Le peuple algérien dans la rue face à un pouvoir liberticide

Karim Tabbou, l'une des figures les plus importantes sinon la plus connue du Hirak / AFP
Karim Tabbou, l'une des figures les plus importantes sinon la plus connue du Hirak / AFP
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Publié le Jeudi 29 avril 2021

Le peuple algérien dans la rue face à un pouvoir liberticide

  • « Face à cette situation, le Hirak a encore plus de détermination »
  • Reste qu'il est reproché au Hirak de ne pas présenter de propositions politiques concrètes ni de programme électoral

TUNIS : Le mouvement pro-démocratie en Algérie est déterminé à continuer à occuper la rue malgré "l'appareil répressif" et les "manoeuvres de diversion" du régime qui a appelé à des élections en juin, a affirmé à Karim Tabbou, visage populaire du Hirak, peu de temps avant son placement en garde à vue mercredi soir.

L'opposant doit être présenté devant un procureur jeudi à Alger, à la suite d'une plainte déposée par Bouzid Lazhari, président du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH), une institution officielle. Ce dernier a été conspué par M. Tabbou lors des funérailles de l'avocat Ali Yahia Abdenour, vétéran du combat pour les droits humains en Algérie, lundi dans un cimetière algérois.

"Face à cette situation (de répression, ndlr), le Hirak a encore plus de détermination" et "la jeunesse algérienne est décidée à arracher son droit à la vie digne", avait expliqué ce chef de file de la contestation.

Pour le coordinateur de l'Union démocratique et sociale (UDS), un parti "non agréé" par le pouvoir, le Hirak, qui rassemble chaque semaine des milliers de manifestants, est désormais "le plus grand parti politique en Algérie".

"Il a su créer les conditions d'une coexistence, d'une action commune de toutes les tendances qui travaillent pour le changement".

Né en février 2019 du rejet massif d'un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika, ce mouvement de protestation populaire inédit, pacifique et sans véritable leadership, réclame un changement radical du "système" en place depuis l'indépendance en 1962.

Karim Tabbou, 47 ans, incarcéré de septembre 2019 à juillet 2020, participe régulièrement aux marches hebdomadaires du Hirak à Alger, accompagné d'une foule de partisans.

Virulent, il fustige un régime qui "fait appel à un mercenariat médiatique pour faire croire à des risques de retour en arrière, de retour au terrorisme" de la "décennie noire" (1992-2002), arguments déclinés quotidiennement par les médias officiels.

« Pays caserne »

Reste qu'il est reproché au Hirak de ne pas présenter de propositions politiques concrètes ni de programme électoral.

"Le pouvoir se dresse contre toutes les initiatives. Il y a un appareil répressif prêt à toutes les méthodes pour empêcher le changement", répond l'opposant. 

Karim Tabbou se félicite toutefois des réunions de concertation et des débats de la société civile qui s'organisent dans les différentes régions du pays.

"Ils n'ont pas abouti à l'annonce d'une initiative acceptée par tous mais on est sur cette voie", assure-t-il.

"Les autorités politiques algériennes n’arrivent plus à concevoir la vie des gens, la vie politique en dehors de la doctrine sécuritaire. On conçoit le pays comme une caserne", dénonce-t-il.

Pour Karim Tabbou, le pouvoir est dans une "logique d’infiltration, de contrôle, de surveillance et de répression". 

Selon les organisations algériennes de solidarité avec les détenus d'opinion, quelque 65 personnes sont actuellement derrière les barreau, poursuivies en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles.

Déjà condamné pour "atteinte à l'unité nationale", M. Tabbou savait qu'il ne serait pas à l'abri de nouvelles poursuites judiciaires, une menace qui pèse désormais sur tous les opposants.

 « Fausse élection »

Confronté à l'impasse politique, conjuguée à un  mécontentement social grandissant et une profonde crise économique, née de la chute de la rente pétrolière et aggravée par la pandémie de coronavirus, le président Abdelmadjid Tebboune a décidé de convoquer des élections législatives anticipées en juin.

M. Tebboune est décidé à imposer sa "feuille de route" électorale sans tenir compte des objectifs de la rue: un Etat de droit, une transition démocratique vers une véritable souveraineté populaire et une justice indépendante.

Pour Karim Tabbou, le pouvoir mène des "opérations de diversion pendant que le peuple est soumis à l'épreuve du chantage social (aides sociales sous conditions, ndlr), de la crise de l'huile, du lait, du pain".

Les principaux partis de l'opposition laïque ont d'ores et déjà annoncé leur boycott du scrutin, dénonçant une "mascarade électorale", à l'instar du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), du FFS, du Parti des travailleurs (PT) et de l'Union pour le changement et le progrès (UCP). 

L'UDS, le petit parti non agréé de Karim Tabbou, leur emboîte le pas. "Cette élection ne nous concerne pas", opine son chef de file. 

"Le pouvoir a mobilisé des moyens colossaux pour tenir une fausse élection présidentielle, un faux référendum et qui va organiser de fausses élections législatives", rappelle-t-il, en référence aux scrutins, caractérisés par des taux d'abstention record, de décembre 2019 et novembre 2020. 

"Il y a un pouvoir qui organise des élections et il y a un peuple dans la rue". 


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.