Des livres rares font la lumière sur l'histoire du monde arabe

Le dernier catalogue du libraire Peter Harrington sera représenté à la Foire du livre d’Abu Dhabi fin mai 2021. (Fourni)
Le dernier catalogue du libraire Peter Harrington sera représenté à la Foire du livre d’Abu Dhabi fin mai 2021. (Fourni)
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Publié le Samedi 15 mai 2021

Des livres rares font la lumière sur l'histoire du monde arabe

  • Les points marquants de la région révélés dans un album du catalogue de bibliophilie Peter Harrington, qui sera présenté à la Foire du livre d'Abou Dhabi à la fin du mois
  • Un manuel présente des documents appartenant à T.E. Lawrence (alias Lawrence d'Arabie) et a été publié par le British Arab Bureau (Bureau arabo-britannique)

Cet album de photos personnalisé et « visiblement unique » propose 120 photos inédites du célèbre Bayt Nassif de Djeddah, avant sa rénovation au début des années 1980. En 1975, le gouvernement saoudien a acheté ce monument historique qui faisait initialement office de bibliothèque, avant de devenir de nos jours un centre culturel qui accueille expositions et événements de toutes sortes. La décision du roi Faisal de rénover le bâtiment « a permis de créer un modèle instructif et inspirant de durabilité dans les lieux historiques », peut- on lire dans un livre cité dans l’album de Peter Harrington.

Document visuel  d'un monument de Djeddah
Document visuel d'un monument de Djeddah (fourni)

Située dans la rue principale du quartier historique de Djeddah, connu sous le nom d'Al-Balad, cette maison a été construite entre 1872 et 1881 pour le cheikh Omar Effendi Al-Nassif, gouverneur de Djeddah à l'époque. Selon l'album, elle est désormais « considérée comme l'un des plus importants exemples d'architecture à base de calcaire corallien de la mer Rouge ». La maison a, par la suite, servi de résidence principale dans la ville pour le roi Abdelaziz ben Saoud, avant la construction du palais de Khuzam.

Avant les années 1920, Bayt Nassif abritait également le seul arbre de la vieille ville de Djeddah, ce qui explique le surnom de la maison, à savoir la Maison de l'arbre. Ce margousier est toujours là, et on peut en voir les images dans ce livre.

Récit d'un voyage de Djeddah en Égypte au XIXe siècle (fourni)
Récit d'un voyage de Djeddah en Égypte au XIXe siècle (fourni)

En 1819, alors que Sir Miles Nightingall, commandant en chef de l'armée britannique de Bombay, rentrait d'Inde en Angleterre, son navire, le « Teignmouth », échoua sur un banc de sable dans le golfe d'Aden. Après avoir remis le bateau en marche, Nightingall et sa garde - dont le capitaine James Hanson, auteur de cet ouvrage - se dirigèrent vers Djeddah. « Ici, ils furent accueillis par le gouverneur turc, récemment nommé après la restauration du pouvoir ottoman en Égypte. Suivant le conseil d'Henry Salt, consul général d'Égypte, ils décident de traverser le désert et de découvrir les ruines les plus intéressantes et les plus merveilleuses’ de Thèbes ». Le livre de Hanson décrit, cartes à l'appui, leur voyage de Kosseir (connu aujourd'hui sous le nom de Quseer), au bord de la mer Rouge, en direction de l'ouest jusqu'à Kennah (Qena), sur le Nil, située à l'est de Dendera. « Nous avons traversé des forts en ruine, des collines qui ressemblaient à des tombes et un désert stérile, démuni de tout signe de végétation».

Journaux d'un officier de la marine britannique à travers le golfe arabique 1928-1951
Journaux d'un officier de la marine britannique à travers le golfe arabique 1928-1951

Ce manuscrit relate en 3 volumes les années que le garde-côtes, Francis Wyatt Rawson Larken, a passées dans la Royal Navy britannique au début et au milieu du 20e siècle. Pendant une partie de son service, Larken était basé dans le golfe Arabique, dans la région que les Anglais appelaient à l'époque les Trucial States (États de la Trêve) et qui deviendront plus tard les Émirats arabes unis. Selon l’album, ces ouvrages, non publiés à l'époque, comprennent « un récit passionnant de la visite de Larken à Dubaï et de sa rencontre avec les cheikhs de la Trêve à bord du navire ». Ces visiteurs seraient le cheikh Saeed ben Maktoum Al-Maktoum de Dubaï, le cheikh Shakhbut ben Sultan Al-Nahyan d'Abu Dhabi et le cheikh Sultan ben Saqr Al-Qasimi de Sharjah, entre autres personnalités.

« À bord du navire se trouvaient 8 ou 10 personnes de la haute société (sic.). L'amiral et le capitaine leur ont fait visiter le navire alors que leurs partisans sont restés sur le quart de pont. (... ) Ils se sont ensuite tous rassemblés sur le quart de pont où l'orchestre jouait de la musique. Les visiteurs ont ensuite quitté le navire à bord de leurs barges - de splendides boutres à moteur, alors que les cheikhs recevaient des saluts - les canons variaient de 6 à 1 selon leur importance. Ils nous ont apporté en cadeau de la gelée de bœuf et de melon... et ont reçu des cigarettes Gold Flake et du chocolat », écrit Larken. « Chaque homme portait son large couteau de ceinture incurvé - richement serti d'argent. Les chefs, quant à eux, portaient de splendides ‘burnous’ en tissu doré. Tous étaient des hommes intègres, à l'image des cheikhs décrits dans les romans ».

Pendant son service, Larken a également visité Aden, Muscat, Sohar, Sur, Khasab et Khor al-Jarama dans l'actuel Oman, ainsi que Dubaï et l'île de Sir Abou Nu'ayr dans la région qui constitue aujourd'hui les Émirats arabes unis.

Guide des services secrets britanniques à l'époque de la « révolution arabe »(fourni)
Guide des services secrets britanniques à l'époque de la « révolution arabe »(fourni)

Ce manuel présente des documents appartenant à T.E. Lawrence (alias Lawrence d'Arabie) et a été publié par le British Arab Bureau (Bureau arabo-britannique) pour servir de guide sur « l'organisation tribale et politique, la géographie et les routes empruntées dans la région ». Il remonte à l'époque du soulèvement militaire des armées arabes contre l'Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, soulèvement dirigé par Hussein ben Ali, chérif de La Mecque, et soutenu par le gouvernement britannique. L'une des « routes empruntées », dont Lawrence lui-même a fourni des informations, était celle qui reliait  Médine à La Mecque.

Ce document appartenait autrefois à William Cochrane, adjoint du colonel Cyril Wilson, représentant de la Grande-Bretagne à Djeddah. Parmi les tâches de Cochrane figurait l'organisation du Hajj pour les musulmans venus de l'Inde britannique. Il aurait également « surveillé les 125 000 £ en souverains d'or que la patrouille de la mer Rouge appartenant à la Royal Navy transportait chaque mois à Djeddah » - il s'agissait de la subvention octroyée par les Britanniques à Hussein ben Ali pour soutenir le soulèvement.

Témoignage sur une expédition danoise en Arabie dans les années 1760
Témoignage sur une expédition danoise en Arabie dans les années 1760

Il s'agit de la traduction anglaise d'un récit en deux volumes de l'expédition danoise dans cette région entre 1761 et 1777 –  « la première grande expédition scientifique au Moyen-Orient » –  réalisée par le géomètre Carsten Niebuhr, le seul membre de cette expédition à avoir survécu.

« Début 1761, le groupe quitta Copenhague, se rendit à Alexandrie en passant par Constantinople. Il séjourna pendant un an en Égypte, remontant le Nil et explorant le Sinaï. Il a, par la suite, traversé le canal de Suez jusqu'à Djeddah et a navigué le long de la côte arabe jusqu'à al-Luhayyah au Yémen. Lors de ce voyage, le groupe a touché terre à plusieurs reprises, avant de poursuivre par voie terrestre jusqu'à Sana'a, via Mocha. En route, deux membres du groupe ont péri. De retour à Mocha, les quatre autres membres succombèrent à la fièvre et furent embarqués sur un bateau en partance pour Bombay. Seul Niebuhr survécut à ce voyage en mer».

Selon l'album, le récit du voyage de Niebuhr « a longtemps figuré parmi les ouvrages classiques portant sur la géographie, la population, les antiquités et l'archéologie de la péninsule arabique et du Moyen-Orient au sens large. Ses cartes ont été utilisées pendant plus de 100 ans ». Ce récit « revêt une importance particulière en ce qui concerne cette époque encore peu connue  du Golfe».

Une chronique de la marine arabe traditionnelle (fourni)
Une chronique de la marine arabe traditionnelle (fourni)

Le titre intégral de cet ouvrage de 1940 est « Les fils de Sinbad. Un récit de la navigation avec les Arabes dans leurs boutres, en mer Rouge, sur les côtes de l'Arabie, à Zanzibar et au Tanganyika ; La Pêche des perles dans le golfe Arabique ; et la vie des capitaines de navires, des marins et des marchands du Koweït ».

Comme son titre l'indique, cette publication – rédigée par l'aventurier australien Alan Villiers – ,  offre un compte rendu intégral des techniques traditionnelles de navigation, de construction de bateaux et de commerce dans la région, à une époque où ces traditions prenaient fin en raison de la découverte du pétrole. On y trouve également des dizaines d'illustrations tirées de photographies et de cartes.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Ouverture du Grand Musée égyptien : le monde réuni au Caire pour son inauguration

Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
Le Grand Musée Egyptien, le plus grand musée archéologique au monde consacré à une seule civilisation, a officiellement ouvert ses portes (AFP).
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
La statue colossale en granit rose du roi Ramsès II, vieille de 3 200 ans, à l'entrée du Grand Musée égyptien. (Fourni)
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  • Le Grand Musée Égyptien, plus grand musée au monde consacré à une seule civilisation, expose plus de 57 000 artefacts, dont la collection complète de Toutankhamon
  • Inauguré par Abdel Fattah Al-Sissi, l’événement a rassemblé des dirigeants mondiaux et marque un nouveau chapitre culturel et historique pour l’Égypte

LE CAIRE : Le Grand Musée Égyptien — le plus grand musée archéologique au monde dédié à une seule civilisation — a officiellement ouvert ses portes.

L’événement d’inauguration a réuni de nombreuses personnalités internationales, parmi lesquelles le président allemand Frank-Walter Steinmeier, le roi Philippe de Belgique et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Les hauts responsables arabes présents étaient menés par le ministre saoudien de la Culture, le prince Badr ben Abdallah, accompagné du prince héritier Theyazin d’Oman et du président palestinien Mahmoud Abbas.

Le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi a inauguré ce musée tant attendu, vitrine d’un milliard de dollars dédiée aux trésors pharaoniques, affirmant que son ouverture marquait « un nouveau chapitre de l’histoire » pour le pays.

« Aujourd’hui, alors que nous célébrons ensemble l’ouverture du Grand Musée Égyptien, nous écrivons un nouveau chapitre de l’histoire du présent et de l’avenir de cette patrie millénaire », a déclaré Al-Sissi devant un parterre de princes, reines, chefs d’État et autres dignitaires réunis sur l’esplanade du musée.

Le spectacle fastueux de samedi a illuminé à la fois les pyramides et la façade monumentale du musée, avec de grandes mises en scène musicales et des performances conjointes entre Le Caire et Tokyo, Paris et New York.

Situé à environ deux kilomètres des pyramides de Gizeh, le site s’étend sur 490 000 m². Son design, signé par le cabinet irlandais Heneghan Peng Architects, mêle modernité et histoire.

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Le site, situé à environ 2 kilomètres des pyramides de Gizeh, couvre une superficie totale de 490 000 mètres carrés. (Fourni)

Le musée est le fruit de l’initiative de l’ancien ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosny, qui proposa l’idée en 1992. La construction débuta en 2005, mais fut interrompue trois ans durant les troubles politiques qui suivirent la révolution de 2011.

Le projet a néanmoins surmonté de nombreux défis — bouleversements politiques et pandémie mondiale — qui ont retardé son ouverture à quatre reprises.

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Le Grand Musée égyptien de Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale, Le Caire. (Fourni)

« Dire que le Grand Musée Égyptien est un cadeau de l’Égypte au monde n’est pas une exagération, car l’héritage de la civilisation égyptienne ancienne constitue un patrimoine universel », a déclaré le Premier ministre égyptien, Mostafa Madbouly.

Cet héritage sera présenté sur 40 000 m² d’espaces d’exposition, dont 7 500 m² consacrés aux trésors du roi Toutankhamon, tous découverts dans sa tombe sur la rive ouest de Louxor en 1922 par l’archéologue britannique Howard Carter.

Le musée abrite plus de 57 000 artefacts répartis entre les galeries de Toutankhamon, les galeries principales, la Grande Salle, le Grand Escalier et le musée de la barque de Khéops. La barque solaire de 4 600 ans du pharaon Khéops, longue de 43 mètres, découverte dans les années 1950 près de la Grande Pyramide, est l’un des joyaux de la collection.

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Un visiteur visite le Grand musée égyptien à Gizeh, dans la banlieue sud-ouest de la capitale Le Caire. (AFP)

« Ce qui distingue véritablement le Grand Musée Égyptien, c’est la présentation complète de la collection de Toutankhamon — plus de 5 000 artefacts exposés ensemble pour la première fois », a confié à Arab News l’ancien directeur du musée, le Dr Tarek Tawfik.

L’inauguration de samedi comprenait notamment l’ouverture de deux salles consacrées à ces 5 000 pièces exceptionnelles.

« Les visiteurs seront émerveillés par les techniques modernes de présentation du musée, qui racontent l’histoire du roi à travers une approche curatoriale novatrice, différente des styles d’exposition traditionnels », a ajouté Tawfik.

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La statue de la reine Hatchepsout au musée. (Fourni)

Certaines sections du musée sont ouvertes au public depuis 2024, et de nouvelles galeries ouvriront le 4 novembre, dans l’espoir d’attirer visiteurs locaux et touristes internationaux.

Dès l’entrée, le parcours débute par l’obélisque suspendu du roi Ramsès II dans la cour du musée. Les visiteurs peuvent également admirer une statue monumentale du pharaon dans le hall d’accueil avant d’emprunter le Grand Escalier — une statue vieille de 3 200 ans et haute de 11 mètres, déplacée ici après avoir longtemps trôné au centre d’un rond-point encombré devant la principale gare ferroviaire du Caire.

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Les galeries principales traitent de trois thèmes principaux - les croyances, la société et la royauté - couvrant différentes périodes de l'Égypte ancienne, de l'ère préhistorique et des anciens, moyens et nouveaux royaumes jusqu'à la période gréco-romaine. (Fourni)

Les galeries principales explorent trois thèmes centraux — croyances, société et royauté — couvrant les différentes périodes de l’Égypte ancienne, de la préhistoire à l’époque gréco-romaine.

Le musée abrite aussi un vaste centre de restauration de 32 000 m², le plus grand du Moyen-Orient, comprenant 16 laboratoires spécialisés ouverts au public — une première mondiale.

Présenté comme un pont entre l’héritage antique de l’Égypte et sa vision moderne, le Grand Musée Égyptien offre une fenêtre unique sur l’une des civilisations les plus fascinantes de l’histoire.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Casse du musée du Louvre: des suspects interpellés mercredi en cours de défèrement

Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
Des policiers français patrouillent devant le musée du Louvre après son cambriolage, avec la pyramide du Louvre conçue par Ieoh Ming Pei en arrière-plan, à Paris le 19 octobre 2025. (AFP)
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  • Sept suspects au total ont été interpellés dans l’enquête sur le spectaculaire casse du Louvre, dont le butin — estimé à 88 millions d’euros en bijoux de la Couronne — reste introuvable
  • L’enquête, fondée sur des traces ADN, la vidéosurveillance et la téléphonie, met aussi en lumière une « faille sécuritaire majeure » au Louvre, selon la ministre de la Culture Rachida Dati

PARIS: Des défèrements de suspects ayant été interpellés mercredi dans le cadre de l'enquête sur le casse du Louvre, dont le butin a été estimé à 88 millions d'euros, étaient en cours samedi devant des magistrats du tribunal judiciaire de Paris.

"Il y a des défèrements sur commission rogatoire", a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP, sans préciser le nombre de suspects déférés.

Cinq nouvelles interpellations liées à ce cambriolage spectaculaire avaient été annoncées jeudi matin par la procureure de Paris Laure Beccuau qui avait précisé que les bijoux volés restaient introuvables.

Ces nouvelles interpellations se sont ajoutées à celles de deux trentenaires arrêtés il y a une semaine et qui sont soupçonnés d'avoir fait partie du commando de quatre hommes sur place.

Ces deux habitants d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), âgés de 34 et 39 ans, ont été mis en examen et placés en détention provisoire mercredi soir.

En garde à vue, ces deux hommes - un arrêté à l'aéroport de Roissy alors qu'il tentait de rejoindre l'Algérie, l'autre à Aubervilliers - "se sont livrés à des déclarations (...) minimalistes par rapport à ce qui nous paraît être démontré par le dossier", avait indiqué Laure Beccuau.

Parmi les nouveaux interpellés se trouve un autre membre présumé du commando ayant commis le 19 octobre en moins de huit minutes ce casse qui a fait le tour de la planète, avait précisé la procureure. "Des traces ADN" le lient au vol, avait-elle noté.

Les autres personnes interpellées "peuvent éventuellement nous renseigner sur le déroulement de ces faits", avait éclairé la procureure, sans vouloir en dire plus sur leur profil.

Ces nouvelles interpellations "n'ont pas été du tout liées aux déclarations" des deux mis en examen, mais "à d'autres éléments dont nous disposons au dossier", les traces ADN, la vidéosurveillance ou encore l'examen de la téléphonie, avait-elle ajouté.

Les nouvelles interpellations ont eu lieu à Paris et dans son agglomération, notamment en Seine-Saint-Denis, avait-elle indiqué.

- "Faille sécuritaire majeure" -

Mme Beccuau avait souligné sa "détermination", comme celle de la centaine d'enquêteurs mobilisés, à retrouver le butin et l'ensemble des malfaiteurs impliqués.

Concernant les bijoux, la procureure avait expliqué que l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explorait "un certain nombre de marchés parallèles" car ce n'est vraisemblablement pas sur le marché légal des oeuvres d'art qu'ils surgiront.

Parmi les hypothèses des enquêteurs: celle que ces joyaux puissent "être une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu", a-t-elle pointé.

L'affaire a provoqué des débats-fleuves sur la sécurité du Louvre, musée d'art le plus visité du monde.

La ministre de la Culture Rachida Dati a dévoilé vendredi les premières conclusions de l'enquête de l'Inspection générale des affaires culturelles, avec un bilan très critique: "une sous-estimation chronique, structurelle, du risque intrusion et vol" par le Louvre, "un sous-équipement des dispositifs de sécurité", une gouvernance "pas adaptée" et des protocoles de réaction aux vols et intrusions "totalement obsolètes".

"On ne peut pas continuer comme ça", a martelé Rachida Dati.

Le jour du casse, les quatre malfaiteurs avaient pu garer un camion-élévateur au pied du musée, permettant à deux d'entre eux de se hisser avec une nacelle jusqu'à la galerie d'Apollon où sont conservés les joyaux de la Couronne.

Tout en réaffirmant que les dispositifs de sécurité à l'intérieur du Louvre avaient fonctionné, Mme Dati a annoncé des mesures pour répondre à une "faille sécuritaire majeure" à l'extérieur du musée.

"Nous allons mettre des dispositifs anti-voiture-béliers, anti-intrusion", a-t-elle annoncé, assurant que ces nouvelles installations seraient en place "avant la fin de l'année".


A Paris, le Centre Pompidou s'offre une dernière fête avant cinq ans de fermeture

un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
un feu d'artifice intitulé "Le Dernier Carnaval" au Centre Pompidou (Beaubourg) à l'occasion de sa fermeture pour un projet de rénovation de cinq ans, à Paris, le 22 octobre 2025. (AFP)
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  • Le Centre Pompidou organise un dernier week-end festif baptisé « Because Beaubourg » avant cinq ans de travaux, transformant ses huit étages en un immense terrain de jeu mêlant concerts, performances et expériences immersives
  • L’événement, réunissant 80 artistes et plusieurs grandes marques partenaires, célèbre la culture et l’esprit d’ouverture du lieu avant sa fermeture pour rénovation complète

PARIS: Dans un tourbillon de musique, d'images et de patins à roulettes, le Centre Pompidou à Paris s'offre un dernier week-end festif avant cinq ans de travaux, avec "Because Beaubourg", événement qui transforme l'intégralité du bâtiment en un immense terrain de jeu.

"Je suis venu parce que j'ai entendu dire que c'était la fermeture. Et j'avais envie de participer à ça une dernière fois, pour en profiter un petit peu", explique à l'AFP Eliot Ibert, 23 ans, en coloriant une fresque participative.

Fermé au public depuis le 22 septembre, le bâtiment aux emblématiques tuyaux colorés rouvre ses portes ce week-end avec un parcours inédit. De vendredi à dimanche, quelque 80 artistes se produisent à travers concerts, DJ sets, performances, masterclasses, projections et expériences immersives sur les huit étages.

"C'est le plus grand événement que le Centre Pompidou ait fait depuis son ouverture", assure Paul Mourey, codirecteur artistique de l'événement, imaginé avec le label Because Music.

- "Spleen" -

Chaque étage propose une expérience différente. Au niveau -1, des pianistes amateurs se succèdent devant une fresque des étudiants des Beaux-Arts, tandis que le Forum, au rez-de-chaussée, devient le théâtre de performances en journée et un club illuminé la nuit.

Le Village des enfants prend place au 3e étage, tandis que plusieurs artistes et sociétés ont investi le 4e niveau. Shygirl, Shay ou Pedro Winter, fondateur du label Ed Banger, ainsi que les entreprises Spotify, Samsung et Snapchat, qui proposent de tester ses lunettes de réalité augmentée, participent à des installations et expériences interactives.

Autant de partenaires qui contribuent à financer l'événement.

Le premier et le sixième étage accueillent, de jour comme de nuit, des artistes tels que Catherine Ringer, Christine and the Queens, Selah Sue, Keziah Jones ou Sébastien Tellier.

Le musicien français, qui profite de l'événement pour promouvoir son nouvel album prévu en janvier, souligne l'importance de participer à cette célébration : "La culture, aujourd'hui, elle est rare. Quand il y a des petits îlots de culture, c'est important d'y être. Je n'avais pas envie de manquer ça."

Brigitte Baleo, 78 ans, retraitée ayant travaillé dix ans à la bibliothèque du Centre Pompidou, confie que la fermeture lui laisse "un peu de spleen".

"Ça tend l'estomac, il y a trop de souvenirs", ajoute-t-elle, émue. "Mais il faut que la fermeture ait lieu, pour réhabiliter ce monument".

Conçu en 1977 comme un lieu "ouvert à tous" par les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, le bâtiment souffre aujourd'hui de vétusté.

Désamiantage, accessibilité du lieu, sécurité et complet réaménagement intérieur sont au menu de ses importants travaux de rénovation.

- Rollers et vue panoramique -

Cette fermeture, "c'est quelque chose qui me touche", abonde Florence, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Férue d'électro, la Bordelaise de 57 ans vient d'assister au deuxième étage à "Space Opera", un film musical du duo français Justice projeté comme une expérience de clubbing, à quelques pas de l'installation inédite Camera/Man de Thomas Bangalter, un des deux membres de Daft Punk.

Pour encore plus de mouvements, elle compte bien expérimenter le Roller Disco qui fait vibrer l'ancienne galerie 1, au dernier étage.

Entre DJ sets, patins à roulettes et vues panoramiques sur Paris, l'ambiance mêle nostalgie et effervescence festive.

Gulliver Hubard, un étudiant britannique de 20 ans, savoure lui sa première visite. "C'est une chance de le voir avant sa fermeture", assure-t-il.

En journée, le programme est entièrement gratuit, et les organisateurs espèrent accueillir entre 10.000 et 15.000 visiteurs par jour.

Le programme nocturne, payant, a lui été pris d'assaut : les 12.000 billets se sont arrachés en à peine une journée.