Franklin Azzi : transversalité, pluralité et l'art de tisser des liens

Franklin Azzi © Noel Manalili_BD
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Publié le Mardi 21 septembre 2021

Franklin Azzi : transversalité, pluralité et l'art de tisser des liens

  • « Tout notre projet est de réorienter la programmation de la tour pour qu’on ait beaucoup de raisons d’y aller »
  • Les plus grandes satisfactions dans les projets que réalise Franklin Azzi, il les ressent « lorsqu’il y a une vraie réussite d’usage, c’est-à-dire quand les gens s’approprient les lieux »

PARIS: Et si la tour Montparnasse, au lieu d’être honnie, devenait un lieu prisé par les Français et, pourquoi pas, les touristes? Et si elle devenait un lieu de balades, de rencontres et de loisirs, un lieu où il fait bon se retrouver et prendre de la hauteur pour admirer la beauté de Paris?

C’est en tout cas le défi que l’architecte français d’origine libanaise, Franklin Azzi, a l’intention de relever. Grand adepte de la pluralité, Azzi a initié un groupe de trois cabinets d’architecture, pour mener à bien cette tâche complexe. D’ici à 2023, le trio Franklin Azzi Architecture, Chartier-Dalix Architectes et Hardel-Le Bihan Architectes regroupé au sein de la Nouvelle AOM, va s’atteler à la rénovation de la tour Montparnasse, un mastodonte de verre noir, opaque et rebutant qui domine le centre de Paris.

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RES- FAA_BEAUPASSAGE_réalisation_©Charlotte Donker

Au cœur du projet conçu par la Nouvelle AOM: rompre l’isolement de cette tour et donner aux Parisiens des raisons de l’aimer, affirme Azzi lors d’une interview avec Arab News en français.

Inaugurée en 1973, la tour Montparnasse, unique gratte-ciel de Paris, est sortie de terre sous l’impulsion de l’ancien ministre de la culture André Malraux.

 

 

La tour Montparnasse va fêter son 50e anniversaire en même temps que la fin des travaux de sa réhabilitation en 2023.

Azzi espère que cela marquera le début d’une nouvelle histoire pour cette tour qu’il qualifie «d’obscure par son vitrage noir, mais obscure aussi parce qu’on ne sait pas ce qui se passe à l’intérieur», ce qui n’aide pas à l’aimer.

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RES- FAA_BEAUPASSAGE_oeuvre Eva Jospin_©Alexandre Tabaste

Pour y remédier, Azzi et ses associés vont donner une fonctionnalité à la tour. «Tout notre projet est de réorienter la programmation de la tour pour qu’on ait beaucoup de raisons d’y aller», assure-t-il. Il y aura des jardins accessibles au public dans les étages une serre dans la partie haute qui va alimenter un hôtel sur quatre niveaux. Et il y aura aussi un business center, des commerces, et des restaurants.

Finalement, «on va transformer ce mal-être dû à une monoprogrammation par une programmation multiple, qui va atténuer le caractère privé de cette tour», soutient-il.

Peut-être qu’Azzi, qui revendique le transversalité comme méthode de travail, possède entre autres des dons de tisserand.

 

 

Les liens qu’il s’acharne à tisser sont en fait un maillage entre les gens et les lieux, entre les lieux et la vie. D’ailleurs, interrogé sur le projet qui lui a le plus permis de s’épanouir, Azzi affirme que «l’épanouissement passe le plus souvent par le succès d’usage».

Or, les plus grandes satisfactions dans les projets qu’il réalise, il les ressent «lorsqu’il y a une vraie réussite d’usage, c’est-à-dire quand les gens s’approprient les lieux».

Dans ce domaine, il a plusieurs succès à son palmarès, dont Le Beau Passage, un îlot en briques qui servait de garage situé en plein cœur du VIIe arrondissement de Paris transformé en repaire pour les gourmets et les flâneurs nonchalants.

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FAA_Beaupassage_exterieur passage © Alexandre Tabaste_BD

C’est aussi Azzi qui a procédé au réaménagement des voies sur berges, autrefois réservées aux automobilistes, et devenues depuis 2013 un espace d’évasion piéton et un lieu de retrouvailles entre les Parisiens et leur fleuve, la Seine.

«Utiliser les bâtiments anciens pour les convertir, les transformer et les améliorer». Pour lui, la réhabilitation «pourrait être l’avenir de beaucoup de villes». Sa méthode est une sorte de travail de restitution. Son objectif ne se limite pas à l’exécution du projet en tant que tel, mais à ce qu’une fois exécuté, le projet vive et soit adopté par le public. C’est précisément ce qui l’a dérangé, voire choqué, lors de sa première visite au Liban, pays de ses racines.

 

 

Azzi estime qu’il fait partie d’une génération «d’hybridation… On observe, on regarde, on digère» et c’est la raison pour laquelle il s’est intéressé à ce qui se faisait au Liban en matière architecturale. Mais cet intérêt est empreint de désolation, surtout en ce qui concerne la reconstruction de Beyrouth. Prenant pour exemple le centre-ville, il constate: «On est allés chercher des signatures internationales», et il se dit «absolument opposé à ce genre de démarches».

Pour Azzi, ce qui été fait par Solidere au centre-ville «n’est pas la bonne manière de construire la vie» et le fait «d’aller chercher trop de signatures internationales est pour moi une manière d’étouffer ses racines». L’architecture, pour lui, «doit être contextuelle et il faut y associer les habitants» pour «leurs connaissances du lieu, de la géographie, de la course du soleil, et des matériaux».

 

 

A-t-il une vision de la manière dont il faut reconstruire le port de Beyrouth et les quartiers environnants? Azzi estime la question très délicate «parce que la reconstruction doit se faire dans la durée». La reconstruction de la ville «doit être longue pour permettre aux habitants de se réapproprier les lieux».

Nous revoilà revenus au thème de la restitution et du lien entre un lieu et le public.

Cette absence de lien l’a particulièrement choqué, notamment l’absence d’espaces verts ou encore la notion de rue. Parce que les rues telles qu’il les a vues et ressenties lors de ses séjours à Beyrouth «sont des rues issues des résidus des bâtiments, ce sont les bâtiments qui forment les rues» et tout cela est à réinterroger.

Alors, s’il devait imaginer une reconstruction du port, «je partirais plutôt du vide que du plein» le plein étant les bâtiments, «j’essaierais déjà d’imaginer un espace vert symbolique à l’endroit où a eu lieu la grande déflagration». Pour le reste, il s’interroge sur l’aspect économique. L’économie, dit-il, va vouloir reconstruire, «mais pour reconstruire, il faut travailler également la densité humaine», indique-t-il.

C’est donc toute une nouvelle méthode qu’il faut adopter pour améliorer la situation architecturale au niveau de Beyrouth, «c’est une méthode d’exigence». Cette méthode consiste «à reconsidérer la manière dont on fabrique la ville», encourager des collaborations entre architectes internationaux et architectes locaux. Il faut surtout d’après Azzi organiser des concours, «parce que la reconstruction se fait d’une manière tellement privée à Beyrouth, que cela se ressent même dans le tissu immobilier».


Lyon affiche son soutien à la reconnaissance de l'État palestinien

L'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay (au centre), se tient debout devant le cercueil de l'ancien maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, alors que celui-ci quitte la cathédrale Saint-Jean de Lyon, dans le centre-est de la France, le 29 novembre 2023,  (Photo : Olivier CHASSIGNOLE / AFP)
L'archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay (au centre), se tient debout devant le cercueil de l'ancien maire de Lyon et ancien ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, alors que celui-ci quitte la cathédrale Saint-Jean de Lyon, dans le centre-est de la France, le 29 novembre 2023, (Photo : Olivier CHASSIGNOLE / AFP)
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  • Une bâche violette a été déployée sur une grille de la mairie avec les messages « Cessez-le-feu immédiat à Gaza », « Libération des otages », « Respect du droit international » et « Reconnaissance de l'État de Palestine ».
  • M. Doucet lui apporte « le soutien résolu de la Ville de Lyon » pour que la démarche soit engagée sans tarder. « Il est temps pour la France d'écrire une page juste, forte et à la hauteur de ses valeurs », écrit le maire.

LYON : Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, a appelé mardi Emmanuel Macron à « reconnaître officiellement l'État de Palestine », un message affiché en parallèle à l'entrée de l'hôtel de ville.

Une bâche violette a été déployée sur une grille de la mairie avec les messages « Cessez-le-feu immédiat à Gaza », « Libération des otages », « Respect du droit international » et « Reconnaissance de l'État de Palestine ».

Dans le même temps, Grégory Doucet a écrit au président pour lui faire part de sa « profonde inquiétude » concernant le report d'une conférence internationale à l'ONU sur une solution « à deux États », qu'Emmanuel Macron devait coprésider mercredi avec l'Arabie saoudite.

« Ce rendez-vous était attendu comme un tournant historique », écrit le maire de Lyon, pour qui reconnaître la souveraineté palestinienne serait une « étape incontournable vers une solution politique au conflit ». 

M. Macron avait annoncé que la France pourrait rejoindre, en juin, près de 150 pays ayant déjà reconnu l'État palestinien, dont des pays européens comme l'Espagne, l'Irlande ou la Norvège. Depuis, il a envoyé des signaux contradictoires quant à sa volonté de franchir le pas.

Vendredi, alors qu'Israël entamait des frappes sur l'Iran, il a annoncé le report de la conférence de New York « pour des raisons logistiques et sécuritaires », tout en promettant qu'elle aurait « lieu au plus vite ».

Dans sa lettre, M. Doucet lui apporte « le soutien résolu de la Ville de Lyon » pour que la démarche soit engagée sans tarder. « Il est temps pour la France d'écrire une page juste, forte et à la hauteur de ses valeurs », écrit le maire.

« La situation à Gaza atteint chaque jour de nouveaux sommets de dévastation humaine », regrette-t-il, en mentionnant les 14 500 enfants tués à Gaza depuis le début de la guerre.


En 2024, les Français continuent d'acheter toujours plus de vêtements neufs

Des personnes assistent à l'ouverture d'un pop-up store de la marque de mode chinoise Shein à Paris, le 4 mai 2023. (Photo, AFP)
Des personnes assistent à l'ouverture d'un pop-up store de la marque de mode chinoise Shein à Paris, le 4 mai 2023. (Photo, AFP)
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  • L’an dernier, chaque Français a en moyenne ajouté 42 articles neufs à sa garde-robe, soit un de plus qu’en 2023
  • Sur ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards concernent l’habillement, 259 millions les chaussures et 362 millions le linge de maison.

PARIS : Les Français n’ont jamais autant acheté de vêtements neufs. En 2024, un nouveau record a été franchi, alors même qu’une proposition de loi visant à encadrer la mode éphémère vient d’être adoptée par le Sénat, et que les associations continuent de tirer la sonnette d’alarme sur le coût environnemental de l’industrie textile.

L’an dernier, chaque Français a en moyenne ajouté 42 articles neufs à sa garde-robe, soit un de plus qu’en 2023. Au total, 3,5 milliards de pièces ont été achetées en France, un chiffre inédit qui représente environ 10 millions d’articles écoulés chaque jour, selon Vanessa Gutierrez, responsable d'études chez Refashion, l’éco-organisme mandaté par l’État pour accompagner le secteur vers une économie plus circulaire.

Ces données, publiées mardi, proviennent des quelque 10 000 marques ayant l’obligation de déclarer leurs ventes à Refashion. Cela inclut également les plateformes asiatiques comme Shein ou Temu.

Sur ces 3,5 milliards de pièces neuves, 2,9 milliards concernent l’habillement, 259 millions les chaussures et 362 millions le linge de maison. Les rayons femme et homme enregistrent des hausses respectives de 5 % et 3,6 %. Mais c’est le linge de maison qui connaît la plus forte progression (+9,3 %), un phénomène que Vanessa Gutierrez attribue à « l’arrivée sur le marché d’acteurs aux prix accessibles ».

En revanche, les vêtements pour enfants et bébés sont en recul, avec des baisses de 0,6 % et 5,4 %, un repli qui s’explique notamment par la baisse de la natalité et l’essor du marché de la seconde main dans ce secteur.

La distribution en ligne tire largement son épingle du jeu. Les enseignes exclusivement présentes sur internet, telles que Shein, Temu ou Zalando, voient leurs ventes bondir de 29,9 %. Les soldeurs et déstockeurs enregistrent également une progression notable (+10,3 %). « Si l’on excluait ces deux catégories, le marché serait relativement stable », nuance Vanessa Gutierrez, soulignant l’influence considérable du e-commerce sur la dynamique du secteur.

À l’inverse, les grandes surfaces alimentaires accusent un recul de 5,1 % sur les ventes de textiles. En revanche, les enseignes de centre-ville et les centres commerciaux affichent une croissance de 2,8 %, illustrant un certain regain d’intérêt pour les points de vente physiques plus spécialisés.

Un autre enseignement de ce baromètre révèle que les consommateurs privilégient les prix accessibles, 71 % des articles achetés appartiennent à l’entrée de gamme. En moyenne, chaque Français a dépensé 15,6 euros par article neuf.

L’impact environnemental de cette consommation n’est pas négligeable. Selon le ministère de la Transition écologique, l’industrie textile figure parmi les plus polluantes au monde. Elle est responsable de près de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, un chiffre supérieur à celui généré par l’ensemble des vols internationaux et du trafic maritime, et utilise 4 % de l’eau potable disponible sur la planète.

Ces dernières années, la situation s’est aggravée avec l’essor de l’ultra fast fashion, un modèle qui propose une multitude de références à des prix dérisoires. Symbole de cette démesure, l’entreprise Shein, fondée en Chine en 2012 et aujourd’hui basée à Singapour, met à disposition pas moins de 470 000 modèles en temps réel, selon l’ONG Les Amis de la Terre, et ses produits sont expédiés à 99,8 % par avion.

Face à cette course effrénée à la consommation, les ONG multiplient les alertes sur le coût social et environnemental de la mode. Décharges de vêtements occidentaux polluant le désert d’Atacama au Chili, effondrement du Rana Plaza au Bangladesh ayant causé la mort de plus d’un millier d’ouvriers, les actions coups de poing et les campagnes de sensibilisation pointent des symptômes devenus alarmants.

Les pouvoirs publics commencent à réagir. En France, les parlementaires se sont saisis du sujet, une proposition de loi visant à freiner l’essor de la fast fashion a été adoptée en juin par le Sénat.


Une vaste opération de contrôle aux frontières sera menée dans les gares et les bus mercredi et jeudi

Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi. (Photo AFP)
Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi. (Photo AFP)
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  • Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi, selon une note d'instruction du ministère de l'Intérieur.
  • le ministre se félicite d'une « augmentation conséquente du nombre d'interceptions d'étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines.

PARIS : Une opération nationale de contrôles dans les gares, les trains et les bus visant à lutter contre « l'immigration irrégulière » sera menée mercredi et jeudi, selon une note d'instruction du ministère de l'Intérieur adressée notamment aux préfets et consultée par l'AFP.

« En complément du réseau routier, le réseau ferroviaire international et national semble constituer un vecteur essentiel de transit pour les clandestins depuis l'étranger et en interne entre les régions, en particulier vers la zone Nord », peut-on lire dans ce document daté du 12 juin, adressé notamment au général d'armée, aux préfets, aux directions de la gendarmerie, de la police ainsi que des douanes.

« Vous veillerez à prioriser les contrôles des trains à destination des pays voisins et des grandes métropoles françaises, en arrivée comme en départ, dans toutes les gares ferroviaires. Les trains régionaux, en particulier dans les zones frontalières, pourront utilement faire l'objet de contrôles après sensibilisation des instances régionales concernées », donne pour instruction le ministre de l'Intérieur qui a fait de la lutte contre l'immigration son thème de prédilection. 

Dans cette note, le ministre, chef de file du parti Les Républicains, se félicite d'une « augmentation conséquente du nombre d'interceptions d'étrangers en situation irrégulière ces dernières semaines (+28 %) » et d'une « opération nationale de contrôle des flux » menée les 20 et 21 mai dernier au cours de laquelle plus de 750 personnes ont été interpellées.

« Les forces de sécurité intérieure organiseront des contrôles à bord des trains », et, en complément, « ils pourront également les opérer sur les départs et arrivées de bus en gare ».

Ces opérations seront menées en continu du mercredi 18 juin à 8 heures au jeudi 19 juin 20 heures, en lien avec les services de la SNCF qui ont été préalablement sensibilisés à cette opération nationale.

Il est demandé d'apporter une attention toute particulière à la « fraude documentaire ».