Castex annonce la suppression du corps des préfets tout en maintenant la fonction

Vue de la cour intérieur de l'Ecole nationale d'administration (ENA) prise à Strasbourg. (Photo, AFP)
Vue de la cour intérieur de l'Ecole nationale d'administration (ENA) prise à Strasbourg. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 09 mai 2021

Castex annonce la suppression du corps des préfets tout en maintenant la fonction

  • «Le Premier ministre a rencontré jeudi 6 mai en visioconférence l'ensemble du corps préfectoral, pour échanger avec eux sur la réforme en cours de la Haute fonction publique»
  • Le gouvernement regarde «inspection par inspection quel sera leur sort» et travaille sur l'«hypothèse d'une extinction» des grands corps d'Etat

PARIS: Le gouvernement va supprimer le corps des préfets tout en maintenant la fonction, dans la continuité de sa réforme de la haute administration qui a mené à la suppression de l'Ecole nationale d'administration, a-t-on appris samedi auprès de Matignon.

«Le Premier ministre a rencontré jeudi 6 mai en visioconférence l'ensemble du corps préfectoral, pour échanger avec eux sur la réforme en cours de la Haute fonction publique», qui «vise à améliorer la gestion des cadres supérieurs de l'Etat, selon une logique fondée sur les parcours et les compétences, plus que sur l'appartenance à des corps ou à des statuts», a indiqué Matignon, confirmant une information du Monde et d'Acteurs publics.

Le gouvernement regarde «inspection par inspection quel sera leur sort» et travaille sur l'«hypothèse d'une extinction» des grands corps d'Etat, avait indiqué le 22 avril le ministère de la Transformation et de la Fonction publiques.

Cette réforme «doit permettre de mieux recruter, former et accompagner les cadres supérieurs de l'Etat dans la diversité de leurs fonctions et métiers. Il n'est donc pas question que cette réforme puisse porter atteinte à la fonction préfectorale, à ses spécificités et à son attractivité», a poursuivi l'entourage de M. Castex.

«Cette réforme doit permettre, au travers de la création d'un corps unique des Administrateurs de l'Etat, de favoriser des parcours plus ouverts et moins cloisonnés, mieux suivis et régulièrement évalués tout au long de la carrière», selon la même source.

Elle doit permettre «que les jeunes hauts fonctionnaires démarrent leur carrière sur le terrain, dans des fonctions opérationnelles et, plus qu'aujourd'hui, dans les territoires», assure Matignon qui ajoute cependant qu'«il n'est pas question d'ignorer la spécificité de certains métiers».

Le métier préfectoral «s'acquiert au travers de l'expérience acquise sur le terrain», reconnaissent les services du Premier ministre.

Celui-ci a d'ailleurs «exprimé aux préfets et sous-préfets toute sa confiance, mais aussi l'importance qu'il attache à l'administration territoriale de l'Etat dont les fonctions, les compétences et les moyens doivent être préservés».

Cette annonce a provoqué «incompréhension» et «trouble» chez les préfets et sous-préfets, a rapporté un participant, en relevant que la réforme ne s'appliquerait ni au Conseil d'Etat, ni à la Cour des Comptes, ni aux diplomates, au motif que ces corps formaient chacun une filière métier. Ce qui a accru l'incompréhension des préfets et sous-préfets qui considèrent former une filière métier.

Selon ce participant, Jean Castex a promis que le gouvernement allait essayer de réintégrer la filière métier préfectoral dans la réforme.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a tenté samedi soir de rassurer les fonctionnaires dont il a la tutelle, dans un message posté sur Facebook, en affirmant: «les sous-préfets et préfets sont la colonne vertébrale de l'Etat dans les territoires. Ils le resteront».

Évoquant de «grands serviteurs de l’État», M. Darmanin a rappelé qu'ils accompagnaient «depuis plus de deux siècles l’Histoire» du pays. «Ils sont, a-t-il poursuivi, la colonne vertébrale de l’État projetée dans nos territoires urbains comme ruraux. Ils sont une référence pour la haute administration, un lieu de mémoire et de confiance pour nos concitoyens, un appui incontournable pour nos élus».

«Comment imaginer que le Gouvernement touche à un tel symbole ? C’est évidemment hors de propos», a ajouté le ministre.

Il a fait valoir que «fonctionnaliser cette mission ne v(oulait) pas dire supprimer mais s’assurer d’une base de recrutement plus large, plus diverse et d’encore meilleure qualité».


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.