Les leaders de l'ANASE mettent la pression sur les dirigeants du coup d'État en Birmanie

Les leaders de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) se réunissent à Jakarta le 24 avril 2021 (photo du palais présidentiel indonésien via l’AFP)
Les leaders de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) se réunissent à Jakarta le 24 avril 2021 (photo du palais présidentiel indonésien via l’AFP)
Le président indonésien Joko Widodo prononce son discours lors du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) à Jakarta le 24 avril 2021 (photo du palais présidentiel indonésien via l’AFP)
Le président indonésien Joko Widodo prononce son discours lors du sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) à Jakarta le 24 avril 2021 (photo du palais présidentiel indonésien via l’AFP)
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Publié le Dimanche 25 avril 2021

Les leaders de l'ANASE mettent la pression sur les dirigeants du coup d'État en Birmanie

  • Les tirs quotidiens de la police et des soldats depuis le coup d'État du 1er février ont tué plus de 700 manifestants et spectateurs pour la plupart pacifiques
  • Le général-major de Birmanie, Min Aung Hlaing, a déclaré qu'un dialogue entre les parties en conflit dans son pays devrait commencer immédiatement

JAKARTA: Les leaders d'Asie du Sud-Est ont exigé la fin immédiate des meurtres et la libération des détenus politiques en Birmanie lors d'un sommet d'urgence samedi avec son général en chef et dirigeant du coup d'État, a déclaré le président indonésien.

Les leaders de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est ont également déclaré au général Min Aung Hlaing lors des discussions de deux heures à Jakarta qu'un dialogue entre les parties en conflit en Birmanie devrait immédiatement commencer, avec l'aide des envoyés de l’ANASE, a affirmé le président Joko Widodo.

«La situation en Birmanie est inacceptable et ne doit pas continuer. La violence doit cesser, la démocratie, la stabilité et la paix au Myanmar doivent être rétablies tout de suite», a souligné Widodo lors de la réunion. «Les intérêts du peuple du Myanmar doivent toujours être la priorité absolue».

Les tirs quotidiens de la police et des soldats depuis le coup d'État du 1er février ont tué plus de 700 manifestants et spectateurs, pour la plupart pacifiques, selon plusieurs comptes rendus indépendants.

Les messages transmis à Min Aung Hlaing étaient inhabituellement brutaux et pouvaient être considérés comme une violation du principe de base du bloc conservateur des 10 nations de l’ANASE interdisant aux États membres de s’ingérer dans les affaires intérieures des uns et des autres. Toutefois, le Premier ministre malaisien Muhyiddin Yassin a invoqué que la politique ne devrait pas conduire à l'inaction si une situation intérieure «met en péril la paix, la sécurité et la stabilité de l’ANASE et de la région au sens large» et que la communauté internationale réclame une action déterminée.

«Il y a une espérance énorme de la part de la communauté internationale sur la manière dont l'ANASE traite la question de la Birmanie. La pression augmente », a expliqué Muhyiddin. Le président actuel de l’ANASE, le Premier ministre du Brunei, Hassanal Bolkiah, et le secrétaire général du bloc régional devraient visiter la Birmanie pour rencontrer les parties en conflit, encourager le dialogue et proposer «une analyse honnête et impartiale», a-t-il ajouté.

Un tel dialogue politique «ne peut se dérouler qu'avec la libération rapide et inconditionnelle des détenus politiques», a signalé le Premier ministre malaisien.

Une déclaration officielle publiée par l'ANASE à l’aide de Brunei après le sommet a décrit les demandes formulées par les six chefs d'État et les trois ministres des Affaires étrangères de manière plus subtile. Elle a demandé «l'arrêt immédiat de la violence en Birmanie» en exhortant toutes les parties à «faire preuve de la plus grande retenue», mais a omis la demande exprimée par Widodo et d'autres leaders pour la libération immédiate des détenus politiques. Elle a déclaré que l'ANASE va fournir une aide humanitaire en Birmanie.

Toutefois, il n'était pas immédiatement clair si et comment Min Aung Hlaing avait répondu à ces messages brutaux.

C'est la première fois qu'il quitte la Birmanie depuis le coup d'État, qui a été suivi par les arrestations d'Aung San Suu Kyi et de nombreux autres leaders politiques.

À la veille du sommet, le ministre indonésien des Affaires étrangères, Retno Marsudi, a exprimé l'espoir que «nous pourrons parvenir à un accord sur les prochaines étapes susceptibles d'aider le peuple de la Birmanie à sortir de cette situation délicate».

La diversité de l’ANASE, y compris les liens divergents de bon nombre de ses membres avec la Chine ou les États-Unis, ainsi qu’une politique fondamentale de non-ingérence dans les affaires intérieures les uns les autres et de la décision par consensus, ne fait qu’entraver la capacité du bloc à faire face rapidement aux crises.

Néanmoins, au milieu de la pression occidentale, le groupe régional a eu du mal à adopter une position plus efficace sur les questions, mais a conservé son approche non conflictuelle.

Les critiques ont déclaré que la décision de l’ANASE de rencontrer le chef du coup d’État était inacceptable et qui incite à légitimer le coups d’État et la répression meurtrière qui a suivi. Les États de l'ANASE ont accepté de rencontrer Min Aung Hlaing mais ne l'ont pas traité ou ne l'ont pas considéré comme le chef d'État de la Birmanie lors du sommet, a révélé un diplomate d'Asie du Sud-Est à l'Associated Press sous couvert d'anonymat faute d'autorité pour discuter publiquement de la question.

L'organisme de surveillance des droits humains installé à Londres, Amnesty International, a exhorté l'Indonésie et les autres États de l'ANASE avant le sommet à enquêter sur Min Aung Hlaing à propos «des allégations crédibles de responsabilité de crimes contre l'humanité en Birmanie ».

En tant qu'État partie à une convention des Nations Unies contre la torture, l'Indonésie a l'obligation légale de poursuivre ou d'extrader un coupable présumé sur son territoire, a-t-il indiqué.

La police indonésienne a dispersé des dizaines de manifestants opposés au coup d’État et à la visite du chef de la junte. Plus de 4 300 policiers se sont déployés dans la capitale indonésienne pour sécuriser les réunions, tenues sous de strictes mesures de protection au milieu de la pandémie.

Les leaders de la Thaïlande et des Philippines n'ont pas assisté le sommet pour faire face à la pandémie du coronavirus dans leurs pays. Le Laos a également annulé sa visite à la dernière minute. Le sommet face à face est le premier organisé par les leaders de l'ANASE depuis plus d'un an.

Outre la Birmanie, le bloc régional est composé du Brunei, du Cambodge, de l'Indonésie, du Laos, de la Malaisie, des Philippines, de Singapour, de la Thaïlande et du Vietnam.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com