Bitcoin adopté par le Salvador: les fans de crypto ravis, le marché impavide

Un homme achète dans un magasin qui accepte les bitcoins à El zonte, à 56 km au sud-est de San Salvador, le 9 juin 2021. (AFP)
Un homme achète dans un magasin qui accepte les bitcoins à El zonte, à 56 km au sud-est de San Salvador, le 9 juin 2021. (AFP)
Short Url
Publié le Jeudi 10 juin 2021

Bitcoin adopté par le Salvador: les fans de crypto ravis, le marché impavide

  • Le parlement salvadorien a approuvé mercredi une loi qui devrait permettre à terme d'utiliser le bitcoin dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, de l'achat de biens immobiliers aux contributions fiscales
  • C'est la première fois que la très volatile cryptomonnaie décentralisée est reconnue comme une devise, alors qu'au contraire, de nombreux régulateurs en Europe, en Chine ou en Amérique du Nord s'arment contre ce marché qui a explosé ces derniers mois

LONDRES : L'adoption du bitcoin comme monnaie légale par le Salvador, une première mondiale, ravit de nombreux adeptes des cryptomonnaies, pour qui un cap historique a été franchi, même si elle n'a pas redonné d'élan au cours du bicoin récemment malmené.

Le parlement salvadorien a approuvé mercredi une loi qui devrait permettre à terme d'utiliser le bitcoin dans de nombreux aspects de la vie quotidienne, de l'achat de biens immobiliers aux contributions fiscales.

C'est la première fois que la très volatile cryptomonnaie décentralisée est reconnue comme une devise, alors qu'au contraire, de nombreux régulateurs en Europe, en Chine ou en Amérique du Nord s'arment contre ce marché qui a explosé ces derniers mois.

"Des pays plus grands et plus puissants essayent de s'opposer au mouvement inéluctable vers des monnaies sans frontières, mondiales et numériques, mais ce petit pays d'Amérique centrale a embrassé la plus grande d'entre elles", s'enflamme Nigel Green, patron du cabinet de conseil financier deVere, dans une note.

Selon lui, il est logique que les pays comme le Salvador, qui utilisent leurs monnaies mais également le dollar comme devise officielle, soient intéressés par une alternative qui n'a pas les contraintes politiques du billet vert.

"Le Salvador est le premier, mais pas le dernier", assure-t-il.

Et en effet, le député paraguayen Carlos Rejala Helman a affirmé sur Twitter que son pays avait "une annonce" à faire sur les cryptomonnaies prochainement.

Comme le président du Salvador, il a édité sa photo de profil pour y remplacer ses yeux par des rayons laser, signe de reconnaissance des fans de bitcoin qui symbolise leur concentration sur la hausse des prix.

Marché maussade 

"Au fur et à mesure que les usages se multiplient, surtout chez les plus jeunes et les moins riches, cela pourrait conduire sur le long terme à un adoucissement des régulations", explique à l'AFP Charlie Erith, du gérant de cryptoactifs ByteTree.

Plus modéré que d'autres professionnels des cryptomonnaies, il parle d'un "petit pas dans la bonne direction".

De fait, le marché des cryptomonnaies reste en petite forme. Le bitcoin évoluait mercredi en hausse de 4,2% à plus de 35 000 dollars, se reprenant après s'être approché des 30 000 dollars la veille mais avec un prix en baisse de 46% par rapport à son sommet historique atteint mi-avril, à 64.870 dollars.

Pourquoi l'annonce du Salvador n'a-t-elle pas poussé le cours à la hausse, alors que sa flambée fin 2020 et début 2021 a été portée par des annonces consécutives d'adoption par des entreprises financières de plus en plus respectables?

"Les effets d'annonce ont pu rendre les investisseurs sceptique. Comme l'a montré Elon Musk, s'ils changent d'avis, le retour de bâton peut être dur", estime M. Erith.

Le dirigeant du constructeur automobile Tesla avait régulièrement fait l'éloge des cryptomonnaies au premier trimestre sur son compte Twitter, et son entreprise avait annoncé accepter le bitcoin comme moyen de paiement ainsi que l'investissement d'une partie de sa trésorerie dans la cryptomonnaie.

Mais le fantasque milliardaire a depuis changé de ton et oscille désormais entre soutien et critique, ce qui tend à amplifier la volatilité des prix.

Inquiétudes sino-américaines

Mais surtout, "il y a un risque que le Salvador devienne un ilot dans un océan mondial de scepticisme envers les cryptomonnaies", craint Susannah Streeter, analyste financière chez Hargreaves Lansdown.

"Les transactions en cryptomonnaies ont déjà été bannies en Chine et la dernière cible de Pékin sont les réseaux sociaux, avec la suspension de plusieurs comptes dédiés aux cryptomonnaies sur le réseau Weibo", répond-t-elle à l'AFP.

Et aux Etats-Unis, les autorités ont annoncé en début de semaine avoir réussi à saisir une partie des 4,4 millions de dollars en bitcoins payés en rançon après le piratage de Colonial Pipeline, qui avait paralysé un oléoduc crucial pour le système pétrolier américain.

"Le battage médiatique autour de cette rançon et de la saisie remet en valeur l'idée qu'un des principaux usages des cryptomonnaies est criminel", ajoute l'analyste.

"En devenant connu comme un paradis du bitcoin, le pays, qui a déjà connu des accusations de corruption, risque d'attirer le mauvais type d'investissements venus de groupes criminels qui recherchent l'anonymat", conclut-elle.


France: la pleine puissance du nouveau réacteur nucléaire EPR repoussée à la fin de l'automne

Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Cette photographie prise le 25 avril 2024 montre la centrale nucléaire de Flamanville, dans le nord-ouest de la France, alors que la centrale nucléaire Flamanville 3 est prête à démarrer. (AFP)
Short Url
  • EDF prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne"
  • Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur

PARIS: Electricité de France (EDF) prévoit désormais que son nouveau réacteur EPR de Flamanville, en Normandie dans l'ouest du pays, atteindra sa pleine puissance "avant la fin de l'automne", alors que le groupe espérait jusqu'à présent pouvoir franchir cette étape d'ici la fin de l'été.

La prolongation d'un arrêt "pour réaliser une opération de contrôle et de maintenance préventive sur une soupape de protection du circuit primaire principal" conduit à modifier "la date d'atteinte de la pleine puissance, désormais prévue avant la fin de l'automne", a indiqué l'électricien public français sur son site internet vendredi.

Alors que le réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération était à l'arrêt depuis le 19 juin pour des opérations d'essais de mise en service, classiques pour de nouvelles installations nucléaires, EDF a décidé le 2 juillet de le maintenir à l'arrêt pour intervenir sur des soupapes.

EDF avait en effet constaté pendant les essais que deux des trois soupapes placées au sommet du pressuriseur qui permet de maintenir l'eau du circuit primaire à une pression de 155 bars "n'étaient pas complètement conformes" aux attendus en termes d'"étanchéité".

En raison de ces "aléas", EDF a décidé vendredi de prolonger cet arrêt pour mener une opération de maintenance préventive sur la 3e soupape.

"Les expertises menées sur les deux premières soupapes conduisent EDF, dans une démarche pro-active de sûreté, à étendre les vérifications à la troisième soupape en profitant de la logistique déjà en place et mobilisant les compétences disponibles", a expliqué le groupe.

Le redémarrage du réacteur est désormais prévu au 1er octobre, décalant de fait le passage à 100% de puissance du réacteur.

"Il y a 1.500 critères de sûreté qui sont testés lors d'un premier démarrage" de réacteur, a expliqué à l'AFP une porte-parole d'EDF. Lors de ces phases d'essais et de contrôle, il est parfois nécessaire de "refaire des réglages", selon elle.

Le réacteur de nouvelle génération a été raccordé au réseau électrique le 21 décembre 2024, avec douze ans de retard par rapport à la date prévue. Son coût a explosé par rapport au devis initial de 3,3 milliards d'euros: selon un rapport de la Cour des comptes française publié en,janvier, EDF l'estime aujourd'hui à 22,6 milliards d'euros aux conditions de 2023.


Engie confirme ses perspectives 2025 malgré un contexte "incertain et mouvant"

Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Cette photographie montre le parc éolien offshore de Yeu-Noirmoutier au large de l'Ile-d'Yeu, dans l'ouest de la France, le 23 juin 2025. (AFP)
Short Url
  • Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre
  • L'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025

PARIS: Engie a confirmé vendredi ses perspectives pour 2025 malgré un contexte "incertain" et une baisse des prix qui a pesé sur ses résultats au premier semestre, et se dit désormais plus confiant pour ses projets renouvelables aux Etats-Unis après une période d'incertitude.

Son résultat net récurrent a reculé de 19% à 3,1 milliards d’euros au cours des six premiers mois de l'année. Le résultat opérationnel (Ebit) hors nucléaire est ressorti à 5,1 milliards d'euros, en baisse de 9,4% en raison d'une base de comparaison élevée par rapport au premier semestre 2024 et "dans un contexte de baisse des prix".

Mais l'énergéticien se dit confiant sur la suite et maintient ses prévisions pour 2025.

"Nous abordons les prochains mois avec confiance et nous confirmons notre +guidance+ annuelle", a commenté Catherine MacGregor, sa directrice générale, citée dans le communiqué de résultats.

Elle a néanmoins insisté sur le contexte économique et géopolitique "assez incertain et mouvant", lors d'une conférence téléphonique.

A la Bourse de Paris, Engie cédait 2,45% à 10H53 (8H53 GMT) à 19,15 euros vendredi, après avoir lâché 5% à l'ouverture.

Interrogée sur les Etats-Unis, Catherine MacGregor s'est montrée plus confiante après une période d'incertitude qui a suivi l'entrée en fonction du gouvernement Trump.

"Avec la promulgation du +Big beautifull bill+ (la loi budgétaire de Donald Trump, ndlr) et une première clarification du cadre réglementaire et fiscal qui était attendue, nous nous apprêtons à lancer trois projets pour plus de 1,1 GW de capacité totale, éolien, solaire et batteries qui vont conforter notre croissance jusqu'en 2028", a-t-elle déclaré.

Engie a pour l'heure "juste en dessous de 9 GW en opération aux États-Unis", a-t-elle rappelé.

"Il y avait beaucoup, beaucoup d'incertitudes sur le traitement qui serait donné à ces projets", a-t-elle souligné, mais avec cette nouvelle loi, "on a beaucoup plus de clarté".

"Le marché aux États-Unis reste évidemment très, très porteur", a-t-elle poursuivi. "Les projections de demande d'électricité sont absolument massives et aujourd'hui, il n'y a pas de scénarios (...) sans une grande partie de projets renouvelables", notamment en raison du fort développement des centres de données dans le pays.

Le groupe table sur un résultat net récurrent - qui exclut des coûts de restructuration et la variation de la valeur de ses contrats de couverture - "entre 4,4 et 5,0 milliards d'euros" en 2025.

Engie vise par ailleurs un Ebit hors nucléaire "dans une fourchette indicative de 8,0 à 9,0 milliards d'euros" en 2025.

"Comme prévu, l'Ebit hors nucléaire va atteindre son point bas cette année et le second semestre 2025 sera en hausse par rapport à 2024", a indiqué Catherine MacGregor.

Le bénéfice net en données publiées s'établit à 2,9 milliards d'euros au premier semestre, en hausse de 50%, en raison d'un impact moindre de la variation de la valeur de ses contrats de couverture.

Le chiffre d'affaires a atteint 38,1 milliards d'euros au premier semestre, en croissance de 1,4%.

Engie disposait d'une capacité totale renouvelables et de stockage de 52,7 gigawatts (GW) à fin juin 2025, en hausse de 1,9 GW par rapport à fin 2024. A cela s'ajoutent 95 projets en cours de construction qui représentent une capacité totale de près de 8 GW.

Le groupe dispose d'un portefeuille de projets renouvelables et de batteries en croissance qui atteint 118 GW à fin juin 2025, soit 3 GW de plus qu'à fin décembre 2024.


ArcelorMittal: les taxes douanières américaines érodent la rentabilité au premier semestre

La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
La cokerie d'ArcelorMittal Bremen sur le site de Bottrop est photographiée depuis la plate-forme d'observation Tetraeder à Bottrop, dans l'ouest de l'Allemagne, le 21 juillet 2025. (AFP)
Short Url
  • ArcelorMittal a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexiqu
  • ArcelorMittal espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année

PARIS: ArcelorMittal, qui a vu sa rentabilité érodée au premier semestre par les taxes douanières de Donald Trump sur les importations d'acier depuis le Canada ou le Mexique, espère la mise en place effective de mesures de soutien à l'acier en Europe d'ici à la fin de l'année.

Malgré un résultat net en hausse de 39% au premier semestre 2025, à 2,6 milliards de dollars, le bénéfice avant intérêt, impôt, dépréciation et amortissement (Ebitda) du deuxième fabricant d'acier mondial a reculé de 10%, à 3,4 milliards de dollars, notamment après l'application de droits de douane de 50% sur l'acier importé aux Etats-Unis depuis le Canada et le Mexique à partir du 4 juin, a expliqué le groupe dans un communiqué jeudi.

Le chiffre d'affaires a aussi pâti du recul de 7,5% des prix moyens de l'acier dans le monde: les ventes se sont amoindries de 5,5%, à 30,72 milliards de dollars au premier semestre.

Jeudi à la Bourse de Paris, après ces annonces, le titre ArcelorMittal a terminé la séance en recul de 2,58%, à 27,52 euros.

Le directeur général du groupe, Aditya Mittal, s'est félicité de la reprise à 100% du site de Calvert aux Etats-Unis, qui devient un site d'acier bas carbone grâce à la construction d'un nouveau four à arc électrique.

En Europe, les tendances à l'accroissement des dépenses publiques sur la défense et les infrastructures "sont un encouragement pour l'industrie de l'acier", a jugé M. Mittal.

Néanmoins, alors que le plan d'action annoncé en mars par la Commission européenne a lancé des "signaux clairs" pour défendre la production européenne d'acier, "nous attendons toujours la concrétisation des mesures de sauvegarde (ou quotas sur les importations d'acier en Europe, NDLR) du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières et sur les prix de l'énergie", a-t-il souligné.

A condition que ces mesures soient mises en place, le groupe prévoit d'investir 1,2 milliard d'euros pour un four à arc électrique sur son site français de Dunkerque (Nord), a-t-il rappelé.

Au total, ArcelorMittal en exploite 29 dans le monde, pour une capacité de production de 21,5 millions de tonnes d'acier recyclé par an, qui augmentera à 23,4 millions de tonnes en 2026 après la mise en service des deux sites espagnols de Gijon et Sestao.