Aux Etats-Unis, 2,5 millions de chômeurs bientôt sans revenus

Ouvriers du bâtiment sur un chantier à Miami. (Photo, AFP)
Ouvriers du bâtiment sur un chantier à Miami. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 21 mai 2021

Aux Etats-Unis, 2,5 millions de chômeurs bientôt sans revenus

  • « Ce qui était censé être une aide financière à court terme pour les personnes (...) licenciées au plus fort de la pandémie est devenu un droit dangereux »
  • Mais alors que la reprise est en route, de nombreuses entreprises peinent à recruter

WASHINGTON : Des chômeurs payés plus pour rester chez eux que s'ils travaillaient? La situation a assez duré et menace désormais la reprise, selon des élus républicains, qui ont décidé de couper les allocations chômage plus généreuses versées pendant la pandémie, laissant bientôt 2,5 millions d'Américains sans ressources.

« Ce qui était censé être une aide financière à court terme pour les personnes (...) licenciées au plus fort de la pandémie est devenu un droit dangereux », a ainsi déploré le gouverneur républicain de Caroline du Sud, Henry McMaster.

Car face aux millions d'emplois détruits par la pandémie, le gouvernement fédéral américain a étendu les droits au chômage, aux indépendants notamment, et les a prolongés même pour ceux qui avaient atteint la durée maximale. Et tous les bénéficiaires touchent 300 dollars par semaine en plus de l'allocation dont le montant maximum varie de 230 à 820 dollars hebdomadaires selon les Etats.

Mais alors que la reprise est en route, de nombreuses entreprises peinent à recruter, et ces aides supplémentaires, prévues jusqu'au 6 septembre, font désormais grincer des dents.

Cela « rémunère et incite les travailleurs à rester chez eux plutôt que de les encourager à retourner sur le lieu de travail », clame l'élu républicain de Caroline du Sud, soutien de Donald Trump, dans sa lettre du 6 mai ordonnant de mettre fin à toutes ces aides dans son Etat.

« Pas la stabilité d'un revenu »

Missouri, Alaska, Virginie occidentale, Indiana, Géorgie, ...: 22 des 27 gouverneurs d'Etats républicains ont donc annoncé la suppression des 300 dollars supplémentaires, voire même pour certains de l'ensemble des mesures qui permettaient aux indépendants et chômeurs depuis plus de six mois de continuer à toucher leurs aides, selon une note des analystes d'Oxford Economics publiée mercredi.

En conséquence, 2,5 millions de bénéficiaire d'allocations chômage sur près de 16 millions au total, ne toucheront plus rien dès juin ou juillet, ont calculé ces économistes. Un million de chômeurs supplémentaires perdront uniquement les 300 dollars hebdomadaires par semaine.

« Ça va être dévastateur », s'alarme Sue Berkowitz, directrice de la South Carolina Appleseed Legal Justice Center, une organisation qui soutient les communautés à bas revenus, au niveau législatif entre autres.

« Ça va avoir un effet énorme si les familles n'ont pas la stabilité d'un revenu », ajoute-t-elle, évoquant tous ceux qui ne pourront plus payer leur loyer ni les factures : « c'est vraiment préjudiciable pour les enfants ». 

Et les conséquences seront particulièrement dures pour les familles afro-américaines ou hispaniques, souligne-t-elle.

Les postes qui ne trouvent pas preneur sont en particulier les moins qualifiés, et donc les moins bien payés.

Si les responsables politiques « s'inquiètent tant que quelqu'un qui touche le chômage puisse gagner deux fois plus qu'avec le salaire minimum, pourquoi notre Etat refuse-t-il toujours d'avoir un salaire minimum plus élevé que le salaire minimum fédéral? », relève Mme Berkowitz. 

Le salaire minimum en Caroline du Sud est celui fixé par le gouvernement américain, 7,25 dollars de l'heure. Certains Etats imposent cependant un niveau plus élevé.

« Payez les gens avec un salaire décent et offrez plus d'avantages, ils travailleront », avait aussi tweeté le sénateur démocrate Bernie Sanders.

Montana

Ces allocations chômage plus généreuses « peuvent être l'un des facteurs limitant l'offre de main-d'œuvre », soulignent les analystes d'Oxford Economics.

Mais « les inquiétudes liées à la santé restent la principale contrainte », puisque près de deux tiers de la population américaines ne sont pas vaccinés, indiquent-ils. Ils mettent également en lumière les problèmes de garde des enfants, tant que toutes les écoles n'ont pas rouvert à temps plein.

« Les emplois qui sont disponibles ne correspondent pas toujours » aux compétences des demandeurs d'emplois, note aussi Sue Berkowitz.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont continué à reculer début mai, atteignant leur plus bas niveau depuis le début de la pandémie. Mais l'étincelle qui a provoqué le courroux de ces gouverneurs républicains a été la déception des créations d'emplois en avril: seulement 266 000, bien loin du million attendu.

C'est le Montana, Etat du nord-ouest surtout connu pour ses forêts verdoyantes, montagnes et rivières, qui a ouvert le bal, suivi ensuite par les autres Etats. Pour motiver les habitants, le gouverneur Greg Gianforte a supprimé les aides supplémentaires, et offre une prime de 1 200 dollars aux chômeurs qui acceptent un emploi.

Le président Joe Biden a récemment assuré que les aides seraient maintenues dans les Etats le souhaitant, mais s'est toutefois fendu de rappeler qu'elles seraient retirées aux chômeurs ayant refusé un emploi. Et il espère faire adopter deux plans d'investissements pour créer des millions d'emplois supplémentaire.

 


Automobile: les équipementiers français pressent Bruxelles d'imposer un contenu local

 Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi. (AFP)
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  • Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe
  • Mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie"

PARIS: Trois des plus gros équipementiers automobiles français ont demandé à Bruxelles d'imposer l'obligation d'un contenu local dans les véhicules, lors des annonces attendues mardi sur la révision de l'interdiction de vendre des voitures neuves autres que tout électriques, selon une lettre consultée lundi.

Dans cette missive adressée à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et datée du 12 décembre, les dirigeants des équipementiers Valeo, Forvia et OPmobility demandent à la Commission "des mesures claires sur le contenu local lors des annonces du 16 décembre".

Les équipementiers européens "contribuent pour 75% à la valeur d'un véhicule et représentent 1,7 million d'emplois" en Europe, mais "les surcapacités mondiales, les importations subventionnées (par le pays exportateur, NDLR) et un déséquilibre commercial accru érodent les fondations de notre industrie", écrivent Christophe Périllat (Valeo), Martin Fisher (Forvia) et Félicie Burelle (OPmobility).

"Les perspectives actuelles indiquent que 350.000 emplois et 23% de la valeur ajoutée des automobiles dans l'UE sont en danger d'ici 2030 si des mesures fortes ne sont pas prises de manière urgente", ajoutent-ils.

Ces équipementiers soutiennent "la position des ministres français en faveur de +flexibilités ciblées+ dans la réglementation sur (les émissions de) CO2 si elle est assortie de conditions de critères de contenu local, dans l'intérêt des emplois, du savoir-faire dans l'automobile" et de "l'empreinte carbone" en Europe.

Les constructeurs automobiles européens et l'Allemagne notamment réclament depuis des semaines de nets assouplissements dans l'interdiction de vendre des voitures neuves thermiques ou hybrides prévue à partir de 2035.

Les annonces de la Commission sont attendues mardi après-midi.

La semaine dernière, plusieurs ministres français avaient envoyé une lettre aux commissaires européens pour dire qu'ils acceptaient des "flexibilités ciblées", à condition qu'elles s'accompagnent d'une règlementation incitative à la production en Europe.

"On est prêt à faire preuve de flexibilité", avait ensuite expliqué Roland Lescure, ministre français de l'Economie. "Si vous voulez vendre encore un peu de moteurs thermiques en 2035 très bien, mais il faut qu’ils soient faits en Europe", avec "au moins 75% de la valeur ajoutée faite en Europe", avait-il ajouté.


Espagne: amende de 64 millions d'euros contre Airbnb pour avoir publié des annonces de logements interdits

Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays. (AFP)
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  • L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation
  • "Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux"

MADRID: Le gouvernement espagnol a annoncé lundi avoir infligé une amende de 64 millions d'euros à la plateforme Airbnb pour avoir notamment publié des annonces de logements interdits, une infraction qualifiée de "grave", en pleine crise du logement dans le pays.

En Espagne, les plateformes de location de courte durée suscitent un vif débat, surtout dans les grandes villes touristiques, où de nombreux habitants leur reprochent de contribuer à la flambée des loyers.

L'amende qui vise Airbnb et atteint précisément 64.055.311 euros est "définitive", a précisé dans un communiqué le ministère de la Consommation, ajoutant que la plateforme basée aux Etats-Unis devait désormais "corriger les manquements constatés en supprimant les contenus illégaux".

"Des milliers de familles vivent dans la précarité à cause de la crise du logement, tandis que quelques-uns s'enrichissent grâce à des modèles économiques qui expulsent les gens de chez eux", a critiqué le ministre de la Consommation, Pablo Bustinduy, cité dans le communiqué.

"Aucune entreprise en Espagne, aussi grande ou puissante soit-elle, n'est au-dessus des lois", a-t-il poursuivi.

L'Espagne a accueilli en 2024 un nombre record de 94 millions de visiteurs, ce qui en fait la deuxième destination touristique dans le monde derrière la France. Ce chiffre pourrait être battu cette année.

Mais si le tourisme est un moteur de l'économie, de nombreux Espagnols dénoncent la congestion des infrastructures, la disparition des commerces traditionnels, remplacés par des boutiques touristiques, et surtout la flambée des loyers, les propriétaires de logements se tournant vers la location touristique, y compris sur Airbnb, nettement plus rentable.

Face à cette poussée de colère, plusieurs régions et municipalités ont annoncé des mesures ces derniers mois, à l'image de la mairie de Barcelone (nord-est), qui a promis de ne pas renouveler les licences de quelque 10.000 appartements touristiques, qui expireront en novembre 2028.

 


La RATP se cherche un ou une présidente

Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
Cette photographie montre le logo de la société française de transports publics RATP, sur un bâtiment à Paris, le 3 mars 2025. (AFP)
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  • Après le départ de Jean Castex à la SNCF, l’Élysée s’apprête à nommer rapidement le nouveau président ou la nouvelle présidente de la RATP
  • Plusieurs profils circulent, tandis que la régie fait face à d’importants défis

PARIS: Après le départ de Jean Castex à la SNCF, la RATP se cherche un ou une présidente, dont la nomination pourrait intervenir "rapidement", selon des sources concordantes.

L'annonce se fera par communiqué de l'Elysée en vertu de l'article 13 de la Constitution qui prévoit que le président de la République nomme aux emplois civils et militaires de l'Etat.

Suivront, deux semaines plus tard, deux auditions de l'impétrant devant les sénateurs, puis devant les députés. Les parlementaires ont la possibilité de s'opposer au candidat d'Emmanuel Macron s'ils réunissent trois cinquième de leurs votes cumulés contre le nom choisi par l'Elysée.

En revanche, si le candidat est adoubé par le Parlement, son nom est proposé en conseil d'administration comme nouvel administrateur, puis confirmé dans la foulée par un décret suivant le conseil des ministres.

Depuis l'arrivée de l'ancien Premier ministre Jean Castex à la tête de la SNCF début novembre, les rumeurs se multiplient sur le nom de celui ou celle qui sera chargé de lui succéder aux commandes de la Régie autonome des transports parisiens, vieille dame créée le 21 mars 1948 et désormais plongée dans le grand bain de l'ouverture à la concurrence.

Les articles de presse pèsent les différents "profils" pressentis, politiques ou techniques qui pourraient "faire le job".

Les noms qui reviennent le plus souvent sont ceux de Xavier Piechaczyk, président du directoire du distributeur d'électricité RTE et ex-conseiller énergie-transport de Jean-Marc Ayrault et François Hollande, Alain Krakovitch, actuel directeur des TGV et Intercités à SNCF Voyageurs, Jean-François Monteils, président du directoire de la Société des grands projets (SGP) et selon la Tribune, Valérie Vesque-Jeancard, présidente de Vinci Airways et directrice déléguée de Vinci Airports.

"Si le nom sort de l'Elysée avant la fin de l'année, cela permettrait au PDG de prendre ses fonctions fin janvier-début février" souligne un fin connaisseur des milieux ferroviaires qui requiert l'anonymat.

- "Aller vite" -

"Une entreprise industrielle comme la RATP ne peut pas rester sans pilote très longtemps" souligne une autre source, proche du dossier, qui requiert aussi l'anonymat, avant d'ajouter "il faut aller vite, car c'est aussi une boite politique, la RATP".

Une entreprise aux enjeux d'autant plus complexes, que malgré son ancrage initial parisien, la RATP dépend du financement de la région Ile-de-France pour ses matériels, s'étend de plus en plus loin dans la banlieue, voire en métropole, et gère des réseaux de transports dans 16 pays sur les cinq continents.

En France, elle est notamment pressentie pour gérer les transports ferroviaires régionaux autour de Caen en Normandie à partir de 2027 après avoir répondu - via sa filiale RATP Dev - à des appels d'offre d'ouverture à la concurrence.

A Paris, la RATP est en train d'introduire progressivement de nouveaux matériels sur son réseau. Le nouveau métro MF19 construit par Alstom, ira d'abord sur la ligne 10 puis sept autres lignes (7 bis, 3 bis, 13 d'ici 2027, puis 12, 8, 3 et 7 d'ici 2034).

L'ensemble du processus prendra une dizaine d'années environ de travaux de modernisation sur les lignes concernées: beaucoup d'ingénierie fine à organiser pour réaliser les travaux pendant la nuit sans interrompre le trafic diurne et de désagréments pour les voyageurs.

A échéance plus lointaine, le ou la future patronne devra déterminer la stratégie du groupe dans les nouvelles ouvertures à la concurrence qui se dessinent: les tramway en 2030 puis le métro en 2040.

Sur le réseau de bus francilien, où la RATP a d'ores et déjà perdu son monopole, elle est parvenue à conserver l'exploitation de 70% des lignes d'autobus qu'elle gérait à l'issue des dernières vagues d'appels d'offre de mise en concurrence qui se sont achevées cet automne.

En particulier, elle continue d'exploiter via RATP Dev tous les bus de Paris intra-muros et a engagé un processus de verdissement de sa flotte de bus, financé par Ile-de-France Mobilités (IDFM), l'autorité organisatrice des transports.

Ses concurrents Keolis (filiale de la SNCF), Transdev et l'italien ATM ont pris les rênes le 1er novembre des lignes remportées.