Interview de Macron à la PQR: «Il nous faut retrouver notre art de vivre à la française»

Le président français, Emmanuel Macron, le 29 avril 2021. (AFP)
Le président français, Emmanuel Macron, le 29 avril 2021. (AFP)
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Interview de Macron à la PQR: «Il nous faut retrouver notre art de vivre à la française»

  • Les cafés et restaurants rouvriront en intérieur à partir du 9 juin, lorsque le couvre-feu passera alors à 23H00
  • Le télétravail «sera assoupli à partir du 9 juin, en lien avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises», a indiqué Emmanuel Macron

PARIS: Dans une interview à la presse quotidienne régionale, le président français dévoile les étapes de son plan de déconfinement. Un entretien très attendu auquel a eu accès Arabnews en français. A partir du 19 mai prochain, en France la vie devrait reprendre, doucement mais sûrement, son cours. Les commerces, les lieux de culture, dont les cinémas et les musées, les terrasses de restaurants pourront rouvrir mais attention Emmanuel Macron prévient « nous pourrons actionner des « freins d’urgence » sanitaires dans les territoires où le virus circulerait trop.  

 

LES QUATRE ÉTAPES DE LA LEVÉE DES RESTRICTIONS

3 mai: fin des restrictions de déplacements  

  • couvre-feu maintenu 
  • télétravail maintenu 
  • réouverture des collèges, mais en demi-jauge pour les 4e et les 3e 
  • réouverture des lycées en demi-jauge 
  • levée des restrictions pour les déplacements inter-régionaux 
  • fin de l'attestation de déplacement en journée 

19 mai: commerces, terrasses, cinémas  

  • couvre-feu décalé à 21H00 
  • télétravail maintenu  
  • rassemblements de plus de 10 personnes interdits 
  • réouverture des commerces 
  • réouverture des terrasses (tables de 6 maximum) 
  • réouverture des lieux culturels (musées, cinémas, théâtres...) 
  • reprise des activités sportives de plein air et en intérieur (avec protocole)  
  • réouverture des établissements sportifs de plein air et couverts accueillant des spectateurs (800 personnes en intérieur, 1 000 en extérieur) 

9 juin: cafés-restaurants en intérieur 

  • couvre-feu décalé à 23H00 
  • télétravail assoupli 
  • réouverture des cafés et des restaurants en intérieur (tables de 6 maximum) 
  • réouverture des salles de sport (sports de contact en plein air, sans contact en intérieur) 
  • réouverture des salons et foires (jusqu'à 5 000 personnes, avec pass sanitaire) 
  • accueil jusqu'à 5 000 personnes dans les lieux culturels et établissements sportifs 
  • accueil des touristes étrangers (avec pass sanitaire) 

30 juin: levée du couvre-feu 

  • maintien des gestes barrière et distanciation 
  • levée du couvre-feu 
  • événements extérieurs et intérieurs de plus de 1 000 personnes autorisés (avec pass sanitaire) 
  • levée des limites de jauge (selon situation locale) dans les établissements recevant du public  
  • limite possible de public selon l'événement et la situation sanitaire locale 

« L'étape zéro, c'était la réouverture des écoles le 26 avril. Nous avons assumé cette priorité éducative et cette stratégie de vivre avec le virus », a affirmé le chef de l'Etat dans un entretien à la presse régionale. 

Première étape le 3 mai: comme prévu, les restrictions de déplacement à 10 km du domicile seront levées, les collégiens et lycéens retrouveront les salles de classe... En revanche, le couvre-feu demeurera inchangé. 

Il faudra attendre le 19 mai pour voir le couvre-feu repoussé à 21H00. Ce sera aussi le retour des terrasses des bars et restaurants, avec six personnes par table maximum. « Il nous faut retrouver notre art de vivre à la française, en restant prudents et responsables », a souhaité le chef de l'Etat.  

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Le musée du Louvre, à Paris, le 14 octobre 2020 (Photo, AFP)

Les commerces pourront aussi rouvrir à cette date, avec des jauges et protocoles adaptés, de même que les musées, cinémas et théâtres - dans la limite de 800 personnes en intérieur et 1 000 en extérieur. 

 

TÉLÉTRAVAIL: ASSOUPLISSEMENT DES RÈGLES À PARTIR DU 9 JUIN

Le télétravail « sera assoupli à partir du 9 juin, en lien avec les partenaires sociaux au niveau des entreprises », a indiqué Emmanuel Macron. 

Le chef de l'Etat ne donne pas plus de détails mais cela semble indiquer que le protocole sanitaire national actuel, qui prévoit que le télétravail doit être la règle pour l'ensemble des activités qui le permettent, continuera à s'appliquer jusque-là.  

Depuis janvier s'est ajoutée la possibilité pour les salariés en télétravail à 100% de revenir un jour par semaine s'ils le souhaitent.

Troisième étape: le 9 juin, le couvre-feu sera décalé à 23H00 et les cafés et restaurants pourront rouvrir en intérieur - toujours avec six convives par table maximum. Il sera possible de retourner à la salle de sport et le télétravail sera assoupli. 

Pass sanitaire 

Enfin le 30 juin, à la veille des vacances, « fin du couvre-feu », a affirmé le chef de l'Etat. Il sera possible de participer à des événements de plus de 1 000 personnes, mais avec un pass sanitaire (test négatif de moins de 72 heures ou certificat d'immunité). 

Ce pass « ne sera jamais un droit d'accès qui différencie les Français », a assuré Emmanuel Macron, en précisant qu'il « ne saurait être obligatoire » dans les restaurants, théâtres et cinémas. « Par contre, dans des lieux où se brassent les foules (...) il serait absurde de ne pas l'utiliser », a-t-il considéré. 

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Des personnes regardent un film dans une salle de cinéma, à Nantes, le 14 mars 2021 (Photo, AFP)

Les professionnels de l'hôtellerie-restauration se sont réjouis d'avoir « enfin un calendrier », tout en s'inquiétant d'inconnues sur le niveau des jauges et des aides.  

Le chef de l'Etat l'a assuré: « Je n'ai jamais fait de pari sur la santé et la sécurité de nos concitoyens », affirmant avoir mis « l'humain avant tout ». 

 

OUVERTURE DE LA VACCINATION À TOUTES LES PERSONNES OBÈSES MAJEURES SAMEDI

La vaccination sera étendue « à compter du 1er mai » à toutes les personnes de plus de 18 ans « qui ont une surcharge pondérale sérieuse », soit « un indice de masse corporelle supérieur à 30 », a annoncé Emmanuel Macron. 

« J'invite les 2,3 millions de Français concernés à se rendre dans les centres de vaccination dès ce week-end », poursuit le chef de l'État.  

Les personnes de plus de 50 ans en situation d'obésité, c'est-à-dire dont l'IMC est égal ou supérieur à 30 selon la définition de l'Organisation mondiale de la santé, étaient déjà prioritaires pour la vaccination. 

Dans cet entretien, le président exclut par ailleurs d'élargir la campagne de vaccination contre la Covid-19 aux tranches d'âge plus jeunes, ce qui est réclamé depuis plusieurs jours par certains médecins et élus. 

« Pas tout de suite. On peut optimiser le fonctionnement de nos 1 700 centres de vaccination », indique Emmanuel Macron.  

« On va continuer à prioriser par âge parce que c'est le plus efficace », poursuit le chef de l'État, estimant que la « vaccination des plus vulnérables fait baisser la pression sur les services hospitaliers ».  

La prochaine étape de la vaccination interviendra à la mi-mai avec l'ouverture à toutes les personnes âgées de plus de 50 ans. 

« Précipitation »  

Les professionnels de santé ont accueilli ce calendrier avec prudence. 

« Peut-être que ça va se stabiliser mais je ne vois pas par quel miracle », a affirmé sur RTL Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l'hôpital Tenon à Paris, pour qui la prise de décision « est de plus en plus écartée de la logique scientifique ».  

« Gare à la précipitation », a averti la fédération hospitalière de France. 

En revanche pour Simon Cauchemez, membre du Conseil scientifique qui conseille le gouvernement, « si l'on étale progressivement la levée des restrictions sanitaires jusqu'à début juillet, avec un rythme plus soutenu sur la vaccination, on se retrouve au début des grandes vacances dans une situation épidémique plus tenable ». 

Le nombre de malades de la Covid-19 hospitalisés en réanimation a poursuivi jeudi sa lente décrue amorcée il y a quelques jours, à 5 804, selon les chiffres de Santé publique France. Le nombre de patients Covid à l'hôpital a reculé à 29 487 contre 29 911 la veille, et 321 en sont morts à l'hôpital ces dernières 24 heures. 

Alors que la vaccination est devenue un enjeu crucial, de nombreuses voix ont appelé le gouvernement à élargir les publics éligibles. 

« Je demande vraiment au gouvernement d'abaisser les limites d'âge pour permettre de faire un effet d'entraînement sur la vaccination », a affirmé la présidente (ex-LR) de l'Ile de France Valérie Pécresse. 

Une option écartée par le chef de l'Etat : « on va continuer à prioriser par âge », mais la vaccination sera ouverte « à compter du 1er mai » à tous les adultes obèses, ayant « un indice de masse corporelle supérieur à 30 », a-t-il affirmé. 

Pour l'heure, 14,9 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont plus de six millions deux doses. 

L'idée est de permettre le « retour à une vie aussi normale que possible », a martelé le chef de l'Etat, qui compte « aller dans les territoires » dès « le début du mois de juin ».  

Et « tant je serai là, il n'y aura pas de hausses d’impôts en sortie de crise », a-t-il assuré. 

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a elle mis en garde jeudi l'Europe sur l'assouplissement des restrictions, estimant que la situation en Inde, en pleine flambée, « peut se produire n'importe où ». 

 

«Pas d'examens ni diplômes aux rabais»

Le président de la République se veut rassurant concernant le baccalauréat et les examens universitaires « En aucun cas, nous n'aurons des examens et des diplômes au rabais» a assuré Emmanuel Macron. 

«Certaines épreuves du baccalauréat qui devaient se tenir en mars sont passées en contrôle continu du fait de l’épidémie. En revanche, les deux épreuves qui ont des examens terminaux, la philosophie et le grand oral, seront maintenues».

Il en sera de même pour le bac professionnel et les BTS. Une session exceptionnelle de rattrapage sera organisée courant du mois de juillet.

(Avec agences)


Macron a reçu Larcher, Braun-Pivet et Lecornu en pleine recherche de compromis sur le budget

Emmanuel Macron a reçu jeudi les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, en présence de Sébastien Lecornu, au moment où le gouvernement pousse les deux chambres à trouver un compromis sur le budget de l'Etat.
Emmanuel Macron a reçu jeudi les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, en présence de Sébastien Lecornu, au moment où le gouvernement pousse les deux chambres à trouver un compromis sur le budget de l'Etat.
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  • Sébastien Lecornu a dit mercredi en Conseil des ministres que son "objectif" était "de doter la France d'un budget" de l'Etat "d'ici au 31 décembre", jugeant que c'était "possible" si la droite sénatoriale faisait un pas vers la gauche
  • "Aujourd'hui, vous avez une forme de décalage horaire entre l'Assemblée nationale et le Sénat", avait-elle estimé, en reprenant une expression du Premier ministre

PARIS: Emmanuel Macron a reçu jeudi les présidents du Sénat et de l'Assemblée nationale, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, en présence de Sébastien Lecornu, au moment où le gouvernement pousse les deux chambres à trouver un compromis sur le budget de l'Etat.

Le chef de l'Etat a raccompagné les deux présidents sur le perron de l'Elysée vers 15H00, et s'est attardé pour poursuivre la discussion, notamment avec Yaël Braun-Pivet et le Premier ministre, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le chef du gouvernement est ensuite resté encore une vingtaine de minutes au palais présidentiel avec Emmanuel Macron.

Sébastien Lecornu a dit mercredi en Conseil des ministres que son "objectif" était "de doter la France d'un budget" de l'Etat "d'ici au 31 décembre", jugeant que c'était "possible" si la droite sénatoriale faisait un pas vers la gauche, avait rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

"Aujourd'hui, vous avez une forme de décalage horaire entre l'Assemblée nationale et le Sénat", avait-elle estimé, en reprenant une expression du Premier ministre.

Maud Bregon avait de son côté affirmé que la balle était "dans le camp du Parlement et significativement de la droite sénatoriale qui occupe une grande place dans la commission mixte paritaire" qui réunira la semaine prochaine sept sénateurs et sept députés pour trouver un compromis sur le projet de loi de finances.

Sur le budget de l'Etat, l'Assemblée avait en effet rejeté à la quasi-unanimité le volet recettes en première lecture, envoyant ainsi la copie initiale du gouvernement au Sénat.

"Nous avons confiance dans le président du Sénat, dans les présidents des différents groupes qui composent le Sénat, pour être encore une fois force de compromis", avait encore dit Maud Bregeon mercredi.

Or, la droite sénatoriale semble peu disposée à bouger vers le Parti socialiste qui a obtenu très peu de concessions dans ce texte, contrairement au budget de la Sécurité sociale où figure la suspension de la réforme des retraites.


Aéroports parisiens: des milliards d'euros pour répondre à la hausse prévue du trafic

Un passager consulte le tableau des départs au terminal 2 de l'aéroport international Roissy Charles de Gaulle (CDG), dans la banlieue parisienne, le 12 mai 2025. (AFP)
Un passager consulte le tableau des départs au terminal 2 de l'aéroport international Roissy Charles de Gaulle (CDG), dans la banlieue parisienne, le 12 mai 2025. (AFP)
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  • ADP prévoit un plan d’investissements de 8,4 milliards d’euros entre 2027 et 2034 pour moderniser et agrandir les aéroports parisiens
  • Malgré une hausse envisagée des redevances pour les compagnies, le projet vise à renforcer la compétitivité de CDG et Orly, améliorer la fluidité des parcours passagers et développer les connexions ferroviaires

PARIS: Démolition de terminaux, construction ou transformation d'autres bâtiments, gare agrandie: les aéroports parisiens pourraient bientôt entrer dans une période de grands travaux pour s'adapter à la croissance prévue du trafic aérien, selon un plan à 8,4 milliards d'euros divulgué mercredi.

Le gestionnaire de ces installations, le Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris) défend des "investissements historiques", nécessaires afin de préserver la compétitivité de Paris-Charles-de-Gaulle (CDG) et Orly face à la concurrence étrangère et la qualité des services rendus aux compagnies aériennes et à leurs clients.

La proposition de contrat de régulation économique (CRE) pour la période 2027-2034 présentée par ADP est un document qui fixe la trajectoire budgétaire des aéroports pour le fonctionnement des activités aéronautiques, et donc le niveau des redevances acquittées par les compagnies.

Si le projet aboutit, celles-ci pourraient tiquer face à l'augmentation proposée des tarifs: en moyenne, 2,6 points de plus que l'inflation chaque année sur huit ans. ADP assure qu'ils resteront dans la fourchette "basse" de ceux des aéroports européens comparables.

Le contrat, qui de par la loi, doit être "tout juste rentable", devra être agréé par l'Autorité de régulation des transports (ART). Il ne concerne pas la partie non régulée des aéroports, par exemple l'exploitation des commerces ou des parkings, ou encore les florissantes activités d'ADP à l'international.

En mai 2020, en plein Covid-19 qui avait torpillé le transport aérien mondial, ADP avait demandé la résiliation du CRE de l'époque, constatant l'impossibilité d'atteindre ses engagements.

Presque six ans après, les installations aéroportuaires franciliennes n'ont toujours pas retrouvé leur fréquentation prépandémie, évoluant sur les dix premiers mois de 2025 à 98,5% du nombre de voyageurs de la même période de 2019. Une tendance lestée par CDG, premier aéroport français.

- Le Terminal 2G démoli -

Passée la crise sanitaire, la trajectoire de croissance des aéroports parisiens s'est aplatie, ADP l'estimant désormais à 1,6% de passagers en plus par an d'ici à 2034 contre 2,3% entre 2005 et 2019, la conséquence aussi d'une montée en puissance de plateformes de correspondance concurrentes, en Turquie ou dans le Golfe.

Mais selon leur gestionnaire, les installations, qui ont vu passer 103,4 millions de voyageurs au total en 2024, doivent tout de même "continuer de se développer pour accompagner" cette progression. Le CRE mentionne une augmentation de capacité totale de 18 millions de passagers pour CDG et Orly.

ADP assure avoir entendu les remontées des riverains inquiets des nuisances et parle d'un projet industriel "sobre et progressif", avec des "aménagements proposés (qui) s'inscrivent en grande partie dans l'existant", loin de la philosophie du projet controversé du Terminal 4 à CDG, abandonné en 2021.

Concrètement, l'un des premiers chantiers serait la transformation du Terminal 1, bâtiment circulaire de béton brut inauguré en 1974, et où de nouvelles zones de passage de la frontière seraient aménagées. Le 2E, point de départ de nombreux longs-courriers d'Air France, verrait également une fluidification des parcours des passagers.

A plus long terme, ADP veut notamment créer une "nouvelle salle d'embarquement international de 28.000 m2" dans l'est de CDG, proche de l'actuel Terminal 2G qui sera à terme détruit, tout comme le 3, au nord-ouest.

Avec l'évolution des comportements des voyageurs, de plus en plus nombreux à opter pour le train en France et en Europe, ADP estime que sa clientèle internationale va représenter 56% du total en 2034 contre 51% en 2019, et veut mettre l'accent sur la fluidité, sans que les passagers aient à passer une nouvelle fois les postes de police et d'inspection.

La solution viendrait d'un "nouveau train de correspondance" qui permettrait de relier l'ensemble des salles d'embarquement de la plateforme. Toujours côté ferroviaire, ADP veut créer "un nouveau hall intermodal" à la gare SNCF de CDG2, amenée à voir sa fréquentation doubler à 30 millions de passagers en 2030.

Lundi, ADP avait déjà annoncé un "choc de simplification" à venir dans les noms de ses terminaux de CDG, rebaptisés d'un seul chiffre, de 1 à 7, au lieu de la nomenclature actuelle de chiffres et de lettres qui désorientait certains passagers.

Cette évolution aura lieu en mars 2027, échéance prévue de l'inauguration de la nouvelle ligne "CDG Express" qui va permettre de relier l'aéroport au centre de Paris en 20 minutes sans arrêt.


L’eau et l’environnement au cœur d’un partenariat renouvelé entre la France et les pays arabes

Placée cette année sous le thème « L’eau, l’environnement : au cœur des besoins, des crises et des opportunités dans le monde arabe », cette édition a confirmé la place centrale qu’occupe désormais la transition écologique dans les relations économiques entre la France et le monde arabe. (AFP)
Placée cette année sous le thème « L’eau, l’environnement : au cœur des besoins, des crises et des opportunités dans le monde arabe », cette édition a confirmé la place centrale qu’occupe désormais la transition écologique dans les relations économiques entre la France et le monde arabe. (AFP)
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  • Inauguré par le président de la CCFA, Vincent Reina, dont le retour a été chaleureusement salué par les participants, le sommet a donné lieu à trois grandes tables rondes
  • L’un des moments les plus marquants du sommet a été l’intervention de Wissam Fattouh, secrétaire général de l’Union des banques arabes

PARIS: Le sixième Sommet économique France–Pays arabes, organisé par la Chambre de commerce franco-arabe, s’est ouvert à Paris pour deux journées de débats, de rencontres et d’échanges stratégiques.
Placée cette année sous le thème « L’eau, l’environnement : au cœur des besoins, des crises et des opportunités dans le monde arabe », cette édition a confirmé la place centrale qu’occupe désormais la transition écologique dans les relations économiques entre la France et le monde arabe.

Inauguré par le président de la CCFA, Vincent Reina, dont le retour a été chaleureusement salué par les participants, le sommet a donné lieu à trois grandes tables rondes réunissant responsables gouvernementaux, diplomates, experts économiques, dirigeants d’entreprises et représentants du secteur financier arabe.

Doyen du corps diplomatique arabe en France, l’ambassadeur de Djibouti, Ayeid Yahya, a dressé un panorama lucide des tensions géopolitiques qui traversent encore la région : guerre au Soudan, trêve fragile au Yémen, bombardements persistants au Liban, effets prolongés de la crise syrienne, sans oublier la question centrale du conflit israélo-palestinien, qui continue de mobiliser les efforts diplomatiques et humanitaires.

Pourtant, malgré « un monde arabe ralenti par les conflits », l’ambassadeur a insisté sur la résilience et la capacité d’action collective des pays arabes. Il a salué les progrès diplomatiques des années 2024 et 2025, notamment la reconnaissance accrue de l’État palestinien et le rôle déterminant joué par la France, l’Arabie saoudite, l’Égypte et la Jordanie dans les initiatives de médiation.

L'émergence d’une vision partagée

Son discours a également marqué le retour de la Syrie dans ce cadre multilatéral, un signal politique fort, selon lui, pour l’avenir du partenariat économique.

L’un des moments les plus marquants du sommet a été l’intervention de Wissam Fattouh, secrétaire général de l’Union des banques arabes, qui a rappelé l’ampleur inédite des défis hydriques auxquels fait face le monde arabe.
Selon Fattouh, 60 % de la population arabe souffre déjà d’un stress hydrique sévère et, d’ici à 2030, l’écart entre l’offre et la demande en eau dépassera les 40 %.

Pour faire face à cette situation critique, l’Union des banques arabes s’est engagée auprès de la CESAO à mobiliser 1 000 milliards de dollars de financements dédiés aux Objectifs de développement durable (ODD) d’ici à 2030, une première dans l’histoire bancaire de la région.
Mais les chiffres actuels montrent que les financements réellement orientés vers l’eau, l’agriculture durable, la lutte contre la pauvreté ou le climat restent « encore très faibles ». Fattouh a pourtant rappelé que la région dispose de tous les ingrédients pour se transformer en un acteur clé de la transition, citant notamment les énergies renouvelables, les capitaux, la position géographique stratégique et des ressources humaines jeunes et qualifiées.

Il a appelé à repenser le modèle économique arabe, non plus fondé sur l’exportation brute de ressources, mais sur une intégration active dans la nouvelle économie mondiale, notamment dans l’hydrogène, l’agriculture intelligente et la diversification énergétique.

Pour Khaled Hanafy, secrétaire général de l’Union des chambres arabes, le monde arabe est prêt : « Le secteur privé est pleinement préparé à relever les défis. » Il a exhorté à « faire les choses différemment », afin de construire non seulement des marchés, mais aussi des relations porteuses de valeurs communes entre l’Europe et le monde arabe.
Dans un monde en mutation rapide, il a invité à dépasser les logiques traditionnelles d’échange pour entrer dans une ère de co-construction, fondée sur l’innovation, la compréhension mutuelle et la durabilité.

Intervenant avec force, Samira Sitail, ambassadrice du Maroc en France, a détaillé le rôle clé que joue son pays dans ces dynamiques. Elle a tout d’abord rappelé le soutien « stratégique et essentiel » de la France à la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud, un geste politique qu’elle a qualifié de « justice rendue ».

Mais c’est surtout la dimension économique qu’elle a mise en avant, saluant l’engagement du MEDEF International et des entreprises françaises dans les projets structurants des provinces du Sud, notamment le port de Dakhla, déjà construit à 50 %. Ce futur hub atlantique offrira aux pays enclavés d’Afrique de vastes débouchés, pouvant accroître de 30 à 35 % leurs exportations comme leurs importations.

Elle a plaidé pour un renforcement de la coopération France–Maroc–Afrique, citant l’exemple très concret de la coopération triangulaire Maroc–France–Burkina Faso dans la gestion de l’eau, présentée lors du dernier Sommet mondial de l’eau à Marrakech.

Face à l’impact du changement climatique, particulièrement sévère dans le monde arabe, où les températures augmentent 50 % plus vite qu’ailleurs, elle s’est montrée résolument optimiste.
Elle a salué les « visions à long terme » de pays comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, qui ont engagé des stratégies ambitieuses de transition hydrique et énergétique.

Cette sixième édition du Sommet économique France–Pays arabes a démontré l’émergence d’une vision partagée : la gestion de l’eau sera le défi stratégique de la région pour les prochaines décennies, et la transition écologique une opportunité majeure de développement.

Le partenariat France–monde arabe doit désormais se construire dans une logique d’intégration, de co-développement et de long terme, à l’heure où la région se prépare à une croissance de 0,7 % en 2026 dans un contexte international incertain.