Trump renforce son emprise sur le parti républicain

La représentante américaine Liz Cheney, républicaine du Wyoming, s'adresse à la presse au Capitole à Washington, DC, le 12 mai 2021. Les républicains de la Chambre ont voté mercredi pour évincer la conservatrice anti-Trump de son poste au sein du parti. (Photo, AFP)
La représentante américaine Liz Cheney, républicaine du Wyoming, s'adresse à la presse au Capitole à Washington, DC, le 12 mai 2021. Les républicains de la Chambre ont voté mercredi pour évincer la conservatrice anti-Trump de son poste au sein du parti. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 13 mai 2021

Trump renforce son emprise sur le parti républicain

  • Dans un vote oral expédié en quelques minutes, à huis clos, les 212 républicains de la Chambre des représentants ont évincé Liz Cheney de son poste de numéro trois du groupe parlementaire
  • Liz Cheney figurait parmi les dix républicains de la Chambre à avoir voté pour la mise en accusation de Donald Trump pour «incitation à l'insurrection» lors de l'attaque du Capitole

WASHINGTON: Donald Trump a réaffirmé mercredi sa profonde influence sur les républicains avec l'éviction de Liz Cheney, sa grande bête noire, des sommets de leur hiérarchie.

«Une imbécile» qui n'a «rien à apporter de bon»: interdit de réseaux sociaux, vivant désormais loin de Washington, en Floride, l'ex-président républicain n'en rythme pas moins la vie de son parti à coups de communiqués qui éreintent régulièrement l'élue conservatrice.

Dans un vote oral expédié en quelques minutes, à huis clos, les 212 républicains de la Chambre des représentants ont évincé Liz Cheney de son poste de numéro trois du groupe parlementaire.

Sa faute aux yeux de Donald Trump? 

Dénoncer sans relâche les «mensonges très dangereux» perpétrés par le milliardaire lorsqu'il affirme, contre toute évidence, que la dernière élection présidentielle lui a été «volée». Et l'accuser d'avoir incité les manifestants pro-Trump à la violence lors de l'assaut meurtrier du Capitole. 

«Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour garantir que l'ancien président ne s'approche plus jamais du Bureau ovale», a réagi Liz Cheney juste après le verdict.

«Nous devons avancer en nous appuyant sur la vérité», a insisté la fille de l'ancien vice-président Dick Cheney.

 

«Terminé»

Hasard du calendrier, le chef des républicains à la Chambre, Kevin McCarthy, était reçu par Joe Biden à la Maison Blanche juste après avoir piloté l'éviction de Liz Cheney.

«Je ne pense pas que quiconque mette en doute la légitimité de l'élection présidentielle», a-t-il déclaré à sa sortie, apparemment soucieux de démontrer, malgré ce vote, que son parti ne soutenait pas les accusations de fraudes électorales pourtant encore défendues par de nombreux élus républicains. 

«J'estime que tout cela est terminé. Nous nous sommes réunis ici avec le président», a-t-il souligné.

Pendant près de deux heures, Joe Biden s'est entretenu pour la première fois avec les quatre chefs du Congrès: les démocrates Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, et Chuck Schumer, chef de la majorité au Sénat, ainsi que les républicains Mitch McConnell, numéro un des républicains au Sénat, et Kevin McCarthy. 

«J'en suis sorti encouragé», a plus tard confié Joe Biden, qui fut sénateur pendant près de quatre décennies et aime à se présenter en rassembleur. 

Il s'est réjoui «de voir qu'il y a un espace pour trouver un compromis sur un projet de loi» sur les infrastructures.

Le président démocrate a dévoilé fin mars un vaste plan d'investissement de 2.000 milliards de dollars dans les infrastructures traditionnelles, la lutte contre le changement climatique mais aussi des secteurs plus éloignés, comme les services de soins aux personnes âgées. Ce qui fait bondir les républicains, partisans d'un investissement plus circonscrit.

Depuis, les négociations en coulisses avancent au ralenti au Congrès. 

 

«Culte de la personnalité»

Liz Cheney était apparue ces derniers jours résignée à perdre sa place dans la hiérarchie. Non sans exhorter les républicains à tourner le dos «au culte de la personnalité Trump».

Elle figurait parmi les dix républicains de la Chambre à avoir voté pour la mise en accusation de Donald Trump pour «incitation à l'insurrection» lors de l'attaque du Capitole le 6 janvier. 

L'ex-président américain avait ensuite été acquitté par le Sénat.

Liz Cheney, 54 ans, avait survécu à une première motion de défiance en février. Mais depuis, la patience de ses collègues, y compris critiques de Donald Trump, s'est étiolée. 

Car dans son rôle de numéro trois, ou «conference chair», elle était chargée de porter le message des républicains. Or les élections parlementaires cruciales des «midterms» de 2022 approchent.

Le message de Kevin McCarthy est clair: impossible de l'emporter sans montrer un front uni. 

Mais sur la colline du Capitole, les parlementaires affichaient encore leurs divisions après le vote. 

«C'est la deuxième fois que je vote contre elle. Je suis bien heureuse que le groupe républicain m'ait rattrapée», a lancé en souriant à l'AFP l'élue Marjorie Taylor Greene, qui avait porté au Congrès un masque «Trump a gagné» cet hiver. 

Le sénateur républicain Mitt Romney, autre bête noire de M. Trump, insistait lui sur «l'intégrité» de Liz Cheney. «Le meilleur avenir pour notre démocratie ainsi que pour mon parti passe par la défense de la vérité», a-t-il déclaré à l'AFP. 

Pour remplacer Liz Cheney, le magnat de l'immobilier et Kevin McCarthy soutiennent Elise Stefanik, 36 ans, un ex-modérée qui défend aujourd'hui farouchement Donald Trump. 

La date du vote pour la nommer n'a pas encore été fixée. 


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
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  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
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  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
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  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.