Israël impose un couvre-feu dans une ville arabo-juive touchée par la violence

Des rouleaux de la Torah, écritures saintes juives, sont retirés d’une synagogue incendiée lors de violentes confrontations à Lod entre des manifestants arabes israéliens et la police. (Photo, Reuters)
Des rouleaux de la Torah, écritures saintes juives, sont retirés d’une synagogue incendiée lors de violentes confrontations à Lod entre des manifestants arabes israéliens et la police. (Photo, Reuters)
Short Url
Publié le Jeudi 13 mai 2021

Israël impose un couvre-feu dans une ville arabo-juive touchée par la violence

  • La police israélienne a imposé un couvre-feu nocturne et déployé des renforts lourdement armés après l’éruption de la violence dans des villes mixtes
  • «Nous avons perdu le contrôle de la ville et des rues», indique le maire de Lod, Yair Revivi, à Channel 12 News

LOD/ISRAËL : Mercredi, des juifs ont retiré des rouleaux de la Torah d’une synagogue incendiée et des voitures brûlées étaient alignées dans les rues voisines d’une ville israélienne, ethniquement mixte, touchée par des violences qualifiées par le président d’actes « impardonnables » commis par des Arabes furieux des frappes aériennes sur Gaza. 

Pour éviter de nouvelles violences à Lod, également le théâtre d’agressions de passants arabes par des juifs, la police a imposé un couvre-feu nocturne et déployé des renforts lourdement armés. 

Dans plusieurs autres régions peuplées par la minorité arabe d’Israël (21%), des drapeaux palestiniens ornent les poteaux électriques, et des centaines d’habitants ont participé à des manifestations, se heurtant parfois à la police ou à des résidents juifs. 

« Nous avons perdu le contrôle de la ville et des rues », indique le maire de Lod, Yair Revivi à Channel 12 News à la suite des affrontements nocturnes, au cours desquels un habitant arabe a été abattu, meurtre pour lequel deux suspects juifs ont été arrêtés. 

De nombreuses autres personnes ont été arrêtées à Lod et dans les villes à majorité arabe dans le centre et dans le nord d’Israël, notamment Umm Al-Fahm, le long de la frontière avec la Cisjordanie, et Jisr Al-Zarqa, sur la côte méditerranéenne, précise la police. 

À Lod, des hommes ont porté des rouleaux de la Torah dans la cour noircie et jonchée de débris de la synagogue incendiée. Le président Reuven Rivlin a décrit les événements en utilisant des termes qui ne sont pas sans rappeler l’antisémitisme à l’étranger. 

« Le pogrom à Lod et les troubles à travers le pays causés par une foule arabe excitée et assoiffée de sang... sont impardonnables », déclare-t-il, qualifiant le fait que les manifestants ont arboré le drapeau palestinien « d’agression brutale contre l’existence partagée ». 

La minorité arabe d’Israël, d’origine palestinienne, mais de nationalité israélienne, descend principalement des Palestiniens qui ont vécu sous la domination coloniale ottomane, puis britannique, avant de rester en Israël après la création du pays en 1948. 

La plupart sont bilingues en arabe et en hébreu et se sentent proches des Palestiniens de la Cisjordanie et de la bande de Gaza occupées. Ils se plaignent souvent de la discrimination systémique et de l’accès inéquitable au logement, aux soins de santé et aux services éducatifs. 

Les tensions dans les villes arabo-juives se sont intensifiées alors qu’Israël effectuait des frappes aériennes à Gaza et que des militants palestiniens tiraient des roquettes en direction d’Israël, une escalade de la violence depuis les affrontements de lundi matin à Jérusalem-Est. 

Selon Ibrahim, conseiller arabe pour la municipalité de Lod, « ce qui se passe actuellement est un soulèvement qui se déroule dans des villes comme Ramle, Lod, Jaffa, Acre et Haïfa », qualifiant les événements à Gaza et à Jérusalem de « ligne rouge » pour les Arabes. 

Dans la ville côtière d’Acre, le restaurant de poisson Uri Buri, dont les propriétaires sont juifs, a été incendié et certains résidents arabes ont affirmé qu’ils avaient peur de quitter leur domicile. 

À Jaffa, près de Tel Aviv, des manifestants arabes se sont heurtés à la police qui a tiré des grenades assourdissantes pour les disperser. 

« Nous condamnons le fait que la solidarité et la cohésion de notre peuple avec nos frères à Jérusalem et dans la bande de Gaza soient canalisées par des actes de sabotage de biens publics et privés, comme cela se produit actuellement à l’entrée d’Umm Al-Fahm », souligne Samir Mahamid, maire d’Umm Al-Fahm. 

Les sirènes ont été déclenchées par des tirs de roquettes dans des quartiers où vivent des Arabes, notamment à Lod et à Jaffa. Un résident arabe de Lod et sa fille ont été tués mercredi lorsqu’un véhicule a été touché par une roquette, selon les autorités israéliennes. 

À Haïfa et  Jaffa, et dans la ville arabe de Nazareth, des manifestants ont scandé des slogans de soutien aux Palestiniens menacés d’être expulsés d’un quartier de Jérusalem-Est, dans le cadre d’une affaire judiciaire de longue haleine. 

Les citoyens arabes d’Israël faisaient partie des milliers de manifestants qui ont affronté la police israélienne ces derniers jours près de la mosquée Al-Aqsa et ailleurs dans la Vieille ville de Jérusalem. 

Un porte-parole du Hamas, groupe militant islamiste à Gaza, a encouragé les citoyens arabes à « se soulever » contre « notre ennemi et le vôtre ». 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com 


Décès d'un otage israélien détenu dans la bande de Gaza

Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël. Il en reste 209 retenus dans la bande de Gaza. (AFP).
Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël. Il en reste 209 retenus dans la bande de Gaza. (AFP).
Short Url
  • Dror Or, âgé de 49 ans, a été tué et retenu dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, a indiqué dans un communiqué le kibboutz Be'eri où il vivait
  • Son épouse, Yonat, avait été tuée lors de cet assaut tandis que deux de leurs trois enfants, Noam et Alma, âgés respectivement de 17 ans et de 13 ans, avaient été kidnappés puis libérés

JERUSALEM: Un otage israélien retenu dans la bande de Gaza depuis les attaques du Hamas le 7 octobre a été déclaré mort, ont annoncé tôt vendredi les autorités israéliennes et des proches.

Dror Or, âgé de 49 ans, a été tué et retenu dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre, a indiqué dans un communiqué le kibboutz Be'eri où il vivait et dont les habitants ont été parmi les plus touchés par l'attaque en territoire israélien du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Son épouse, Yonat, avait été tuée lors de cet assaut tandis que deux de leurs trois enfants, Noam et Alma, âgés respectivement de 17 ans et de 13 ans, avaient été kidnappés puis libérés dans le cadre d'un accord de trêve à la fin du mois de novembre.

"Il est désormais confirmé que Dror Or, kidnappé par le Hamas le 7 Octobre, a été assassiné et son corps retenu à Gaza", a indiqué le gouvernement israélien sur son compte X officiel, précisant que Alma, Noam et leur frère Yahli étaient désormais orphelins.

L'annonce du décès de Dror Or intervient alors que les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - attendent la réponse du Hamas à une nouvelle proposition de trêve associée à la libération d'otages.

Fin novembre, une trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages, dont 80 Israéliens et binationaux échangés contre 240 Palestiniens détenus par Israël.

La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas ont mené une attaque qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent captives à Gaza, dont désormais 35 sont mortes en comptant Dror Or.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas et lancé une vaste offensive dans la bande de Gaza, qui a fait jusqu'à présent plus de 34.500 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste armé.


Des frappes israéliennes blessent huit soldats syriens, affirme Damas

Short Url
  • Jeudi soir, "l'ennemi israélien a lancé des frappes aériennes depuis la direction du Golan syrien occupé, ciblant un site près de Damas (...) blessant huit soldats"
  • Israël commente rarement les frappes individuelles mais répète régulièrement qu'il ne permettra pas à son ennemi juré, l'Iran, d'accroître sa présence en Syrie

DAMAS: Des frappes aériennes israéliennes ont blessé huit soldats syriens près de Damas, a annoncé le ministère syrien de la Défense vendredi.

Jeudi soir, "l'ennemi israélien a lancé des frappes aériennes depuis la direction du Golan syrien occupé, ciblant un site près de Damas (...) blessant huit soldats", a indiqué le ministère dans un communiqué.

Israël commente rarement les frappes individuelles mais répète régulièrement qu'il ne permettra pas à son ennemi juré, l'Iran, d'accroître sa présence en Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie, rapporte qu'Israël a frappé un bâtiment gouvernemental dans la campagne aux abords de Damas, utilisé par le Hezbollah libanais pro-iranien depuis 2014.

L'armée israélienne a conduit des centaines de frappes en Syrie depuis le déclenchement en 2011 de la guerre civile qui y fait rage, ciblant principalement des positions militaires et des combattants pro-iraniens.

Le nombre de frappes s'est accru depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre, lorsque le mouvement islamiste palestinien a mené une attaque meurtrière sans précédent contre Israël.

Le 19 avril, des frappes israéliennes ont ciblé une position de l'armée syrienne dans le sud du pays, selon le gouvernement syrien et l'OSDH.

Le 13 avril, l'Iran a mené une attaque inédite contre Israël, avec 350 drones et missiles, dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et d'autres pays. Téhéran a dit avoir agi en "légitime défense" après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril.

La guerre en Syrie a fait plus de 500.000 morts et des millions de déplacés depuis son déclenchement en mars 2011.


Le Hamas dit étudier avec un « esprit positif  » l'offre de trêve à Gaza

Le Hamas étudie dans un "esprit positif" la nouvelle offre sur la table, pour une pause de 40 jours dans les combats, a déclaré jeudi son chef, Ismaïl Haniyeh, dans une conversation téléphonique avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel. (AFP).
Le Hamas étudie dans un "esprit positif" la nouvelle offre sur la table, pour une pause de 40 jours dans les combats, a déclaré jeudi son chef, Ismaïl Haniyeh, dans une conversation téléphonique avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel. (AFP).
Short Url
  • Des sources médicales dans la bande de Gaza ont fait état vendredi de frappes israéliennes dans le secteur de Rafah
  • Et Israël a annoncé le décès d'un des otages israéliens à Gaza, Dror Or, un habitant du kibboutz Be'eri dont deux des enfants, kidnappés aussi le 7 octobre par le Hamas, avaient été libérés fin novembre dans le cadre d'une première trêve

TERRITOIRES: Le Hamas dit étudier dans un "esprit positif" la dernière offre de trêve associée à la libération d'otages dans la bande de Gaza où près de sept mois de guerre meurtrière ont provoqué selon l'ONU des destructions "sans précédent".

Alors que les pays médiateurs (Qatar, Egypte, Etats-Unis) attendent la réponse du Hamas à cette nouvelle proposition, des sources médicales dans la bande de Gaza ont fait état vendredi de frappes israéliennes dans le secteur de Rafah (sud).

Et Israël a annoncé le décès d'un des otages israéliens à Gaza, Dror Or, un habitant du kibboutz Be'eri dont deux des enfants, kidnappés aussi le 7 octobre par le Hamas, avaient été libérés fin novembre dans le cadre d'une première trêve.

Cette trêve d'une semaine avait permis la libération de 105 otages contre 240 Palestiniens détenus par Israël. Depuis, les nombreuses tentatives de médiation sont restées vaines.

Le Hamas étudie dans un "esprit positif" la nouvelle offre sur la table, pour une pause de 40 jours dans les combats, a déclaré jeudi son chef, Ismaïl Haniyeh, dans une conversation téléphonique avec le chef du renseignement égyptien, Abbas Kamel.

Lors de cet entretien, M. Haniyeh a "confirmé" qu'une délégation du mouvement se rendrait en Egypte "sous peu" pour compléter les discussions récentes en vue d'un éventuel accord qui "réponde aux exigences de notre peuple" et "mette fin à l'agression".

Le chef du Hamas, dont le mouvement est considéré comme une organisation terroriste par Israël ou encore les Etats-Unis, s'est aussi entretenu avec le ministre qatari des Affaires étrangères, à qui il a répété son souhait de "parvenir à un accord".

Ces propos jurent avec ceux la veille d'un responsable du mouvement qui évoquait une position pour l'instant "négative" du Hamas à propos de ces tractations.

Le Hamas, qui a pris le pouvoir en 2007 à Gaza, maintient ses exigences, en premier lieu un cessez-le-feu permanent, ce qu'Israël a toujours refusé.

Se défendre « seuls »

En visite mercredi en Israël, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, avait appelé le Hamas à dire "oui" à un accord qu'il a jugé "extraordinairement généreux" de la part d'Israël.

Il a aussi exhorté Israël à renoncer à une offensive terrestre sur la ville de Rafah, dernier grand bastion du mouvement islamiste selon le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, où s'entassent un million et demi de Palestiniens en majorité déplacés par la guerre.

"Nous ferons ce qui est nécessaire pour gagner et vaincre notre ennemi, y compris à Rafah", a répété jeudi M. Netanyahu, après avoir promis d'y lancer une offensive terrestre, "avec ou sans accord" de trêve.

De nombreuses capitales et organisations humanitaires redoutent de lourdes pertes civiles, en l'absence d'un plan jugé crédible pour protéger la population.

"Si nous devons nous défendre seuls, nous nous défendrons seuls", a-t-il dit alors que la mobilisation s'accentue dans certains pays contre Israël pour la conduite de sa guerre à Gaza.

Outre des manifestations sur les campus de grandes universités aux Etats-Unis, au Canada, ou encore en France à Sciences Po, la Colombie a annoncé mercredi rompre ses liens diplomatiques avec Israël, et la Turquie a suspendu jeudi ses relations commerciales avec ce même pays.

Le tout alors que des responsables israéliens commencent à craindre une possible inculpation par la Cour pénale internationale (CPI), à laquelle s'oppose toutefois leur allié américain.

Selon les sites américain Axios et israélien Walla, des sénateurs américains ont tenu une rencontre virtuelle mercredi avec des responsables du tribunal de La Haye pour témoigner de leur préoccupation à propos de possibles mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens pour la guerre à Gaza.

Le 7 octobre, une attaque de commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et 129 restent captives dans Gaza, dont 35 sont mortes, en incluant Dror Or, selon des responsables israéliens.

En représailles, Israël a lancé une offensive dans le territoire palestinien qui a fait 34.596 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

30 à 40 milliards

En plus de ce bilan humain, la reconstruction devrait coûter entre 30 et 40 milliards de dollars (entre 28 et 37 milliards d'euros), a estimé jeudi le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

"L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent (...) C'est une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale", a déclaré le directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, Abdallah al-Dardari.

Sur le plan de l'aide internationale, strictement contrôlée par Israël, elle continue d'arriver au compte-gouttes, principalement depuis l'Egypte, via Rafah, dans le territoire de 2,4 millions d'habitants menacé de famine.

L'ONG américaine World Central Kitchen, qui avait suspendu ses activités dans la bande de Gaza après la mort de sept travailleurs humanitaires lors d'une frappe aérienne israélienne au début du mois d'avril, a repris cette semaine ses activités.

"Après la fermeture de la cuisine, nous nous sommes rendu compte que de nombreuses bouches restaient affamées", a déclaré jeudi à l'AFP Zakria Yahya Abukuwaik, responsable d'une cuisine soutenue par cette ONG à Rafah où la population craint ces jours-ci une opération au sol des soldats israéliens à défaut d'accord de trêve.