Alex Salmond, la revanche ratée du héraut de l'indépendance écossaise

«Alba a désormais sa place sur la scène politique et compte y rester», a positivé Alex Salmond après l'annonce de ce revers samedi. (Photo, AFP)
«Alba a désormais sa place sur la scène politique et compte y rester», a positivé Alex Salmond après l'annonce de ce revers samedi. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 09 mai 2021

Alex Salmond, la revanche ratée du héraut de l'indépendance écossaise

  • L'ancien Premier ministre écossais ne siègera pas au Parlement régional d'Holyrood
  • Il a fait de ce combat d'abord confidentiel une cause populaire qui a presque ébranlé l'unité du Royaume-Uni

EDIMBOURG: Disculpé par la justice d'accusations d'agressions sexuelles, Alex Salmond comptait prendre sa revanche politique dans les urnes. Le retour du celui qui avait emmené l'Ecosse aux portes de l'indépendance en 2014 est raté.

L'ancien Premier ministre écossais ne siègera pas au Parlement régional d'Holyrood. Et son nouveau parti, Alba, lancé comme un défi à celle qui lui a succédé à la tête de l'Ecosse, Nicola Sturgeon, n'a réussi à faire élire aucun candidat. 

«Alba a désormais sa place sur la scène politique et compte y rester», a positivé Alex Salmond après l'annonce de ce revers samedi.

La défaite est lourde pour cet homme de 66 ans au visage rond, à l'apparence débonnaire et au caractère bien trempé, qui a longtemps incarné le combat politique visant à «libérer les Écossais» des «chaînes» qui les lient au pouvoir central britannique. Il a fait de ce combat d'abord confidentiel une cause populaire qui a presque ébranlé l'unité du Royaume-Uni.

Le père du référendum - perdu en 2014 - sur l'indépendance de l'Écosse est brutalement tombé de son piédestal après son inculpation en 2019 pour des agressions sexuelles et tentatives de viol. Il quitte alors le Parti national écossais (Scottish National Party - SNP), qu'il avait rejoint étudiant en 1973 et qu'il a dirigé pendant un total de 20 ans. 

Il est acquitté en 2020 mais, sur le plan politique, l'affaire a entre temps tourné au duel avec son ancienne protégée, Nicola Sturgeon. Celui qui est devenu animateur sur la chaîne d'informations en anglais financée par l'Etat russe, RT, se dit victime d'un complot politique destiné à le faire tomber et met en cause personnellement la «First minister».

Cette dernière devra défendre sa gestion de l'affaire devant une commission parlementaire et lors d'une enquête indépendante. Elle sauve son poste en début d'année mais Alex Salmond la défie dans les urnes en lançant Alba, affirmant vouloir élargir la majorité du camp indépendantiste.

Or noir, or ambré

Né le 31 décembre 1954 dans un lotissement ouvrier à Linlithgow, près d'Édimbourg, Alexander Elliot Anderson Salmond est un pur produit local, comme l'attestent son accent rocailleux et son diplôme en économie et histoire médiévale de la prestigieuse université de Saint Andrews, qu'il a fréquentée avant de devenir économiste pour la Bank of Scotland.

Ses partisans louent une détermination sans faille et une grande agilité politique. Ses détracteurs voient en lui un personnage arrogant, tyrannique et misogyne, avec un penchant pour le populisme. 

Il n'en est pas à son premier retour. Après un revers électoral en 2000 qui l'avait poussé à quitter «pour toujours» la direction du parti, il était finalement revenu quatre ans plus tard, expliquant simplement: «J'ai changé d'avis».

Parvenant à rassembler la formation séparatiste auparavant hétérogène et marginale, l'homme, qui adore faire campagne, en a fait une machine à gagner. En 2011, le SNP rafle la majorité absolue au parlement écossais. L'indépendance est en bonne voie, pense-t-il.

Faisant trembler Downing Street, il veut rompre avec le parlement britannique de Westminster, où il a siégé de 1987 à 2010 et de 2015 à 2017. Son ambition est de présider aux destinées «d'un nouveau petit pays comptant parmi les 20 plus riches au monde», grâce à l'or noir du pétrole de la mer du Nord, et à l'or ambré du whisky.

Mais en 2014, 55% des Écossais choisissent de rester dans le Royaume-Uni. La défaite est amère et dans la foulée, Alex Salmond annonce sa démission. 

Volubile en public, il est par contre muet sur sa vie privée. Son épouse, de 17 ans son aînée, apparaît très rarement à ses côtés. Le couple n'a pas d'enfants.

Passionné par les courses hippiques - il a longtemps écrit des pronostics pour un quotidien de Glasgow -, il aime aussi pousser la chansonnette. Avec une prédilection pour «Scots Wha Hae», qui retrace la victoire émancipatrice des Scots sur les Anglais à la Bataille de Bannockburn, il y a 700 ans.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.