Élections en Irak: après des assassinats, les appels au boycott se multiplient

Le 9 mai, dans la ville sainte de Kerbala (centre), des tueurs avaient abattu Ehab al-Ouazni, qui dénonçait les groupes armés et la mainmise de l'Iran sur son pays. (Photo, AFP)
Le 9 mai, dans la ville sainte de Kerbala (centre), des tueurs avaient abattu Ehab al-Ouazni, qui dénonçait les groupes armés et la mainmise de l'Iran sur son pays. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 24 mai 2021

Élections en Irak: après des assassinats, les appels au boycott se multiplient

  • «J'appelle la société civile et les forces révolutionnaires d'octobre à poursuivre la révolution contre l'Iran et ses sales milices»
  • «Si les portes de la démocratie et des élections libres et transparentes se ferment, cela peut conduire à une nouvelle vague de violence»

BAGDAD: Les appels au boycott des élections législatives prévue en octobre en Irak se multiplient en raison de la terreur provoquée par une vague d'assassinats de militants prodémocratie, dont les auteurs jouissent d'une totale impunité.

"Après l'assassinat d'Ehab al-Ouazni, j'annonce mon retrait des élections législatives et j'appelle la société civile et les forces révolutionnaires d'octobre à se retirer également et à se préparer à poursuivre la révolution (...) contre l'Iran et ses sales milices", a twitté le 9 mai le député démissionnaire Faeq al-Cheikh Ali.

"Il n'y a pas d'autres choix que de renverser ce régime de criminels", a ajouté celui qui fut un dirigeant de la révolte qui ébranla le pays d'octobre 2019 jusqu'à juin 2020.

Le 9 mai, dans la ville sainte de Kerbala (centre), des tueurs avaient abattu Ehab al-Ouazni, qui dénonçait les groupes armés et la mainmise de l'Iran sur son pays. Le lendemain, un journaliste a été aussi visé par un attentat et se trouve depuis dans le coma.

«Qui m'a tué?»

Le fondateur du "Mouvement national pour la maison irakienne", Hussein Al-Gharabi, l'un des courants politiques émanant du mouvement de protestation, a lui aussi appelé au boycott.

"Nous rejetons la tenue du scrutin tant que les assassins des dirigeants de la révolution d'octobre ne seront pas sous les verrous", a-t-il dit.

Depuis, 17 groupes ont appelé au boycott des élections qui étaient censées ramener la paix civile après des mois de manifestations contre la corruption et contre la classe politique. 

Ils avaient pourtant chacun présenté des listes pour les élections, estimant bénéficier d'un fort soutien populaire pour pouvoir changer le système par les urnes. Mais la donne a changé avec l'assassinat de Ouazni et l'attentat contre le journaliste Ahmed Hassan.

"Nous sommes fermement opposés à la tenue des élections tant que les armes sont en libre circulation et que les assassinats se poursuivent", ont-ils annoncé le 17 mai dans une déclaration commune à Kerbala.

Les militants prodémocratie ont appelé mardi à une manifestation à Bagdad pour réclamer au gouvernement l'arrestation des auteurs des assassinats. 

Ils sont convaincus que ces derniers sont connus des services de sécurité mais ne sont pas arrêtés car liés à l'Iran, le puissant voisin. Sur Twitter, ils diffusent une photo de militants de premier plan assassinés dans le pays avec le hashtag "Qui m'a tué?".

Depuis le déclenchement de la révolte, plus de 70 militants ont été victimes d'assassinats ou de tentatives d'assassinat, tandis que des dizaines d'autres ont été kidnappés brièvement.

Cependant, les analystes politiques doutent que les appels au boycott remettent en cause la tenue du scrutin car ce sont les partis traditionnels qui contrôlent le jeu politique par la pression, l'achat des voix et le recours à des hommes de main.

Vers de nouvelles violences ?

Dénonçant un "chaos" dans le pays, l'analyste Ali Al-Baidar juge qu'"il serait préférable de reporter les élections jusqu'à ce que la situation sécuritaire s'améliore".

"L'argent (pour acheter les votes) coule à flot, les armes circulent sans aucun contrôle et les partis politiques imposent leur volonté aux citoyens. Tout ceci est un obstacle à des élections transparentes", dit-il.

Mais M. Baidar ne croit pas que les appels au boycott empêcheront le scrutin. "Ils auront un impact médiatique et ce sera un message à la communauté internationale, mais ce sont les grands partis qui ont le pouvoir et l'influence, notamment par le clientélisme".

"En outre, si des manifestations ont lieu, elles n'auront plus l'ampleur de celles du passé car les dirigeants ont été tués, blessés, ont fui le pays ou trouvé refuge au Kurdistan" autonome, dit-il.

Ihsan al-Shamari, un autre analyste, partage ce point de vue. "Les partis d'octobre ont réalisé l'erreur qu'ils ont commise en voulant participer aux élections, car ils se rendent compte que ce sont les partis traditionnels, appuyés par des États étrangers, notamment l'Iran, qui contrôlent l’État, le pouvoir, l'argent et les armes".

"Ils s'aperçoivent qu'il leur est très difficile de pénétrer sur la scène politique", a-t-il dit.

Mais le dirigeant communiste Raid Fahmi, dont la formation a suspendu sa participation aux élections, met en garde contre la situation actuelle. "La population est frustrée. Si les portes de la démocratie et des élections libres et transparentes se ferment, cela peut conduire à une nouvelle vague de violence".


Le corps de l'étudiant saoudien tué au Royaume-Uni est transféré au cimetière de La Mecque

Le corps de Mohammed Al-Qasim, l'étudiant de 20 ans poignardé à mort au Royaume-Uni, est transféré au cimetière Al-Shuhada à La Mecque. (X/@AlArabiya_KSA)
Le corps de Mohammed Al-Qasim, l'étudiant de 20 ans poignardé à mort au Royaume-Uni, est transféré au cimetière Al-Shuhada à La Mecque. (X/@AlArabiya_KSA)
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  • Le corps de Mohammed Al-Qasim, qui a été mortellement poignardé à Cambridge, au Royaume-Uni, vendredi dernier, a été transféré au cimetière Al-Shuhada à La Mecque, où il sera enterré
  • Les hommes peuvent présenter leurs condoléances au domicile de la famille, dans le quartier Al-Alawi de La Mecque, entre 18 heures et 21 heures vendredi

RIYAD: Le corps de Mohammed Al-Qasim, qui a été mortellement poignardé à Cambridge, au Royaume-Uni, vendredi dernier, a été transféré au cimetière Al-Shuhada à La Mecque, où il sera enterré, après que des prières ont été célébrées à son intention à la Grande Mosquée, a rapporté Al-Arabiya.

Les hommes peuvent présenter leurs condoléances au domicile de la famille, dans le quartier Al-Alawi de La Mecque, entre 18 heures et 21 heures vendredi.

Al-Qasim, un étudiant en anglais de 20 ans, est mort après avoir été poignardé peu avant minuit le vendredi 1er août.

Deux hommes ont été arrêtés à la suite de l'incident : un homme de 21 ans originaire de Cambridge, soupçonné de meurtre, et un homme de 50 ans, soupçonné d'avoir aidé un délinquant.


Israël se dote d'un plan pour «prendre le contrôle» de la ville de Gaza

Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire. (AFP)
Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire. (AFP)
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  • Selon le plan validé dans la nuit, l'armée israélienne "se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat"
  • Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière

JERUSALEM: Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un plan présenté par Benjamin Netanyahu pour "vaincre" le Hamas et "prendre le contrôle" de la ville de Gaza, dévastée par la guerre et en proie à une grave crise humanitaire.

Plus tôt, jeudi, le Premier ministre israélien avait annoncé sur Fox News qu'Israël avait "l'intention" de prendre le contrôle de l'enclave mais "pas (de) la gouverner" ou de la "garder".

Selon le plan validé dans la nuit, l'armée israélienne "se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza tout en distribuant une aide humanitaire à la population civile en dehors des zones de combat", indique un communiqué des bureaux du Premier ministre.

"Le cabinet de sécurité – par un vote à la majorité - a adopté cinq principes pour conclure la guerre: le désarmement du Hamas; le retour de tous les otages - vivants et morts -; la démilitarisation de la bande de Gaza; le contrôle sécuritaire israélien dans la bande de Gaza; l'établissement d'une administration civile alternative qui ne soit ni le Hamas ni l'Autorité palestinienne", ajoute le texte.

Actuellement, l'armée israélienne occupe ou opère au sol dans près de 75% de la bande de Gaza, principalement depuis ses positions permanentes dans le territoire le long de la frontière. Elle bombarde partout où elle le juge nécessaire.

"Pas une promenade de santé" 

Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a dénoncé vendredi matin sur X la décision du cabinet, la qualifiant de "catastrophe qui va entraîner beaucoup d'autres catastrophes".

Il a estimé que ce plan allait amener "la mort des otages, celle de nombreux soldats, coûter des dizaines de milliards aux contribuables israéliens et (provoquer) une faillite diplomatique".

"Les plans de Netanyahu (...) confirment sans l'ombre d'un doute son désir de se débarrasser des otages et de les sacrifier dans la poursuite de ses intérêts personnels et de son agenda idéologique extrémiste", a affirmé jeudi le Hamas, qui retient toujours 49 otages, dont 27 sont présumés morts.

Dénonçant "un revirement flagrant du processus de négociation (...) malgré la proximité d'un accord final", le mouvement islamiste assure que "toute escalade (...) ne sera pas une promenade de santé et aura un coût élevé et douloureux" pour Israël.

La presse israélienne annonçait depuis plusieurs jours un plan visant "à conquérir l'ensemble de la bande de Gaza, y compris la ville de Gaza et les camps de réfugiés" situés dans le centre du territoire, une opération de plusieurs mois qui nécessitera une mobilisation massive de réservistes.

Alors que la presse s'est fait aussi l'écho des réserves du chef d'état-major, voire de son opposition à ce plan, l'intéressé s'est pour la première fois exprimé publiquement jeudi: "Nous continuerons d'exprimer notre position sans crainte, de manière pragmatique, indépendante et professionnelle", a commenté le lieutenant-général Eyal Zamir. Et de mettre en garde: "Nous ne limiterons plus notre réponse. Nous éliminerons les menaces à leur stade précoce".

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), 86,3% du territoire est militarisé par Israël et soumis à des ordres d'évacuation. Les zones non occupées sont aussi les plus peuplées: les villes de Khan Younès et Gaza, les camps de réfugiés de Deir-el-Balah, dans le centre du territoire.

Après 22 mois d'une guerre dévastatrice, déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien depuis Gaza, le petit territoire palestinien est menacé d'une "famine généralisée", selon l'ONU, et dépend totalement de l'aide humanitaire, distribuée en quantités largement insuffisantes d'après les humanitaires.

Quelque 2,4 millions de Palestiniens vivent au quotidien sous les bombes dans ce territoire qui longe la Méditerranée. Les représailles israéliennes y ont déjà fait 61.258 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Israël avait déjà occupé Gaza en 1967 et implanté un ensemble de 21 colonies israéliennes, démantelées en 2005 avec le retrait unilatéral décidé par le Premier ministre d'alors, Ariel Sharon.

99 morts de faim 

L'opinion israélienne s'alarme toujours plus du sort des otages encore retenus à Gaza. La diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux d'entre eux, très affaiblis et amaigris, ont suscité colère et émotion en Israël, mais aussi à l'étranger.

Pendant ce temps, le Premier ministre Netanyahu fait face à un nouveau front intérieur: les juifs orthodoxes ont appelé à la mobilisation contre l'obligation de la conscription militaire, à laquelle la plupart échappent pour le moment, et que l'Etat entend leur imposer. Plusieurs centaines d'entre eux ont manifesté jeudi à Jérusalem.

A Gaza, la Défense civile a fait état d'au moins 35 personnes tuées par des frappes ou des tirs israéliens.

L'Organisation mondiale de la santé a annoncé que 99 personnes, dont 29 enfants de moins de cinq ans, étaient mortes de malnutrition depuis le début de l'année, "des chiffres probablement sous-estimés", a souligné le directeur général de l'agence, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

 


L'Association palestinienne de football annonce la mort du joueur Suleiman Al-Obeid

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  • Surnommé "La gazelle", "La perle noire" ou encore "Le Pelé du football palestinien", il avait démarré sa carrière au sein de son club local, le Khadamat Al-Shati
  • Ses talents impressionnants et sa vitesse sur le terrain lui avaient valu une place au sein de l'équipe nationale où il avait joué 24 matchs internationaux

JERUSALEM: L'association palestinienne de football a annoncé la mort de l'ancienne star du football palestinien Suleiman Al-Obeid, à la suite de tirs israéliens lors d'une distribution d'aide dans le sud de la bande de Gaza mercredi.

Le joueur, originaire de la ville de Gaza, était âgé de 41 ans, marié et père de cinq enfants, selon la même source.

"L'ancien joueur national et star du Khadamat Al-Shati, Suleiman Al-Obeid, a été tué à la suite de tirs par l'occupation israélienne ayant visé des personnes qui attendaient de l'aide humanitaire dans le sud de la bande de Gaza mercredi", a indiqué l'association sur son site.

Surnommé "La gazelle", "La perle noire" ou encore "Le Pelé du football palestinien", il avait démarré sa carrière au sein de son club local, le Khadamat Al-Shati.

Ses talents impressionnants et sa vitesse sur le terrain lui avaient valu une place au sein de l'équipe nationale où il avait joué 24 matchs internationaux.

Avec plus de 100 buts marqués au cours de sa longue carrière, il était considéré comme une star du football palestinien.

Selon l'association, sa mort porte à 321 le nombre de membres de l'association de football - dont des joueurs, entraîneurs, arbitres, administrateurs et membres du conseil d'administration - dans la guerre déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Les représailles israéliennes ont déjà fait 61.258 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

Du côté israélien, l'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.