Les vidéo-révélations du chef mafieux Sedat Peker déclenchent une crise politique en Turquie

Une photo d’un téléphone portable prise le 26 mai 2021 à Istanbul montre Sedat Peker qui parle sur sa chaîne YouTube (Photo, AFP)
Une photo d’un téléphone portable prise le 26 mai 2021 à Istanbul montre Sedat Peker qui parle sur sa chaîne YouTube (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 02 juin 2021

Les vidéo-révélations du chef mafieux Sedat Peker déclenchent une crise politique en Turquie

  • Des figures éminentes du gouvernement rejettent les accusations de corruption, de trafic d’armes et de drogue, ainsi que d’avoir apporté une aide aux djihadistes en Syrie
  • Avec ces allégations, il est évident que l’AKP et son allié d’extrême droite, le Parti du mouvement nationaliste, continuent de perdre du soutien parmi la population

DUBAÏ: Des millions de Turcs guettent la prochaine vidéo explosive du fugitif Sedat Peker, ponte du crime organisé. Ils s’attendent à ce qu’il y dévoile les liens qui le rattachent au président Recep Tayyip Erdogan. 

Âgé de 49 ans, Sedat Peker est une figure importante de la mafia depuis les années 1990. Il se déplace régulièrement pour échapper aux autorités turques. L’année dernière, il a fui la Turquie pour échapper à une enquête criminelle qui le visait. 

C’est le 26 mai que le parquet d’Ankara a émis un nouveau mandat d’arrêt à son encontre, le soupçonnant de complicité avec Fethullah Gulen, le prédicateur basé aux États-Unis et accusé par la Turquie d’être responsable du coup d’État manqué contre Erdogan en 2016. 

Une série de vidéos consultées par des millions de personnes sur YouTube montre Peker déverser un déluge d’accusations de corruption, de gestion improbe et de relations coupables avec le crime organisé au sein du Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdogan. 

Ses allégations, qui ont secoué l’establishment politique turc, portent notamment sur le trafic de drogue et d’armes, ainsi que sur une coopération de longue date entre de hauts responsables turcs et les militants d’Al-Nosra en Syrie. 

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Des véhicules militaires turcs traversent en convoi la ville syrienne d’Ariha, dans le nord-ouest de la province d’Idlib, contrôlée par les milices, le 20 octobre 2020, après avoir évacué le poste de Morek, dans la campagne de Hama (AFP/Fichier Photo) 

Le journaliste d’investigation turc Gokcer Tahincioglu a déclaré à Reuters que les vidéos de Peker semblaient être émises directement à partir du siège de la bande» et qu’elles devaient être prises au sérieux. 

«Il s’agit d’une personne non anonyme qui fait des aveux de plein gré et de sa propre initiative. Pourquoi ne l’entendrait-on pas? Il faut absolument écouter ce qu’il a à dire». 

Dans ce qui semble être une campagne organisée pour salir les noms de ses prétendus anciens complices, Peker fait état, dans ses allégations, de pratiques de corruption, de l’absence d’État de droit, mais aussi de rivalités entre les services de sécurité et le pouvoir judiciaire. 

Par ses déclarations, Peker dit chercher à «se venger» du gouvernement turc, notamment du ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu, qui a autorisé la police à perquisitionner son domicile en avril en raison de sa dissidence avec le régime. 

Soylu a rejeté les accusations portées contre lui, notamment celles d’avoir prolongé la période de protection de Peker par la police après que celui-ci a quitté la prison et de l’avoir menacé de réprimer son organisation. 

Il a qualifié ces accusations de «mensonges répugnants» liés à un complot dirigé contre le pays. 

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Par ses déclarations, Peker dit vouloir «se venger» du gouvernement turc, notamment du ministre de l’Intérieur Suleyman Soylu; cette photo est prise lors d’une conférence de presse à Ankara (AFP/Fichier Photo)     

Tandis que Recep Tayyip Erdogan défend avec force la performance de son gouvernement en matière de lutte contre le crime organisé. «Pendant dix-neuf ans, nous avons écrasé les organisations criminelles l’une après l’autre», a-t-il déclaré aux députés le 26 mai, affirmant se tenir «côte à côte» avec Soylu. 

Le 30 mai, Sedat Peker a refait son apparition à l’occasion d’une huitième vidéo. Cette fois-ci, il a accusé les dirigeants du pays de conspirer avec une force paramilitaire en vue de fournir des armes aux groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda en Syrie. 

Peker soutient que la Turquie a livré des armes aux militants du Front Al-Nosra par l’intermédiaire d’un groupe paramilitaire du nom de Sadat, qui a été créé en 2012 par un général retraité et 23 officiers expulsés de l’armée en raison de leurs appartenances islamistes. 

Le Front Al-Nosra, désormais appelé Hayat Tahrir al-Sham (HTS), maintient son contrôle sur la partie de la province d’Idlib proche de la frontière sud de la Turquie et tenue par les miliciens syriens. 

Dans sa vidéo, Peker avance que les «grosses affaires» en Syrie ne peuvent être réalisées qu’avec l’autorisation du chef des affaires administratives de la présidence, Metin Kiratli, mais aussi d’hommes d’affaires favorables au gouvernement et d’un haut dirigeant d’Al-Nosra, Abou Abderrahmane. 

Par ailleurs, Peker laisse entendre qu’il est impossible d’établir un lien entre l’argent et l’État turc, dans la mesure où cet argent a été camouflé par un «réseau corrompu» avec le concours du ministre de de l’Intérieur. 

La figure turque qui fait fureur sur YouTube

  • Sedat Peker, chef mafieux en cavale, fait la une des journaux avec ses accusations pointant des personnalités éminentes de la politique turque. 
  • Par ses révélations en vidéo, il cherche à se venger de ceux qui l’ont écarté au profit de son rival, le mafieux Alaattin Cakici. 
  • Les vidéos de Peker sont classées sur IMDb dans la catégorie des mini-séries télévisées, sous les rubriques «biographie», «crime» et «télé-réalité». 

Dans sa vidéo, Peker affirme avoir envisagé d’envoyer des équipements militaires aux Turkmènes syriens en 2015, et en avoir informé  un député AKP afin d’obtenir l’autorisation d’envoyer les camions. 

Par ailleurs, il prétend s’être opposé à l’aide au Front Al-Nosra parce que ce dernier combattait les minorités turkmènes en Syrie. Selon lui, les camions ont été détournés et expédiés aux combattants d’Al-Nosra par un groupe affilié à Sadat. 

«Ils ont détourné des camions d’aide destinés aux Turkmènes et les ont livrés au groupe Al-Nosra. Ils l’ont fait en mon nom, alors que ce n’est pas moi qui les ai envoyés, mais plutôt Sadat. Je l’ai appris par l’un de nos amis turkmènes», affirme Peker dans la vidéo. 

Le groupe paramilitaire entretient des liens étroits avec le gouvernement turc et a prétendument joué un rôle dans le recrutement et la formation de combattants pendant les guerres civiles en Syrie et en Libye. 

Depuis 1998, Peker fait des allers-retours en prison pour différents crimes, allant du racket à la falsification, en passant par le vol, la détention arbitraire, l’incitation au meurtre et la mise sur pied d’une organisation criminelle. 

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Des miliciens syriens soutenus par la Turquie portent des masques dans un contexte de pandémie de coronavirus (Covid-19), lors d’une parade militaire à l’occasion de la formation d’une nouvelle promotion de cadets (AFP/Fichier Photo) 

Parmi les politiciens mis en cause dans les vidéos de Peker figure Binali Yildirim, un autre ancien Premier ministre et actuellement chef adjoint de l’AKP. Selon Peker, le fils de Yildirim, Erkam, aurait voyagé à plusieurs reprises au Venezuela afin d’ouvrir une nouvelle route internationale pour le trafic de drogue vers la Turquie. 

Si Yildirim a affirmé que les voyages de son fils Erkam avaient pour seul objectif de livrer de l’aide pour lutter contre la Covid-19, ses arguments se sont retournés contre lui après que les données des douanes turques ont révélé qu’aucun équipement médical de ce type n’avait été expédié depuis la Turquie aux dates indiquées. 

Les affirmations de Peker ont suscité la colère du gouvernement d’Erdogan. 

«Par ses énoncés dérisoires, Peker prouve qu’il agit sous la coupe des ennemis de la Turquie et des alliances nationales malveillantes», indique Oktay Saral, principal conseiller de la présidence. «L’État va faire le nécessaire et toutes les puissances comprendront que notre pays saura résister à ces attaques ridicules.» 

Cependant, une nouvelle enquête menée par l’institut de sondage Avrasya révèle que 75 % des Turcs estiment que les affirmations de Peker sont fondées. 

«À la création de l’AKP au milieu de l’année 2001, la corruption faisait partie des vices que ce parti promettait d’éradiquer, mais voilà qu’elle a pris encore plus d’ampleur de nos jours.» Un constat établi par Yasar Yakis, ancien ministre turc des Affaires étrangères et membre fondateur de l’AKP, dans une tribune publiée récemment sur Arab News.  

 «Aujourd’hui, un débat prend forme en Turquie autour de l’opportunité que représentent les aveux de Peker de mettre fin à la corruption dévastatrice qui ruine toutes les structures de l’État.» 

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Peker accuse le fils de l’ancien Premier ministre Binali Yildirim d’avoir voyagé à plusieurs reprises au Venezuela afin d’ouvrir une nouvelle route internationale pour le trafic de cocaïne vers la Turquie (AP/Fichier Photo) 

En outre, les accusations de Peker ont suscité un examen approfondi des rouages du système de l’État profond en Turquie. Au cœur de cet examen, on trouve les procès de Mehmet Agar, ancien ministre de l’Intérieur et chef de la police, et de Korkut Eken, ancien responsable auprès des services de renseignement. 

Agar et Eken sont à nouveau traduits en justice pour dix-huit assassinats extrajudiciaires commis dans les années 1990, après que leur acquittement a été annulé par une cour d’appel dans un arrêt rendu le 5 avril. La cour a soutenu que les preuves n’avaient pas été examinées de manière appropriée. 

Agar et Eken ont fait la une des journaux en raison des allégations de Peker. En effet, ce dernier les a accusés de plusieurs actes illégaux relevant de l’appareil d’État, dont leur implication dans un réseau international de trafic de drogue et l’assassinat des journalistes d’investigation Ugur Mumcu et Kutlu Adali. 

Le journaliste et défenseur de la paix Kutlu Adali a été abattu devant son domicile en juillet 1996 dans la république turque de Chypre du Nord. Les circonstances de ce meurtre n’ont toujours pas été élucidées. 

L’épouse d’Adali a porté plainte contre la Turquie devant la Cour européenne des droits de l’homme. En mars 2005, la Cour a statué qu’Ankara n’avait pas mené une enquête sérieuse sur le meurtre du journaliste chypriote turc. 

Par ailleurs, la police turque a arrêté la semaine dernière Atilla Peker, frère de Sedat, qui a déclaré avoir confié à son frère la mission d’assassiner Adali; une tentative ratée effectuée (« qui aurait été effectuée », si on veut rester prudent) il y a vingt-cinq ans sur ordre de l’État. 

Quant à Ugur Mumcu, tué en janvier 1993 par une voiture piégée devant son appartement à Ankara, Peker prétend qu’Agar était impliqué dans ce meurtre. 

Il reste à voir comment le gouvernement turc va gérer les suites de ces allégations, et si Soylu va démissionner, étant donné qu’il se trouve au cœur des accusations concernant les liens entre l’État et la mafia. 

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Des combattants syriens appuyés par la Turquie chargent leurs armes aux abords des villages d’Afis et de Salihiyah, à proximité de la ville de Saraqib, contrôlée par le régime (AFP/Fichier Photo) 

C’est Cemil Cicek, ancien ministre de la Justice et ancien président du Parlement, qui a été le premier à réagir aux révélations de Peker. 

Sur fond de discours contre la corruption, prononcé par quelques membres éminents de l’AKP, Cicek a lancé: «Si le millième de ce que dit Peker est vrai, c’est déjà catastrophique pour le pays ?» 

«Les magistrats du parquet qui entendent ou lisent des nouvelles aussi scandaleuses ne doivent pas attendre qu’on les incite à agir. Ils sont tenus d’enquêter sur ces allégations de leur propre chef, sans nécessité qu’on leur demande ou qu’on leur ordonne de le faire. 

Le fait que Peker continue de dénoncer les liens qu’il a entretenus dans le passé avec les plus hautes sphères de l’État pourrait représenter une épreuve décisive pour l’exécutif turc quant à sa capacité à agir contre le monde du crime, en prévision des élections prévues en 2023. 

Car ces accusations risquent de miner la cote de popularité de ce gouvernement qui a déjà perdu une part considérable du soutien de l’opinion publique. 

L’influence de cette affaire sur l’humeur des électeurs est indéniable, et il est évident que l’AKP et son allié d’extrême droite, le Parti du mouvement nationaliste, continuent de perdre du soutien parmi la population. 

«Ce déclin est irréversible, cela ne fait aucun doute», explique à Arab News Sinem Adar, associée au Centre d’études appliquées sur la Turquie au sein de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité. «Dans ce contexte, les allégations de Peker portent un coup de plus à une alliance déjà défaillante.» 

«L’incidence de ces propos se traduira, au-delà du soutien électoral, en une aggravation et une intensification du conflit et de la rivalité qui prévalent déjà entre les différents clans de l’alliance gouvernementale.» 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.  


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.