En Turquie, l’opposition exige une enquête sur une entreprise paramilitaire

Sur cette photo prise le 26 décembre 2018 on voit un convoi de chars et de véhicules militaires turcs acheminés vers la ville d'al-Rai, contrôlée par les rebelles, dans le nord de la Syrie. (Photo, AFP)
Sur cette photo prise le 26 décembre 2018 on voit un convoi de chars et de véhicules militaires turcs acheminés vers la ville d'al-Rai, contrôlée par les rebelles, dans le nord de la Syrie. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 06 juin 2021

En Turquie, l’opposition exige une enquête sur une entreprise paramilitaire

Sur cette photo prise le 26 décembre 2018 on voit un convoi de chars et de véhicules militaires turcs acheminés vers la ville d'al-Rai, contrôlée par les rebelles, dans le nord de la Syrie. (Photo, AFP)
  • Le groupe SADAT a été créé par un général et ancien conseiller présidentiel
  • Le chef mafieux en fuite, Sedat Peker, a allégué que SADAT entraînait des combattants appartenant au Front al-Nosra et armait le groupe en détournant le convoi d'aide que Peker acheminait vers les Turkmènes syriens

DJEDDAH : Le Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition en Turquie, demande d’ouvrir une enquête parlementaire concernant une entreprise paramilitaire, à la lumière des allégations voulant que cette entreprise entraîne des militants en Syrie.

Le chef mafieux fugitif, Sedat Peker, a allégué que la société SADAT, étroitement liée au gouvernement et au président Recep Tayyip Erdogan, entraînait des combattants du Front al-Nosra et alimentait le groupe en armes. Pour y parvenir, elle aurait détourné des convois d'aide que Peker envoyait aux Turkmènes de Syrie.

C'est en 2012 que Adnan Tanriverdi, général à la retraite et ancien conseiller militaire d'Erdogan, a créé SADAT International Defense Consultancy.

Sa mission avouée est d'établir « une collaboration sur la défense et une coopération dans l'industrie de la défense entre les pays islamiques pour venir en aide au monde islamique à travers des conseils stratégiques, des formations sur la défense et la sécurité, et des services d'approvisionnement qu'elle dispense aux forces armées et aux forces de sécurité intérieure des pays islamiques ».

En effet, l’entreprise SADAT propose des formations sur les tactiques de guerre conventionnelles et non conventionnelles, la chasse aux véhicules blindés, le tir de précision, la surveillance avancée des mortiers et sur d'autres disciplines.

Ainsi, Unal Cevikoz, député du CHP pour Istanbul et ancien ambassadeur, a déposé une demande pour une enquête parlementaire sur SADAT.

Il a réitéré les allégations selon lesquelles SADAT a violé les règlements du Conseil de sécurité des Nations unies par les activités qu'elle mène dans les pays déchirés par la guerre, en particulier en Syrie et en Libye, et ce, en assurant la formation militaire aux citoyens, en créant des armées alternatives, en envoyant des mercenaires et en acheminant des armes illégales.

« Ces allégations porteront un coup profond au prestige de notre pays sur la scène internationale et entraîneront des répercussions fâcheuses pour la Turquie », déclare-t-il. « Les allégations relatives à SADAT impliquent des pays où les forces armées turques continuent d'être actives. Elles présentent donc des risques pour la réputation de la Turquie, mais aussi de son armée. Elles inciteront également les gens à remettre en question la légitimité de la présence de l'armée turque dans ces territoires ».

SADAT recrute entre 50 et 200 officiers retraités spécialisés dans différents domaines, dont un grand nombre a été renvoyé de l'armée pour son appartenance islamiste.

AKP accusé de corruption

Le CHP estime que les allégations portant sur SADAT ne doivent pas être examinées sous le seul angle militaire et sécuritaire, et qu'il convient également de tenir compte des effets potentiels de ces allégations sur les relations de la Turquie avec les pays avec lesquels elle a conclu des accords militaires.

En effet, les allégations de SADAT ont soulevé un débat pour savoir si les différentes unités armées sont contrôlées et si chaque branche a entrepris de créer son propre groupe paramilitaire de manière semi-officielle ou officieuse.

Tanriverdi a occupé le poste de conseiller principal d'Erdogan, entre 2016 et 2018, et a participé à un sommet décisif en amont de l'opération Afrin menée en 2018 en Syrie, aux côtés du chef du Service national de renseignement de la Turquie, Hakan Fidan. Il est également réputé pour peser dans les choix politiques présidentiels.

« La totalité des questions posées précédemment par le Parlement au sujet de SADAT sont restées sans réponse », affirme Cevikoz. « Il est donc désormais obligatoire pour nous tous de mettre en œuvre une commission d'enquête sur les activités de cette société à l'étranger ».

À ce jour, le gouvernement et le ministre de la Défense n'ont pas répondu aux questions posées par l'opposition au sein du Parlement au sujet de cette SADAT, et aucune enquête n'a été lancée sur les accusations portées contre cette dernière depuis de nombreuses années.

Le CHP souhaite informer la population sur la société SADAT et enquêter sur toutes ses activités militaires internationales, pour déterminer si elle a fourni une formation militaire dans des pays comme la Syrie, la Libye et la Somalie, et si elle a expédié des armes illégales au mépris des décisions du Conseil de sécurité des Nations unies.

En 2018, Meral Aksener, politicienne appartenant à l'opposition turque, a avancé que SADAT avait mis en place des camps d'entraînement armé dans les provinces de Konya et Tokat. Cependant, sa demande pour ouvrir une enquête sur ces activités a été passée sous silence.

L'affaire SADAT a figuré à l'ordre du jour du pays en raison des allégations selon lesquelles ses membres auraient joué un rôle dans la mobilisation populaire lors de la tentative de coup d'État ratée de 2016, ce qui lui a valu le qualificatif d' «armée de l'ombre», selon plusieurs personnes.

Figure influente de la mafia depuis les années 1990, Peker a fui le pays l'année dernière pour contourner une enquête criminelle.

Il accuse le Parti de la justice et du développement (AKP) d'Erdogan, le parti au pouvoir, de corruption, de mauvaise gestion et de liens avec le crime organisé.

Il prétend avoir décidé d’envoyer des équipements militaires aux Turkmènes syriens et communiqué son intention à un député de l'AKP afin d'obtenir l'autorisation d'envoyer les camions en 2015.

Par ailleurs, il affirme s'être opposé aux aides envoyées au Front Al-Nosra puisque ce dernier combattait les minorités turkmènes en Syrie. D'après lui, les camions ont été détournés et livrés plutôt aux combattants d'al-Nosra par un groupe appartenant à SADAT.

« Ils ont détourné des camions d'aide destinés aux Turkmènes et les ont confiés à al-Nosra en mon nom. Or, ce n'est pas moi qui les ai envoyés, c'est SADAT. C'est l'un de nos amis turkmènes qui me l'a appris », affirme Peker dans une vidéo.

 

Ce texte est la traduction d’un texte paru sur Arabnews.com.

 


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com