Macron va «regarder en face» Napoléon 200 ans après sa mort

Le président français Emmanuel Macron lors de la traditionnelle cérémonie du muguet au palais présidentiel de l'Élysée à Paris le 1 mai 2021. (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron lors de la traditionnelle cérémonie du muguet au palais présidentiel de l'Élysée à Paris le 1 mai 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 03 mai 2021

Macron va «regarder en face» Napoléon 200 ans après sa mort

  • Emmanuel Macron va tenter de «regarder en face» cet «être complexe» qu'était Napoléon
  • Mort le 5 mai 1821 en exil sur l'île britannique de Sainte-Hélène, Napoléon reste une figure extrêmement controversée pour son action durant la quinzaine d'années où il a exercé le pouvoir, entre 1799 et 1815

PARIS: Emmanuel Macron marquera mercredi le 200e anniversaire de la mort de Napoléon avec un discours dans lequel il va «regarder en face» l'héritage laissé par l'empereur, à la fois figure admirée et controversée de l'Histoire de France.

«Commémorer n'est pas célébrer», affirme l'Elysée, soucieux de déminer la polémique sur le bien-fondé de ce choix alors que Napoléon est critiqué notamment pour avoir rétabli l'esclavage.

Le chef de l'Etat se rendra dans l'après-midi à l'Institut de France pour y participer à une cérémonie avec des académiciens et des lycéens. Il s'exprimera après un exposé de l'historien Jean Tulard, l'un des meilleurs experts de Napoléon en France.

Suivra une séquence plus solennelle avec le dépôt d'une gerbe de fleurs au pied du tombeau de l'empereur, sous le dôme des Invalides, où Emmanuel Macron sera entouré de la ministre des Armées Florence Parly, du chef d'état-major des Armées François Lecointre et de Jean-Christophe Napoléon Bonaparte, membre de l'illustre famille.

En marquant cet anniversaire, Emmanuel Macron «ne se dérobe pas», souligne l'Elysée, alors que ses prédécesseurs s'étaient montrés prudents sur le dossier Napoléon. Jacques Chirac n'avait ainsi pas participé à la célébration du bicentenaire de la victoire d'Austerlitz en 2005.

Mais, insiste la présidence, Emmanuel Macron va tenter de «regarder en face» cet «être complexe» qu'était Napoléon, sans exprimer de «jugement rétrospectif dix générations plus tard» et en n'étant «ni dans l'hagiographie, ni dans le déni, ni dans la repentance».

«Il ne faut pas faire porter à l'Histoire le poids de nos débats contemporains», estime un conseiller du président, en refusant «une lecture anachronique».   

Mort le 5 mai 1821 en exil sur l'île britannique de Sainte-Hélène, Napoléon reste une figure extrêmement controversée pour son action durant la quinzaine d'années où il a exercé le pouvoir, entre 1799 et 1815.

La ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Elisabeth Moreno, l'a ainsi récemment critiqué pour être un «grand misogyne» et avoir «rétabli l'esclavage» en 1802 alors qu'il avait été aboli en 1794, cinq ans après la Révolution.

«Histoire partagée»

Emmanuel Macron va affirmer que ce rétablissement a été «une abomination», indique l'Elysée, en précisant qu'il s'exprimera de nouveau sur le sujet le 10 mai pour le 20e anniversaire de la loi Taubira reconnaissant "la traite négrière et l'esclavage".

Napoléon reste aussi dans les mémoires comme un chef de guerre qui sacrifia la vie de centaines de milliers d'hommes lors de ses nombreuses campagnes militaires.

A l'étranger, il est ainsi parfois comparé aux dictateurs du XXe siècle comme Hitler ou Staline. Mais «il n'y a chez lui ni l'idéologie meurtrière, ni le délire raciste de ceux que l'on présente comme ses successeurs», estime l'historien Jean Tulard.

Parallèlement, Napoléon est célébré comme le dirigeant visionnaire ayant posé les bases de l'Etat moderne avec le Code civil, promulgué en 1804, la préfectorale, les grands corps ou les grandes écoles. 

«Ignorer le bicentenaire de la mort de Napoléon serait une faute contre la Nation», a ainsi affirmé le député LR Julien Aubert, qui se revendique de «la droite bonapartiste».

Emmanuel Macron, qui s'est jusqu'à présent peu exprimé sur Napoléon, a célébré de nombreuses figures historiques depuis le début de son quinquennat, comme Georges Clemenceau et Charles de Gaulle, et s'est recueilli en janvier devant la tombe de l'ancien président François Mitterrand à Jarnac (Charente) à l'occasion du 25e anniversaire de sa mort le 8 janvier 1996.

«Notre passé est notre passé et nous l'assumons», explique l'Elysée, en insistant sur la nécessité de cultiver «une histoire partagée». Mais «nous refusons la culpabilité mortifère», que ce soit sur Napoléon comme sur l'action de la France en Algérie ou au Rwanda, les deux grands dossiers mémoriels dont s'est emparé Emmanuel Macron.


Dix passeurs présumés jugés pour un naufrage meurtrier dans la Manche

Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
Une femme passe devant les restes d'un bateau de contrebande endommagé sur la plage de Bleriot à Sangatte, près de Calais, dans le nord de la France, le 11 juin 2025. (AFP)
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  • Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés
  • La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche

LILLE: Dix hommes, dont huit Afghans, sont jugés à partir de lundi à Lille pour leur rôle présumé de passeurs dans le naufrage d'une embarcation clandestine qui avait fait quatre morts et quatre disparus dans la Manche en décembre 2022.

Parti entre 1H00 et 1H30 du matin dans la nuit du 13 au 14 décembre 2022, le canot, qui transportait en majorité des migrants afghans, avait fait naufrage à quelques kilomètres des côtes anglaises.

Trente-neuf migrants, dont huit mineurs, avaient pu être sauvés, mais quatre avaient été retrouvé morts et quatre autres n'ont jamais été retrouvés.

La même nuit, sept autres départs d'embarcations clandestines avaient été dénombrés dans la Manche.

Selon les éléments de l'enquête, alors que les migrants gonflaient le bateau avant le départ, plusieurs ont entendu une détonation, synonyme selon eux de crevaison. Les passeurs leur ont dit de ne pas s'en faire et qu'il s'agissait du seul bateau disponible pour eux.

D'après les témoignages des rescapés, il n'y avait pas assez de gilets de sauvetage pour tout le monde et aucune des personnes décédées n'en portait un. La température était glaciale et la mer très agitée.

Après une ou deux heures de traversée, un boudin a commencé à se dégonfler et l'eau à entrer dans l'embarcation, jusqu'à atteindre les genoux des passagers. Paniqués, ils se sont mis debout pour tenter de faire signe à un bateau. Mais le fond du canot, peu solide, a ployé sous leur poids et celui de l'eau, et tous se sont retrouvés à l'eau.

Neuf des prévenus sont jugés, jusqu'à vendredi, pour homicide involontaire par violation d'une obligation de sécurité, deux d'entre eux le sont pour blanchiment, tous pour aide au séjour irrégulier. Huit sont afghans, un syrien, un irakien.

Certains des prévenus sont soupçonnés d'avoir recruté des passeurs et assuré la logistique auprès des passagers, d'autres d'avoir géré l'organisation sur le camp de migrants de Loon-Plage (Nord), où vivaient les migrants avant leur tentative de traversée, toujours selon les éléments de l'enquête. D'autres encore sont jugés pour s'être occupés du transport des migrants vers la plage et de la mise à l'eau du canot, et deux pour avoir collecté une partie des paiements.

Le mineur sénégalais qui pilotait le canot est, lui, inculpé dans le cadre d'une procédure au Royaume-Uni.

Apparu en 2018, le phénomène des traversées de la Manche en petites embarcations est à l'origine de nombreux naufrages, le plus meurtrier ayant coûté la vie à 27 personnes en novembre 2021.

Depuis le début de l'année, au moins 15 migrants sont morts dans la Manche, bras de mer parmi les plus fréquentés du monde et où les conditions météorologiques sont souvent difficiles, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels. En 2024, 78 étaient morts ainsi, un record.


Légion d'honneur, Sarkozy « prend acte », rappelant que la CEDH doit encore examiner son recours

La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
La Cour d'appel a confirmé l'année dernière la condamnation de l'ancien président français Nicolas Sarkozy pour avoir tenté illégalement d'obtenir des faveurs d'un juge et lui a ordonné de porter un bracelet électronique à la cheville au lieu de purger une peine d'un an de prison. (Photo d'archive AFP)
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  • L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 
  • Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain.

PARIS : L'ancien président Nicolas Sarkozy a « pris acte » dimanche de son exclusion de la Légion d'honneur et rappelle que la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) doit encore se prononcer sur son recours dans l'affaire des écoutes, a indiqué son avocat Patrice Spinosi dans une déclaration transmise à l'AFP.

« Nicolas Sarkozy prend acte de la décision prise par le grand chancelier. Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle », a affirmé Patrice Spinosi, soulignant que si l'ancien chef de l'État « a fait valoir des arguments juridiques, c’était au nom de la fonction même de président de la République ».

L'ex-président (2007-2012) a rappelé que son recours devant la CEDH « est toujours pendant ». Il l'avait déposé après sa condamnation devenue définitive en décembre, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. 

« La condamnation de la France (par la CEDH) impliquera la révision de la condamnation pénale prononcée à l'encontre de Nicolas Sarkozy, en même temps que l’exclusion de l’ordre de la Légion d’Honneur ; l’une n’étant que la conséquence de l’autre », a assuré Patrice Spinosi.

Nicolas Sarkozy, déjà exclu de l'ordre national du Mérite, est ainsi devenu le deuxième chef de l'État français privé de cette distinction, après le maréchal Pétain, à qui la Légion d'honneur avait été retirée en 1945 pour haute trahison et intelligence avec l'ennemi.

« Ce lien avec le maréchal Pétain est indigne », a déclaré la porte-parole du gouvernement Sophie Primas (LR), prenant « acte » elle aussi de cette décision « automatique qui fait partie du code de la Légion d’Honneur ».

« Le président Sarkozy a été là pour la France à des moments extrêmement compliqués », a-t-elle déclaré, se disant « un peu réservée non pas sur la règle, mais sur ce qu’elle entraîne comme comparaison ».

« C'est une règle, mais c'est aussi une honte », a déploré sur franceinfo Othman Nasrou, le nouveau secrétaire général de LR et proche de Bruno Retailleau, apportant son « soutien et son respect » à l'ex-président.

À gauche, le député écologiste Benjamin Lucas s'est félicité de la décision, appelant sur X à ce que « la République prive de ses privilèges et de son influence institutionnelle celui qui a déshonoré sa fonction et trahi le serment sacré qui lie le peuple à ses élus, celui de la probité ».


Echanges de frappes entre Israël et l'Iran : la France renforce la vigilance sur son territoire

 Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme
  • Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

PARIS : Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau a appelé les préfets à renforcer la vigilance sur le territoire national. Il a notamment demandé de cibler les lieux de culte, les rassemblements festifs et les intérêts israéliens et américains. Cette demande a été transmise par télégramme. Elle a été envoyée vendredi. Cela fait suite à l'attaque israélienne en Iran.

« Il convient de porter une vigilance particulière à l'ensemble des sites qui pourraient être ciblés par des actes de terrorisme ou de malveillance de la part d'une puissance étrangère », a-t-il indiqué dans un télégramme consulté par l'AFP, alors qu'Israël et l'Iran poursuivaient leurs échanges de frappes meurtrières.

Les hostilités ont été déclenchées par une attaque israélienne massive contre des sites militaires et nucléaires iraniens, à laquelle Téhéran riposte avec des missiles balistiques. 

Dans ce contexte, M. Retailleau demande aux préfets de porter « une attention particulière » à la sécurité des lieux de culte, des établissements scolaires, des établissements publics et institutionnels, ainsi que des sites à forte affluence, notamment au moment des entrées et des sorties, et ce, incluant les « rassemblements festifs, culturels ou cultuels ».

Ces mesures de protection renforcée s'appliquent également aux « intérêts israéliens et américains ainsi qu'aux établissements de la communauté juive ».

Le ministre a appelé à la mobilisation des services de renseignements, des forces de sécurité intérieure, des polices municipales et des élus locaux, ainsi que du dispositif Sentinelle.

Vendredi soir, le président Emmanuel Macron a annoncé un « renforcement » du dispositif Sentinelle, qui déploie des militaires en France, « pour faire face à toutes les potentielles menaces sur le territoire national ».