En Israël, la perspective d'un gouvernement sans Netanyahou se précise

Cette combinaison de photos créée le 5 mai 2021 montre Yair Lapid du parti Yesh Atid, le 22 juin 2017; et Naftali Bennett du parti Yamina à Tel Aviv, le 29 décembre 2018 (Photo, AFP)
Cette combinaison de photos créée le 5 mai 2021 montre Yair Lapid du parti Yesh Atid, le 22 juin 2017; et Naftali Bennett du parti Yamina à Tel Aviv, le 29 décembre 2018 (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 31 mai 2021

En Israël, la perspective d'un gouvernement sans Netanyahou se précise

  • Le chef de l'opposition Yaïr Lapid a relancé les négociations avec les partis arrivés en bonne place lors des élections de mars, pour tenter de former un nouveau gouvernement excluant M. Netanyahu
  • Pour parvenir à un gouvernement d'union, M. Lapid compte sur l'appui de la gauche, du centre et de deux formations de droite, totalisant 51 députés

JÉRUSALEM: En apportant dimanche son soutien au chef de l'opposition israélienne, le héraut de la droite radicale Naftali Bennett a ouvert la voie à la formation d'un « gouvernement du changement » qui pourrait faire tomber Benjamin Netanyahu, Premier ministre le plus pérenne de l'histoire d'Israël. 

Yaïr Lapid, centriste à la tête de l'opposition israélienne, n'a plus que quatre députés à rallier pour former une coalition capable de tourner la page de l'ère Netanyahu. 

Son mandat, reçu début mai du président Reuven Rivlin après l'échec de M. Netanyahu à former une coalition, court jusqu'à mercredi, 23H59 (20H59 GMT). 

« J'annonce que je vais tout faire pour former un gouvernement d'union avec mon ami Yaïr Lapid », a déclaré dimanche soir M. Bennett, qui cultivait depuis plusieurs semaines le mystère sur ses intentions. 

« Dans ces instants de vérité, il faut savoir prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté dans un discours télévisé. »Yaïr et moi avons nos différences mais nous partageons l'amour de ce pays. » 

« Ce gouvernement sera un danger pour la sécurité de l'Etat d'Israël. Il s'agit de l'arnaque du siècle », a rétorqué dans la foulée M. Netanyahu, lui aussi dans un discours retransmis à la télévision. 

Pour former un gouvernement, Yaïr Lapid, à la tête du parti Yesh Atid (« Il y a un futur »), doit réunir les soutiens de 61 députés. Avec l'appui de la gauche, du centre et de deux formations de droite, il en avait rassemblé 51, jusqu'au ralliement de M. Bennett. 

Ce dernier, à la tête de la formation Yamina (« A droite »), avait remporté sept sièges aux législatives du 23 mars, les quatrièmes en deux ans. Mais un de ses membres avait annoncé son refus de collaborer avec le camp anti-Netanyahu. 

Avec ces six appuis supplémentaires, ce bloc qui appelle au changement après 12 ans de pouvoir de M. Netanyahu sans discontinuer, doit encore engranger quatre soutiens et compte sur les partis arabes israéliens, qui ne se sont pas encore clairement positionnés. 

« Remplacer le régime Netanyahu »  

Après des semaines marquées par la guerre de 11 jours entre le Hamas palestinien au pouvoir dans la bande de Gaza et l'Etat hébreu, des tensions à Jérusalem-Est et des heurts dans des villes judéo-arabes en Israël, Yaïr Lapid avait relancé vendredi son offre pour un « gouvernement d'union nationale », disant vouloir une coalition qui dise »nous sommes ici ensemble, notre lutte est commune, ce pays est notre responsabilité à tous ». 

M. Netanyahu avait riposté dimanche matin en appelant M. Bennett et Gideon Saar, chef d'un petit parti de droite, à « venir, maintenant, tout de suite », entamer des discussions en vue d'une coalition gouvernementale, sur le principe d'une rotation à sa tête, à commencer par M. Saar, puis MM. Netanyahu et Bennett. 

Ancien du Likoud, Gideon Saar a indiqué sur Twitter ne pas être intéressé et rester fidèle à son projet: « remplacer le régime de Netanyahu ». 

Il y a 25 ans presque jour pour jour (29 mai 1996), M. Netanyahu avait vaincu le travailliste Shimon Peres et était devenu Premier ministre pour trois ans. Il était revenu au pouvoir en 2009 et ne l'a plus quitté depuis. 

Jugé pour « corruption » dans trois affaires, il est le premier chef du gouvernement à faire face à des poursuites criminelles en cours de mandat. 

« Putsch »  

« Les dés sont-ils jetés? Jusqu'au dernier moment, un nuage de doutes planera sur tout signe de révolution », notait dimanche le Yediot Aharonot, titre le plus vendu de la presse israélienne, qui s'attendait à voir Naftali Bennett rejoindre la coalition anti-Netanyahu. 

Israel Hayom, quotidien gratuit marqué à droite, dénonçait de son côté une tentative de « putsch » afin de mettre fin à l'ère Netanyahu, soutenue par des « représentants du Hamas », une attaque indirecte contre la formation arabe israélienne Raam (islamiste) de Mansour Abbas (4 députés) qui pourrait soutenir la coalition Lapid. 

Si le camp anti-Netanyahu ne parvient pas à former un gouvernement, 61 députés pourront demander au président de désigner comme Premier ministre un parlementaire. 

Autre scénario, le plus redouté par les électeurs déjà appelés à voter quatre fois en un peu plus de deux ans: un retour aux urnes. 

Dates-clés des gouvernements Netanyahu depuis 2009

Les grandes dates des gouvernements dirigés depuis 2009 par Benjamin Netanyahu, Premier ministre le plus pérenne de l'histoire de l'Etat d'Israël. 

Dimanche, le chef de la formation de droite radicale Yamina, Naftali Bennett, a annoncé son intention de joindre le camp de Yaïr Lapid qui tente de rallier une coalition pour chasser du pouvoir M. Netanyahu. 

Retour au pouvoir 

Le 31 mars 2009, le chef du Likoud (droite) Benjamin Netanyahu, à la tête du gouvernement entre 1996 et 1999, redevient Premier ministre, succédant à Ehud Olmert accusé de corruption. 

Le gouvernement de coalition est fortement ancré à droite, avec, aux Affaires étrangères, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, chef du parti Israël Beiteinou. 

En 2013, un nouveau gouvernement Netanyahu, issu de législatives anticipées, rassemble une majorité composée du Likoud, d'Israël Beiteinou, du Foyer juif de Naftali Bennett -issu de la mouvance nationaliste religieuse et proche des colons- ainsi que du centre-droit. 

Guerre contre le Hamas 

En juillet 2014, l'armée israélienne lance une offensive d'envergure contre la bande de Gaza contrôlée par le mouvement islamiste palestinien Hamas, dans le but selon l'Etat hébreu de faire cesser les tirs de roquettes palestiniens et détruire les tunnels creusés dans l'enclave palestinienne sous blocus israélien depuis 2006. 

La guerre contre le Hamas -la troisième depuis 2008- fait 2 251 morts côté palestinien, en très grande majorité des civils, et 74 morts côté israélien, quasiment tous des soldats. 

Le plus à droite 

En mai 2015, M. Netanyahu, vainqueur aux législatives de mars, forme un nouveau gouvernement qui intègre des ministres ultra-orthodoxes. 

Un an plus tard, après un accord de coalition avec Israël Beiteinou, Avigdor Lieberman devient ministre de la Défense. 

En juin 2017, Israël entame la construction de la nouvelle colonie d'Amichaï, une première en 25 ans en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par l'armée israélienne depuis 1967. 

La colonisation juive dans les territoires occupés s'accélère. 

Manifestations à Gaza et violences 

A partir de mars 2018, des milliers de Palestiniens se rassemblent chaque vendredi le long de la barrière entre Gaza et Israël, lourdement gardée par l'armée israélienne, pour réclamer la levée du blocus. 

Ils réclament aussi le droit des Palestiniens à retourner sur les terres qu'ils ont fuies ou dont ils ont été chassés à la création d'Israël en 1948. 

Jusqu'en décembre 2019, près de 350 Palestiniens sont tués par des tirs israéliens. Huit Israéliens ont été tués. 

Netanyahu inculpé 

Le 21 novembre 2019, le procureur général d'Israël inculpe Benjamin Netanyahu pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires différentes. 

C'est la première fois qu'un Premier ministre en exercice est mis en examen en Israël. Son procès s'ouvre en mai 2020. 

Echec de gouvernement d'union 

Le 2 mars 2020, les Israéliens se rendent de nouveau aux urnes, les législatives d'avril et de septembre 2019 n'ayant pas réussi à départager M. Netanyahu de son principal rival, Benny Gantz, chef de la formation centriste Bleu-Blanc. 

Fin mars, Benny Gantz se rallie à M. Netanyahu pour former un "gouvernement d'urgence" face à la crise du coronavirus. 

Le 17 mai, Israël se dote d'un gouvernement d'union. Netanyahu doit rester chef de gouvernement pendant 18 mois avant de céder sa place pour une période équivalente à Gantz. Mais le gouvernement ne survit que quelques mois. 

Coup diplomatique 

A partir d'août 2020, quatre pays arabes -Emirats arabes unis, Bahreïn, Soudan et Maroc- normalisent leurs relations avec Israël, sous le parrainage des Etats-Unis dirigés par Donald Trump. 

Celui-ci a multiplié les gestes envers Israël: déplacement de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan syrien et soutien à la colonisation. 

Netanyahu, de nouveau 

Le 23 mars 2021, nouvelles législatives anticipées. Le Likoud arrive en tête, suivi de Yesh Atid ("Il y a un futur") du centriste Yaïr Lapid.  

Le 6 avril, Benjamin Netanyahu est désigné pour former une nouvelle équipe ministérielle. Nouvel échec. Le 5 mai, le président Reuven Rivlin demande au chef de l'opposition, Yaïr Lapid, de tenter de former le prochain gouvernement. 

Conflit avec le Hamas 

Le 10 mai, après plusieurs jours d'affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes à Jérusalem-Est, le Hamas lance vers Israël des salves de roquettes depuis Gaza. L'armée israélienne mène des frappes dévastatrices sur Gaza. 

Jusqu'au cessez-le feu entré en vigueur le 21 mai, 254 Palestiniens sont tués par les frappes israéliennes, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes font 12 morts. 


Sommet à Doha pour discuter de la riposte arabo-islamique à l’attaque israélienne contre le Qatar

Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
Une photo prise le 15 octobre 2022 montre une vue de la ligne d'horizon de la capitale qatarie Doha. (AFP)
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  • Un sommet arabo-islamique extraordinaire discutera de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar ciblant des hauts responsables du Hamas

DUBAÏ : Le ministère des Affaires étrangères du Qatar a déclaré samedi qu’un sommet arabo-islamique d’urgence, qui se tiendra dans la capitale Doha, discutera d’un projet de résolution concernant l’attaque israélienne contre l’État du Golfe, selon l’Agence de presse du Qatar (QNA).

« Le sommet examinera un projet de résolution sur l’attaque israélienne contre l’État du Qatar, présenté par la réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères arabes et islamiques, prévue demain dimanche », a déclaré à la QNA le porte-parole du ministère, Majid ben Mohammed Al Ansari.

Le ministère avait annoncé plus tôt que Doha accueillerait un sommet arabo-islamique extraordinaire pour débattre de l’attaque israélienne contre l’État du Qatar visant des dirigeants de haut rang du Hamas.

Al Ansari a souligné que « la tenue de ce sommet arabo-islamique à ce moment précis revêt une importance particulière, car elle reflète la large solidarité arabe et islamique avec l’État du Qatar face à l’agression israélienne lâche ».

La réunion préparatoire des ministres des Affaires étrangères se tiendra dimanche. Le sommet débutera lundi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza : Israël affirme que 250 000 habitants ont fui la ville, 32 morts dans de nouvelles frappes

Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
Les habitants de Gaza ont déclaré que le coût du voyage vers le sud était prohibitif et qu'il n'y avait plus d'espace pour planter des tentes dans les zones désignées. (AFP)
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  • Plus de 250 000 habitants auraient fui Gaza-ville ces dernières semaines, selon l'armée israélienne qui multiplie les frappes et ordonne des évacuations massives, malgré les risques humanitaires
  • La guerre, déclenchée après l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, a causé plus de 64 000 morts à Gaza selon le ministère de la Santé local

Jérusalem: L'armée israélienne a affirmé samedi que plus de 250.000 habitants avaient quitté ces dernières semaines la ville de Gaza vers d'autres secteurs du territoire palestinien, après une intensification des bombardements et raids israéliens.

De son côté, la Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de cinq Palestiniens tués depuis l'aube dans les bombardements israéliens, au lendemain de la mort selon elle d'au moins 50 personnes à travers le territoire assiégé et dévasté par 23 mois de guerre.

"Selon les estimations de l'armée, plus d'un quart du million d'habitants de la ville de Gaza l'ont quittée pour leur propre sécurité", a déclaré le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, sur X.

Selon des estimations récentes de l'ONU, environ un million de Palestiniens vivent dans et autour de la ville de Gaza, la plus grande du territoire.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

L'armée dit vouloir prendre le contrôle de Gaza-ville, qu'elle présente comme l'un des derniers bastions du mouvement islamiste palestinien Hamas.

Samedi, l'armée de l'air israélienne a largué des tracts exhortant les habitants des quartiers ouest de la ville à les évacuer, alors que la Défense civile locale a fait état de frappes aériennes continues.

"L'armée agit avec force dans votre secteur et est déterminée à démanteler et à vaincre le Hamas", pouvait-on lire dans le tract. "Pour votre sécurité, évacuez immédiatement via la rue al-Rachid vers le sud (du territoire). Vous avez été prévenus."

Les forces israéliennes ont détruit plusieurs tours d'habitation à Gaza-ville ces derniers jours, l'armée affirmant son intention d'"intensifier le rythme (de ses) frappes ciblées (...) afin de nuire aux infrastructures terroristes du Hamas (...) et réduire la menace pour (ses) troupes".

De nombreux acteurs humanitaires jugent que le déplacement une nouvelle fois de la population du nord vers le sud du territoire est impossible et dangereux.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des sources officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en riposte à fait au moins 64.756 morts dans la bande de Gaza, selon des données du ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. Elle a aussi dévasté le territoire palestinien et provoqué un désastre humanitaire.

L'ONU a déclaré la famine à Gaza. Israël, qui assiège le territoire, dément.


Le Liban fait état d'une personne tuée dans une frappe israélienne dans le sud

Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur la colline d'Ain el-Taher dans le village de Nabatiyeh al-Faouqa, au sud du Liban, le 31 août 2025. (AFP)
Des panaches de fumée s'élèvent après une frappe israélienne sur la colline d'Ain el-Taher dans le village de Nabatiyeh al-Faouqa, au sud du Liban, le 31 août 2025. (AFP)
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  • Une personne a été tuée vendredi lors d'une attaque israélienne dans le sud du Liban, dans un contexte de raids réguliers visant le Hezbollah malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis novembre 2024
  • Le gouvernement libanais, sous pression américaine, a chargé son armée de désarmer le Hezbollah dans le sud du pays d’ici trois mois

BEYROUTH: Le ministère libanais de la Santé a indiqué vendredi qu'une personne avait été tuée dans une frappe israélienne dans le sud, où Israël mène régulièrement des raids disant viser le Hezbollah.

"Une frappe ennemie israélienne sur la ville d'Aitaroun a tué une personne", a déclaré le ministère dans un communiqué.

L'armée israélienne continue de mener des attaques régulières au Liban, affirmant cibler des membres ou sites du Hezbollah, malgré l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Jeudi, le ministère de la Santé avait annoncé la mort d'une personne dans une frappe de drone israélienne dans le sud, après des attaques israéliennes lundi dans l'est du pays ayant tué cinq personnes.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah.

Selon Beyrouth, l’armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne la partie du sud du pays proche de la frontière avec Israël.