A Rennes, la collection Pinault s'affiche en noir et blanc

Avec le "Cri", petite statue d'ivoire, l'Algérien Adel Abdessemed donne corps à la célèbre photographie de la petite Vietnamienne brûlée au napalm en 1972. (Photo, AFP)
Avec le "Cri", petite statue d'ivoire, l'Algérien Adel Abdessemed donne corps à la célèbre photographie de la petite Vietnamienne brûlée au napalm en 1972. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 12 juin 2021

A Rennes, la collection Pinault s'affiche en noir et blanc

  • «Le refus de la couleur permet de mieux témoigner la vérité des choses, la radicalité des sentiments, tout en incarnant une esthétique exigeante»
  • Au total une centaine d’œuvres, toutes pratiques confondues - sculpture, vidéo, peinture, dessin, photo et même mode - sont présentées jusqu'au 29 août dans le Couvent des Jacobins

RENNES: Le noir et le blanc pour mieux dire "la vérité des choses": de l'Américain Jeff Koons à l'Iranienne Shirin Neshat, en passant par l'Algérien Adel Abdessemed, 57 artistes de la Collection Pinault sont réunis autour de ce thème dans une exposition, à partir de samedi à Rennes.

"Le refus de la couleur permet de mieux témoigner la vérité des choses, la radicalité des sentiments, tout en incarnant une esthétique exigeante", résume Jean-Jacques Aillagon, directeur général de Pinault Collection et commissaire de l'exposition "Au-delà de la couleur. Le noir et le blanc dans la Collection Pinault".

Au total une centaine d’œuvres, toutes pratiques confondues - sculpture, vidéo, peinture, dessin, photo et même mode - sont présentées jusqu'au 29 août dans le Couvent des Jacobins, trois ans après une première exposition de la collection Pinault "Debout" qui avait accueilli 100 000 visiteurs.

Si le blanc et le noir ne sont pas "à proprement parler des couleurs", comme le rappelle Jean-Jacques Aillagon, le recours au noir et blanc "permet aux artistes de se livrer à des recherches extrêmement radicales, exigeantes".

Et selon lui, "autant et même plus que la couleur, le noir et blanc permet de témoigner de manière très très forte d'un certain nombre des violences du monde dans lequel nous vivons et donc de prendre un parti, le parti de résistance".

A cet égard, le fascinant diptyque vidéo de Shirin Neshat, intitulé "Rapture", met en scène des femmes enfermées dans leur tchador noir face à des hommes portant des chemises blanches. Mais ce sont les femmes dans un magnifique ballet qui s'engagent vers la liberté en mettant à la mer un bateau tandis que les hommes les regardent depuis une citadelle.

Le choc des images en noir et blanc du photojournaliste Richard Avedon témoigne des horreurs de la guerre du Vietnam ou de la dureté d'un hôpital psychiatrique.

Et avec le "Cri", petite statue d'ivoire, l'Algérien Adel Abdessemed donne corps à la célèbre photographie de la petite Vietnamienne brûlée au napalm en 1972.  

Un «Coup de tête» iconique

Et si "contrairement aux apparences, le noir et blanc était plus révélateur de la personnalité et de la réalité que la couleur" ? C'est ce que suggère la série de photos d'Annie Leibovitz, où l'artiste confronte les portraits en pied et en couleurs de danseuses de revues avec leur image plus profonde, en buste et en noir et blanc, dans leur intimité.

L'exposition propose aussi la remise en question de "la symbolique présumée" du noir - le drame, la mort - et du blanc - la pureté, l'amour -. 

En témoignent plusieurs œuvres majeures: le buste blanc de Jeff Koons intitulé "Bourgeois Bust", représentant l'artiste et son épouse enlacés, s'opposant à "Death's Head" la tête de mort noire de Damien Hirst ou à son tableau de mouches noires associées à l'idée de décomposition, intitulé "Cancer".

Un peu plus loin, dans une galerie de l'ancien cloître, le blanc évoque au contraire le froid, la mort, l'absence, la disparition, qu'il s'agisse des linceuls tragiques en marbre blanc de Maurizio Cattelan, de la mariée du peintre chinois Yan Pei-Ming ou encore du tableau de Rudolf Stingel laissant imaginer des pas dans la neige condamnés à disparaître.

L'exposition s'achève sur le "Coup de tête" d'Adel Abdessemed, monumentale statue de bronze de cinq mètres de haut qui reproduit la scène iconique du coup de boule porté par Zinedine Zidane à l'Italien Marco Materazzi en finale de la coupe du monde de football de 2006. 

En contrepoint de la collection Pinault, le musée des Beaux-Arts de Rennes accueille l'exposition "la Couleur crue", qui explore les relations entre la couleur et la matière dans l'art contemporain.


Le festival Winter at Tantora revient à AlUla et célèbre un riche patrimoine culturel

Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
Le festival tire son nom du Tantora, un cadran solaire antique situé au centre de la vieille ville. (SPA)
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AlUla : Le festival Winter at Tantora a été lancé jeudi à AlUla. Il se déroulera jusqu’au 10 janvier et propose une saison culturelle célébrant le riche héritage civilisationnel, culturel et historique de la région.

Le programme du festival comprend une large palette d’activités culturelles, artistiques et traditionnelles, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Parmi les attractions figurent Old Town Nights, Shorfat Tantora, When Shadow Tracks Us et le Carnaval d’Al-Manshiyah.


Le Forum d’Asilah distingué par le Prix du Sultan Qaboos pour la culture

Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, reçoit le Prix et la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Les lauréats du Prix du Sultan Qaboos avec le Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, et Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. (Photo: fournie)
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  • Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a été récompensé à Mascate par le Prix du Sultan Qaboos 2025 dans la catégorie des institutions culturelles privées
  • Cette distinction prestigieuse célèbre l’excellence culturelle arabe et souligne le rôle d’Oman dans la promotion de la pensée, des arts et des lettres

MASCATE: Lors d’une cérémonie organisée dans la capitale omanaise, Mascate, Hatim Betioui, secrétaire général du Forum d’Asilah, a reçu le Prix du Sultan Qaboos pour les institutions culturelles privées.

Hatim Betioui, secrétaire général de la Fondation du Forum d’Asilah, a été distingué mercredi soir à Mascate par le Prix des institutions culturelles privées (catégorie Culture), à l’occasion de la cérémonie de remise du Prix du Sultan Qaboos pour la culture, les arts et les lettres, dans sa douzième édition (2025). La cérémonie s’est tenue sous le patronage du Dr Mohammed bin Saïd Al-Maamari, ministre omanais des Awqaf et des Affaires religieuses, agissant par délégation de Sa Majesté le Sultan Haitham bin Tariq.

Lors de cette édition, le prix a également été attribué, aux côtés de la Fondation du Forum d’Asilah, à l’artiste égyptien Essam Mohammed Sayed Darwish dans le domaine de la sculpture (catégorie Arts), ainsi qu’à Hikmat Al-Sabbagh, connue sous le nom de Yumna Al-Eid, dans le domaine de l’autobiographie (catégorie Lettres).

Au cours de la cérémonie, Habib bin Mohammed Al-Riyami, président du Centre supérieur du Sultan Qaboos pour la culture et les sciences, a prononcé un discours dans lequel il a souligné le rôle et l’importance de ce prix, affirmant que cette célébration constitue une reconnaissance du mérite des lauréats, appelés à devenir des modèles d’engagement et de générosité intellectuelle.

Al-Riyami a également indiqué que l’extension géographique atteinte par le prix, ainsi que l’élargissement constant de la participation des créateurs arabes à chaque édition, résultent de la réputation dont il jouit et de la vision ambitieuse qui sous-tend son avenir. Il a mis en avant le soin apporté à la sélection des commissions de présélection et des jurys finaux, composés de personnalités académiques, artistiques et littéraires de haut niveau, spécialisées dans les domaines concernés, selon des critères rigoureux garantissant le choix de lauréats et d’œuvres prestigieux.

La cérémonie a également été marquée par la projection d’un film retraçant le parcours du prix lors de sa douzième édition, ainsi que par une prestation artistique du Centre omanais de musique.

En clôture de la cérémonie, le ministre des Awqaf et des Affaires religieuses a annoncé les domaines retenus pour la treizième édition du prix, qui sera exclusivement réservée aux candidats omanais. Elle portera sur : la culture (études sur la famille et l’enfance au Sultanat d’Oman), les arts (calligraphie arabe) et les lettres (nouvelle).

Il convient de rappeler que ce prix vise à rendre hommage aux intellectuels, artistes et écrivains pour leurs contributions au renouvellement de la pensée et à l’élévation de la sensibilité humaine, tout en mettant en valeur la contribution omanaise — passée, présente et future — à l’enrichissement de la civilisation humaine.

Le prix est décerné en alternance : une année réservée aux Omanais, et l’année suivante ouverte à l’ensemble du monde arabe. Chaque lauréat de l’édition arabe reçoit la Médaille du Sultan Qaboos pour la culture, les sciences, les arts et les lettres, assortie d’une dotation de 100 000 rials omanais. Pour l’édition omanaise, chaque lauréat reçoit la Médaille du mérite, accompagnée d’une dotation de 50 000 rials omanais.

Le prix a été institué par le décret royal n° 18/2011 du 27 février 2011, afin de reconnaître la production intellectuelle et cognitive et d’affirmer le rôle historique du Sultanat d’Oman dans l’ancrage de la conscience culturelle, considérée comme un pilier fondamental du progrès civilisationnel.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com