La Turquie «cherche à réparer» ses relations avec l’Arabie saoudite

Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a déclaré que la Turquie cherchait à rétablir ses relations avec l’Arabie saoudite en affichant un discours plus modéré envers Riyad. (AFP/Fichier)
Le porte-parole de la présidence turque, Ibrahim Kalin, a déclaré que la Turquie cherchait à rétablir ses relations avec l’Arabie saoudite en affichant un discours plus modéré envers Riyad. (AFP/Fichier)
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Publié le Mardi 27 avril 2021

La Turquie «cherche à réparer» ses relations avec l’Arabie saoudite

  • Le porte-parole Ibrahim Kalin a affirmé que la présidence turque «respecte» la décision de la justice saoudienne concernant l’affaire Khashoggi
  • Kalin a indiqué qu’Ankara cherchait à adopter « un agenda plus positif » à l’égard du Royaume

ISTANBUL : La Turquie cherche à « réparer » ses relations avec l’Arabie saoudite, a déclaré lundi le porte-parole et conseiller d’Erdogan, Ibrahim Kalin. 

Le commerce entre les deux pays a chuté de 98% depuis l’année dernière, à la suite d’un boycott officieux des produits turcs par les commerçants du Royaume en réponse à ce que ces derniers considèrent comme une hostilité de la part d'Ankara.

En espérant que ce boycott puisse être levé, M. Kalin a indiqué : « Nous chercherons des moyens de réparer cette relation en adoptant un agenda plus positif à l’égard de l’Arabie saoudite également ».

Kalin a par ailleurs affirmé que la présidence turque accueillait favorablement le procès en Arabie saoudite à l’issue duquel huit personnes ont été condamnées, l’année dernière, à des peines allant de sept à 20 ans pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

« Ils ont tenu des procès et ont pris une décision, alors nous respectons cette décision », mentionne M. Kalin.

Les propos de M. Kalin sont intervenus avant les pourparlers entre la Turquie et l’Égypte qui auront lieu la semaine prochaine. Ankara espère que ces négociations permettront un renouvellement de la coopération entre les deux pays.

Leurs relations sont tendues depuis que l’armée égyptienne a renversé, en 2013, le président issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, qui était proche de la Turquie.

Toutefois, la Turquie a récemment commencé à œuvrer au rétablissement de ses relations avec l’Égypte et d’autres États du Golfe, en essayant de régler les différends qui ont conduit à l’isolement croissant d’Ankara dans le monde arabe. 

Les chefs des services de renseignement ainsi que les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont entretenus, et une mission diplomatique turque se rendra en Égypte début mai, a précisé M. Kalin.

« Compte tenu des réalités sur le terrain, je pense qu’il est dans l’intérêt des deux pays et de la région de normaliser les relations avec l’Égypte », a-t-il souligné.

Dans un geste visant à améliorer les relations avec Le Caire le mois dernier, la Turquie a demandé aux chaînes de télévision de l’opposition égyptienne qui opèrent sur son territoire de modérer les critiques à l’égard du président égyptien Abdel-Fattah El-Sissi.

L’Égypte a apprécié cette initiative mais s’est montrée publiquement prudente face aux appels de la Turquie en faveur d’un renforcement des liens entre les deux pays qui ont également soutenu les parties rivales dans le conflit libyen.

Selon M. Kalin, « Un rapprochement avec l’Égypte contribuera certainement à améliorer la situation sécuritaire en Libye, car nous comprenons parfaitement que l’Égypte a une longue frontière avec la Libye, ce qui pourrait parfois constituer une menace pour la sécurité de l’Égypte ».

Il a indiqué que la Turquie discuterait de la sécurité en Libye, où un gouvernement de transition soutenu par l’ONU a pris le pouvoir le mois dernier, avec l’Égypte et d’autres pays.

Cependant, en dépit de l’appel lancé par l’ONU pour que toutes les forces étrangères quittent le pays, il a assuré que les militaires turcs et les combattants syriens alliés resteraient sur place.

« Nous avons un accord qui tient toujours avec le gouvernement libyen », a-t-il mentionné, faisant référence à un accord conclu en 2019 qui a ouvert la voie à une intervention turque décisive en soutien au gouvernement de Tripoli.

 

* Avec Reuters

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Plus de 20 frappes israéliennes à travers la Syrie, "les plus violentes" cette année

Un avion de chasse israélien tire une roquette alors qu'il survole une zone près de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025. Les médias d'État syriens ont déclaré qu'Israël avait mené des frappes le 30 avril, à l'extérieur de Damas, où des affrontements sectaires meurtriers entre les forces de sécurité et des combattants druzes locaux ont éclaté pendant la nuit. (AFP)
Un avion de chasse israélien tire une roquette alors qu'il survole une zone près de la capitale syrienne Damas, le 30 avril 2025. Les médias d'État syriens ont déclaré qu'Israël avait mené des frappes le 30 avril, à l'extérieur de Damas, où des affrontements sectaires meurtriers entre les forces de sécurité et des combattants druzes locaux ont éclaté pendant la nuit. (AFP)
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  • Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des sites militaires à travers la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi
  • L'agence officielle syrienne Sana a annoncé qu'un "civil" avait été tué, l'armée israélienne confirmant de son côté avoir visé des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie

DAMAS: Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des sites militaires à travers la Syrie dans la nuit de vendredi à samedi, les bombardements "les plus violents" cette année, a indiqué une ONG, après qu'Israël a annoncé une frappe près du palais présidentiel à Damas.

L'agence officielle syrienne Sana a annoncé qu'un "civil" avait été tué, l'armée israélienne confirmant de son côté avoir visé des infrastructures militaires près de la capitale de la Syrie, pays avec lequel Israël est toujours en état de guerre.

"Plus de 20 frappes israéliennes ont visé des entrepôts et des sites militaires à Deraa, près de Damas et dans les région de Hama et de Lattaquié", avait annoncé plus tôt l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de source dans le pays en guerre.

L'ONG a estimé qu'elles étaient "les plus violentes depuis le début de l'année".

Des journalistes de l'AFP dans la capitale ont entendu le vrombissement des avions et plusieurs détonations.

Sana, qui avait rapporté plusieurs actions près de Damas et à travers le pays, a précisé qu'"un civil a(vait) été tué dans les frappes de l'aviation israélienne aux abords de Harasta, près de Damas",

Depuis la chute du président Bachar al-Assad en décembre, Israël, qui considère les nouvelles autorités avec méfiance, a mené des centaines d'attaques contre des sites militaires en Syrie, affirmant vouloir empêcher que des armes ne tombent entre les mains des nouvelles autorités qu'il qualifie de "jihadistes".

Israël a également envoyé des troupes dans une zone démilitarisée du plateau du Golan.

- Avertissement -

Vendredi à l'aube, Israël avait annoncé avoir bombardé près du palais présidentiel d'Ahmad al-Chareh, en guise d'avertissement contre toute atteinte à la minorité druze de Syrie.

Ce que la présidence syrienne a qualifié de "dangereuse escalade" a aussi été condamné par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Cela est survenu après des violences confessionnelles en début de semaine entre groupes armés liés au pouvoir syrien et combattants druzes qui ont fait plus de 100 morts près de Damas et dans le sud, voisin d'Israël, selon l'OSDH.

Selon l'analyste indépendant Michael Horowitz, Israël "espère à la fois se trouver des alliés locaux, particulièrement dans le sud syrien, mais aussi peser dans la balance à un moment où le futur de la Syrie reste incertain".

"C'est un message clair envoyé au régime syrien. Nous ne permettrons pas que des forces (syriennes) soient dépêchées au sud de Damas ou menacent de quelque manière que ce soit la communauté druze", ont affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ministre de la Défense, Israël Katz.

- "Terrain de jeu" -

Le Qatar a fustigé une "agression flagrante contre la souveraineté" de la Syrie et l'Arabie saoudite a "réaffirmé son rejet catégorique des agressions israéliennes sapant la stabilité" de la Syrie.

"La Syrie ne doit pas devenir le terrain de jeu des tensions régionales" a mis en garde l'Allemagne, appelant le nouveau pouvoir syrien à assurer "la protection de la population civile" et "tous les acteurs" à "la plus grande retenue".

Israël avait menacé d'agir "avec force" si Damas ne protégeait pas sa communauté druze.

Depuis l'arrivée au pouvoir, le 8 décembre, d'une coalition menée par des islamistes sunnites, Israël a pris fait et cause pour les druzes de Syrie. Cette communauté ésotérique, issue d'une branche de l'islam chiite, est également implantée en Israël et au Liban.

Dans ce contexte, M. Chareh a reçu vendredi à Damas le chef druze libanais Walid Joumblatt, qui avait appelé ses coreligionnaires en Syrie à "refuser l'ingérence d'Israël".

L'OSDH a également fait état vendredi de quatre combattants druzes tués dans la journée dans une frappe de drone dans la province de Soueïda, bastion de la minorité druze dans le sud, sans en préciser l'origine.

- "Terrifiés" -

Lundi et mardi, des violences à Jaramana, en banlieue de Damas à majorité druze, à Sahnaya, à 15 kilomètres de la capitale, où vivent des druzes et des chrétiens, et à Soueïda, ont fait 102 morts dans les deux camps, selon l'OSDH.

Ces combats ont été déclenchés par une attaque de groupes armés affiliés au pouvoir à Jaramana, après la diffusion d'un message audio attribué à un druze et jugé blasphématoire à l'égard du prophète Mahomet.

L'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité du message.

Jeudi soir, le plus influent chef religieux druze en Syrie, cheikh Hikmat al-Hajri, avait dénoncé une "campagne génocidaire" visant des "civils" de sa communauté.

Les autorités syriennes, qui ont depuis réaffirmé leur "engagement ferme à protéger toutes les composantes du peuple syrien, y compris la communauté druze", ont mis en cause des éléments échappant à son contrôle.

Ces combats ont réveillé le spectre des massacres qui avaient fait début mars plus de 1.700 morts, en grande majorité des membres de la minorité alaouite, dont est issue le président déchu, dans l'ouest.

Des accords entre Druzes et Damas avaient rétabli le calme.

"Mais nous sommes terrifiés", a témoigné Arij, une habitante de Sahnaya âgée de 35 ans. "Beaucoup de chrétiens et de druzes ont fui pour Damas".


Israël dit avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen, revendiqué par les rebelles

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique". (AFP)
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  • "A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram
  • L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé

JERUSALEM: Les forces armées israéliennes ont annoncé vendredi avoir intercepté un missile lancé à partir du Yémen, un tir revendiqué par les rebelles houthis, soutenus par l'Iran.

"A la suite de sirènes qui ont retenti il y a peu de temps dans plusieurs régions d'Israël, un missile lancé depuis le Yémen a été intercepté", a indiqué l'armée israélienne dans un bref communiqué sur Telegram.

L'engin a été intercepté avant qu'il ne pénètre en territoire israélien, est-il précisé.

Les rebelles Houthis, qui contrôlent de larges pans du Yémen, ont affirmé dans un communiqué avoir visé une base aérienne "à l'est de la région occupée de Haïfa, à l'aide d'un missile balistique hypersonique".

Ces insurgés soutenus par l'Iran ont mené des dizaines d'attaques avec des missiles et des drones contre Israël,  depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur Israël le 7 octobre 2023, en affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens.

Ils ont également pris pour cible des navires qu'ils estiment liés à Israël en mer Rouge, une zone essentielle pour le trafic maritime mondial.

Ces attaques avaient cessé avec la trêve entrée en vigueur le 19 janvier entre Israël et le Hamas, mais les Houthis les ont relancées après la reprise par Israël de son offensive à Gaza le 18 mars.

Les "opérations de soutien se poursuivront jusqu'à ce que l'agression contre Gaza cesse et que le siège soit levé", a déclaré leur porte-parole militaire, Yahya Saree, selon le communiqué.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, avaient commencé en janvier 2024 à frapper les positions des Houthis pour les contraindre à cesser leurs tirs. La campagne s'est intensifiée après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier.

Le Pentagone a indiqué fin avril avoir frappé plus de 1.000 cibles au Yémen depuis mi-mars, tuant "des combattants et des dirigeants houthis".


Gaza : les opérations humanitaires «au bord de l'effondrement total», affirme la Croix-Rouge

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains. (AFP)
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  • Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël
  • "Si l’acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin"

GENEVE: Les opérations humanitaires dans la bande de Gaza sont "au bord de l'effondrement total", a mis en garde le Comité international de la Croix-Rouge vendredi, après deux mois de blocus total de toute entrée d'aide par Israël.

"Si l'acheminement des secours ne reprend pas immédiatement, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ne disposera pas des vivres, médicaments et produits de première nécessité dont il a besoin pour poursuivre bon nombre des programmes qu'il mène à Gaza", souligne le CICR  dans un communiqué.

"Les autorités doivent permettre l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza. Les otages doivent être libérés. Les civils doivent être protégés. Il faut agir de toute urgence, faute de quoi Gaza s'enfoncera encore plus profondément dans un chaos dont aucun effort humanitaire ne pourra la sortir", met en garde l'organisation basée à Genève.

Depuis le 2 mars aucune aide humanitaire n'est autorisée à entrer dans le territoire où vivent 2,4 millions de personnes, pour forcer, selon les autorités israéliennes, le mouvement islamiste Hamas à libérer les otages pris le 7-Octobre encore entre ses mains.

"Pour les civils à Gaza, chaque jour est une lutte acharnée pour survivre aux dangers des combats et supporter les conséquences des déplacements incessants – tout cela sans pouvoir compter sur une aide humanitaire d'urgence", déclare Pascal Hundt, directeur adjoint des opérations du CICR, cité dans le communiqué.

"Nous ne pouvons pas permettre que cette situation déjà critique s'aggrave davantage", insiste-t-il.

Jeudi, Mike Ryan le directeur général adjoint de l'OMS avait dénoncé ce qui se passe à Gaza comme "une abomination".

Obligation d'aider 

Or si le blocus se poursuit, des programmes tels que les cuisines collectives du CICR – qui fournissent à de nombreuses personnes leur unique repas quotidien – ne pourront pas être maintenus plus de quelques semaines, précise le communiqué.

Depuis l'instauration du blocus, l'ONU ne cesse de dénoncer la catastrophe humanitaire et sanitaire et le risque de famine.

Le Programme alimentaire mondial a annoncé il y a quelques jours qu'il "avait épuisé tous ses stocks".

Le CICR rappelle aussi que conformément au droit international humanitaire, Israël a l'obligation, dans toute la mesure de ses moyens, de veiller à ce que les besoins essentiels de la population civile placée sous son contrôle soient satisfaits.

La situation à l'hôpital de campagne de l'organisation est également critique, certains médicaments et produits de santé étant épuisés.

"Les hôpitaux et autres structures de santé réorganisent leurs réserves et établissent des priorités pour pouvoir continuer à fonctionner. Sans réapprovisionnement rapide, ils risquent de ne plus être en mesure de prodiguer des soins vitaux aux patients", souligne le CICR, qui dénonce aussi "les attaques répétées qui empêchent le personnel de santé de faire son travail".

La guerre de représailles menée par Israël depuis le 7-Octobre a fait plus de 52.400 morts à Gaza, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'attaque du Hamas le 7 octobre 2023, sur le territoire israélien, a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Parmi les 251 personnes enlevées ce jour là, 58 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 mortes, selon l'armée israélienne.