés à 20,9 milliards d’euros entre la France et le CCG en 2024, dont 8,5 milliards avec les Émirats arabes unis et 7,6 milliards avec l’Arabie saoudite — Vision Golfe 2025 ambitionne de consolider un partenariat structuré autour de trois piliers :

  • l’innovation industrielle,
  • les échanges académiques et culturels,
  • les projets d’investissement stratégique.

La session ministérielle « Blueprints for 2030 » et le panel « Innover pour la durabilité » promettent d’ouvrir la voie à des coopérations concrètes et orientées vers des résultats mesurables.

Vision Golfe 2025 s’impose comme un carrefour stratégique, où ambitions partagées et réalisations concrètes convergent pour dessiner l’avenir des relations entre la France et les pays du Golfe.


L'Arabie saoudite ambitieuse en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com