Malgré les promesses, le système de santé britannique malade de sous-financement

A Hartlepool, dans le nord-est de l'Angleterre, la statue d'Andy Capp porte désormais un foulard "Merci NHS". (Oli Scraff / AFP)
A Hartlepool, dans le nord-est de l'Angleterre, la statue d'Andy Capp porte désormais un foulard "Merci NHS". (Oli Scraff / AFP)
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Publié le Dimanche 16 mai 2021

Malgré les promesses, le système de santé britannique malade de sous-financement

  • Les travailleurs médicaux britanniques dénoncent de vaines promesses et se sentent «trahis»
  • Sur 2 100 employés médicaux, plus d'un sur cinq prévoirait de quitter le NHS et de changer de carrière à cause d'une année de stress et de fatigue intenses

LONDRES: En avril 2020, le Premier ministre britannique Boris Johnson remerciait avec émotion à la télévision les infirmiers qui lui avaient sauvé la vie lorsqu'il était malade de Covid-19 et promettait tous les fonds nécessaires au système de santé public au bord de l'implosion.

Plus d'un an après, les travailleurs médicaux britanniques dénoncent de vaines promesses et se sentent «trahis» tandis que les experts avertissent des dangers d'un sous-investissement persistant.

Avant la pandémie, le NHS, système de santé britannique gratuit auquel les Britanniques vouent un véritable culte, «était déjà en posture difficile», rappelle Stuart Tuckwood, infirmier.

«Nous étions à la traîne sur les délais de traitements« à cause d'un manque chronique de personnel et de lits d'hôpitaux», ajoute ce responsable du syndicat de fonctionnaires Unison.

Les hôpitaux et leur personnel ont ensuite dû affronter le stress et les horaires infernaux de plusieurs vagues dévastatrices de Covid-19 qui ont fait plus de 127 000 morts au Royaume-Uni, le pays d'Europe le plus endeuillé par le virus.

«Beaucoup de travailleurs du NHS se retrouvent avec d'énormes problèmes physiques et mentaux», alors quand «le gouvernement a indiqué que tout ce qu'il allait (leur) offrir est une augmentation de 1%, cela a été ressenti comme une énorme trahison», poursuit M. Tuckwood.

Cette maigre concession a ému bien au-delà des principaux concernés: si les leaders de l'opposition travaillistes appellent à augmenter la paie des travailleurs dits essentiels, même la pop star Dua Lipa s'en est mêlée.

En recevant un prix aux Brit Awards cette semaine, elle a appelé Boris Jonhson à accorder «une augmentation décente».

«La pression sur le personnel du NHS n'est pas tenable et les gens sont épuisés», insiste Stuart Tuckwood.

«Risques trop grands»

Une étude récente de la British Medical Association sur 2 100 employés médicaux constatait que plus d'un sur cinq prévoit de quitter le NHS et de changer de carrière à cause d'une année de stress et de fatigue intenses.

Stuart Tuckwood explique que si les infirmières et infirmiers sont souvent considérés comme sous-payés, nombre d'aide-soignants ou employés moins qualifiés gagnent encore moins. Et beaucoup vivent sous le seuil de pauvreté.

Le syndicat d'infirmiers Royal Nurses College demande une hausse de 12,5%, tandis qu'Unison souhaite 2 000 livres par personne pour l'année une prime exceptionnelle.

Franco Sassi, professeur de politique de santé à Imperial College Business School, s'inquiète pour sa part d'un «manque de financement structurel supplémentaire (...) au-delà de l'engagement sur les dépenses urgentes face à la pandémie».

Les dépenses de santé au Royaume-Uni étaient déjà de «43% inférieure à celle de l'Allemagne et de 15% à celle de la France avant la pandémie», souligne-t-il.

Le nombre de médecins au Royaume-Uni, à 2,8 par mille personnes, «est très inférieur aux moyennes de l'UE» et le nombre de lits d'hôpitaux est le deuxième plus faible en Europe, poursuit M. Sassi dans une note publiée sur le site d'Imperial.

Si ce retard n'est pas corrigé, «le NHS ne sera pas en mesure de faire face aux besoin des patients après la pandémie», conclut-il.

Plus d'investissement mettra les finances publiques encore plus sous pression, mais «laisser le NHS sous-financé de la sorte génère des risques trop grands».

«Rattraper le temps perdu»

Le gouvernement conservateur de Boris Johnson affirme pour sa part avoir procédé à «des investissements record pendant la pandémie et avoir annoncé 7 milliards de livres (plus de 8 milliards d'euros) de financements supplémentaires pour le NHS et la prise en charge sociale dédiés à la Covid-19», d'après un porte-parole du département de la Santé.

En outre, les autres fonctionnaires ont vu leur paie gelée cette année contrairement aux employés du NHS, et les employés du NHS «ont bénéficié d'accord de paie pluriannuels avec les syndicats», ajoute-t-il, sans parler de primes de remise à niveau pour les fonctionnaires les moins payés, y compris ceux du secteur médical.

L'Institut sur les études fiscales, pourtant partisan d'un orthodoxie budgétaire, s'alarme lui aussi dans une étude publiée jeudi: «5 millions de personnes attendent à présent pour des traitements hospitaliers de routine« au Royaume-Uni, dont près de 10% depuis plus d'un an, relève l'IFS.

Rattraper le temps perdu va prendre des années et des milliards de livres», insiste-t-il.

Le gouvernement britannique vient d'annoncer jeudi 160 millions de livres (plus de 185 millions d'euros) pour aider à accélérer ce rattrapage de soins, après plus d'une année de pandémie.


l'Arabie saoudite fait progresser ses objectifs en matière d'émissions nettes zéro

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public. (Dossier)
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  • L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.
  • L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060.

RIYAD : Plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone à haute intégrité devraient être délivrés d'ici 2030 dans le cadre d'un accord visant à soutenir les ambitions de l'Arabie saoudite en matière d'émissions nettes zéro.

L'accord à long terme a été signé entre ENOWA - la filiale de NEOM spécialisée dans l'énergie et l'eau - et la Voluntary Carbon Market Co, une unité du Fonds d'investissement public.

Selon l'agence de presse saoudienne, les crédits proviendront de projets d'action climatique mondiaux, principalement dans les pays du Sud, et le premier lot devrait être livré par l'intermédiaire de la plateforme de marché en décembre.

Cet accord est une étape clé dans les efforts du Royaume pour construire un marché volontaire du carbone évolutif, et permettra à ENOWA de compenser ses émissions actuelles tout en développant une infrastructure renouvelable pour alimenter les futurs secteurs et projets de NEOM.

L'accord contribue également à l'objectif plus large de l'Arabie saoudite de parvenir à des émissions nettes nulles d'ici 2060 grâce au développement d'une infrastructure robuste d'échange de carbone axée sur des crédits de haute qualité et un impact significatif sur le climat.

"L'accord à long terme avec ENOWA vise à faciliter la fourniture de plus de 30 millions de tonnes de crédits carbone d'ici à 2030. Il représente une étape clé dans le parcours du Royaume pour stimuler la croissance des marchés volontaires mondiaux du carbone", a déclaré Riham El-Gizy, PDG de la Voluntary Carbon Market Co.

"Alors qu'ENOWA développe un système avancé d'énergie renouvelable et propre pour alimenter les secteurs et les projets de NEOM, cet accord l'aidera à compenser ses émissions actuelles et à jeter les bases d'une infrastructure d'énergie propre à long terme", a-t-elle ajouté.

VCM, qui a été créé en octobre 2022 par le PIF et le Saudi Tadawul Group, est détenu à 80 % par le fonds souverain. Il exploite un écosystème complet qui comprend un fonds d'investissement pour les projets d'atténuation du changement climatique, une plateforme d'échange de crédits carbone et des services de conseil pour soutenir les réductions d'émissions.

Le marché mondial du carbone volontaire devrait connaître une forte expansion, passant d'un montant estimé à 2 milliards de dollars en 2020 à environ 250 milliards de dollars d'ici à 2050.

M. El-Gizy a souligné que l'accord soutenait également les projets climatiques dans les pays du Sud en fournissant des garanties de financement essentielles, aidant ainsi les développeurs à planifier avec plus de certitude.

"Pour parvenir à des émissions nettes nulles au niveau mondial, les projets respectueux du climat qui réduisent ou éliminent le carbone de l'atmosphère ont non seulement besoin de financement, mais aussi d'une crédibilité accrue", a-t-elle déclaré.

Jens Madrian, directeur général par intérim d'ENOWA, a souligné l'importance du partenariat pour les objectifs de durabilité de NEOM.

"ENOWA s'efforce de répondre aux besoins énergétiques de NEOM de manière durable. Au cours des deux dernières années, nous avons acquis des crédits carbone à haute intégrité lors des ventes aux enchères du marché volontaire du carbone, et nous sommes heureux d'être la première entreprise du Royaume à signer un accord à long terme et à grande échelle avec le marché", a-t-il déclaré.

Le VCM a lancé la première plateforme d'échange volontaire de crédits carbone d'Arabie saoudite le 12 novembre 2024. Le système offre des transactions sécurisées, des outils de découverte des prix et un accès aux données des projets de crédits carbone, constituant ainsi l'épine dorsale de l'entrée du Royaume sur le marché mondial.

Intégrée aux registres internationaux, la plateforme prend également en charge l'infrastructure conforme à la charia et comprend des fonctions telles que les enchères, les demandes de cotation et les échanges de gré à gré. Un marché au comptant devrait être lancé en 2025.

ENOWA a déjà participé à des ventes aux enchères de crédits carbone organisées en Arabie saoudite en 2022 et au Kenya en 2023. Ces efforts s'inscrivent dans les objectifs plus larges de NEOM, à savoir la construction d'un modèle urbain durable, la promotion de la diversification économique et l'amélioration de la qualité de vie. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com 


L'Arabie saoudite ajoute deux nouveaux services maritimes, étendant ainsi sa couverture à 19 destinations

L'Arabie saoudite accélère ses efforts pour devenir l'un des dix premiers pôles logistiques mondiaux. (Getty via AN )
L'Arabie saoudite accélère ses efforts pour devenir l'un des dix premiers pôles logistiques mondiaux. (Getty via AN )
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  • Mawani, a annoncé le lancement du service maritime IM2 au port islamique de Jeddah, exploité par Emirates Line et Wan Hai, marquant ainsi le 22ᵉ service ajouté depuis le début de l'année 2025.
  • Avec une capacité de traitement de 2 800 équivalents vingt pieds, ce service relie Djeddah à trois grands ports internationaux : Mundra en Inde, Alexandrie en Égypte et Mersin en Turquie.

DJEDDAH : La connectivité entre les ports saoudiens devrait s'améliorer grâce à l'ajout de deux nouveaux services maritimes, qui permettront au Royaume de commercer avec 19 destinations mondiales supplémentaires.

L'Autorité portuaire saoudienne, connue sous le nom de Mawani, a annoncé le lancement du service maritime IM2 au port islamique de Jeddah, exploité par Emirates Line et Wan Hai, marquant ainsi le 22ᵉ service ajouté depuis le début de l'année 2025.

Avec une capacité de traitement de 2 800 équivalents vingt pieds, ce service relie Djeddah à trois grands ports internationaux : Mundra en Inde, Alexandrie en Égypte et Mersin en Turquie.

Ces développements s'inscrivent dans le cadre des efforts continus de Mawani pour améliorer le classement de l'Arabie saoudite dans les indicateurs de performance mondiaux, soutenir les flux d'exportation nationaux conformément à la stratégie nationale de transport et de logistique, et consolider le rôle du Royaume en tant que plaque tournante logistique essentielle reliant l'Asie, l'Afrique et l'Europe. 

Dans un communiqué, Mawani a déclaré : « Ce service contribuera à renforcer la compétitivité des ports saoudiens, à faciliter le commerce mondial, à ouvrir de nouvelles opportunités commerciales et à améliorer l'efficacité opérationnelle du port islamique de Djeddah. »

Cette annonce fait suite au lancement, la veille, du service « Chinook Clanga » par Mediterranean Shipping Co. au port King Abdulaziz de Dammam et au port de Jubail. La nouvelle route relie les ports orientaux de l'Arabie saoudite à 16 destinations régionales et mondiales.

Initialement annoncé en mars, le service MSC renforce les liens entre le golfe Persique et des ports clés tels que le port Khalifa Bin Salman à Bahreïn, le port Hamad au Qatar, le port de Nhava Sheva en Inde, le port de Colombo au Sri Lanka et Singapour.

Elle relie également Vung Tau et Haiphong au Vietnam, ainsi que Nansha, Yantian, Ningbo, Shanghai, Qingdao en Chine, Busan en Corée du Sud, Seattle aux États-Unis, et Vancouver et Prince Rupert au Canada. 

Conformément à la Vision 2030, l'Arabie saoudite accélère ses efforts pour devenir l'un des dix premiers pôles logistiques mondiaux, le secteur maritime jouant un rôle central dans cette démarche.

Dans le cadre de sa stratégie nationale de transport et de logistique, le royaume vise également à faire passer la contribution du secteur au produit intérieur brut de 6 à 10 % d'ici 2030.

En 2024, les ports saoudiens ont traité plus de 320 millions de tonnes de marchandises, enregistrant une hausse de 14,45 % par rapport à l'année précédente. Selon Mawani, les exportations de conteneurs ont augmenté de 8,86 %, dépassant les 2,8 millions d'EVP.

Mawani a également lancé plusieurs initiatives en 2024, notamment de nouvelles zones logistiques au port islamique de Djeddah et au port King Abdulaziz de Dammam, soutenues par 2,9 milliards de riyals saoudiens (773 millions de dollars) d'investissements privés.

Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre d'un plan plus large de 10 milliards de riyals saoudiens visant à développer 18 parcs logistiques à l'échelle nationale.


Le pétrole reste soumis à une implication américaine directe dans le conflit entre Israël et l'Iran

Les contrats à terme sur le Brent ont reculé de 49 cents, soit 0,7 %, à 69,28 dollars le baril à 9h30, heure saoudienne. Shutterstock
Les contrats à terme sur le Brent ont reculé de 49 cents, soit 0,7 %, à 69,28 dollars le baril à 9h30, heure saoudienne. Shutterstock
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  • Les cours de l'or noir ont légèrement reculé lundi, malgré l'intensification du conflit entre Israël et l'Iran. En effet, les frappes israéliennes
  • Le fait que le conflit ne se soit pas encore élargi à d'autres pays favorise également l'attentisme du marché. 

LONDRES : Les cours de l'or noir ont légèrement reculé lundi, malgré l'intensification du conflit entre Israël et l'Iran. En effet, les frappes israéliennes n'ont pas ralenti les exportations de pétrole de Téhéran et les États-Unis n'ont pas encore directement intervenu.

Vers 9 h 15 GMT (11 h 15 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, perdait 0,93 %, à 73,54 dollars.

Son équivalent américain, le baril de WTI, pour livraison en juillet, perdait 0,86 % à 72,35 dollars.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël, a appelé les deux pays belligérants à « trouver un accord », ajoutant qu'il était « possible » que les États-Unis s'impliquent dans le conflit, mais pas « à cet instant ».

« Les États-Unis ont le pouvoir et la volonté de contenir la situation », estime Janiv Shah, analyste chez Rystad Energy.

Le fait que le conflit ne se soit pas encore élargi à d'autres pays favorise également l'attentisme du marché. 

Un tel élargissement pourrait entraîner une réduction de l'offre de barils ou un blocage de l'approvisionnement, notamment en provenance du détroit d'Ormuz, par lequel transite près de 20 % de la production mondiale.

Toutefois, une attaque de drone israélien contre une raffinerie stratégique en Iran (le champ gazier de South Pars-North Dome) a provoqué samedi une « puissante explosion » et un incendie sur le site, dans le sud du pays.

Ce champ, partagé avec le Qatar, est la plus grande réserve de gaz connue au monde. Il fournit environ 70 % du gaz naturel consommé en Iran.

Dimanche, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a estimé que cette attaque visait à « élargir la guerre au-delà » de l'Iran, ajoutant que toute activité militaire dans le Golfe « pourrait impliquer toute la région, voire le monde entier ».

Pour le moment, Israël n'a pas ciblé « les installations d'exportation d'énergie de l'Iran », ce qui pourrait signifier que le pays respecte « le souhait de Donald Trump » de faire baisser les prix du pétrole, a souligné Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Le président Trump a répété à maintes reprises sa volonté de faire chuter les cours de l'or noir et « il serait très frustrant pour lui de voir Israël commencer à faire exploser les installations d'exportation de l'Iran », explique M. Schieldrop.