L'Otan trace ses «lignes rouges» à Moscou et serre les rangs face à Pékin

«Tant que la Russie ne montre pas qu'elle respecte le droit international et qu'elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale». (Photo, AFP)
«Tant que la Russie ne montre pas qu'elle respecte le droit international et qu'elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale». (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 15 juin 2021

L'Otan trace ses «lignes rouges» à Moscou et serre les rangs face à Pékin

  • Joe Biden doit rencontrer le président russe Vladimir Poutine mercredi à Genève
  • «Nous ne cherchons pas un conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités»

BRUXELLES: Les dirigeants de l'Otan ont signifié lundi leurs "lignes rouges" à Vladimir Poutine avant sa réunion avec Joe Biden et ont décidé de faire front commun face à l'entrisme de la Chine en Europe lors de leur sommet annuel à Bruxelles.

"La Russie et la Chine cherchent à nous diviser, mais notre alliance est solide. L'Otan est unie et les États-Unis sont de retour", a soutenu le président américain lors de sa conférence de presse.

La déclaration adoptée lors du sommet traduit les préoccupations des alliés: la Russie, la Chine, les nouvelles menaces dans l'espace et le cyberespace, le terrorisme, la montée des régimes autoritaires. Le texte long de 45 pages compte 79 points.

La Russie reste la préoccupation numéro un de l'Alliance. "Tant que la Russie ne montre pas qu'elle respecte le droit international et qu'elle honore ses obligations et responsabilités internationales, il ne peut y avoir de retour à la normale", ont averti les Alliés. Mais "nous restons ouverts à un dialogue périodique et substantiel", ont-ils assuré.

Moscou mis en garde

Joe Biden doit rencontrer le président russe Vladimir Poutine mercredi à Genève, dernière étape d'un périple en Europe commencé par un sommet du G7 au Royaume-Uni, suivi par le sommet de l'Otan et une réunion avec les présidents des institutions de l'UE mardi à Bruxelles.

"Nous ne cherchons pas un conflit avec la Russie, mais nous répondrons si la Russie continue ses activités", a averti Joe Biden. Le président américain a promis de dire au président russe quelles sont les "lignes rouges".

"Je l’ai rencontré. Il est intelligent, il est dur", a-t-il souligné. Mais Vladimir Poutine doit comprendre que la mort de l’opposant emprisonné Alexeï Navalny serait "une tragédie", a-t-il averti. Et "nous ferons notre possible pour que l'Ukraine puisse résister à l'agression" russe, a-t-il ajouté.

La Chine est également devenue une source de préoccupation.

"Les ambitions déclarées de la Chine et son comportement déterminé représentent des défis systémiques pour l'ordre international fondé sur des règles et dans des domaines revêtant de l'importance pour la sécurité de l'Alliance", ont affirmé les alliés.

Mais pas question d'une nouvelle guerre froide. "La Chine n'est pas notre adversaire, notre ennemi", a affirmé le secrétaire général de l'Otan, le Norvégien Jens Stoltenberg. "Mais nous devons faire face aux défis posés par la Chine pour notre sécurité", a-t-il précisé.

"Nous constatons que la Russie et la Chine coopèrent de plus en plus ces derniers temps, tant sur le plan politique que militaire. Cela représente une nouvelle dimension et un défi sérieux pour l'Otan", a-t-il expliqué.

Joe Biden a obtenu que "le défi sécuritaire posé par la Chine figure dans la déclaration", même si certains alliés européens, notamment la France, renâclaient.

Éviter la dispersion

"L'Otan est une organisation qui concerne l'Atlantique nord, la Chine a peu à voir avec l'Atlantique nord", a insisté le président Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. 

"Il est très important de ne pas nous disperser et de ne pas biaiser le rapport à la Chine. Il est beaucoup plus large que le sujet militaire: il est économique, il est stratégique", a-t-il ajouté.

Le sommet a également lancé la révision du concept stratégique de l'Alliance adopté en 2010 pour la préparer à faire face aux nouvelles menaces dans l'espace et le cyberespace.

L'Otan a ainsi tourné la page Donald Trump, rassurée par la volonté affichée de Joe Biden de "revitaliser" les alliances des États-Unis.

Si le retrait américain d'Afghanistan, décidé sans concertation avec ses alliés, a mis à mal la crédibilité des opérations extérieures de l'Otan, les Alliés s'engagent à ne pas abandonner ce pays aux talibans. 

Un financement sera accordé pour assurer le fonctionnement de l'aéroport international de Kaboul, indispensable au maintien d'une présence occidentale en Afghanistan. La Turquie a proposé de maintenir un contingent pour assurer sa sécurité, mais avec des conditions.

"Si on demande à la Turquie de ne pas quitter l'Afghanistan, un soutien américain diplomatique, logistique et financier serait très important", a observé le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Il a discuté des modalités de cette contribution militaire durant un long entretien avec Joe Biden.

"L'Alliance doit se consulter davantage et investir mieux", a plaidé Jens Stoltenberg. Les Européens s'y disent prêts après avoir obtenu la reconnaissance de leur contribution à la sécurité collective.

Encore faut-il que les Américains les jugent "fiables". 21 pays de l'UE sont membres de l'Otan, mais huit seulement tiennent l'engagement de consacrer 2% de leur PIB à leurs dépenses militaires. La France est du nombre, pas l'Allemagne, ni l'Italie, ni l'Espagne.

Biden se dit prêt à un échange de prisonniers

Un échange de prisonniers comme geste de bonne volonté pour sortir les relations américano-russes de leur marasme actuel? Vladimir Poutine s'y est dit prêt avant son sommet avec Joe Biden, qui est lui sous pression pour obtenir la libération de deux Américains détenus en Russie.

Les États-Unis ont prévenu que le président américain soulèverait avec son homologue russe, mercredi à Genève pour leur premier face-à-face, le sort de Paul Whelan, incarcéré pour espionnage, et Trevor Reed, emprisonné pour avoir agressé, ivre, deux policiers russes.

Washington affirme que ses deux ressortissants sont injustement détenus.

Et des élus américains, républicains comme démocrates, ont appelé le locataire de la Maison Blanche à réclamer leur libération avec plus de fermeté.

"Le traitement kafkaïen que le Kremlin réserve aux citoyens américains doit cesser et le président Biden doit faire de leur retour une priorité de sa visite", a estimé l'influent sénateur démocrate Bob Menendez. Le député républicain Michael McCaul est allé plus loin, estimant que leur libération devait être une "condition préalable" au sommet de Genève.

Interrogé sur la chaîne américaine NBC sur la possibilité d'un échange entre ces prisonniers et des Russes détenus aux États-Unis, Vladimir Poutine s'est montré ouvert à une telle possibilité.

"Oui, oui, oui bien sûr", a-t-il répondu, selon un extrait diffusé lundi. "Ce qui serait encore mieux, ce serait une discussion sur la possibilité de conclure un accord d'extradition", a-t-il ajouté, selon la transcription de l'entretien publiée par le Kremlin.

En attendant, le président russe s'est dit prêt à négocier un échange pour raisons "humanitaires" liées "à la santé et à la vie de personnes individuelles".

Quels prisonniers russes voudrait-il voir libres en échange des deux Américains? "Nous avons toute une liste", a-t-il assuré, estimant que le nombre de Russes détenus dans les prisons américaines était "sans commune mesure" avec celui des Américains derrière les barreaux en Russie.

Il a évoqué notamment les "gros problèmes de santé" de Konstantin Iarochenko, pilote russe incarcéré en Amérique pour trafic de cocaïne, dont la famille a demandé la libération avant le sommet. Tout comme la famille du trafiquant d'armes Viktor Bout.

Dans l'entretien, Vladimir Poutine se montre très virulent à l'égard de Trevor Reed, condamné en juillet 2019 à neuf ans de prison. "C'est seulement un ivrogne et un fauteur de troubles", "c'est du droit commun, rien d'autre", a-t-il assuré, alors que la classe politique américaine accuse Moscou de s'en servir comme monnaie d'échange diplomatique.

La mère du détenu, Paula Reed, a dit lundi sur NBC avoir "très bon espoir" de voir son fils enfin libre, saluant l'engagement de l'administration Biden en ce sens et les propos du président Poutine sur un éventuel échange.

"Nous espérons que cela va intervenir très vite", a-t-elle expliqué. "Comment il va revenir à la maison, cela nous est égal", a précisé son mari Joey Reed, laissant entendre qu'un échange leur convenait.

Ancien sous-officier du corps des Marines, l'autre Américain, Paul Whelan, était agent des services de sécurité d'un groupe américain de pièces détachées pour l'automobile quand il a été arrêté à Moscou en décembre 2018, puis condamné en juin 2020 à 16 ans de prison sur des accusations d'espionnage.

Paul Whelan a récemment demandé à Joe Biden d'organiser un tel échange de prisonniers pour obtenir sa libération. "Je vous implore de mettre fin à cet épouvantable cas de diplomatie des otages", a-t-il lancé dans un nouvel appel diffusé lundi par son frère.

Or, la position du président américain sur le sujet reste floue.

Lors d'une conférence de presse au sommet du G7 au Royaume-Uni, Joe Biden a donné l'impression d'être ouvert à un échange, en réponse une question qui portait toutefois spécifiquement sur les "cybercriminels". Mais son conseiller pour la sécurité nationale Jake Sullivan a ensuite rétropédalé: "Il ne dit pas qu'il va échanger des cybercriminels avec la Russie", mais il est ouvert à "un engagement mutuel" à "ne pas protéger les cybercriminels".

 


L'écrivain israélien David Grossman qualifie de "génocide" la situation à Gaza

Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens reçoivent de la soupe de lentilles dans un point de distribution de nourriture dans la ville de Gaza, le 1er août 2025. (AFP)
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  • Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza
  • Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël

ROME: Le célèbre écrivain israélien David Grossman a qualifié de "génocide" la manière dont son pays mène la guerre dans la bande de Gaza, affirmant en avoir "le cœur brisé", dans une interview publiée vendredi dans le quotidien italien La Repubblica.

"J'ai refusé pendant des années d'utiliser ce terme: "génocide". Mais maintenant je ne peux pas m'empêcher de l'utiliser, après ce que j'ai lu dans les journaux, après les images que j'ai vu et après avoir parlé avec des personnes qui y ont été", dit-il.

"Je veux parler comme une personne qui a fait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas en arriver à qualifier Israël d'Etat génocidaire", assure-t-il.

"Et maintenant, avec une douleur immense et le cœur brisé, je dois constater ce c'est ce qui se passe devant mes yeux. "Génocide". C'est un mot avalanche: une fois que tu l'as prononcé, il ne fait que grossir, comme une avalanche. Et il apporte encore plus de destruction et de souffrance", ajoute M. Grossman dont les œuvres ont été traduites en de nombreuses langues, dont le français, l'anglais ou l'italien.

Interrogé sur ce qu'il pensait en lisant les chiffres sur les morts à Gaza, il a répondu: "je me sens mal".

"Mettre ensemble les mots +Israël+ et +famine+, le faire en partant de notre histoire, de notre supposée sensibilité aux souffrances de l'humanité, de la responsabilité morale que nous avons toujours dit avoir envers chaque être humain et non seulement envers les juifs... tout ça c'est dévastateur", poursuit M. Grossman.

Allant à contre-courant du gouvernement israélien, M. Grossman affirme rester "désespérément fidèle" à l'idée de deux Etats, la Palestine et Israël, "principalement parce que je ne vois pas d'alternative", saluant dans ce contexte la volonté du président français Emmanuel Macron de reconnaître en septembre l'Etat palestinien.

"Je pense que c'est une bonne idée et je ne comprends pas l'hystérie avec laquelle elle a été accueillie en Israël", dit-il.

"Il est clair qu'il faudra avoir des conditions précises: pas d'armes. Et la garantie d'élections transparentes dont sera exclu quiconque pense à utiliser la violence contre Israël", a conclu l'écrivain.


L'émissaire de Trump promet davantage d'aides humanitaires après une visite à Gaza

Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
Des Palestiniens de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, se précipitent vers un avion effectuant un largage d'aide au-dessus du territoire palestinien assiégé par Israël, le 1er août 2025. (AFP)
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  • L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire
  • L'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis

Gaza, Territoires palestiniens: L'émissaire américain Steve Witkoff a effectué vendredi une visite dans la bande de Gaza dévastée par la guerre, promettant d'y augmenter l'aide humanitaire, au moment où la pression s'accentue sur Israël face aux pertes humaines dans le territoire palestinien affamé.

En amont de cette visite de l'émissaire du président Donald Trump, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a fustigé le système de distribution d'aide mis en place par Israël et les Etats-Unis via la Fondation humanitaire à Gaza (GHF), devenu selon elle un "piège mortel" pour les Gazaouis.

Après près de 22 mois d'une guerre dévastatrice déclenchée par une attaque sanglante du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la bande de Gaza assiégée par Israël est menacée d'une "famine généralisée" selon l'ONU et est totalement dépendante de l'aide humanitaire.

Entretemps, les bombardements et tirs israéliens ont continué dans le territoire palestinien, où la Défense civile a fait état de 22 Palestiniens tués, dont huit qui attendaient de l'aide.

"Qu'ont fait nos fils et nos filles? Qu'ont fait les enfants pour mériter cette famine? Ayez pitié de nous!", se lamente la sexagénaire Yasmine al-Farra à l'hôpital Nasser de Khan Younès (sud), où elle pleure son fils tué.

Steve Witkoff et l'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, ont visité dans la matinée un centre de la GHF "afin de connaître la vérité sur les sites d'aide", a indiqué M. Huckabee.

- "Nourrir les gens" -

M. Witkoff a ensuite précisé sur X que leur visite, de "plus de cinq heures", avait pour but "de fournir à @POTUS (le président Trump) une compréhension claire de la situation humanitaire et d'élaborer un plan visant à livrer de la nourriture et une aide médicale aux habitants de Gaza".

Selon le site américain Axios, M. Trump a déclaré travailler sur un plan à Gaza "pour nourrir les gens".

La GHF a lancé ses opérations fin mai, après près de trois mois de total blocus humanitaire imposé par Israël, écartant le système d'aide mis en place par l'ONU.

Depuis, 1.373 Palestiniens qui attendaient de l'aide ont été tués à Gaza, dont 859 près des sites de la GHF, une organisation au financement opaque, "la plupart" par l'armée israélienne, a affirmé l'ONU.

Dans un rapport, HRW a dénoncé un système humanitaire "militarisé" qui a provoqué selon l'ONG des "bains de sang". Elle a qualifié de "crimes de guerre" les "meurtres de Palestiniens en quête de nourriture, par les forces israéliennes".

L'armée israélienne, sollicitée par l'AFP, a dit examiner les rapports faisant état de victimes civiles près des zones de distribution d'aides.

Depuis une semaine, des avions de plusieurs pays ont largué des vivres à Gaza. Les autorités israéliennes ont annoncé que plus de 200 camions d'aide avaient été distribués jeudi par les organisations internationales.

Les agences internationales jugent ces aides insuffisantes et selon l'ONU 6.000 camions attendent le feu vert israélien pour entrer à Gaza.

- Vidéo d'un otage -

M. Witkoff, qui s'était rendu à Gaza en janvier, a rencontré jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, sous pression à la fois en Israël pour tenir ses engagements à détruire le Hamas et libérer les Israéliens kidnappés le 7-Octobre, et à l'étranger pour faire taire les armes à Gaza.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée.

L'offensive de représailles lancée par Israël à Gaza, a fait au moins 60.249 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé à Gaza, jugées fiables par l'ONU.

Vendredi, le Hamas a diffusé une vidéo d'un otage israélien, identifié par les médias israéliens comme Evyatar David, 24 ans. L'otage y apparaît amaigri et visiblement affaibli, détenu dans un tunnel.

L'AFP n'a pas pu déterminer l'authenticité de la vidéo, ni la date de son enregistrement.

Dans un rapport d'enquête publié vendredi, la chaîne publique britannique BBC a affirmé avoir recueilli des témoignages de membres du personnel médical, de groupes de défense des droits humains et de témoins sur plus de 160 enfants touchés par balle pendant la guerre à Gaza. Elle a ajouté que 95 avaient été touchés à la tête ou à la poitrine et que, selon des témoins, 57 d'entre eux auraient été visés par l'armée israélienne.

Interrogée à ce sujet, l'armée israélienne a déclaré que "toute atteinte intentionnelle aux civils, et en particulier aux enfants, est strictement interdite" par l'armée israélienne et le droit international.


Washington cible l'Autorité palestinienne, en plein débat sur la reconnaissance d'un Etat de Palestine

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
Le président de l'Autorité palestinienne Mahmud Abbas. (File/AFP)
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  • Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont annoncé jeudi des sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), en pleine offensive en faveur d'un Etat de Palestine.

L'annonce des sanctions américaines survient en effet au moment où de nombreux Etats, dont la France et le Canada, ont promis de reconnaître un Etat de Palestine en marge de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre, provoquant la colère d'Israël et des Etats-Unis qui parlent d'une "récompense" faite au Hamas dans la bande de Gaza.

La France et l'Arabie saoudite ont co-présidé lundi et mardi à l'ONU une conférence internationale, plaidant ainsi pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, seul chemin pour parvenir à la paix au Proche-Orient.

Washington, qui rejette toute reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien, a décrit la conférence comme étant une "insulte" faite aux victimes de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Dans un communiqué jeudi, le département d'Etat américain a fait part de sanctions contre des responsables de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, sans les identifier, accusés notamment d'"internationaliser le conflit avec Israël".

Washington reproche aux deux institutions de "soutenir des actions au sein d'organisations internationales qui sapent et contredisent les engagements antérieurs" notamment à travers la Cour internationale de justice (CIJ) et la Cour pénale internationale (CPI).

Washington avait sanctionné en juin quatre magistrates de la CPI, estimant que leurs procédures visant l'exécutif israélien étaient "illégitimes" et "politisées".

Washington, principal allié d'Israël, accuse aussi l'OLP et l'Autorité palestinienne de "continuer à soutenir le terrorisme, y compris par l'incitation et la glorification de la violence" dans les livres scolaires, une accusation de longue date.

Les sanctions consistent en un refus de visa pour des membres des deux institutions.

- "Distorsion morale" -

"Il est dans l'intérêt de notre sécurité nationale d'imposer des sanctions et de tenir l'OLP et l'Autorité palestinienne responsables du non-respect de leurs engagements et de la remise en cause des perspectives de paix", a indiqué le département d'Etat.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, s'est aussitôt félicité de cette décision, jugeant que "l'Autorité palestinienne doit payer le prix de sa politique actuelle consistant à verser des indemnités aux terroristes et à leurs familles pour les attentats commis et pour l'incitation à la haine contre Israël dans les écoles, les manuels scolaires, les mosquées et les médias palestiniens".

Il a également relevé, sur X, que cette mesure "met en évidence la distorsion morale de certains pays qui se sont empressés de reconnaître un Etat palestinien virtuel tout en fermant les yeux sur le soutien de l'Autorité palestinienne au terrorisme et à l'incitation à la haine".

L'Autorité palestinienne, dont le président est Mahmoud Abbas, administre la Cisjordanie occupée, tandis que l'OLP, créée en 1964, est le mouvement fondateur représentant les Palestiniens, longtemps dirigée par leur leader historique Yasser Arafat.

L'OLP rassemble la majorité des mouvements politiques palestiniens mais pas le mouvement islamiste Hamas, qui s'est emparé du pouvoir à Gaza en 2007.

Des pays arabes et occidentaux voudraient voir l'Autorité palestinienne, très affaiblie, jouer un rôle dans la gouvernance de la bande de Gaza après la guerre qui y fait rage depuis octobre 2023.

Depuis son retour au pouvoir en janvier, le président Donald Trump, qui a accueilli le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu par trois fois à la Maison Blanche, plus qu'aucun autre dirigeant étranger, a apporté un soutien inconditionnel à Israël, tout en oeuvrant sans succès pour un cessez-le-feu à Gaza.

Mais il s'est montré peu disert sur l'Autorité palestinienne, décriée pour le manque de réformes et la corruption.

Parmi ses premiers décrets, le président Trump avait levé des sanctions imposées sous son prédécesseur Joe Biden visant des colons israéliens extrémistes en Cisjordanie, en proie à une recrudescence des violences.