Taïwan vaut-elle une guerre avec la Chine? A Washington, le débat est ouvert

Une photo d'archives montrant, dans le centre ville de Taipei, une manifestation de soutien aux Chinois de Hong Kong qui subissent les pressions de Pékin. Les appels se multiplient pour que Biden s'engage publiquement et clairement à défendre militairement Taïwan en cas d'agression chinoise. (Photo, AFP/Archive)
Une photo d'archives montrant, dans le centre ville de Taipei, une manifestation de soutien aux Chinois de Hong Kong qui subissent les pressions de Pékin. Les appels se multiplient pour que Biden s'engage publiquement et clairement à défendre militairement Taïwan en cas d'agression chinoise. (Photo, AFP/Archive)
Short Url
Publié le Vendredi 07 mai 2021

Taïwan vaut-elle une guerre avec la Chine? A Washington, le débat est ouvert

  • Les Etats-Unis, qui reconnaissent diplomatiquement Pékin depuis 1979, appliquent depuis des décennies une politique dite « d'ambiguïté stratégique »
  • La position US a permis une stabilité dans cette région mais face à l'agressivité croissante de Pékin, d’aucuns estiment qu’il faut désormais «mener une politique de clarté stratégique»

WASHINGTON : Le président américain Joe Biden doit annoncer prochainement sa stratégie à l'égard de la Chine et les appels se multiplient pour qu'il s'engage publiquement et clairement à défendre militairement Taïwan en cas d'agression chinoise.

Taïwan, qui compte 23 millions d'habitants, est considérée par la Chine comme une province rebelle appelée à rentrer un jour dans son giron, par la force si nécessaire. Les Etats-Unis, qui reconnaissent diplomatiquement Pékin depuis 1979, ont maintenu des relations avec Taipei et restent son plus important soutien militaire.

Une loi américaine oblige les Etats-Unis à aider l'île à se défendre en cas de conflit mais les Etats-Unis appliquent depuis des décennies une politique dite « d'ambiguïté stratégique », en s'abstenant de dire clairement quelles circonstances les amèneraient à intervenir militairement pour défendre l'île.

L'objectif est double: éviter de provoquer Pékin qui pourrait y voir un prétexte pour adopter une politique plus agressive à l'égard de Taïwan, mais aussi freiner toute velléité du gouvernement taïwanais de déclarer formellement l'indépendance, ce qui mettrait le feu aux poudres.

Cette ambiguïté a permis jusqu'ici une certaine stabilité dans cette région mais face à l'agressivité croissante de Pékin, certains experts, comme l'influent président du Council on Foreign relations Richard Haass, estiment que « l'heure est venue pour les Etats-Unis de mener une politique de clarté stratégique ».

Joe Biden devrait « rendre explicite que les Etats-Unis répliqueront à tout usage par la Chine de la force contre Taïwan », a-t-il jugé dans une tribune publiée en septembre par le magazine Foreign Relations.

Depuis, le débat a pris de l'ampleur. « L'ambiguïté envoie à Pékin le signal que l'engagement des Etats-Unis envers la région est douteux », a renchéri plus récemment l'officier de l'US Navy Michele Lowe, chercheuse au Chicago Council on Global Affairs. « La clarté envoie le signal contraire ».

 

« Profondément déstabilisant »

Alors que l'aviation chinoise a multiplié ces derniers mois les incursions dans la zone d'identification de défense aérienne de Taïwan, les militaires américains craignent une invasion surprise de l'armée chinoise et ils critiquent eux aussi le manque de clarté de l'exécutif américain.

L'ex-chef des forces américaines dans la région indo-pacifique, l'amiral Philip Davidson, a affirmé en mars au Congrès que la Chine pourrait envahir l'île « au cours des six prochaines années », et noté que le concept d'ambiguïté stratégique « devrait être réexaminé ».

Deux semaines plus tard, l'amiral John Aquilino, qui vient de lui succéder, était resté vague sur le calendrier d'une possible invasion chinoise devant les sénateurs américains, qui se sont emparés du débat. Mais il s'était dit prêt à discuter avec le ministre de la Défense, Lloyd Austin, « des risques et des bénéfices potentiels d'un changement de politique ».

D'autres conseillers de Joe Biden sont plus réticents, à l'image de la directrice des services de renseignement américains Avril Haines, interrogée la semaine dernière sur l'impact que pourrait avoir un tel changement de stratégie lors d'une audition devant la commission des Forces armées du Sénat.

« Les Chinois considéreraient cela comme profondément déstabilisant », a-t-elle répondu. « Je pense que cela renforcerait l'opinion des Chinois que les Etats-Unis sont déterminés à empêcher la montée en puissance de la Chine, y compris par la force, et que cela conduirait probablement Pékin à s'attaquer aux intérêts américains dans le monde ».

En outre, selon elle, le gouvernement de Taïwan pourrait être incité à déclarer l'indépendance, d'autant que la répression à Hong Kong a tendance à durcir la position de Taipei sur la question.

Joe Biden est-il tenté d'abandonner toute ambiguïté? Son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a semblé annoncer le contraire la semaine dernière lors d'une conférence organisée par le centre de réflexion Aspen Institute.

« Nous restons dans les clous de la politique chinoise qui fait consensus depuis des décennies d'administrations républicaines comme démocrates: nous sommes opposés à toute modification unilatérale du statu quo », a-t-il dit. « Nous l'avons communiqué à la Chine. Nous l'avons affirmé à Taïwan ».


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
Short Url
  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
Short Url
  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.