La Turquie «a œuvré pour réduire les sanctions de l’OTAN contre le Bélarus»

Un agent de sécurité utilise un chien pour vérifier les bagages des passagers l’avion de la compagnie de Ryanair qui transportait Raman Pratasevich, la personnalité de l’opposition, voyageant d'Athènes à Vilnius, en Lituanie. (Photo, AP/Archives)
Un agent de sécurité utilise un chien pour vérifier les bagages des passagers l’avion de la compagnie de Ryanair qui transportait Raman Pratasevich, la personnalité de l’opposition, voyageant d'Athènes à Vilnius, en Lituanie. (Photo, AP/Archives)
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Publié le Samedi 29 mai 2021

La Turquie «a œuvré pour réduire les sanctions de l’OTAN contre le Bélarus»

  • Les touristes russes préfèrent la Turquie en tant que destination de vacances de premier choix, avec presque sept millions de visiteurs par an
  • «Les leaders turcs n’ont aucun problème à traiter avec un homme dont le régime a battu des manifestants pacifiques et qui vient de détourner un avion»

ANKARA: La Turquie a convaincu ses alliés de l'OTAN d'opter pour une position officielle plus modérée envers Minsk, après que la Biélorussie ait forcé un avion de ligne européen traversant son espace aérien d’atterrir pour pouvoir arrêter un journaliste dissident, a rapporté jeudi Reuters.

L'avion de Ryanair a décollé de la Grèce et se dirigeait vers la Lituanie, mais la Biélorussie a détourné sa route pour le forcer à atterrir à Minsk dimanche.

Dans une déclaration en deux paragraphes publiée par l'OTAN, l'alliance a condamné l'arrestation du journaliste Roman Protasevich après l'atterrissage forcé, mais elle n'a pas évoqué les sanctions punitives que la Pologne, la Lituanie et la Lettonie réclamaient.

La déclaration, qui n’a même pas exigé la libération des prisonniers politiques au Bélarus, contredit la déclaration du secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, selon laquelle l’incident était «scandaleux» et «un détournement d’avion perpétré par l’État».

Des diplomates cités par Reuters ont affirmé qu'Ankara pourrait utiliser son influence à l'OTAN afin de consolider ses liens fragiles avec Moscou, un proche allié de la Biélorussie, pour convaincre la Russie de permettre aux touristes russes de venir en Turquie pendant la saison estivale malgré le risque élevé d'infections de la Covid-19.

Les touristes russes préfèrent la Turquie en tant que destination de vacances de choix, en particulier les provinces du Sud, plus que tout autre pays, avec 7 millions de visiteurs russes enregistrés en 2019.

Moscou devrait revoir l'interdiction d'un mois et demi sur les vols avec Ankara qui expirera le 1er juin.

Toutefois, sur le front diplomatique, la Turquie a récemment attiré la colère de la Russie pour son rapprochement avec l'Ukraine.

Le Kremlin a averti Ankara le 24 mai en signalant qu’encourager les actions ukrainiennes «agressives» envers la Crimée, est une violation directe de l’intégrité territoriale russe. Le ministre russe des Affaires étrangères a critiqué la coopération accrue de la Turquie avec Kiev, affirmant qu’elle ne fait qu’alimenter le «sentiment militariste» en Ukraine.

La décision diplomatique présumée de la Turquie à l'OTAN pour empêcher des sanctions sévères contre la Biélorussie, probablement une interdiction aux compagnies aériennes biélorusses de survoler l'espace aérien de l'UE ou d'empêcher les compagnies aériennes biélorusses d'utiliser les aéroports de l'UE,  pourrait également viser à renforcer la coopération économique avec Minsk au milieu des difficultés financières auxquelles la Turquie est confrontée pendant la pandémie.

Cependant, certains experts ont souligné que cette dernière initiative au sein de l’OTAN faisait allusion à une tentative de trouver un équilibre entre les objectifs géopolitiques d’Ankara et les nécessités économiques.

«La Turquie tente de préserver son 'équilibre' entre l'OTAN et la Russie après avoir signalé au cours des dernières semaines qu'elle était plus disposée à s'engager dans la politique de dissuasion envers la Russie, comme en témoigne sa sensibilisation envers l'Ukraine et la vente de drones à la Pologne et rejoindre ainsi la surveillance aérienne renforcée de l’OTAN », a déclaré à Arab News Karol Wasilewski, analyste à l’Institut polonais des affaires internationales de Varsovie.

Le ministère turc des Affaires étrangères est resté silencieux sur le rapport de Reuters.

Cependant, le Kremlin ne semble pas apaiser sa tension avec Ankara d'un aussi simple geste.

Selon Wasilewski, toute initiative diplomatique de la Turquie pour empêcher des sanctions contre la Biélorussie pourrait calmer un peu la Russie, mais elle ne suffira pas à apaiser complètement les tensions.

«La Russie est sur le point de signaler à la Turquie que ses actions auront des conséquences et cela pourrait continuer jusqu'à ce qu’Ankara montre plus clairement que son engagement dans l'OTAN n'interférera pas dans sa politique envers la Russie», a indiqué Wasilewski.

Il a de plus ajouté: «En fin de compte, la Turquie poursuit sa politique pour «avoir le beurre et l'argent du beurre» à l’égard de l’OTAN et de la Russie. Moscou a été assez tolérante envers cette politique, car pendant longtemps, cette politique a eu des conséquences plus négatives pour l'OTAN que pour la Russie».

Les critiques de la Turquie concernant l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014 et son soutien à l’intégrité territoriale de l’Ukraine sont une source de mécontentement pour le Kremlin.

Avec l'administration de Joe Biden maintenant à la Maison Blanche, Wasilewski pense que l'équation a changé et que Moscou souhaite démontrer à la Turquie que cette politique n'est plus valable, surtout si Ankara vise à modifier son équilibre d'une manière qui aurait des conséquences plus négatives pour la Russie.

Pour Amanda Paul, analyste politique principale au Centre politique européen (CPE) basé à Bruxelles, il est décevant qu'Ankara ait pris cette position, et cette décision a encore frustré de nombreux membres de l'Alliance.

«L'OTAN aurait dû réagir fermement à cet incident scandaleux. Bien évidemment, étant donné l'état de l'économie turque ces jours-ci, Ankara se concentre sur l'amélioration de la situation », a-t-elle déclaré à Arab News.

En ce qui concerne la Biélorussie, Paul croit que la Turquie s'est concentrée sur le renforcement des liens économiques ainsi que sur d’autres problèmes ces dernières années.

«En ce début mai, le président Recep Tayyip Erdogan a eu un appel téléphonique avec Alexander Loukachenko au cours duquel les deux ont réitéré leur intention de renforcer les relations de leurs deux pays. Cela indique clairement que les leaders turcs n’ont aucun problème à traiter avec un homme dont le régime a battu, et dans certains cas tué, des manifestants pacifiques et qui vient maintenant de détourner un avion», a ajouté Amanda Paul.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Trump reçoit Netanyahu en Floride et veut avancer sur la trêve à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza. (AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza. (AFP)
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  • Benjamin Netanyahu devrait chercher à concentrer les regards sur l'Iran et pourrait plaider pour de nouvelles frappes américaines contre le programme nucléaire de Téhéran, selon des informations de presse
  • Cette rencontre est la cinquième aux Etats-Unis entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an

PALM BEACH: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu rencontre une nouvelle fois son allié Donald Trump, lundi en Floride, le président américain étant déterminé à avancer vers la deuxième phase de son plan de cessez-le-feu à Gaza.

Benjamin Netanyahu devrait lui chercher à concentrer les regards sur l'Iran et pourrait plaider pour de nouvelles frappes américaines contre le programme nucléaire de Téhéran, selon des informations de presse.

Cette rencontre est la cinquième aux Etats-Unis entre les deux hommes depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump il y a près d'un an.

Elle intervient au moment où Washington et des médiateurs régionaux souhaitent accélérer la cadence pour lancer la deuxième phase du fragile cessez-le-feu en vigueur depuis octobre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza.

Cette deuxième étape prévoit le désarmement du Hamas, un retrait progressif de l'armée israélienne de Gaza, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation dans le territoire palestinien.

Donald Trump doit recevoir le dirigeant israélien à 13H00 (18H00 GMT) dans sa résidence Mar-a-Lago, à Palm Beach, où il passe les fêtes et a déjà accueilli la veille le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Plus tôt dans la journée, Benjamin Netanyahu s'est entretenu avec le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio et le ministre américain de la Défense Pete Hegseth, ont indiqué des responsables des deux pays.

Dernier otage 

Succès majeur de la première année du mandat du président américain, la fragile trêve à Gaza, prévue par un plan supervisé par Donald Trump, a mis fin en octobre à deux années de guerre dévastatrice, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023. Israël et le Hamas s'accusent néanmoins mutuellement de violations.

Le passage à la deuxième phase piétine, malgré la volonté américaine d'obtenir de nouvelles avancées.

Le média américain Axios rapporte, en citant des responsables de la Maison Blanche, que Washington veut annoncer le plus rapidement possible un gouvernement palestinien de technocrates comme autorité de transition pour Gaza et que Donald Trump souhaite réunir un nouveau "comité de la paix" chargé de superviser ce gouvernement transitoire en janvier lors du forum de Davos en Suisse.

Mais avant d'entamer les tractations sur la deuxième phase, Israël veut insister sur l'importance de la restitution du corps du dernier otage retenu à Gaza, selon une porte-parole du bureau du Premier ministre, Shosh Bedrosian. Le Hamas assure ne pas avoir réussi à le localiser jusqu'à présent.

Benjamin Netanyahu veut s'assurer que "le Hamas est désarmé, que Gaza est démilitarisé" dans cette phase suivante, a-t-elle ajouté.

Or la branche armée du mouvement islamiste palestinien a réaffirmé lundi qu'il "ne renoncera pas à ses armes tant que l'occupation perdurera".

 


Au Vatican, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël

Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV célèbre la messe de la veille de Noël à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 24 décembre 2025. (AFP)
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  • À la basilique Saint-Pierre, Léon XIV célèbre sa première messe de Noël en tant que pape, plaçant son pontificat sous le signe de la charité, de l’espérance et de la dignité humaine
  • Fidèle à son appel à une paix « désarmée et désarmante », il s’apprête à renouveler ses appels à la trêve et à la paix mondiale

CITÉ DU VATICAN, SAINT-SIÈGE: Léon XIV a célébré mercredi soir la première messe de Noël de son pontificat dans la basilique Saint-Pierre au Vatican, délivrant un message de "charité et d'espérance" face aux dérives d'une "économie faussée".

Peu avant la messe, le pape américain est sorti sur le parvis de la place Saint-Pierre pour saluer les quelque 5.000 fidèles massés sous la pluie pour suivre la cérémonie sur écrans géants, faute de place à l'intérieur de la basilique.

"La basilique Saint-Pierre est très grande, mais malheureusement pas assez pour tous vous accueillir. J'admire et respecte et vous remercie pour votre courage et votre envie d'être ici ce soir", a-t-il lancé en anglais.

Devant les cardinaux, évêques, diplomates et environ 6.000 fidèles, Léon XIV, qui affiche un style plus discret que son prédécesseur François, a ensuite prononcé une homélie très religieuse sans évoquer directement de sujet d'actualité.

"Alors qu’une économie faussée conduit à traiter les hommes comme de la marchandise, Dieu se fait semblable à nous, révélant la dignité infinie de toute personne", a déclaré le pape.

"Proclamons la joie de Noël, qui est la fête de la foi, de la charité et de l’espérance", a-t-il ajouté.

Cette cérémonie commémorant la naissance du Christ, l'une des plus solennelles de l'année, a mêlé chants traditionnels et gestes symboliques. Le pape de 70 ans a décidé de la célébrer à un horaire plus tardif que sous le pontificat de François (19H30).

Autre changement majeur : Léon XIV présidera jeudi matin la messe du jour de Noël, renouant ainsi avec une tradition qui remontait au pontificat de Jean-Paul II (1978-2005).

Il prononcera ensuite à 12H00 (11H00 GMT) sa bénédiction "Urbi et Orbi" (à la ville et au monde) en mondovision depuis le balcon de la basilique, lors de laquelle le pape se livre traditionnellement à un tour d’horizon des conflits dans le monde.

Fervent défenseur d’une paix "désarmée et désarmante", le chef de l'Eglise catholique devrait y renouveler ses appels à la paix. Mardi soir, Léon XIV a déjà demandé une trêve d'un jour pour Noël dans le monde entier, disant regretter le fait que "la Russie semble avoir rejeté la demande de trêve".

Aucun texte du Nouveau testament ne précise le jour et l'heure de naissance de Jésus de Nazareth. Sa célébration le 25 décembre dans la tradition chrétienne a été choisie au IVe siècle en Occident.

Ce Noël 2025 coïncide avec la clôture du Jubilé, "Année sainte" de l'Eglise qui a attiré des millions de pèlerins à Rome.


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".