États-Unis: WarnerMedia et Discovery forment un nouveau géant des médias

Le logo d'AT&T à l'extérieur du siège social de l'entreprise le 13 mars 2020 à Dallas, au Texas. La société américaine de télécommunications AT&T a annoncé le 17 mai 2021 une fusion entre son unité WarnerMedia – qui possède CNN et HBO – et Discovery Media, créant un géant du streaming qui pourrait concurrencer Netflix et Disney +. (Photo, AFP)
Le logo d'AT&T à l'extérieur du siège social de l'entreprise le 13 mars 2020 à Dallas, au Texas. La société américaine de télécommunications AT&T a annoncé le 17 mai 2021 une fusion entre son unité WarnerMedia – qui possède CNN et HBO – et Discovery Media, créant un géant du streaming qui pourrait concurrencer Netflix et Disney +. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 18 mai 2021

États-Unis: WarnerMedia et Discovery forment un nouveau géant des médias

  • Le chiffre d'affaires anticipé de la nouvelle entreprise est d'environ 52 milliards de dollars à l'horizon 2023
  • Le mariage annoncé lundi arrive au moment où le paysage audiovisuel américain est de plus en plus dominé par les grands noms du streaming que sont Netflix, Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV

NEW YORK: Le groupe américain de télécommunications AT&T va fusionner sa filiale WarnerMedia avec Discovery, créant un nouveau mastodonte du divertissement pour mieux tenir tête à Netflix et autres géants du streaming.

Cette opération, qui devrait se conclure mi-2022, combine deux des plus grands groupes de médias aux Etats-Unis, proposant à la fois des chaînes du câble traditionnelles (CNN et HBO côté WarnerMedia, Discovery Channel, HGTV, Food Network, et Eurosport côté Discovery) et des plateformes de streaming.

Le mariage annoncé lundi arrive au moment où le paysage audiovisuel américain est de plus en plus dominé par les grands noms du streaming que sont Netflix, Disney+, Amazon Prime Video ou Apple TV.

Face à ce nouveau modèle économique, sans publicité mais avec abonnement, plusieurs groupes ont déjà ressenti le besoin de muscler leur offre pour garder leur stature dans la jungle impitoyable du divertissement américain.

AT&T, premier câblo-opérateur américain et deuxième opérateur mobile, a ainsi lancé sa propre plateforme de streaming HBO MAX en 2020, et Discovery la sienne, baptisée Discovery+, en début d'année.

«La nouvelle entreprise sera en mesure d'investir dans davantage de contenus originaux pour ses services de streaming, d'améliorer les options de programmation sur ses chaînes de télévision payante (...) et de proposer plus d'expériences vidéos innovantes ainsi que plus de choix aux spectateurs», soulignent les deux groupes dans un communiqué lundi.

HBO MAX comptait 61 millions d'abonnés fin 2020 et Discovery+ 15 millions fin avril, tandis que Netflix en comptait 204 millions et que les plateformes de Disney (Disney+, ESPN+, Hulu) en recensaient 146 millions.

Le chiffre d'affaires anticipé de la nouvelle entreprise est d'environ 52 milliards de dollars à l'horizon 2023. Des synergies sur les coûts à hauteur de 3 milliards de dollars par an sont également attendues. La nouvelle entité sera dirigée par le patron de Discovery, David Zaslav. 

 

Pari raté

L'opération acte en revanche l'échec de la stratégie d'AT&T dans les médias. 

L'ambition, guidée par le précédent patron Randall Stephenson, était de miser gros sur le divertissement en créant un groupe proposant à la fois la production de contenus et sa distribution, d'offrir par exemple des séries en streaming à regarder sur ses téléphones mobiles.

Le groupe avait dans un premier temps racheté, en 2015, l'opérateur satellitaire DirectTV.

Il avait, trois ans plus tard, bouclé le rachat de Time Warner – l'ancien nom de WarnerMedia – pour 85 milliards de dollars.

En plus de CNN et HBO, AT&T avait alors mis la main sur les énormes productions Harry Potter et Batman via les studios Warner Bros, ainsi que sur les chaînes TNT, TBS et Cartoon Network.

Mais pour Richard Greenfield, analyste à Lightshed Partners, AT&T n'est jamais parvenu à créer les «synergies» désirées entre ses différentes opérations.

«Dans l'environnement médiatique actuel, il faut avoir une taille suffisante sur un marché spécifique pour être à la fois assez grand et assez agile afin de s'adapter aux changements technologiques et se tailler un espace significatif dans un paysage dominé par les plateformes», a-t-il estimé dans un message de blog.

Sous la houlette du nouveau directeur général, John Stankey, AT&T avait déjà vendu fin 2020 la plateforme de streaming spécialisée dans les séries d'animation japonaise Crunchyroll à Sony et annoncé en février la cession d'une partie de DirectTV à la société d'investissement TPG.

La fusion avec Discovery permettra aussi à AT&T, qui affichait une dette nette de 169 milliards de dollars fin mars en raison notamment de ses nombreuses acquisitions dans les médias, de renflouer un peu ses caisses. 

L'entreprise recevra en effet environ 43 milliards de dollars en espèces et en titres de créances, et ses actionnaires 71% de l'entité nouvellement créée. Ceux de Discovery possèderont 29% du nouveau groupe, selon un communiqué commun paru lundi.

En Bourse, le titre des deux entreprises montait nettement dans les premiers échanges, AT&T prenant 4% et Discovery 6,7%.


Taxe Zucman : «truc absurde», «jalousie à la française», selon le patron de Bpifrance

Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française". (AFP)
Short Url
  • M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde"
  • Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier"

PARIS: Nicolas Dufourcq, patron de Bpifrance, la banque publique d'investissement, a critiqué avec virulence mercredi l'idée d'une taxe Zucman, évoquant un "truc absurde", et "une histoire de jalousie à la française".

M. Dufourcq, qui était interrogé sur RMC, a estimé que la taxe, dont le principe est d'imposer chaque année les contribuables dont la fortune dépasse 100 millions d'euros à hauteur de 2% de celle-ci, était "un truc complètement absurde", mais qui selon lui "n'arrivera pas".

Mais "ça panique les entrepreneurs : ils ont construit leur boîte et on vient leur expliquer qu'on va leur en prendre 2% tous les ans. Pourquoi pas 3? Pourquoi pas 4? C'est invraisemblable!", a-t-il déclaré.

Notant qu'avec la taxe Zucman, ils "paieraient tous en papier (en actions, NDLR) leurs 2%", M. Dufourcq a observé : "C'est moi, c'est la Bpifrance qui va gérer ce papier" : "Donc demain j'aurai 2% du capital de LVMH, dans 20 ans 20%, 20% du capital de Pinault-Printemps-Redoute (Kering, NDLR), 20% du capital de Free. C'est délirant, c'est communiste en réalité, comment est-ce qu'on peut encore sortir des énormités comme ça en France!?"

"Ces gens-là tirent la France. Il faut les aider (...) au lieu de leur dire qu'on va leur piquer 2% de leur fortune".

Il a observé que "si on pique la totalité de celle de Bernard Arnault, ça finance 10 mois d'assurance-maladie", mais qu'après "il n'y a plus d'Arnault".

"Il n'y a pas de trésor caché", a estimé M. Dufourcq, qui pense que cette taxe "n'arrivera jamais", et n'est évoquée que "pour hystériser le débat" politique.

Pour lui, il s'agit "d'une pure histoire de jalousie à la française, une haine du riche, qui est soi-disant le nouveau noble", rappelant les origines modestes de François Pinault ou Xavier Niel: "c'est la société française qui a réussi, on devrait leur dresser des statues".

"Il y a effectivement des fortunes qui passent dans leur holding des dépenses personnelles", a-t-il remarqué, "c'est ça qu'il faut traquer, et c'est ce sur quoi le ministère des Finances, je pense, travaille aujourd'hui".

Mais il y a aussi "beaucoup de Français qui passent en note de frais leurs dépenses personnelles", a-t-il observé. "Regardez le nombre qui demandent les tickets dans les restaus", pour se les faire rembourser.


IA: Google investit 5 milliards de livres au Royaume-Uni avant la visite de Trump

Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays. (AFP)
Short Url
  • Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat
  • Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres

LONDRES: Le géant américain Google a annoncé mardi un investissement de 5 milliards de livres (5,78 milliards d'euros) sur deux ans au Royaume-Uni, notamment dans un centre de données et l'intelligence artificielle (IA), en amont de la visite d'Etat de Donald Trump dans le pays.

Cette somme financera "les dépenses d'investissement, de recherche et développement" de l'entreprise dans le pays, ce qui englobe Google DeepMind (le laboratoire d'IA du géant californien), a indiqué le groupe dans un communiqué.

Google ouvre mardi un centre de données à Waltham Cross, au nord de Londres, dans lequel il avait déjà annoncé l'an dernier injecter un milliard de dollars (850 millions d'euros). La somme annoncée mardi viendra aussi compléter ce financement, a précisé un porte-parole de l'entreprise à l'AFP.

Le Royaume-Uni s'apprête à accueillir Donald Trump pour une deuxième visite d'Etat mercredi et jeudi, après une première visite en 2019 lors de son premier mandat.

Le président américain sera accompagné par plusieurs grands patrons, notamment de la tech. Des annonces d'investissements sont attendues ainsi que la signature d'un accord technologique avec Londres.

Selon un responsable américain, qui s'exprimait auprès de journalistes, dont l'AFP, en amont de la visite, les annonces se porteront à "plus de dix milliards, peut-être des dizaines de milliards" de dollars.

Le gouvernement britannique avait déjà dévoilé dimanche plus d'un milliard de livres d'investissements de banques américaines dans le pays, là aussi en amont de la visite d'Etat du président Trump.

Et l'exécutif britannique a annoncé lundi que Londres et Washington allaient signer un accord pour accélérer les délais d'autorisation et de validation des projets nucléaires entre les deux pays.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, Londres redouble d'efforts pour se dégager des hydrocarbures et a fait du nucléaire l'une de ses priorités.

Le partenariat avec Washington, baptisé "Atlantic Partnership for Advanced Nuclear Energy", doit lui aussi être formellement signé lors de la visite d'État de Donald Trump.

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
Short Url
  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".