Le conflit Hamas/Israël entre dans sa deuxième semaine, pas de répit en vue

Une boule de feu éclate d'un immeuble du quartier résidentiel de Rimal, à Gaza, le 16 mai 2021, lors d'un bombardement massif israélien sur l'enclave contrôlée par le Hamas (Photo, AFP)
Une boule de feu éclate d'un immeuble du quartier résidentiel de Rimal, à Gaza, le 16 mai 2021, lors d'un bombardement massif israélien sur l'enclave contrôlée par le Hamas (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 17 mai 2021

Le conflit Hamas/Israël entre dans sa deuxième semaine, pas de répit en vue

  • Depuis le début de ces hostilités le 10 mai, 200 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza, dont au moins 59 enfants, et plus de 1 300 blessés
  • Les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah-Al-Sissi ont souligné ensemble lundi «la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités» au Proche-Orient

GAZA CITY: Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont repris de plus belle lundi, au terme d'une semaine noire ayant fait 200 morts dans l'enclave palestinienne, sans perspective d'une trêve entre Israël et le mouvement Hamas qui continue ses tirs de roquettes. 

Après un déluge de feu dans la nuit, l'armée israélienne a lancé de nouvelles frappes, tandis que dans le sud d'Israël, les sirènes d'alarme n'ont cessé de retentir pour alerter de tirs de roquettes en provenance du territoire palestinien limitrophe. 

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Secours et habitants tentaient de déblayer les gravats et d'éteindre les incendies notamment dans une usine de matelas en mousse (Photo, AFP)

Le ministère de la Santé a affirmé que ses locaux avaient été touchés de même qu'une clinique. 

Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans l'enclave minée par la pauvreté et sous blocus israélien depuis près de 15 ans, a menacé de tirer de nouvelles roquettes en direction de Tel-Aviv si l'aviation israélienne ne cessait « pas de cibler des civils ». 

« Nous ne pouvons rien faire d'autre que de rester chez nous, la mort peut arriver à tout moment », a lancé Rouba Abou Al-Auf, qui vit dans la ville de Gaza, cible de plusieurs raids. « Les bombardements sont fous et ne font pas de distinction entre les gens. » 

Secours et habitants de Gaza ont tenté de déblayer des gravats et d'éteindre des incendies, notamment dans une usine de matelas en mousse. Les missiles israéliens ont laissé par endroits des cratères dans la chaussée et fortement endommagé le réseau électrique. 

L'armée a dit avoir ciblé des tunnels souterrains et les maisons de commandants du Hamas, affirmant que certaines servaient à « stocker des armes ».  

Le Jihad islamique, deuxième groupe armé palestinien de Gaza, a annoncé la mort de Hossam Abou Harbid, l'un de ses commandants. Des centaines de personnes ont participé à ses funérailles. 

 

LA PROTECTION DES INFRASTRUCTURES DE SANTÉ EST UN «IMPÉRATIF» (TEDROS)

La protection des infrastructures médicales et des personnels de santé est un « impératif en toutes circonstances », a déclaré lundi le directeur général de l'OMS, dans un premier commentaire sur les hostilités entre les forces armées israéliennes et le Hamas depuis une semaine. 

« Il est essentiel que les normes humanitaires internationales soient totalement respectées », « j'en appelle aux dirigeants de toutes les parties à assurer le respect de ces lois vitales », a dit Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors du point de presse bi-hebdomadaire de l'OMS à Genève. 

Le docteur Tedros a noté que « la récente escalade du conflit a provoqué des dizaines d'incidents impliquant des personnels soignants et des infrastructures de santé et qui plus est, les tests et la vaccination contre la Covid-19 ont été sévèrement touchés, ce qui crée des risques sanitaires pour le monde entier ». 

« L'OMS continue à travailler et a travaillé depuis des années avec tous les acteurs du secteur de la santé en Israël et en Palestine et a très, très bien travaillé pour tenter de rapprocher les deux parties sur des sujets d'intérêt mutuel », a souligné pour sa part le chef du programme de réponse d'urgence de l'organisation, Michael Ryan. 

« Toutes les attaques sur tout ce qui est lié à la santé doivent cesser immédiatement » et l'accès aux soins « doit être garanti », a-t-il insisté. 

« Nous allons continuer à travailler avec tous ceux qui veulent aider les personnes dans le besoin et les gens dont la santé, la santé physique et mentale sont affectées par ce conflit dévastateur », a-t-il promis. 

« A plein régime »

Depuis le début des hostilités, le 10 mai, 200 Palestiniens ont été tués à Gaza dont au moins 59 enfants, et plus de 1 300 blessés, selon un bilan palestinien. Dimanche, 42 personnes, dont au moins huit enfants et deux médecins, ont péri, bilan quotidien le plus lourd depuis le début des hostilités. 

Le Programme alimentaire mondial a annoncé une aide d'urgence pour plus de 51 000 personnes dans l'enclave palestinienne. Quelque 40.000 habitants ont dû fuir leur maison, trouvant pour beaucoup refuge auprès de l'ONU. 

Côté israélien, 10 personnes ont été tuées, dont un enfant, et 294 blessées après des tirs de roquettes. 

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a appelé la population, en particulier les habitants du sud d'Israël, à « limiter leurs activités en extérieur ». 

Les groupes armés palestiniens ont tiré plus de 3.350 roquettes vers le sol israélien depuis le 10 mai, un rythme inédit. D'après l'armée, 90% ont été interceptées par le système anti-missile « Dôme de fer ». 

« Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a affirmé M. Netanyahu. 

Il a jugé que la tour abritant les locaux de la chaîne qatarie Al-Jazeera et de l'agence Associated Press, pulvérisée samedi par une frappe, était « une cible parfaitement légitime », affirmant s'appuyer sur des informations des services de renseignement.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a appelé lundi Israël et les Palestiniens à « protéger les civils et particulièrement les enfants », réaffirmant que l'Etat hébreu avait, « en tant que démocratie », un « devoir particulier » en la matière. 

« Diplomatie silencieuse » 

En Cisjordanie occupée, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a reçu lundi l'émissaire américain Hady Amr, à qui il affirmé « la nécessaire intervention » de Washington pour faire cesser « l'agression d'Israël contre le peuple palestinien », d'après l'agence officielle Wafa. 

M. Amr, qui avait rencontré dimanche le ministre de la Défense israélien Benny Gantz, a, lui, affirmé « l'importance de parvenir au calme et à la désescalade », soulignant les « efforts » de Washington en ce sens, selon Wafa. 

 

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Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas reçoit l'émissaire américain Hady Amr, le 17 mai 2021 (Photo, AFP)

« Les Etats-Unis sont engagés dans une diplomatie silencieuse et intensive et nos efforts se poursuivront », a tweeté le conseiller pour la sécurité nationale, Jake Sullivan.  

Mais les Etats-Unis se sont opposés lundi, pour la troisième fois en une semaine, à l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU sur le conflit, qui appelait à « une cessation des violences » et à « la protection des civils, notamment les enfants », selon des diplomates. 

Joe Biden a indiqué qu'il allait parler lundi avec M. Netanyahu, après lui avoir fait part samedi de sa « grande inquiétude ». 

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a appelé la population, en particulier les habitants du sud d'Israël où des roquettes continuent de tomber, à « limiter leurs activités en extérieur ». 

« Notre campagne contre les organisations terroristes continue à plein régime », a affirmé dimanche M. Netanyahu, justifiant par ailleurs la frappe ayant pulvérisé la tour de 13 étages abritant les locaux de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera et de l'agence de presse américaine Associated Press. 

C'était « une cible parfaitement légitime », a-t-il assuré, affirmant s'appuyer sur des informations des services de renseignement. 

La dernière grande confrontation entre Israël et le Hamas remonte à l'été 2014. Le conflit de 51 jours a ravagé la bande de Gaza et fait au moins 2 251 morts côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 côté israélien, quasiment tous des soldats. 

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Le bouclier antimissiles « Dôme de Fer » d'Israël, lancé pour intercepter une roquette lancée depuis la bande de Gaza, au-dessus de la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, le 17 mai 2021

« Nécessité absolue » 

A Berlin, la chancelière Angela Merkel a exprimé sa solidarité avec Israël, tout en souhaitant la fin des violences « le plus rapidement possible ».   

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Les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah-Al-Sissi (Photo, AFP)

Les présidents français Emmanuel Macron et égyptien Abdel Fattah-Al-Sissi ont souligné ensemble lundi « la nécessité absolue de mettre fin aux hostilités » au Proche-Orient, « partagé leur forte inquiétude face à l’escalade de violences en cours et déploré les nombreuses victimes civiles ».  

Ces hostilités ont éclaté le 10 mai avec un barrage de roquettes du Hamas sur Israël en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. 

A l'origine des manifestations dans le secteur palestinien de Jérusalem occupé par Israël depuis plus de 50 ans et où les tensions restent vives, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens. 

Les hostilités se sont étendues à la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où des affrontements avec l'armée israélienne ont fait 19 morts depuis le 10 mai, selon un bilan palestinien. 

Sur son territoire, Israël est également confronté à des violences d'une intensité nouvelle et à des menaces de lynchages dans ses villes « mixtes », où vivent Juifs et Arabes israéliens. 

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Une photo prise le 17 mai 2021 montre un énorme cratère sur une route principale endommagée dans la ville de Gaza, à la suite d'un bombardement israélien pendant la nuit (Photo, AFP)

L’Égypte exhorte toutes les parties à exercer davantage de pression pour mettre fin au conflit à Gaza

De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
De la fumée s’élève après qu’une frappe aérienne israélienne a touché des bâtiments situés près du mur séparant l’Égypte et Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le lundi 6 mai 2024. (Photo AP)
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  • Le président Abdel Fattah al-Sissi salue les progrès réalisés lors des récents pourparlers
  • Le Caire avertit Israël que l’attaque de Rafah menace plus d’un million de personnes à Gaza

LE CAIRE: Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a salué les progrès réalisés lundi lors des pourparlers de paix visant à conclure une trêve dans la guerre menée par Israël à Gaza.

M. Al-Sissi a déclaré suivre «de près les développements positifs relatifs aux négociations en cours pour parvenir à une trêve globale dans la bande de Gaza».

Il a appelé toutes les parties à redoubler d’efforts pour parvenir à un accord qui mettra fin à la tragédie humaine du peuple palestinien et finalisera l’échange d’otages et de prisonniers.

Le Hamas a accepté lundi une proposition de cessez-le-feu sous la médiation de l’Égypte et du Qatar. Les démarches diplomatiques à fort enjeu et les manœuvres militaires ont fait naître une légère lueur d’espoir concernant la conclusion d’un accord. En effet, un accord pourrait au moins permettre de marquer une pause dans cette guerre qui dure depuis sept mois et qui a ravagé la bande de Gaza.

Un conflit entre l’armée israélienne et les groupes armés palestiniens dirigés par le Hamas se déroule principalement à l’intérieur et autour de la bande de Gaza depuis le 7 octobre. La guerre a commencé lorsque le Hamas a lancé une attaque surprise sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, tuant environ 1 200 personnes et prenant 150 otages.

Les frappes israéliennes ultérieures contre Gaza ont contraint environ 80% des 2,3 millions d’habitants du territoire à fuir et elles ont causé des destructions massives d’appartements, d’hôpitaux, de mosquées et d’écoles dans plusieurs villes.

Selon les autorités sanitaires locales, le nombre de Palestiniens morts à Gaza s’élève à plus de 34 500.

Par ailleurs, le ministère égyptien des Affaires étrangères a rappelé qu’il avait mis en garde contre les dangers d’une éventuelle opération militaire israélienne dans la région de Rafah, à Gaza, «étant donné que cette escalade entraîne de graves dangers humanitaires qui menacent plus d’un million de Palestiniens résidant dans cette région».

Le ministère a appelé Israël à faire preuve de «la plus grande retenue» et à «s’abstenir de toute nouvelle escalade à ce moment extrêmement critique des négociations de cessez-le-feu, afin d’épargner la vie des civils palestiniens qui subissent une catastrophe humanitaire sans précédent depuis le début de la guerre».

Il a assuré que l’Égypte continuait à discuter avec toutes les parties pour éviter que la situation ne se détériore.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri, a évoqué la situation à Rafah avec son homologue émirati, le cheikh Abdallah ben Zayed al-Nahyane, lors d’un appel téléphonique.

Les deux ministres ont échangé sur la possibilité que l’armée israélienne mène une opération militaire dans la ville assiégée.

M. Choukri a réitéré sa mise en garde contre les dangers d’une escalade militaire israélienne à Rafah, qui est considérée comme la dernière zone relativement sûre de la bande de Gaza et le refuge de plus d’un million de Palestiniens.

Les ministres égyptien et émirati ont insisté sur l’urgence de parvenir à un accord de trêve qui permette l’échange d’otages et de détenus et garantisse un cessez-le-feu permanent.

Ils sont convenus de poursuivre les négociations avec les différentes parties afin d’éviter que le conflit ne s’étende à d’autres pays de la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Gaza : près de 60% des bâtiments endommagés ou détruits

Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
Une vue générale montre la destruction dans la zone entourant l'hôpital Al-Shifa de Gaza après le retrait de l'armée israélienne du complexe abritant l'hôpital le 1er avril 2024 (AFP)
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  • D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160 000 en tout
  • Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600 000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

PARIS: Depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien il y a sept mois, l'offensive israélienne a causé, outre un lourd bilan humain et une grave crise humanitaire, des destructions d'une ampleur "énorme et sans précédent" dans la bande de Gaza.

La ville de Gaza aux trois quarts détruite

D'après les analyses satellites des chercheurs américains Corey Scher et Jamon Van Den Hoek, au 21 avril, 56,9% des bâtiments de la bande de Gaza avaient été endommagés ou détruits, soit 160.000 en tout. Et c'est au cours des deux/trois premiers mois du conflit que les destructions ont été les plus importantes, précise à l'AFP Corey Scher.

Depuis le 7 octobre et l'attaque sans précédent menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes, l'armée israélienne pilonne sans relâche ce territoire exigu de 365 km2 et densément construit.

L'offensive israélienne a fait jusqu'à présent 34.789 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas dans le territoire palestinien assiégé par Israël. A 70% des femmes et des enfants, précise l'ONU.

Dans le nord, la ville de Gaza, qui comptait 600.000 habitants avant la guerre, n'est que désolation avec près des trois quarts (74,3%) de ses bâtiments touchés.

A la lisière sud du territoire, Rafah --devenue un refuge pour 1,4 million de Palestiniens, habitants et déplacés, selon les derniers chiffres de l'ONU-- est pour l'instant la ville la moins détruite (avec 33,9% de bâtiments touchés) mais l'armée israélienne y a déployé des chars mardi et l'a bombardée.

Cinq hôpitaux totalement détruits

Les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l'armée israélienne, qui accuse le Hamas d'utiliser les civils comme boucliers humains. Le plus grand, celui d'al-Chifa dans la ville de Gaza, a été visé par une opération de l'armée israélienne. L'OMS a indiqué début avril qu'il avait été réduit à une "coquille vide" jonchée de dépouilles humaines.

Au cours des six premières semaines de la guerre, "60% des établissements de santé ont été déclarés endommagés ou détruits", détaille à l'AFP l'universitaire Corey Scher.

Aujourd'hui, cinq d'entre eux sont complètement détruits (selon des données OpenStreetMap, du ministère de la Santé du Hamas via l'Ocha, le bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, et de l'Unosat, le centre satellitaire des Nations unies, compilées par l'AFP) et 28% fonctionnent partiellement, selon l'ONU.

Plus de 70% des écoles endommagées

Les bâtiments scolaires, qui servent de refuge aux déplacés notamment ceux sur lesquels flottent le drapeau bleu de l'ONU, payent également un lourd tribut : l'Unicef comptabilise, au 25 avril, 408 écoles endommagées (soit au moins 72,5% des 563 établissements qu'il a répertoriés). Parmi elles, 53 ont été totalement détruites et 274 directement touchées.

L'ONU estime que les deux tiers des établissements auront besoin d'une reconstruction complète ou de travaux de réhabilitation importants pour être à nouveau fonctionnels.

Pour les lieux de cultes, en combinant des données de l'Unosat et de OpenStreetMap, il ressort que 61,5% des mosquées ont été endommagées ou détruites.

Dresde

Une étude militaire américaine datant de 1954 reprise par le Financial Times indique que le bombardement de Dresde en 1945 avait endommagé 59% des bâtiments de la ville allemande. Un niveau de destruction largement dépassé dans le nord de la bande de Gaza. Et ce n'est que quarante ans plus tard, que la "Frauenkirche", l'église emblème de la ville, a vu sa reconstruction entamée, faute de financement. Le Havre, rasé à 85%, est la ville française la plus touchée à l'époque.

Alors que la guerre en Ukraine se poursuit depuis plus de deux ans, il y avait, fin avril, plus de débris et de gravats à déblayer à Gaza que dans le pays attaqué par la Russie, selon un responsable de l'ONU. L'organisation a estimé début mai à entre 30 et 40 milliards de dollars le coût de la reconstruction à Gaza. "L'ampleur de la destruction est énorme et sans précédent", a-t-elle affirmé.

"Le rythme des destructions enregistrées ne ressemble à rien de ce que nous avons étudié auparavant, il est beaucoup plus rapide et plus important", analyse Corey Scher.

 

 

 


L'ONU interdite d'accès au point de passage de Rafah par les autorités israéliennes

Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
Une pancarte accueille ceux qui arrivent à Gaza, avant d'être démolie par un véhicule militaire israélien, alors qu'Israël revendique le contrôle du poste frontière de Rafah dans la bande de Gaza lors de son conflit avec le groupe islamiste palestinien Hamas (Photo, Reuters).
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  • Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom
  • L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte

GENEVE: L'ONU s'est vue interdire par Israël l'accès au point de passage de Rafah dans la bande de Gaza, a-t-elle indiqué mardi, soulignant que l'aide ne pouvait plus entrer dans le territoire palestinien, y compris le diesel indispensable pour l'aide humanitaire.

"Nous n'avons actuellement aucune présence physique au point de passage de Rafah car le Cogat (organisme israélien chargé de coordonner la politique israélienne dans les territoires palestiniens occupées, NDLR) nous a refusé l'accès à cette zone", qui est le principal point de passage de l'aide humanitaire, a déclaré Jens Laerke, le porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), lors d'un point de presse régulier à Genève.

"On nous a dit qu'il n'y aurait pas de passage de personnel ou de marchandises dans les deux sens pour le moment... Pour combien de temps ? Je n'en sais rien", a-t-il ajouté.

"Cela a un impact considérable", a-t-il souligné. Aucune aide ne peut plus entrer non plus par le point de passage de Kerem Shalom fermé depuis dimanche par l'armée israélienne après des tirs de roquette.

"Actuellement les deux principales artères pour acheminer l'aide à Gaza sont bloquées. Ce matin est l'un des plus sombres de ce cauchemar qui dure depuis sept mois", a-t-il poursuivi. Si le carburant est bloqué, "ce serait une manière très efficace d'enterrer l'opération humanitaire", a jugé le porte-parole.

Quant au point de passage d'Erez, donnant accès au nord de la bande de Gaza et récemment rouvert par Israël, toute l'aide qui pourrait y passer doit être soumise au contrôle des autorités israéliennes à Kerem Shalom, a indiqué un porte-parole du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), James Elder, lors du point de presse. Kerem Shalom étant "fermé", rien ne peut être contrôlé, a-t-il dit.

L'ONU bientôt à court de carburant 

Israël a lancé une vaste opération militaire contre le Hamas dans la bande de Gaza après l'attaque massive du mouvement islamique sur le territoire israélien le 7 octobre.

L'armée israélienne a déployé des chars mardi dans Rafah et pris le contrôle de la partie palestinienne du point de passage avec l'Egypte, et affirmé mener une opération de "contreterrorisme" dans "des zones spécifiques" de l'est de Rafah.

L'ONU est d'autant plus préoccupée qu'il n'y a pas de réserves importantes d'aide dans Gaza: toute celle qui entrait jusqu'à présent a été immédiatement distribuée.

Pour le carburant, selon M. Laerke, il n'entre que par Rafah, la réserve "est pour l'ensemble" de l'opération humanitaire à Gaza et est "très, très courte, environ une journée (...) principalement de diesel, pour faire fonctionner les camions et les générateurs".

A ses côtés, une porte-parole de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Margaret Harris, a confirmé que le point de passage de Rafah est fermé depuis lundi sans exception: "Pas de personnel entrant ou sortant, pas d'évacuations, rien. Et je crois savoir qu'il en va de même aujourd'hui".

«Pire qu'à Rafah»

Pour le porte-parole de l'Unicef, il est "difficile de voir comment les agences d'aide peuvent éviter la famine dans la bande de Gaza si cette porte est fermée pendant une longue période".

L'armée israélienne (IDF) a largué des tracts appelant les habitants à évacuer "vers la zone humanitaire élargie d'al-Mawasi", à une dizaine de kilomètres de Rafah.

"Les IDF ont facilité" à al-Mawasi "la construction d'hôpitaux de campagne, de tentes" ainsi que l'arrivée d'eau, de nourriture et de matériel médical, a assuré un porte-parole de l'armée, Nadav Shoshani, lors d'un briefing mardi.

"La situation dans les zones où les gens ont reçu l'ordre de se rendre est incroyablement pire qu'à Rafah", a souligné le porte-parole de l'Unicef. Des habitants et des organisations humanitaires y décrivent des secteurs déjà surpeuplés ou détruits par la guerre tandis que Rafah abrite le dernier grand hôpital de Gaza, l'hôpital européen, qui, selon M. Elder, "est l'une des dernières bouées de sauvetage pour les civils".