L'affaire Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne détenue en Iran

- Jean-François Bayart, Politologue, professeur à l'IHEID (Institut universitaire de hautes études internationales et du développement) à Genève. (Photo, AFP)
- Jean-François Bayart, Politologue, professeur à l'IHEID (Institut universitaire de hautes études internationales et du développement) à Genève. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 05 juin 2021

L'affaire Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne détenue en Iran

  • Le 5 juin, Emmanuel Macron demande une nouvelle fois sa libération
  • Paris convoque l'ambassadeur d'Iran pour exprimer son «extrême préoccupation»

PARIS : Rappel des principales étapes de l'affaire de la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, détenue depuis deux ans en Iran.

Arrestation

Le 5 juin 2019, l'anthropologue Fariba Adelkhah, spécialiste du chiisme, et son compagnon, l'africaniste Roland Marchal, venu la rejoindre pour une visite privée, sont arrêtés à l'aéroport de Téhéran par les Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique.

Le 15 juillet, Paris confirme l'arrestation de Mme Adelkhah, chercheuse au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris.

Début octobre, Paris indique avoir "réitéré à plusieurs reprises sa demande d'accès consulaire pour Mme Adelkhah et sa libération". Téhéran met en garde Paris contre toute "ingérence", rappelant que l'Iran "ne reconnaît pas de double nationalité pour les ressortissants iraniens".

Campagne de soutien

Le 25 octobre, les confrères des deux chercheurs appellent à suspendre la coopération universitaire avec l'Iran.

Le 10 décembre, Emmanuel Macron juge l'emprisonnement "intolérable".

La mairie de Paris lance une campagne de soutien aux deux universitaires.

Grève de la faim

Le 26 décembre, le CERI de Sciences Po Paris indique que Fariba Adelkhah et l'universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert, également détenue à Téhéran, ont entamé une grève de la faim.

Dans une lettre, les deux universitaires disent avoir été soumises à de la "torture psychologique" et à de "nombreuses violations de (leurs) droits humains fondamentaux".

Paris convoque l'ambassadeur d'Iran pour exprimer son "extrême préoccupation".

Accusations

Le 7 janvier 2020, l'avocat de Fariba Adelkhah annonce que les autorités judiciaires ont levé leur accusation d'espionnage.

Mme Adelkhah reste poursuivie pour "propagande contre le système" politique iranien et "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale".

Seul ce dernier chef d'accusation est retenu contre M. Marchal.

Début du procès

Le 12 février, Fariba Adelkhah met fin à sa grève de la faim, selon son avocat. Elle regagne fin février "la section pour femmes de la prison" d'Evine après avoir été admise pour des soins dans l'hôpital du centre de détention.

Début mars, deux membres de leur comité de soutien affirment que Mme Adelkhah et M. Marchal sont "en danger de mort" en raison de la propagation de l'épidémie de Covid-19 dans les prisons iraniennes.

Le 3, leur procès s'ouvre à Téhéran, mais seule la chercheuse comparaît devant le tribunal.

Roland Marchal libre

Le 17 mars, leur comité de soutien indique que M. Marchal a pu s'entretenir par liaison vidéo avec l'ambassadeur de France, apparaissant "amaigri et fatigué" mais dans un état plutôt "rassurant". Sa compagne va "mieux physiquement", dit-il.

Le 20, l'Iran annonce un échange de détenus avec Paris. Selon Téhéran, la France a libéré un ingénieur iranien menacé d'extradition aux Etats-Unis. Le lendemain, Paris annonce la libération de Roland Marchal.

Fariba Adelkhah condamnée

Le 16 mai, l'avocat Saïd Dehghan affirme que Fariba Adelkhah a été condamnée à cinq ans de prison pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale".

La chercheuse a aussi écopé d'une peine d'un an pour "propagande contre le système" politique de la République islamique, mais elle doit purger seulement la peine la plus longue.

Paris condamne un verdict "politique" et réclame une libération "immédiate".

Le 5 juin, Emmanuel Macron demande une nouvelle fois sa libération.

L'avocate iranienne et Prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi estime que Fariba Adelkhah est "otage" de Téhéran à des fins de marchandage.

«Assignée à résidence»

Le 3 octobre, l'avocat Saïd Dehghan affirme que Mme Adelkhah "a été relâchée avec un bracelet électronique". Son comité de soutien indique de son côté que la chercheuse "a regagné son domicile personnel où elle est assignée à résidence, sous contrôle d'un bracelet électronique".

Le 24 février 2021, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian demande sa "libération définitive".


Liban: l'Italie souhaite maintenir sa présence militaire après le départ de la force de l'ONU

L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
L'Italie est le deuxième pays contributeur à la force de maintien de la paix de la FINUL dans le sud du Liban. (AFP/Archives)
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  • L’Italie confirme qu’elle maintiendra une présence militaire au Liban même après le retrait progressif de la Finul à partir du 31 décembre 2026
  • Rome met en avant le rôle clé des forces armées libanaises pour la stabilité du Liban et de la région, et appelle à des résultats concrets pour éviter toute exploitation de l’instabilité

ROME: L'Italie souhaite maintenir sa présence militaire au Liban, après le départ des Casques bleus de l'ONU qui commence le 31 décembre 2026, a indiqué lundi le ministère italien de la Défense.

"Même après" le départ de la force de maintien de la paix dans le sud du Liban (Finul) de l'ONU, l'Italie continuera à jouer son rôle soutenant avec conviction la présence internationale" dans ce pays, selon les propos du ministre de la Défense Guido Crosetto sur X.

Interrogé par l'AFP pour savoir si cela signifiait une "présence militaire" italienne, un porte-parole du ministère a confirmé que oui.

M. Crosetto a également souligné "le rôle fondamental" des forces armées libanaises "pour garantir la stabilité non seulement au Liban mais dans toute la région".

Le ministre a en outre assuré que Rome œuvrait à ce que les discussions en cours dans la région se traduisent par "des résultats concrets et que personne ne puisse tirer des avantages d'une situation d'instabilité dans le sud du Liban".

L'Italie est, avec 1.099 militaires, le deuxième contributeur de la Finul, derrière l'Indonésie (1.232) et cinq généraux italiens ont été parmi les chefs des Casques bleus au cours des 20 dernières années.


Un mort dans des frappes israéliennes au Liban (ministère)

Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
Une photographie montre l'épave d'un véhicule visé par une frappe aérienne israélienne sur la route reliant le village frontalier d'Odeisseh, dans le sud du Liban, à Markaba, le 16 décembre 2025. (AFP)
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  • Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé, Israël affirmant viser des membres du Hezbollah malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Sous pression internationale, le Liban s’est engagé à désarmer le Hezbollah au sud du Litani, mais Israël accuse le mouvement de se réarmer, une accusation relayée par le sénateur américain Lindsey Graham

BEYROUTH: Des frappes israéliennes dans le sud du Liban ont fait un mort et un blessé dimanche, a annoncé le ministère libanais de la Santé, tandis que l'armée israélienne a déclaré avoir visé des membres du Hezbollah.

Israël continue à mener régulièrement des frappes au Liban et affirme viser le mouvement islamiste soutenu par l'Iran, malgré un cessez-le-feu qui a mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an d'hostilités, en marge de la guerre dans la bande de Gaza.

Israël maintient également des troupes dans cinq positions frontalières du sud du Liban qu'il estime stratégiques.

Selon le ministère libanais de la Santé, deux frappes israéliennes ont touché dimanche un véhicule et une moto dans la ville de Yater, à environ cinq kilomètres de la frontière avec Israël, tuant une personne et en blessant une autre.

L'armée israélienne a déclaré avoir "frappé un terroriste du Hezbollah dans la zone de Yater" et ajouté peu après avoir "frappé un autre terroriste du Hezbollah" dans la même zone.

Dimanche également, l'armée libanaise a annoncé que des soldats avaient découvert et démantelé "un dispositif d'espionnage israélien" à Yaroun, une autre localité proche de la frontière.

Sous forte pression américaine et par crainte d'une intensification des frappes israéliennes, le Liban s'est engagé, comme prévu par l'accord de cessez-le-feu, à désarmer le Hezbollah et à démanteler d'ici la fin de l'année toutes ses structures militaires entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres plus au nord.

Israël a mis en doute l'efficacité de l'armée libanaise et accusé le Hezbollah de se réarmer, tandis que le mouvement chiite a rejeté les appels à abandonner ses armes.

En visite en Israël dimanche, le sénateur américain Lindsey Graham a lui aussi accusé le mouvement de se réarmer. "Mon impression est que le Hezbollah essaie de fabriquer davantage d'armes (...) Ce n'est pas un résultat acceptable", a-t-il déclaré dans une vidéo diffusée par le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Plus de 340 personnes ont été tuées par des tirs israéliens au Liban depuis le cessez-le-feu, selon un bilan de l'AFP basé sur les chiffres du ministère libanais de la Santé.


Un sénateur américain réclame une action militaire contre le Hamas et le Hezbollah s'ils ne désarment pas

Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
Le sénateur Lindsey Graham entre dans la salle du Sénat à Washington, DC, le 11 décembre 2025. (AFP)
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  • Le sénateur américain Lindsey Graham appelle au désarmement du Hamas et du Hezbollah, menaçant d’une action militaire s’ils refusent, et conditionne toute paix durable à cette étape
  • Malgré des cessez-le-feu fragiles à Gaza (octobre) et avec le Hezbollah (novembre 2024), les tensions persistent, Israël poursuivant des frappes et les médiateurs poussant vers une phase 2 du plan de paix

Jérusalem: L'influent sénateur américain Lindsey Graham a réclamé dimanche une action militaire contre le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais si ces deux mouvements ne démantelaient pas leur arsenal.

Après deux années d'une guerre dévastatrice dans la bande de Gaza, un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est observé depuis octobre dans le territoire palestinien, bien que les deux parties s'accusent mutuellement de le violer.

Une trêve avec le Hezbollah est également entrée en vigueur en novembre 2024, après deux mois d'une guerre ouverte. Mais Israël continue de mener des frappes en territoire libanais, disant cibler le mouvement islamiste.

Concernant ses deux ennemis, alliés de l'Iran, Israël fait du démantèlement de leur arsenal militaire l'une des principales conditions à toute paix durable.

"Il est impératif d'élaborer rapidement un plan, d'impartir un délai au Hamas pour atteindre l'objectif du désarmement", a affirmé le sénateur républicain lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv.

Dans le cas contraire, "j'encouragerais le président (Donald) Trump à laisser Israël achever le Hamas", a-t-il dit.

"C'est une guerre longue et brutale, mais il n'y aura pas de succès où que ce soit dans la région, tant que le Hamas n'aura pas été écarté du futur de Gaza et tant qu'il n'aura pas été désarmé", a estimé M. Graham.

Depuis le cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre à Gaza, les médiateurs appellent à accentuer les efforts pour passer à la prochaine phase d'un plan de paix américain.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

"La phase deux ne pourra pas réussir tant que le Hamas n'aura pas été désarmé", a martelé M. Graham.

- "Grand ami d'Israël" -

Tout en se disant "optimiste" sur la situation au Liban où le gouvernement s'est engagé à désarmer le Hezbollah, M. Graham a brandi la menace d'une "campagne militaire" contre le mouvement.

"Si le Hezbollah refuse d'abandonner son artillerie lourde, à terme nous devrions engager des opérations militaires", a-t-il estimé, allant jusqu'à évoquer, en coopération avec le Liban, une participation des Etats-Unis aux côtés d'Israël.

Plus tôt dimanche, le sénateur a été reçu par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a salué en lui "un grand ami d'Israël, un grand ami personnel".

Samedi, les Etats-Unis et les garants du cessez-le-feu --Egypte, Qatar et Turquie-- ont appelé Israël et le Hamas à "respecter leurs obligations" et à "faire preuve de retenue" à Gaza.

Le Hamas appelle de son côté à stopper les "violations" israéliennes du cessez-le-feu.

Vendredi, six personnes, dont deux enfants, ont péri dans un bombardement israélien sur une école servant d'abri à des déplacés, d'après la Défense civile à Gaza, un organisme de secours dépendant du Hamas.