Au Kurdistan d'Irak, la détérioration des droits humains inquiète

Le président français Emmanuel Macron (R) pose avec le président de la région autonome du Kurdistan irakien Nechirvan Barzani avant un déjeuner de travail à l'Élysée, à Paris, le 30 mars 2021. (Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (R) pose avec le président de la région autonome du Kurdistan irakien Nechirvan Barzani avant un déjeuner de travail à l'Élysée, à Paris, le 30 mars 2021. (Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Samedi 01 mai 2021

Au Kurdistan d'Irak, la détérioration des droits humains inquiète

  • Pendant deux mois, Ehan Saïd n'a eu aucune nouvelle de son frère, militant d'un petit parti d'opposition
  • Le 16 février 2021, le militant de 36 ans a été condamné à six ans de prison pour "atteinte à la sûreté" du Kurdistan, une région autonome kurde composée de trois provinces riches en pétrole tenues par deux clans familiaux

SOULEIMANIYEH : Un soir d'octobre 2020, des policiers ont sorti Shivan Saïd du lit conjugal, l'ont frappé devant ses enfants et emmené, raconte son frère à l'AFP au Kurdistan d'Irak où la situation des droits humains empire avec la multiplication des arrestations et procès "iniques".

Pendant deux mois, Ehan Saïd n'a eu aucune nouvelle de son frère, militant d'un petit parti d'opposition. 

Puis Human Rights Watch (HRW) a indiqué qu'il avait "pu appeler son épouse pour lui dire qu'il était à Erbil aux mains des Assaïch", la police kurde.

Le 16 février 2021, le militant de 36 ans a été condamné à six ans de prison pour "atteinte à la sûreté" du Kurdistan, une région autonome kurde composée de trois provinces riches en pétrole tenues par deux clans familiaux, les Barzani à Erbil et Dohouk et les Talabani à Souleimaniyeh, dans le nord de l'Irak.

Dans le même box d'accusés, le militant Harwian Issa et trois journalistes (Ayaz Karam, Kohidar Zebari et Sherwan Sherwani, rédacteur en chef du mensuel Bashur), ont été condamnés à la même peine. Et ce, "sans accès à un avocat durant interrogatoires et instruction", selon HRW.

M. Sherwani, connu pour ses enquêtes sur la corruption et qui a critiqué sur Facebook le Premier ministre kurde Masrour Barzani, a été arrêté chez lui le 7 octobre, "sans mandat judiciaire" selon des militants kurdes. Comme Shivan Saïd.

Dans une lettre au Comité pour la protection des journalistes, Dindar Zebari, conseiller du gouvernement kurde, affirme que les journalistes condamnés le 16 février "ont eu accès à des avocats" et qu'un "appel est en cours".

"Insultes, coups"

Le chef de la Commission gouvernementale des droits humains du Kurdistan, Dhiaa Boutros, reconnaît "un recul" des libertés mais dément catégoriquement des arrestations arbitraires. "Les forces de l'ordre ne peuvent pas arrêter sans mandat d'un juge", assure-t-il à l'AFP.

Durant les enquêtes, reconnaît-il toutefois, "il arrive que la méthode employée soit mauvaise, avec violence, insultes et coups".

A son procès, M. Sherwani est apparu blessé et incapable de se tenir debout selon son avocat. Il a accusé les Assaïch d'avoir menacé d'agresser sexuellement sa femme et sa mère s'il ne signait pas des aveux... Sans réaction du juge, selon HRW.

"Les procès iniques ne sont pas une nouveauté au Kurdistan", dit Belkis Wille, chargé de l'Irak pour HRW, mais "les condamnations ne font qu'accentuer sa réputation d'endroit où on peut être condamné après un procès injuste pour avoir seulement critiqué les autorités".

Actuellement, assure à l'AFP Karzan Fadhel, avocat et patron du Democracy and Human Rights development Center (DHRD) basé à Souleimaniyeh, "il y a 74 détenus politiques à Erbil et Dohouk", tous "des opposants ou des manifestants interpellés à l'aveuglette pour "atteinte à la sûreté" ou "terrorisme".

A Souleimaniyeh, huit manifestants, parmi lesquels des adolescents dont les familles attendent encore justice, ont été tués lors de protestations et des dizaines ont été arrêtés.

Ceux-ci ont été rapidement relâchés. Mais à Dohouk et Erbil, selon M. Fadhel, "la police et le contre-terrorisme arrêtent, interrogent et décident du chef d'inculpation et la justice n'est notifiée qu'ensuite". 

Preuves jamais vue

A l'audience du 16 février, rapporte HRW citant des témoins, "un officier des Assaïch levait la main, amenait au juge des preuves que la défense n'avait jamais vues et sur lesquelles elle n'a pas eu le droit de l'interroger".

Surtout, une semaine avant le procès, Masrour Barzani, ex-patron des services de sécurité, a accusé les détenus d’être "des espions et des saboteurs"

Pour preuve d'"espionnage", le procureur a évoqué des posts sur les réseaux sociaux et des "informateurs secrets" que la défense n'a pu interroger, rapporte HRW.

"Le gouvernement kurde ne s'immisce pas dans les procédures judiciaires", réfute dans sa lettre M. Zebari, qui n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP.

Pourtant, assure un rapport annuel du département d'Etat américain, entre janvier et septembre 2020 "huit plaintes ont été déposées par différents responsables contre le journaliste indépendant Hemn Mamand qui avait critiqué sur Facebook la gestion du Covid-19 au Kurdistan". 

M. Mamand a été détenu 34 jours pour "mauvais usage d'appareils électroniques", une accusation régulièrement utilisée à l'encontre de journalistes et de militants.

Ali Mahmoud, militant à Erbil, confirme à l'AFP un climat délétère: "Je suis moi-même régulièrement mis sous surveillance. Nous avions un petit espace de démocratie, mais entre le Covid-19 et ce nouveau gouvernement, il ne cesse de se réduire".


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.