Le musée culturel de Mossoul, saccagé par Daech, est en cours de restauration

Cette photo présente un fragment de pierre gravé, pesant environ 25 kilos, avant les mesures de conservation. (Institution Smithsonian)
Cette photo présente un fragment de pierre gravé, pesant environ 25 kilos, avant les mesures de conservation. (Institution Smithsonian)
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Publié le Vendredi 07 mai 2021

Le musée culturel de Mossoul, saccagé par Daech, est en cours de restauration

  • Le groupe terroriste avait pris le contrôle de la ville multiethnique et s'était mis à piller tout ce qui était précieux, et à détruire tout ce qui n’était pas conforme à son idéologie pervertie
  • Rien n'a été épargné. Le musée lui-même, fondé en 1952, a été gravement endommagé, ses fenêtres et ses portes brisées, son toit déchiré

DUBAΪ: Le 26 février 2015, des images inquiétantes nous parvenaient du nord-ouest de l'Irak. Elles montraient des militants de Daech en train de briser des objets préislamiques et de brûler des manuscrits anciens dans le musée culturel de Mossoul.

Le groupe terroriste avait pris le contrôle de la ville multiethnique l'année précédente et s'était mis à piller tout ce qui était précieux, et à détruire tout ce qui n’était pas conforme à son idéologie pervertie.

Des objets inestimables, répartis dans les trois salles centrales du musée, racontaient l’histoire remarquable de l’Irak en tant que terre de civilisations, des Sumériens et des Akkadiens aux Assyriens et aux Babyloniens.

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Un membre des forces irakiennes montre un artefact endommagé dans le musée, le 13 mars 2017. (AFP)

 

Malheureusement, il n’aura fallu que quelques instants, sous la caméra de Daech, pour que soient physiquement effacées les preuves de milliers d'années d'histoire de l’humanité. Ces images, qui rappellent la démolition des bouddhas de Bamiyan par les talibans, ont provoqué une vague de répulsion dans le monde entier.

Sur certains sites patrimoniaux de Mossoul, dont l'ancienne ville de Nimroud, jusqu'à 80% des statues extraites puis restaurées ont été détruites, déplorent des experts du British Museum.

Près de deux ans après le pillage, le 21 juillet 2017, Mossoul a finalement été libérée par l'armée irakienne. Ce fut le début d’une période de reconstruction minutieuse destinée à restaurer les monuments, les églises, les mosquées et les trésors archéologiques de la ville.

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Les forces irakiennes combattent Daech devant le musée culturel de Mossoul, le 11 mars 2017. (AFP)

 

Un partenariat international d'institutions a été établi en 2018 afin de reconstruire le bâtiment endommagé et les collections du musée saccagées par Daech. Ses membres comprennent l'Alliance pour la protection du patrimoine dans les zones de conflit (Aliph), située à Genève, le Musée du Louvre, la Smithsonian Institution et le World Monuments Fund (Fonds national pour les monuments ou WMF).

Ces organisations travaillent en étroite collaboration avec le Conseil d’État irakien des antiquités et du patrimoine (Sbah) et le directeur du musée, Zaid Ghazi Saadullah.

Cette collaboration a commencé lorsque la Sbah a contacté Aliph – une organisation fondée en 2017 dans le but de sauvegarder les sites du patrimoine en danger – pour obtenir le financement indispensable à la restauration.

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Rosalie Gonzalez est chef de projet pour l'alliance. (Fourni)

 

«L'Irak est l'une des raisons pour lesquelles Aliph a été créé», révèle Rosalie Gonzalez, chef de projet de cette fondation, à Arab News. «C'était l'un des pays prioritaires depuis le début. Le musée culturel de Mossoul a été le premier projet financé par la fondation en Irak.»

«Grâce à nos appels à projets et à notre mécanisme de secours d'urgence, nous avons financé vingt-huit projets en Irak à hauteur de plus de 9 millions de dollars [1 dollar = 0,83 euro]. En trois ans, nous avons beaucoup progressé et nous sommes très heureux d’avoir pu mettre en place cette série d’actions en Irak.»

Des professionnels du musée ont été sollicités pour apporter leur expertise afin d’évaluer l'étendue des dégâts.

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Saad Ahmed, responsable de la conservation du musée culturel de Mossoul (à gauche), et Zaid Ghazi Saadullah, son directeur, examinent un cénotaphe en bois dans la salle islamique du musée culturel de Mossoul, au mois de février 2019. (Fourni)

 

Rien n'a été épargné. Le musée lui-même, fondé en 1952, a été gravement endommagé, ses fenêtres et ses portes brisées, son toit déchiré. On a retrouvé, éparpillées sur son sol, des caisses d'obus et de munitions intactes.

Les Lamassus du musée, ces taureaux ailés monumentaux, ont été réduits en gravier, tandis que ses sculptures figuratives ont été retrouvées démembrées à l’endroit où elles avaient chuté.

Une riche collection de frises ornées et de peintures assyriennes a été pillée et 25 000 manuscrits ont été réduits en cendres.

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Cette photographie montre les restes de l’une des statues Lamassu du musée culturel de Mossoul. (AFP)

 

Le spectacle le plus désolant est sans doute le trou béant que l’on a découvert dans le sol de la salle assyrienne, où se tenait une tribune aux allures de trône, qui fut réduite en miettes. Lors d’une visite sur le site, un expert a comparé cette pièce à une scène de crime.

«Je pense que l’ensemble de la communauté muséale a estimé que c'était vraiment un crime terrible contre la culture et l'histoire, et que nous devions réagir», explique à Arab News Richard Kurin, ambassadeur itinérant à la Smithsonian Institution.

Ariane Thomas, spécialiste de l'art mésopotamien et chef du département des antiquités orientales au Musée du Louvre, partage cette opinion.

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Ariane Thomas est la directrice du département des antiquités orientales au Musée du Louvre. (Musée du Louvre)

 

«Il s’agit d’une perte absolue», révèle-elle à Arab News, depuis Paris. «C’était un peu comme perdre quelqu'un de cher. J'ai également été frappée que tant de personnes soient profondément émues, même si elles ne savaient pas forcément grand-chose sur ces objets.»

Cet acte de vandalisme choquant n’est pas simplement le produit de l’idéologie de Daech qui consiste à «priver les gens de leur histoire». Il est en grande partie motivé par le profit, explique Richard Kurin. Après tout, les militants ont pillé plusieurs objets de grande valeur.

«Il y a une logique économique à cela», confie-t-il. «Ils font exploser ce qu’ils ne peuvent pas transporter, puis emportent ce qu’ils peuvent, vraisemblablement pour le vendre en échange d’armes, de balles et d’explosifs.»

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Le musée culturel de Mossoul est le premier projet financé par la fondation en Irak. (Fourni)

 

«Nous savons que Daech est impliqué dans tout un engrenage à cette fin. Il a donné l’autorisation aux gens de piller des sites archéologiques.»

Une équipe spécialisée d'experts irakiens, formés par des professionnels du Louvre et du Smithsonian, a entrepris de trier les débris afin de récupérer et de conserver ce qui restait de ce désastre.

Tout ce qu'ils trouvent est soigneusement documenté, catalogué et placé dans un entrepôt local qui fonctionne aujourd'hui comme un laboratoire de conservation entièrement équipé, utilisé par des spécialistes de toutes les activités de récupération.

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Richard Kurin est l'ambassadeur itinérant de la Smithsonian Institution. (Institution Smithsonian)

 

Le processus minutieux de reconstitution des objets est réalisé à l'aide d'équipements spécialisés et d'ordinateurs fournis par le Louvre.

«Nous traitons le musée comme s'il s'agissait d'un site archéologique», précise Richard Kurin. «Plutôt que de jeter tous les décombres, nous les rassemblons, les étiquetons et les conservons de manière systématique dans le but de reconstituer la pièce d’origine.»

L’évolution de ces travaux a été ralentie par la pandémie de coronavirus et par les restrictions de voyage qui l’ont accompagnée, mais les conseils et l'assistance en matière de restauration se sont poursuivis à distance.

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Les forces irakiennes combattent Daech devant le musée culturel de Mossoul, le 11 mars 2017. (AFP)

 

«Nous avons décidé qu'il n'y avait aucune raison d'arrêter. Et, moralement, nous ne pouvions pas nous y résoudre», déclare Ariane Thomas. «Nous avons donc construit, de A à Z, un programme de formation en ligne sur différents sujets afin de préparer au mieux la réhabilitation du musée.»

«Nous produisons toujours de nouvelles vidéos. Jusqu'à présent, nous disposons de trente à cinquante vidéos. Chacune d’elles est disponible en français et en arabe. Nous avons en quelque sorte inventé une nouvelle façon de faire avancer la restauration, malgré la distance due à la crise sanitaire», ajoute la spécialiste de l'art mésopotamien.

En ce qui concerne l’état du bâtiment lui-même, une équipe de WMF a été sollicitée pour mesurer et installer un échafaudage d’acier destiné à maintenir le sol précaire de la salle assyrienne, pendant que d'autres vérifications structurelles se déroulent.

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Le musée a été fondé en 1952. (Fourni)

 

Les experts espèrent rouvrir le musée d'ici trois à quatre ans.

La renaissance du musée culturel de Mossoul est symbolique à plusieurs niveaux: elle met l'accent sur la solidarité en temps de crise; elle redonne à la ville sa véritable identité multiconfessionnelle; et, surtout, elle exprime le refus de laisser prévaloir l’idéologie de «l’année zéro» de Daech.

«De plus en plus, les musées se rendent compte que leur responsabilité dépasse leurs murs», affirme Richard Kurin.

À Mossoul, la sortie du musée des décombres constitue une source d’optimisme. «En reconstruisant le musée et les collections, l'équipe irakienne et les partenaires internationaux envoient un message d'espoir», se réjouit Rosalie Gonzalez.

«Nous redonnerons vie à ce musée. Ainsi, nous protégerons notre passé et nous nous apprêtons à bâtir un avenir meilleur», conclut-elle.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Festival des Arts d’AlUla revient avec sa nouvelle édition avec Desert X AlUla

Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
Le festival artistique d'AlUla revient pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l'ancienne ville oasis d'AlUla en une scène dédiée à l'art contemporain, au design et à la culture. (Fourni)
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  • Le Festival des Arts d’AlUla 2026 transformera la ville en scène pour l’art contemporain
  • L’événement mettra en avant des artistes saoudiens et internationaux, le programme de résidences artistiques et l’essor du design à AlUla

DUBAÏ : Le Festival des Arts d’AlUla est de retour pour sa cinquième édition en janvier 2026, transformant l’ancienne oasis d’AlUla en scène pour l’art contemporain, le design et la culture. Sur fond de canyons désertiques majestueux et du vibrant quartier artistique d’AlJadidah, l’édition 2026 se déroulera du 16 janvier au 14 février.

Le festival proposera de nouvelles créations de land art dans le cadre de la quatrième édition de Desert X AlUla. Il comprendra également une grande exposition d’art, fruit d’une collaboration entre le musée d’art contemporain d’AlUla – dans le cadre de son programme pré-ouverture – et le Centre Pompidou ; ainsi qu’une exposition Design Space AlUla mettant en lumière les talents saoudiens et internationaux, et bien plus encore.

Hamad Alhomiedan, directeur des Arts et Industries Créatives à la Royal Commission for AlUla (RCU), a déclaré :
« Le Festival des Arts d’AlUla est l’expression contemporaine des traditions anciennes de créativité et d’échanges culturels à AlUla. Dans le programme diversifié de cette année, AlUla devient une toile pour le dialogue créatif et un catalyseur de conversations au Royaume et au-delà. Nous sommes fiers de présenter des œuvres ambitieuses de certains des artistes les plus célébrés d’Arabie Saoudite aux côtés de pionniers de renommée internationale, tous inspirés par la culture et les paysages uniques d’AlUla. J’ai hâte d’accueillir des visiteurs de la communauté locale et du monde entier pour vivre cet événement unique et explorer les merveilles d’AlUla. »

Le Festival des Arts d’AlUla est un événement annuel emblématique qui transforme l’ancienne ville d’AlUla en un terrain d’expression artistique vibrant, consolidant sa position comme un hub mondial de créativité et de culture tout au long de l’année. Faisant partie du calendrier AlUla Moments 2025/2026, le festival est devenu l’un des événements artistiques les plus célébrés de la région, réunissant des œuvres innovantes d’artistes locaux, régionaux et internationaux au cœur du riche patrimoine naturel et culturel d’AlUla, créant des moments spectaculaires d’inspiration et d’émerveillement.

Dans le cadre des événements, Desert X AlUla revient pour sa quatrième édition du 16 janvier au 28 février, présentant 10 nouvelles œuvres spécifiques au site, créées par des artistes multigénérationnels de premier plan et intégrées dans le paysage d’AlUla. Inspiré par la poésie de Khalil Gibran, le thème de cette année, « Espace sans mesure », présente chaque œuvre comme un point sur une nouvelle carte, marquant des éclats d’imagination, des utopies florissantes à des panoramas et corridors sonores jusqu’alors inconcevables.

Desert X AlUla 2026 mettra en lumière des œuvres contemporaines visionnaires d’artistes saoudiens et internationaux, sous la direction artistique de Neville Wakefield et Raneem Farsi, accompagnés de deux commissaires invités reflétant la longue histoire d’échanges interculturels de la région.

Par ailleurs, Design Space AlUla accueillera l’exposition AlUla Design, mettant en avant le rôle croissant d’AlUla en tant que hub de créativité et d’innovation culturelle. L’exposition présentera le travail produit par le Programme de Résidence des Artistes d’AlUla et le AlUla Design Award 2025, où des designers internationaux et régionaux se sont immergés dans les paysages, le patrimoine et les traditions artisanales d’AlUla pour créer des œuvres originales.

Enfin, les AlUla Design Stores présenteront les produits développés lors du quatrième AlUla Design Award, du Designathon et de la Résidence Design AlUla, ainsi que des collaborations avec trois designers de Madrasat Addeera.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BD Angoulême : les financeurs publics demandent aux organisateurs de renoncer au festival 2026

 Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué". (AFP)
Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué". (AFP)
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  • L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes
  • Face à cela, le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait "plus se tenir"

ANGOULEME: Les financeurs publics du festival international de la bande dessinée d'Angoulême (FIBD) ont demandé jeudi à ses organisateurs de renoncer à la tenue de la prochaine édition prévue en janvier 2026, estimant son maintien "plus que compliqué".

"Il nous apparaît plus que compliqué d'organiser le maintien de l'édition 2026", sans les éditeurs et des auteurs, a annoncé le maire d'Angoulême Xavier Bonnefont lors d'une conférence de presse des collectivités locales et d'un représentant de l’État, qui financent l’événement à hauteur de 50%.

"Ce sont les auteurs et autrices, avec leurs maisons d'édition, qui font le festival. Sans eux et sans festivaliers, pas de festival et sans festival, pas de subvention publique", a ajouté l'élu.

"Nous demandons donc à l'association du FIBD (propriétaire de l'événement) et à l'organisateur (la société 9eArt+) de tirer les conclusions que cette réalité impose", a-t-il expliqué, assurant "se mettre en ordre de marche" pour trouver "un nouvel opérateur" afin d'organiser l'édition 2027.

L'édition 2026 du festival, qui traverse une crise de gouvernance depuis plusieurs mois, fait l'objet d'un large appel au boycott des auteurs et autrices de bande dessinée, dont de grands noms primés durant les éditions précédentes, à l'instar de la lauréate du Grand Prix 2025, Anouk Ricard.

Face à cela, le Syndicat national de l'édition, qui représente 24 poids lourds du secteur dont Casterman, Glénat, Delcourt ou Bayard, avait estimé mercredi que l'édition 2026 ne pouvait "plus se tenir", en dépit de la nouvelle gouvernance proposée par les partenaires publics pour l'organisation future de l'événement.

Le ministère de la Culture avait cependant appelé mercredi à maintenir la 53e édition prévue du 29 janvier au 1er prochains. Contacté jeudi par l'AFP après l'annonce faite à Angoulême, il a maintenu cette position.

Depuis la dernière édition du festival en janvier dernier, la société 9e Art est critiquée de toutes parts pour son manque de transparence, de supposées dérives commerciales et le limogeage, en 2024, d'une salariée après son dépôt d'une plainte pour viol.

 


Pierre Hermé à Abu Dhabi : un an d’innovation et d’inspiration au Majlis

Le Majlis au Rosewood Abu Dhabi, théâtre des délices sucrés de Pierre Hermé. (Photo: Arab News en français)
Le Majlis au Rosewood Abu Dhabi, théâtre des délices sucrés de Pierre Hermé. (Photo: Arab News en français)
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  • Avec son Majlis installé au Rosewood Abu Dhabi, Pierre Hermé offre un espace où la pâtisserie française rencontre l’hospitalité émirienne
  • L’expansion internationale de la Maison s’accélère, portée par une stratégie qui mise sur des implantations majeures en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, confirmant l’ambition mondiale de la marque

ABU DHABI: Dans une ville connue pour son attrait pour l’art, la culture et la gastronomie, Pierre Hermé célèbre le premier anniversaire de son Majlis au Rosewood Hotel à Abu Dhabi. Un jalon symbolique pour la Maison, dont la présence croissante dans la région accompagne l’intérêt toujours plus marqué des Émirats pour le savoir-faire français.

« Notre présence ici est très importante, car elle permet d’étendre le rayonnement de la marque au Moyen-Orient », confie Pierre Hermé à Arab News en français. « Abu Dhabi est une destination essentielle dans notre stratégie de développement. »

Un dialogue culinaire avec les Émirats

Depuis son ouverture, le Majlis n’a cessé d’affiner sa compréhension du goût local. Pierre Hermé observe les habitudes de consommation, échange avec ses équipes et puise de nouvelles idées dans les ingrédients emblématiques de la région.

« Je travaille actuellement sur l'agave pour un macaron, c’est une saveure intéréssante », raconte-t-il. « Comme la date, le citron noir ou d’autres produits locaux, ce sont des saveurs qui nourrissent mon inspiration. »

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Pierre Hermé à Abu Dhabi, à l’occasion du premier anniversaire du Majlis. (Photo: Arab News en français)

Cette curiosité dépasse les frontières de l’émirat : pandan, citronnelle, herbes et épices alimentent un répertoire qui se renouvelle constamment. À l’approche des fêtes, une série de nouveautés arrivera au Majlis : bûche mandarine-pain d’épice, bûche chocolat noir–citron noir, macarons à la truffe blanche ou noire, marron-gingembre, ou encore pain d’épice et mandarine.

L’innovation au cœur de la Maison Hermé

Pour celui que l’on surnomme le « Picasso de la pâtisserie », l’innovation repose avant tout sur l’inspiration. « Elle peut venir d’un ingrédient, d’une discussion, d’une démarche artistique… », explique-t-il. Ainsi, la célèbre tarte Infiniment Vanille est née après la découverte d’une exposition d’Yves Klein : « Comme Klein a créé sa couleur, j’ai voulu composer ma propre saveur de vanille, avec la vanille du Mexique, du Madagascar, et de Tahiti »

Le premier anniversaire du Majlis est aussi l’occasion de présenter deux créations exclusives issues de la gamme Gourmandises Raisonnées, approche qui revisite la pâtisserie dans une version plus légère en sucres et en gras, sans compromis sur la saveur.

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Le choux Orphéo. (Photo: Arab News en français)

« La gourmandise raisonnée, c’est un travail sur la réduction de sucre et de gras, mais toujours en ayant le goût en ligne de mire », précise-t-il, rappelant que l’innovation et la créativité ne se font jamais au détriment de l’expérience gustative.

Les nouveautés du jour : le choux Orphéo, intense en chocolat et une crème Chantilly sans contenir un gramme de crème, et la tarte Infiniment Fruit de la Passion, éclatante de pureté aromatique.

Pierre Hermé poursuit également son travail sur les pâtisseries végétales – sans lait, sans beurre, sans crème, sans œuf. Il cite ainsi la tarte chocolat-blé noir, le baba Ispahan ou encore « La Rose des Sables », au lait d’amande et à la rose.

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La tarte Infiniment Fruit de la Passion. (Photo: Arab News en franç​​​ais)

Un savoir-faire coordonné entre Paris et Abu Dhabi

Derrière chaque vitrine colorée du Majlis, la coordination entre Paris et Abu Dhabi est millimétrée.

Les recettes sont conçues dans les ateliers parisiens, puis transmises et mises en œuvre sur place :

  • Nicolas Durousseau, chef pâtissier exécutif, forme et accompagne Florian Kraemer, chef pâtissier exécutif du Rosewood Abu Dhabi ;
  • Aux côtés du chef exécutif Liborio Colonna, Anaïs Dutilleul supervise la partie salée;
  • Des allers-retours réguliers assurent une parfaite maîtrise des standards de la Maison.

« La transmission est essentielle dans nos métiers. Depuis mes débuts, j’ai formé de nombreux pâtissiers. C’est un devoir », rappelle Hermé, fidèle à l’héritage de son apprentissage chez Lenôtre dans les années 1970.

Un lieu devenu rendez-vous pour gourmets

Niché au cœur du Rosewood Hotel, le Majlis offre un accès direct à la boutique, un espace intime et chaleureux, ainsi qu’une carte fidèle à l’offre parisienne. Les vitrines multicolores, la précision des créations et l’élégance du service séduisent une clientèle émirienne et internationale.

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Pierre Hermé entouré de son équipe au Majlis, aux côtés du directeur général du Rosewood Abu Dhabi. (Photo: Arab News en franç​​​ais)

Le directeur général du Rosewood Hotel, Remus Palimaru, se félicite de cette collaboration qui s’inscrit dans la montée en puissance d’Abu Dhabi en matière de gastronomie haut de gamme.

Un an… et déjà tourné vers l’avenir

La première boutique Pierre Hermé Paris a ouvert à Tokyo en 1998, marquant le début de l’expansion internationale de la Maison. Aujourd’hui, elle est présente à travers 95 boutiques dans 20 pays.

L’expansion se poursuit : après Riyad et Abu Dhabi, de nouvelles ouvertures sont prévues en 2025 et 2026 à Düsseldorf, Tachkent, Jakarta, Séoul, Zurich… et d’autres projets sont en cours. Au Moyen-Orient, Pierre Hermé confirme la poursuite du développement, notamment à Dubaï, où « d’autres points de vente ouvriront dans l’année ».

Mais malgré ce rythme soutenu, Hermé garde intacte la passion qui l’animait dès l’âge de neuf ans : « Je n’ai jamais eu l’impression de travailler. Créer ma propre Maison m’a permis de faire ce métier comme je le voulais. » C’est cette même passion qui se retrouve aujourd’hui au Majlis, où chaque dégustation reflète l’esprit créatif de la Maison.

La qualité et l’attention au détail restent au cœur de la démarche du chef. Le sourcing des ingrédients est strict, et toutes les décisions sont prises par Monsieur Hermé lui-même.

Le Majlis, niché dans l’Hôtel Rosewood, offre un cadre convivial et une atmosphère intime.

Alors que le monde connaît des développements à un rythme effréné, les visiteurs du Majlis s’accordent une pause sucrée, le temps d’un café et d’une dégustation signée Pierre Hermé. Une parenthèse, fugace mais précieuse, où le goût devient un lien entre cultures.