Avec la Turquie et l'Iran en amont, l'Irak et ses fleuves bientôt à sec?

Un agriculteur irakien à Bassorah. (Hussein FALEH/AFP)
Un agriculteur irakien à Bassorah. (Hussein FALEH/AFP)
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Publié le Mercredi 26 août 2020

Avec la Turquie et l'Iran en amont, l'Irak et ses fleuves bientôt à sec?

  • Si l'eau salée s'est soudainement mise à remonter de la mer vers les terres, c'est parce que l'Iran a hérissé ces dernières années son fleuve Karoun de barrages, détournant de nombreux affluents du Tigre
  • Le ministre des Ressources hydrauliques, Mehdi al-Hamdani, estime à 50% la réduction de la quantité d'eau arrivant en Irak depuis la constructions des barrages turcs et iraniens

DIWANIYAH: L'Irak, le « pays entre les deux fleuves », pourrait bientôt être totalement sec. Chaque année, ses voisins turc et iranien construisent de nouveaux barrages en amont du Tigre, de l'Euphrate et de leurs affluents dont les cours ont perdu leur luxuriance légendaire depuis l'Antiquité.

C'est sûrement à Bassora, seule province côtière du pays, que la situation est la plus inquiétante. Là, parce que les flots des deux fleuves qui se rejoignent ne sont plus assez puissants, l'eau salée du Chatt al-Arab remonte du Golfe, inondant les cultures.

« La salinité a augmenté ces dernières années et elle tue les terres agricoles », affirme à l'AFP Abou Chaker, 70 ans, dont presque autant d'années passées à bichonner ses palmiers.

Si l'eau salée s'est soudainement mise à remonter de la mer vers les terres, c'est parce que l'Iran a hérissé ces dernières années son fleuve Karoun de barrages, détournant de nombreux affluents du Tigre.

Résultat, Abou Chaker et les agriculteurs des environs sont partis, abandonnant leurs terres imbibées de sel où pourrissent des palmiers morts.

« Tout est mort »

« Avant, nos dattes se vendaient dans le Golfe et jusqu'aux Etats-Unis, mais aujourd'hui tout est mort », se lamente cet Irakien qui cultive désormais un petit lopin de terre un peu plus au nord, avec de l'eau du robinet, impropre à la consommation humaine tant elle est salée.

Le ministre des Ressources hydrauliques, Mehdi al-Hamdani, estime à 50% la réduction de la quantité d'eau arrivant en Irak depuis la constructions des barrages turcs et iraniens.

Son ministère assure à l'AFP avoir « un plan stratégique pour garantir la sécurité de l'Irak en eau jusqu'en 2035, avec pour pire scénario de pouvoir garantir uniquement l'eau de boisson en quantité suffisante pour tout le pays ».

Il envisage même la construction à Makhoul, au nord de Bagdad, d'un immense barrage, « le plus grand projet depuis 2003 » et la chute de Saddam Hussein durant l'invasion américaine, explique M. Hamdani.

Mais comme pour tous les grands projets en Irak, l'effort de guerre contre les jihadistes en 2014 puis la récente chute des prix du pétrole ont réduit les fonds disponibles pour les infrastructures.

Bassora, où durant l'été 2018 un empoisonnement de l'eau par la langue salée remontée du Chatt al-Arab avait envoyé plus de 100.000 personnes à l'hôpital, devra encore attendre.

« Pétrole contre eau »

Beaucoup en Irak se demandent si le pays, qui avait trouvé dans les années 1990 une parade à l'embargo avec le programme « pétrole contre nourriture », ne devrait pas se lancer dans un nouveau « pétrole contre eau ».

Les négociations a ce sujet avec Ankara, suspendues deux ans, ont repris avec le gouvernement de Moustafa al-Kazimi nommé en mai. Et même si M. Hamdani assure que cela n'a aucun impact sur les discussions, la Turquie mène actuellement une campagne de bombardements dans le nord de l'Irak.

De quoi réduire les chances de Bagdad de faire pression sur son voisin qui doit bientôt remplir son tout dernier barrage hydroélectrique, Ilisu, et pourrait transformer le Tigre irakien en un mince filet d'eau.

Côté iranien, le débit en amont des barrages de Doukan et de Darbandikhan au Kurdistan irakien a été drastiquement réduit « de 45 mètres cubes par seconde à sept mètres cubes et même à deux mètres cubes dans certains endroits », selon le ministère.

Face à ses deux puissances régionales influentes Irak, Bagdad est impuissante, accuse Mohammed al-Chlehaoui, patron des coopératives agricoles de Diwaniyah (sud).

«La Turquie peut lancer la guerre de l'eau à tout moment, quand cela l'arrangera et sans prévenir l'Irak », assène-t-il.

Le pire se situe à l'horizon 2025-2030, dit-il: « à ce moment-là, le Tigre et l'Euphrate pourraient s'assécher et priver le pays de ses cultures et même de l'eau de boisson«.

« L'Irak n'a qu'une seule solution: jouer la pression économique face à la Turquie », premier exportateur en Irak, avec près de 16 milliards de dollars de biens et de services vendus en 2019, préconise-t-il.

Car le temps presse. Une fois tous les projets hydrauliques turcs et iraniens terminés en 2035, cette quantité pourrait être réduite à 51 kilomètres cubes par an (51 milliards de mètres cubes).

Or, les besoins en eau des 40 millions d'Irakiens s'élèvent déjà à 71 kilomètres cubes. Et en 2035, selon les experts, la population dépassera les 50 millions.


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com