Gaza: Biden veut une «désescalade» immédiate, Israël attend «le moment opportun»

Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo, AN)
Le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu (Photo, AN)
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Publié le Mercredi 19 mai 2021

Gaza: Biden veut une «désescalade» immédiate, Israël attend «le moment opportun»

  • «Le président a indiqué au Premier ministre qu'il s'attendait à une désescalade significative aujourd'hui vers un cessez-le-feu», a souligné la Maison Blanche
  • «Ce que nous essayons de faire est précisément ceci: diminuer leurs capacités, leurs moyens terroristes et diminuer leur détermination», a renchéri M. Netanyahu

GAZA: Le président américain Joe Biden a appelé à une « désescalade » dès mercredi dans le conflit israélo-palestinien, après qu'Israël a dit attendre « le moment opportun » pour cesser ses frappes contre la bande de Gaza qui ont fait huit nouveaux morts palestiniens.

En soirée, les tirs de roquettes sur Israël par les groupes armés dont le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans l'enclave palestinienne de Gaza, et les frappes aériennes israéliennes se sont poursuivis, à l'heure où les tractations en coulisses s'intensifient en vue d'un cessez-le-feu. 

Déclenchée le 10 mai, la flambée de violences, la plus meurtrière depuis 2014 entre Israël et le Hamas, a coûté la vie à au moins 219 Palestiniens, dont 63 enfants, selon le ministère de la Santé à Gaza. En Israël, les tirs de roquettes de Gaza ont fait 12 morts selon la police.  

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Des enfants palestiniens récupèrent des jouets dans leur maison à la tour Al-Jawhara dans le quartier de Rimal à Gaza, le 17 mai 2021 (Photo, AFP)

« Le président (américain) a indiqué au Premier ministre (israélien) qu'il s'attendait à une désescalade significative aujourd'hui vers un cessez-le-feu », a indiqué la Maison Blanche dans un bref compte-rendu d'un échange téléphonique entre Joe Biden et Benjamin Netanyahu.  

Les Etats-Unis, qui revendiquent une approche diplomatique « discrète », ont refusé de soutenir « des actions qui sapent les efforts en faveur d'une désescalade », en réaction au projet français d'une résolution au Conseil de sécurité de l'ONU appelant à une cessation des hostilités.  

Dans la matinée, l'armée israélienne a ciblé une tour à Jabaliya, dans la bande de Gaza, qui abritait selon elle le « département technologique » du Hamas ainsi que les secteurs de Khan Younès et de Rafah, selon un correspondant sur place.  

Un journaliste de la radio Al-Aqsa, affiliée au Hamas, Youssef Abou Hussein, a été tué par une frappe sur son domicile, selon les autorités locales et la Fédération internationale des journalistes. Il s'agit du premier journaliste tué depuis le début de la flambée de violence.  

En Israël, la journée a été rythmée pour les habitants du sud du pays, limitrophe de Gaza, par les sirènes d'alarme pour alerter des tirs de roquettes en provenance de Gaza, et les sifflements du bouclier antimissiles israélien qui les intercepte.   

Sur un autre front, de nouvelles roquettes tirées du Liban ont pour la première fois atterri en Israël, mais sans faire de victimes ou de dégâts selon l'armée. Celle-ci a répliqué par des tirs d'artillerie sur des « cibles » dans le sud du Liban.  

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Les forces de sécurité israéliennes délimitent une zone dans la ville israélo-arabe de Shfaram, au nord du pays, le 19 mai 2021, à la suite d'une attaque à la roquette tirée depuis le sud du Liban (Photo, AFP)

« Risque de contagion »   

Après neuf jours de violences sanglantes, un responsable militaire israélien a affirmé que son pays étudiait le « moment opportun pour un cessez-le-feu », précisant que l'armée était prête à encore « plusieurs jours » de conflit.  

L'armée, a-t-il ajouté à des journalistes, veut  « réduire les capacités » militaires du Hamas considéré comme une organisation « terroriste » par Israël et des pays occidentaux.  

« Ce que nous essayons de faire est précisément ceci: diminuer leurs capacités, leurs moyens terroristes et diminuer leur détermination », a renchéri M. Netanyahu lors d'une rencontre avec des ambassadeurs, ajoutant « n'écarter aucune possibilité » dans son offensive.   

Depuis le 10 mai, 4 000 roquettes ont été tirées de Gaza dont environ 90% ont été interceptées par le système de défense anti-aérien israélien, selon l'armée.

En coulisses, une médiation menée en partie par l'Egypte, interlocuteur à la fois d'Israël et du Hamas, n'avait abouti en fin de journée à aucune avancée concrète, selon des sources diplomatiques égyptiennes.   

« Nous n'en sommes pas encore à un cessez-le-feu », ont résumé à Jérusalem deux sources diplomatiques étrangères, alors qu'une troisième a fait état d'un « risque de contagion » à la région qui rend encore plus « urgent » un cessez-le-feu.  

Dans ce sprint diplomatique, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas est attendu jeudi à Jérusalem et à Ramallah, en Cisjordanie, territoire palestinien séparé politiquement et géographiquement de Gaza et occupé par Israël, pour des entretiens en vue d'une « désescalade ». 

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Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'un briefing aux ambassadeurs en Israël à la base militaire de Hakirya à Tel Aviv, Israël, le 19 mai 2021 (Photo, AFP)

Dizaines de milliers de déplacés  

A Gaza, micro-territoire de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis près de 15 ans, quelque 72 000 personnes ont été déplacées et 2 500 ont perdu leur maison dans les bombardements israéliens en un peu plus d'une semaine, selon l'ONU.   

Plusieurs livraisons d'aides internationales prévues mardi et mercredi ont été annulées par Israël, après des tirs palestiniens sur des points de passage vers Gaza, selon l'armée israélienne.    

Celle-ci a dit avoir ciblé dans ses derniers raids des tunnels souterrains permettant selon elle au Hamas de faire circuler ses munitions, ainsi que des maisons de commandants du mouvement.   

Le nouveau cycle de violences a éclaté après un barrage de roquettes du Hamas sur Israël tiré selon le mouvement palestinien en « solidarité » avec les centaines de manifestants palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est.   

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Des enfants palestiniens sont assis à l'arrière d'une camionnette chargée d'objets récupérés chez eux à la tour Al-Jawhara dans le quartier de Rimal à Gaza, le 17 mai 2021 (Photo, AFP)

A l'origine de ces heurts, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans un quartier de Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.  

Le conflit a touché la Cisjordanie occupée, où les affrontements se sont multipliés entre jeunes palestiniens et forces israéliennes, faisant 25 morts palestiniens depuis le 10 mai.  

Et les tensions restent aussi vives dans les villes mixtes d'Israël entre Juifs et Arabes israéliens, les descendants des Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948, qui se disent victimes de « discrimination ». 


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.