Un réfugié syrien risque d'être expulsé pour des tweets critiquant le gouvernement turc

Les militants ont qualifié la décision du gouvernement turc d’expulser le réfugié syrien Munip Ali d’«illégale», affirmant que ses tweets étaient conformes aux lois sur la liberté d’expression (Reuters / Archive)
Les militants ont qualifié la décision du gouvernement turc d’expulser le réfugié syrien Munip Ali d’«illégale», affirmant que ses tweets étaient conformes aux lois sur la liberté d’expression (Reuters / Archive)
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Un réfugié syrien risque d'être expulsé pour des tweets critiquant le gouvernement turc

  • Ali, qui vit en Turquie depuis 2013, a été accusé d'avoir «provoqué la haine et l'animosité du public» par des tweets condamnant le gazage par la police de fidèles de la mosquée de Gaziantep
  • «Cette affaire est symbolique pour signaler à tous les autres réfugiés en Turquie qu’ils doivent garder leur liberté d'expression sous contrôle et s'autocensurer», explique l’avocate du réfugié syrien

IZMIR: Ali, un réfugié syrien qui vit en Turquie depuis 2013, a été accusé d'avoir «provoqué la haine et l'animosité du public». Son avocate, Meral Kaban, affirme à Arab News qu’«il n‘existe aucune preuve qu'il ait provoqué le public ou incité à la haine. Ses commentaires sont tout à fait conformes à la liberté d'expression. Pourtant, une autorité provinciale a rendu une décision d'expulsion et l'a transféré dans un centre de rétention».  

Le 3 mai, Ali a partagé des images de la police utilisant des gaz lacrymogènes contre des membres de la Fondation Furkan  ̶  un organisme islamiste qui a critiqué le gouvernement  ̶ , qui priaient dans une mosquée de la province sud-est de Gaziantep. 

«Cette scène ne s’est produite ni en Palestine ni à la mosquée Al-Aqsa. Savez-vous où cet incident désagréable a eu lieu? En Syrie, les soldats de Bachar al-Assad faisaient la même chose aux musulmans qui priaient dans les maisons de Dieu», a écrit Ali dans un tweet. 

Dans le même fil de discussion, il a partagé des images d'un bus bondé se dirigeant vers un congrès organisé par le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir. «Mais, ce sera le cas si nous participons à un congrès de l'AKP», a-t-il commenté. 

Une enquête a été ouverte, qui a également pris en compte les tweets précédents du réfugié syrien, dans lesquels il attirait l'attention sur le racisme auquel, selon lui, les réfugiés syriens font face en Turquie, et la décision d'expulsion a été rendue. 

Ali, le seul soutien des membres de sa famille, notamment de sa mère malade, a été licencié. Il travaillait dans une entreprise de fabrication de chaussures, et a été conduit au centre de rétention Cigli à Izmir, selon Kaban. 

Les professionnels de la santé ont critiqué les congrès du parti bondés de l'AKP, suggérant qu'ils étaient une cause majeure de la flambée des taux d'infection à la Covid-19 en Turquie, une affirmation que le ministre turc de la Santé, Fahrettin Koca, a jugé absurde, même si plusieurs responsables du parti ont contracté le virus à la suite de ces réunions. 

Ali n’a pas été la seule personne indignée par le traitement que la police réserve aux fidèles de la mosquée de Gaziantep. En effet, des groupes islamistes et laïcs ont également exprimé leur colère. «Ceux qui ont laissé les gens se rassembler dans les stades, les transports publics et les usines, même pendant la période de confinement strict, ont empêché un petit groupe de prier dans une mosquée», a déclaré la fondation dans un communiqué. 

Ali n’est pas le premier réfugié à subir la colère du gouvernement cette année. Une décision d’expulsion a été récemment rendue contre quatre réfugiés iraniens au motif qu’ils «ont agi contre l’ordre public», en se joignant aux manifestations nationales contre le retrait de la Turquie de la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes. 

Selon Kaban, ces décisions visent à dissuader les autres réfugiés de dénoncer les agissements du gouvernement turc. «Ali vit dans le même appartement depuis quatre ans. Il prenait soin de sa maman. Il n'y avait aucune justification à le placer dans le centre de rétention», explique-t-elle. «Toutes ces procédures et le procès prendront des mois, et il devra y rester jusque-là. Cette affaire est symbolique pour signaler à tous les autres réfugiés en Turquie qu’ils doivent garder leur liberté d'expression sous contrôle et s'autocensurer.» 

Duygu Koksal, une avocate spécialisée dans les questions concernant de réfugiés, souligne pour Arab News qu’il est illégal d’enfermer des réfugiés syriens dans des centres de rétention, en particulier pendant la pandémie. «Les centres de rétention ne sont pas conçus pour détenir les personnes impliquées dans une enquête criminelle. L'expulsion de réfugiés syriens est également contraire aux décisions de la Cour européenne des droits de l'homme, que la Turquie devrait respecter.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.


Série de raids israéliens sur le Liban, Israël dit viser le Hezbollah

Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
Des soldats libanais sécurisent le site d'une frappe israélienne par drone qui a visé un camion dans le village de Jadra, au sud de Beyrouth, au Liban. (AFP)
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  • Israël a mené des raids aériens contre le sud et l’est du Liban, affirmant viser des infrastructures militaires du Hezbollah
  • Ces frappes surviennent à la veille d’une réunion du mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, toujours fragile

BEYROUTH: L'aviation israélienne a lancé jeudi matin une série de raids contre le sud et l'est du Liban, selon l'agence de presse officielle libanaise, Israël affirmant viser des infrastructures du Hezbollah pro-iranien.

Ces frappes interviennent à la veille d'une réunion du groupe de surveillance du cessez-le-feu en vigueur depuis fin novembre 2024, qui comprend, outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, l'ONU et la France.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), des raids ont visé plusieurs régions du sud du Liban, frontalier d'Israël, ainsi que des zones montagneuses de la Békaa (est), un bastion du Hezbollah.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir frappé "plusieurs structures militaires du Hezbollah où des armes étaient stockées, et à partir desquelles les terroristes du Hezbollah ont continué d'opérer récemment".

Deux personnes avaient été tuées mardi dans deux frappes israéliennes qui avaient visé une camionnette au sud de Beyrouth et une voiture dans le sud du Liban. L'armée israélienne avait affirmé avoir visé des membres du Hezbollah.

Malgré le cessez-le-feu qui a mis fin il y a plus d'un an à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier poursuit ses frappes au Liban, qui ont fait environ 340 morts selon une compilation de l'AFP sur la base des chiffres du ministère de la Santé.