Merkel confirme l'empoisonnement de Navalny et fait pression sur le Kremlin

La chancelière Angela Merkel s’adressant au président Vladimir Poutine lors d’un sommet international en janvier (Photo, Odd ANDERSEN/AFP).
La chancelière Angela Merkel s’adressant au président Vladimir Poutine lors d’un sommet international en janvier (Photo, Odd ANDERSEN/AFP).
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Publié le Mardi 25 août 2020

Merkel confirme l'empoisonnement de Navalny et fait pression sur le Kremlin

  • Principal opposant au pouvoir russe, Alexeï Navalny, 44 ans, a été transféré samedi de Sibérie à Berlin
  • « Les autorités » en Russie « sont appelées de manière urgente à résoudre cette affaire jusque dans les moindres détails et en pleine transparence » demande Angela Merkel

BERLIN : L'Allemagne a conclu lundi à l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny et exhorté la Russie à juger les auteurs, alors que l'affaire tourne de plus en plus au contentieux diplomatique entre Berlin et Moscou.

Prenant le contrepied des dénégations des autorités russes, la chancelière Angela Merkel a repris à son compte les résultats des expertises annoncés dans la journée par les médecins allemands qui, a-t-elle dit, « pointent en direction d'un empoisonnement ».

« Les autorités » en Russie « sont appelées de manière urgente à résoudre cette affaire jusque dans les moindres détails et en pleine transparence », a-t-elle exhorté dans un communiqué commun avec son chef de la diplomatie Heiko Maas.

Ils demandent que les responsables « soient traduits en justice » pour répondre de leurs actes.

Cette déclaration d'une rare fermeté pour une chancelière aux prises de position d'ordinaire mesurées est intervenue peu de temps après que l'hôpital berlinois où Alexeï Navalny a été admis samedi a déclaré avoir trouvé des « traces d'empoisonnement » chez l'opposant au Kremlin.

Pour sa part le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell a demandé à Moscou de mener une « enquête indépendante et transparente ». 

« L'UE condamne fermement ce qui semble être une atteinte à la vie de M. Navalny », a-t-il déclaré. « Le peuple russe et la communauté internationale réclament que lumière soit faite (...) Les responsables doivent rendre des comptes ». 

Novitchok ?

« Les résultats cliniques indiquent une intoxication par une substance du groupe des inhibiteurs de la cholinestérase », révèle l'hôpital. 

Cette enzyme est susceptible d'être utilisée, à faible dose, contre la maladie d'Alzheimer. 

Mais en fonction du dosage, elle peut être très dangereuse et produire aussi des agents neurotoxiques puissants, du type de l'agent innervant Novitchok.

En mars 2018, l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia avaient été selon Londres empoisonnés en Grande-Bretagne avec cet agent de conception soviétique.

Selon les médecins allemands, M. Navalny pourrait à long terme souffrir de séquelles dans le système nerveux.

Principal opposant au pouvoir du président Vladimir Poutine, auteur de publications dénonçant la corruption des élites russes qui sont abondamment partagées sur les réseaux sociaux, Alexeï Navalny, 44 ans, a été transféré samedi de Sibérie à Berlin.

M. Navalny « se trouve dans une unité de soins intensifs et est toujours dans un coma artificiel », a indiqué l'hôpital berlinois de la Charité, un des plus réputés au monde. "Son état de santé est grave, mais sa vie n'est pas en danger". 

Il est dans le coma après avoir fait un malaise jeudi à bord d'un avion. 

Intentionnel

Les proches de l'opposant russe assurent depuis jeudi qu'il a été victime d'un « empoisonnement intentionnel ». 

« Désormais, nos affirmations ont été confirmées par les analyses de laboratoires indépendants. L'empoisonnement d'Alexeï n'est plus une hypothèse mais un fait », a réagi sur Twitter la porte-parole de l'opposant, Kira Iarmich.

M. Navalny a été évacué samedi matin vers Berlin dans un jet privé affrété par une ONG allemande, au terme d'une journée de bras de fer entre sa famille et les médecins russes, qui ont d'abord affirmé que son état était trop instable, avant de donner leur feu vert.

Les médecins russes de l'hôpital d'Omsk, en Sibérie occidentale, où il se trouvait au départ ont assuré eux à nouveau lundi n'avoir subi « aucune pression » extérieure ou ingérence de la part de responsables officiels pour balayer la thèse d'une tentative d'empoisonnement et empêcher le transfert en Allemagne de M. Navalny. 

Anatoli Kalinitchenko, son directeur adjoint, a pour sa part déclaré que, selon deux laboratoires, à Omsk et à Moscou, « aucune substance pouvant être considérée comme du poison (...) n'a été identifiée ».

Certains partisans de l'adversaire N°1 du Kremlin soupçonnent toutefois que le transfert a été retardé afin que le poison qu'il aurait ingéré devienne plus difficile à détecter.

« Il y a quelques exemples (d'empoisonnement intentionnel) dans l'histoire récente de la Russie, donc le monde prend ce soupçon très au sérieux », a aussi déclaré lundi le porte-parole de Mme Merkel, Steffen Seibert.

Alexeï Navalny a déjà été victime d'attaques physiques. En 2017, il avait par exemple été aspergé d'un produit antiseptique dans les yeux à la sortie de son bureau à Moscou.

En juillet 2019, tandis qu'il purgeait une courte peine de prison, il avait été traité à l'hôpital après avoir soudainement souffert d'abcès sur le haut du corps, dénonçant une tentative d'empoisonnement alors que les autorités évoquaient une « réaction allergique ».


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.