Le français Back Market devient une licorne après avoir levé 276 millions d'euros

Un salarié travaille sur le reconditionnement de smartphones, au siège de la société Largo, sous-traitant de l'entreprise de rénovation Back Market, à Sainte-Luce-sur-Loire, le 26 janvier 2021. (Photo, AFP)
Un salarié travaille sur le reconditionnement de smartphones, au siège de la société Largo, sous-traitant de l'entreprise de rénovation Back Market, à Sainte-Luce-sur-Loire, le 26 janvier 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 18 mai 2021

Le français Back Market devient une licorne après avoir levé 276 millions d'euros

  • Back Market compte renforcer son implantation aux États-Unis et «continuer d'asseoir son leadership en Europe»
  • L'entreprise avait levé 110 millions d'euros en mai 2020, après déjà 41 millions d'euros en 2018

PARIS: Back Market, spécialiste français du téléphone reconditionné, est entré mardi dans le club fermé des licornes françaises – jeunes sociétés tech dont la valeur est estimée à plus d'un milliard de dollars –, après une levée de fonds de 276 millions d'euros.

Mais la startup, qui vend des téléphones d'occasion nettoyés, réparés et remis en boîte, s'inquiète d'un projet de redevance qui «met en péril» sa filière.

«Cette levée de fonds a plutôt un goût amer pour toute l'équipe», a en effet affirmé l'entreprise dans un communiqué.

Si Back Market est inquiet, c'est pour les quelque 600 reconditionneurs français avec lesquels il travaille. Cette redevance risque de peser sur un «secteur qui fait assez peu de marge», dénonce auprès de l'AFP Vianney Vaute, cofondateur et directeur de la création de l'entreprise.

«Derrière la dynamique de tout le secteur, qui est réelle, c'est fou d'aller mettre en péril une filière française, locale, d'économie circulaire», ajoute-t-il. Selon Back Market, cette taxe pourrait représenter une quinzaine d'euros pour un smartphone d'une capacité de 64 GB.

«Quand vous imposez 15 euros supplémentaires sur le coût, ce n'est pas du tout anecdotique (...), ça contribue à fragiliser des entreprises françaises dont le business est compliqué», a plaidé le cofondateur.

Mais la start-up française créée en 2014 ne s'inquiète pas pour son propre avenir: déjà présente dans 13 pays et sur trois continents, elle compte profiter de cette levée de fonds pour poursuivre une expansion internationale inscrite «dans son ADN», selon M. Vaute.

Back Market compte renforcer son implantation aux États-Unis et «continuer d'asseoir son leadership en Europe», en particulier au Royaume-Uni et en Allemagne, mais aussi investir dans les services à destination de ses marchands, notamment dans des entrepôts dédiés à l'exportation.

 

5 millions de clients

Back Market avait levé 110 millions d'euros en mai 2020, après déjà 41 millions d'euros en 2018. Le dernier tour de table a vu deux fonds américains, General Atlantic et Generation Investment Management, rejoindre les investisseurs historiques Goldman Sachs, Eurazeo et Aglaé.

L'entreprise ne détaille pas ses chiffres mais sa valorisation est aujourd'hui «supérieure à un milliard de dollars», a-t-elle confirmé mardi à l'AFP.

Back Market a vu le nombre de ses clients exploser ces deux dernières années: ils sont 5 millions aujourd'hui contre 1,5 million en juillet 2019, souligne l'entreprise, qui emploie 480 personnes réparties entre Paris, Bordeaux, New York et Berlin et qui travaille aussi en Italie, en Espagne, en Belgique et au Japon.

Le premier confinement a été une aubaine: les ventes avaient dans un premier temps baissé de 25% tous produits confondus avant de rebondir en force, grâce à une diversification qui a profité aux postes de télévision, aux consoles de jeux vidéo ou encore à l'électroménager.

Un sondage de l'IFOP de décembre 2020 a confirmé cette tendance, relevant que 60% des Français avaient acheté ou avaient l’intention d'acheter un smartphone reconditionné, en hausse de 7 points par rapport à 2019 (53%).

«Cette levée (de fonds) est évidemment une excellente nouvelle pour Back Market - et particulièrement pour son développement international», s'est félicité Thibaud Hug de Larauze, cofondateur et CEO de Back Market.

Mais il refuse aussi de «sabrer le champagne» et demande au gouvernement des engagements «pour sécuriser le modèle économique» du secteur. «Le succès de Back Market s'est construit en France, avec ces reconditionneurs français aujourd'hui menacés».

Le projet de taxer les téléphones reconditionnés en leur appliquant «une redevance copie privée», porté par le ministère de la Culture, ferait «augmenter le prix de vente des téléphones reconditionnés de plus de 10%», avait dénoncé en février le SIRRMIET, syndicat professionnel du secteur.

«Condamner cette filière française du reconditionnement, c'est aussi attaquer frontalement le pouvoir d'achat des Français, au moment où il n'a jamais été aussi faible. Aujourd'hui à titre d'exemple, 40% des clients de Back Market sont dans des situations précaires», selon l'entreprise.


Renault chute en Bourse après avoir abaissé ses prévisions financières annuelles

Cette photographie montre le symbole emblématique de Renault vu à l'usine Renault Trucks de Saint-Priest, près de Lyon, dans le centre-est de la France, le 22 mai 2025. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)
Cette photographie montre le symbole emblématique de Renault vu à l'usine Renault Trucks de Saint-Priest, près de Lyon, dans le centre-est de la France, le 22 mai 2025. (Photo de JEFF PACHOUD / AFP)
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  • « Renault a publié des résultats préliminaires pour le premier semestre 2025 inférieurs aux attentes du consensus, contraignant l'entreprise à abaisser ses prévisions annuelles », résument les analystes de Natixis dans une note.
  • « Tout l'enjeu pour le constructeur dans les prochaines semaines et les prochains mois sera de convaincre de la réalité de l'amélioration promise pour le second semestre », a souligné Marc Lavaud, analyste chez Oddo BHF.

PARIS : L'action de Renault a lourdement chuté mercredi matin à la Bourse de Paris, après l'annonce, la veille, par le groupe, d'un abaissement de ses prévisions financières annuelles, l'entreprise pointant du doigt la « détérioration de la dynamique du marché automobile ».

Vers 9 h 30, le titre du constructeur automobile français dévissait de 17,28 %, à 34,12 euros. Depuis le début de l'année, la valeur de l'action avait déjà fondu de plus de 25 %.

« Renault a publié des résultats préliminaires pour le premier semestre 2025 inférieurs aux attentes du consensus, contraignant l'entreprise à abaisser ses prévisions annuelles », résument les analystes de Natixis dans une note.

Selon eux, c'est notamment en raison d'un mois de juin décevant en termes de volumes et de la performance des véhicules commerciaux (utilitaires) en Europe que Renault vise désormais une marge opérationnelle autour de 6,5 % de son chiffre d'affaires, contre une marge supérieure ou égale à 7 % précédemment ciblée.

Le flux de trésorerie disponible (free cash flow) devrait se situer entre 1 et 1,5 milliard d'euros, alors qu'il était prévu qu'il se situe entre 2 et 3 milliards d'euros. 

« Tout l'enjeu pour le constructeur dans les prochaines semaines et les prochains mois sera de convaincre de la réalité de l'amélioration promise pour le second semestre », a souligné Marc Lavaud, analyste chez Oddo BHF.

« Si des éléments tangibles nous semblent indispensables (volumes, lancements, prises de commandes d'utilitaires, réduction des coûts, des stocks notamment), la nomination rapide d'un nouveau directeur général nous semble également un prérequis nécessaire (mais sans doute insuffisant), avec en ligne de mire une présentation du futur plan stratégique Futurama, toujours espérée en fin d'année », a-t-il poursuivi.

Le constructeur doit donner plus de précisions sur son plan de réduction des coûts le 30 août, lors de la présentation complète de ses résultats semestriels.

Mi-juin, la direction de Renault avait été prise de court par l'annonce du départ surprise de son patron, Luca de Meo, pour le groupe de luxe Kering. Elle avait immédiatement lancé le processus de désignation d’un nouveau directeur général.

Mardi soir, le constructeur automobile a nommé Duncan Minto, son directeur financier actuel, directeur général par intérim, le temps de trouver un remplaçant à Luca de Meo.

Écossais âgé de 50 ans, Duncan Minto a commencé sa carrière chez Renault en 1997 et est devenu directeur financier du groupe en mars de cette année.


Droits de douane: l'UE veut négocier mais s'impatiente face à Trump

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. (AFP)
La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août. (AFP)
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  • "J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable"
  • "Nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique" a dit Maros Sefcovic

BRUXELLES: L'Union européenne espère toujours obtenir un accord avec les Etats-Unis après les nouvelles menaces de Donald Trump d'imposer le 1er août des droits de douane de 30%, mais la patience s'amenuise, ont indiqué lundi le négociateur en chef de l'UE et des ministres européens du Commerce.

"J'ai l'intention de m'entretenir à nouveau avec mes homologues américains dans le courant de la journée, car je ne peux pas m'imaginer en rester là sans effort véritable", a déclaré le commissaire européen chargé du Commerce Maros Sefcovic.

Mais, a-t-il ajouté, "nous devons nous préparer à toutes les éventualités, y compris, si nécessaire, à des contre-mesures proportionnées et bien calibrées pour rétablir l'équilibre de notre relation transatlantique".

La décision du président américain, annoncée dans une lettre rendue publique samedi, a jeté un froid alors que les négociations commerciales étaient toujours en cours entre Bruxelles et Washington, avant la date butoir du 1er août.

"Changer de méthode" 

"L'incertitude actuelle causée par des droits de douane injustifiés ne peut pas durer indéfiniment", a souligné M. Sefcovic.

"Évidemment, la situation depuis samedi doit nous amener à changer de méthode", a renchéri lundi à Bruxelles le ministre français chargé du Commerce extérieur Laurent Saint-Martin, avant une réunion des ministres de l'UE. Et il ne faut avoir "aucun tabou", a-t-il martelé, y compris en annonçant dès lundi de premières représailles.

"Nous voulons un accord, mais il y a un vieux dicton qui dit: +si tu veux la paix, tu dois te préparer à la guerre+", a déclaré de son côté le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence tournante de l'UE.

La présidente de la Commission européenne - qui négocie au nom des Etats membres de l'UE -, Ursula von der Leyen, a choisi pour le moment de temporiser, sous pression notamment de pays, comme l'Allemagne, dont les ventes vers les Etats-Unis représentent la part la plus importante du total des exportations de l'UE.

Elle a annoncé dimanche que l'Union européenne n'allait pas riposter pour l'instant aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, dans l'espoir d'obtenir un accord qui s'avérerait moins douloureux.

"Nous avons toujours été très clairs sur le fait que nous préférons une solution négociée. Cela reste le cas et nous utiliserons le temps dont nous disposons maintenant jusqu'au 1er août", a déclaré Mme von der Leyen.

Des diplomates ont néanmoins souligné qu'un paquet de mesures de représailles supplémentaires serait présenté aux ministres lundi, mesures qui pourraient être mises en oeuvre si Donald Trump optait effectivement pour des taxes de 30% sur les importations en provenance de l'Union européenne.

100 milliards d'euros

L'UE a déjà menacé en mai d'imposer des droits de douane sur des produits américains d'une valeur d'environ 100 milliards d'euros comprenant des automobiles et des avions, si les négociations échouaient - quand bien même un diplomate a laissé entendre que la liste finale avait été réduite à une valeur de 72 milliards.

Les pays européens essayent de rester unis dans cette affaire, bien que leurs économies ne soient pas exposées de la même façon aux foudres douanières du président américain.

Emmanuel Macron a exhorté samedi la Commission européenne à "défendre résolument les intérêts européens" et à "accélérer la préparation de contre-mesures crédibles".

Le chancelier allemand Friedrich Merz s'est dit dimanche d'accord avec le président français, précisant avoir discuté avec lui, avec Mme von der Leyen et Donald Trump ces derniers jours. Il assure vouloir s'impliquer "intensivement" pour tenter d'arriver à une solution.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni a quant à elle mis en garde dimanche contre la perspective d'une "guerre commerciale" au sein du monde occidental.

"L'Europe dispose de la puissance économique et financière nécessaire pour affirmer sa position et parvenir à un accord équitable et de bon sens. L'Italie fera sa part. Comme toujours", a-t-elle dit dans un communiqué, tandis que son opposition l'accuse de manquer de fermeté face à Washington.

Depuis son retour à la présidence des Etats-Unis en janvier, Donald Trump a imposé des droits de douane fluctuants et généralisés à ses alliés et ses concurrents, perturbant les marchés financiers et alimentant les craintes d'un ralentissement économique mondial.


Les expatriés du CCG peuvent désormais investir directement sur le marché principal saoudien

Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
Les mises à jour devraient renforcer l'attrait du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux. Fichier/Reuters
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  • Cette mesure favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale.
  • Le projet a été soumis à la consultation publique pendant 30 jours.

RIYADH : Les résidents des pays du Conseil de coopération du Golfe, y compris les expatriés, peuvent désormais, pour la première fois, investir directement sur le principal marché boursier d'Arabie saoudite, en vertu d'une nouvelle réglementation annoncée par l'Autorité du marché des capitaux.

La réforme, dévoilée par le président de la CMA, Mohammed El-Kuwaiz, supprime les restrictions antérieures qui limitaient l'accès aux accords de swap ou obligeaient les investisseurs à passer par des intermédiaires agréés. Elle s'applique aux résidents actuels et anciens d'Arabie saoudite ou d'autres États du CCG, selon une annonce officielle.

Ces initiatives s'alignent sur les objectifs de diversification économique du Royaume dans le cadre de Vision 2030, qui vise à approfondir les marchés de capitaux et à attirer les capitaux mondiaux. En rationalisant les ouvertures de compte et en élargissant l'accès, la CMA vise à améliorer la liquidité, la transparence et la confiance des investisseurs.  

Dans un message publié sur X, M. El-Kuwaiz a déclaré que cette mesure "favorise l'ouverture du marché à l'échelle internationale, tout en établissant une relation d'investissement à long terme avec des segments plus larges d'investisseurs dans le monde entier, dans le cadre d'un environnement réglementaire plus souple et plus attrayant".

Dans une déclaration séparée, la CMA a déclaré que les mises à jour "amélioreraient l'attractivité du marché des capitaux saoudien pour les investisseurs locaux et internationaux, augmenteraient le niveau de protection des investisseurs et renforceraient la confiance des participants au marché".

Les amendements ont été approuvés suite à la publication par la CMA du projet le 20 novembre 2024, intitulé "Faciliter les procédures d'ouverture et de fonctionnement des comptes d'investissement pour diverses catégories d'investisseurs".

Le projet a été ouvert à la consultation publique pendant 30 jours calendaires via la Plateforme électronique unifiée pour la consultation du public et des entités gouvernementales, affiliée au Centre national de la compétitivité, et le site web de la CMA.

L'expansion des investisseurs du CCG fait partie d'une révision réglementaire plus large dévoilée par la CMA la semaine dernière pour moderniser le paysage des fonds d'investissement en Arabie saoudite.

Les réformes clés comprennent l'élargissement des canaux de distribution, permettant aux unités de fonds d'investissement d'être distribuées par le biais de plateformes numériques agréées et d'entreprises fintech approuvées par la Banque centrale saoudienne.

Des mesures de gouvernance plus strictes ont également été introduites, y compris de nouvelles garanties pour les transitions des gestionnaires de fonds, qui nécessitent l'approbation de la CMA et une période de transfert de 60 jours pour protéger les investisseurs.

Les FPI cotées sur le marché parallèle disposent désormais d'une plus grande flexibilité, puisqu'elles peuvent investir dans des projets de développement sans limites strictes d'allocation d'actifs, ce qui peut potentiellement améliorer les rendements.

Les derniers changements réglementaires représentent une autre étape stratégique pour accroître la liquidité, attirer les capitaux étrangers et positionner la bourse saoudienne comme un marché monétaire de premier plan dans la région.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com