L’influence de la France recule au Maroc au profit de la Chine

La crise de la Covid-19 pourrait apporter l’opportunité d’un repositionnement de la France et de l’Europe au Maroc. La clé de cette «reconquête» est le financement.(Photo d'illustration/AFP)
La crise de la Covid-19 pourrait apporter l’opportunité d’un repositionnement de la France et de l’Europe au Maroc. La clé de cette «reconquête» est le financement.(Photo d'illustration/AFP)
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Publié le Jeudi 17 juin 2021

L’influence de la France recule au Maroc au profit de la Chine

  • La prépondérance traditionnelle et historique de la France au Maroc tend à diminuer au profit de la Chine, pays pour lequel le Maroc représente de nombreux intérêts, selon l’Institut Montaigne
  • La crise de la Covid-19 pourrait apporter l’opportunité d’un repositionnement de la France et de l’Europe au Maroc

CASABLANCA: Le Maghreb n’est plus un pré carré européen: c’est en substance ce que l’Institut Montaigne révèle dans son dernier rapport, intitulé La stabilité du Maghreb, un impératif pour l’Europe. Son auteur, M. Hakim el-Karoui, chercheur principal de l’Institut Montaigne et spécialiste du monde arabe, explique que les trois pays du Maghreb suscitent un intérêt croissant de la part des grands acteurs régionaux et internationaux; parallèlement, l’influence de l’Europe, en particulier celle de la France, recule progressivement.

Pour El-Karoui, la prépondérance traditionnelle et historique de la France au Maroc tend à diminuer au profit de la Chine, pays pour lequel le Maroc représente de nombreux intérêts, notamment liés aux investissements en infrastructures. «Casablanca représente un hub aéroportuaire très ouvert sur l’Afrique de l’Ouest ainsi qu’une place bancaire et financière régionale active dans le sud du Sahel et en Afrique de l’Ouest; or, la diaspora chinoise est relativement importante sur le littoral urbanisé marocain», précise le rapport de l’Institut Montaigne. La Chine s’intéresse également aux implantations logistiques, notamment à Tanger, avec le complexe portuaire Tanger Med, l’un des plus importants du pourtour méditerranéen, qui a détrôné les ports espagnols en 2020.

La Chine bâtira une smart city de 2 000 ha à Tanger

Ce sont avant tout des biens manufacturés que la Chine exporte vers le Maroc. L’empire du Milieu est essentiellement présent sur les marchés de biens de consommation, bien plus qu’au niveau des investissement productifs. Cette situation a toutefois évolué ces dernières années, surtout depuis la visite officielle à Pékin du roi du Maroc, Mohammed VI, en 2016, qui a permis de conclure plusieurs accords d’investissements dans des secteurs stratégiques et structurants pour le Maroc. L’un des projets phares, la Cité Mohammed VI Tanger Tech, nécessitera la bagatelle d’un milliard de dollars d’investissement et permettra la création d’une nouvelle smart city («ville intelligente») de 2 000 hectares. Il accueillera à terme 300 000 habitants au bas mot et drainera 10 milliards de dollars (1 dollar = 0,83 euro) d’investissement industriel.

Outre les investissements greenfield [type particulier d’investissement dans lequel une entreprise internationale commence une nouvelle opération dans une société étrangère en construisant de nouvelles installations à partir de zéro, NDLR] et l’implantation de plusieurs groupes chinois au Maroc, notamment dans le secteur automobile, la Chine se positionne dorénavant dans les appels d’offres d’infrastructures marocains. Tous les moyens sont bons pour faire valoir ses avantages comparatifs. Au début du mois de juin 2021, le groupe chinois Zhong Neng Xuan Zong Industrial (ZN) a adressé une lettre d’intention au chef du gouvernement marocain, Saad Dine el-Otmani, dans laquelle il demande à être associé au projet de la ligne grande vitesse Marrakech-Agadir. Le groupe s’est engagé à mobiliser sur ce projet l’ensemble de l’expertise chinoise, faisant appel, pour le transfert de savoir-faire, aux mastodontes que sont China Railway Construction Corporation, China Railway Group et la China Academy of Railway Science.

La Chine se positionne sur les chantiers stratégiques du Maroc 

«Les besoins actuels et futurs d’investissement au Maroc sont nombreux. Outre les infrastructures, la santé, l’éducation et la transition énergétique font l’objet d’appels d’offres internationaux sur lesquels la Chine tente de se positionner. Même si la situation du Maroc n’est pas critique pour l’accès au financement, des hésitations européennes ou multilatérales sont susceptibles d’offrir des opportunités à la Chine. La Chine pourrait ainsi financer un grand plan d’investissement au Maroc, qui permettrait aux entreprises chinoises de s’implanter durablement dans le royaume chérifien», souligne le rapport du think tank français.

Côté lobbying, la Chine a récemment fait jouer la «diplomatie du vaccin» avec le Maroc. Le pays a en effet été sélectionné pour qu’on y effectue les essais cliniques du vaccin issu du laboratoire chinois Sinopharm. Entre les mois de mai et juin 2021, des millions de doses ont ainsi été expédiées au Maroc, ce qui a permis au Royaume de faire considérablement évoluer sa campagne nationale de vaccination. De même, une coopération sino-marocaine a été mise en place afin de construire à Tanger une unité industrielle spécialisée dans la fabrication de vaccins destinés au continent africain.

La France devrait accompagner financièrement le Maroc

Malgré ce positionnement agressif de l’empire du Milieu au Maroc, l’auteur du rapport de l’Institut Montaigne veut rester optimiste, à la condition que l’on réagisse sans tarder. La crise de la Covid-19 pourrait apporter l’opportunité d’un repositionnement de la France et de l’Europe au Maroc. La clé de cette «reconquête» est le financement. «C’est tout l’enjeu de cette crise sanitaire, sociale et économique. Si l’on ne veut pas qu’elle entraîne des crises politiques dans tous les pays à revenus intermédiaires, il faut que les pays plus avancés leur permettent d’accéder à des liquidités afin d’accélérer la transformation des modèles de développement. C’est de cette manière que la crise pourra constituer une opportunité pour se relancer durablement», note l’institut français.

Pour M. Hakim el-Karoui, le Maroc doit financer un grand plan de développement à moyen terme, c’est-à-dire un renforcement de son capital humain, des investissements en matière d’infrastructures et d’industries de réseaux, une transition énergétique ainsi qu’une modernisation du système de protection sociale et de santé. Selon les scénarios optimistes, les besoins de financement se situeraient entre 3,5 et 6,5 milliards de dollars; mais des prévisions plus pessimistes, qui font abstraction de l’aide des bailleurs internationaux, les évaluent entre 6 et 11 milliards de dollars. C’est dans cette dernière hypothèse que la France pourrait faire valoir son partenariat traditionnel avec le Maroc.

«L’argent, on en trouve partout»

Aujourd’hui, cependant, le financement n’est plus le nerf de la guerre au Maroc: le pays dispose dans ce domaine de plusieurs cordes à son arc. Le plus important, pour le royaume chérifien, est le transfert de savoir-faire et de technologies; et, sur ce point, les Chinois sont beaucoup plus avancés que les Européens.

Cette situation nous rappelle la fameuse déclaration faite par Hassan II, le défunt roi du Maroc, au journaliste Alain Chaillou à l’issue d’une réunion avec le président français de l’époque, Valéry Giscard d'Estaing: «L’homme sage est celui qui vient chercher des conseils d’abord; des armes, on en trouve partout.»


Au Liban, le monastère du Saint des miracles attend le pape

"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
"Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV. (AFP)
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  • La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre
  • Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles

ANNAYA: "Saint Charbel m'a sauvé la vie". Comme de nombreux pèlerins, Charbel Matar se recueille sur la tombe du saint patron des Libanais, auquel sont attribués de nombreux miracles, avant la venue du pape Léon XIV.

La visite du monastère qui abrite la tombe de Saint Charbel, au nord de Beyrouth, sera un moment fort de la visite du pape américain, attendu au Liban le 30 novembre.

"Ma famille et moi avons une grande foi en Saint Charbel et nous lui rendons toujours visite", déclare Charbel Matar, 69 ans, entouré de son épouse et ses amis.

"J'ai failli mourir quand j'avais cinq ans. Il a accompli un miracle, il m'a sauvé de la mort et m'a maintenu en vie pendant 64 années de plus", ajoute l'homme dont les parents ont changé le prénom de Roger à Charbel en l'honneur du saint.

Saint Charbel Makhlouf (1828-1898), un moine-ermite maronite, canonisé en 1977, est populaire parmi les Libanais de toutes les communautés qui croient en ses miracles.

Les portraits du saint, avec sa longue barbe blanche, ornent maisons, voitures, mêmes bureaux, et les visiteurs affluent au monastère, qui porte le nom de Saint Maron, en toutes saisons.

"J'étais certaine que le pape allait visiter Saint Charbel (..) car Rome ne peut pas nier les miracles qu'il accomplit", dit Randa Saliba, une femme de 60 ans. "Saint Charbel est un message d'amour (..), il garde vivant le message chrétien".

La dernière visite d'un souverain pontife au Liban avait été celle de Benoit XVI en 2012.

Toutes les confessions 

En prévision de l'arrivée du pape, des ouvriers appliquent une couche d'asphalte sur la route menant au paisible monastère, dans les montagnes boisées d'Annaya qui surplombent la mer.

Des visiteurs, dont des femmes musulmanes voilées, se promènent sur le site, où la cellule monacale de Saint Charbel a été gardée intacte. Certains allument des bougies et récitent des prières.

Fils de bergers, le moine originaire du nord du Liban était entré dans les ordres à l'âge de 23 ans, avant de mener une vie d'ermite.

L'abbé Tannous Nehmé, vice-recteur de Saint Maron, affirme que le monastère attire environ trois millions de visiteurs chaque année.

"Ce ne sont pas seulement des chrétiens - beaucoup de musulmans, ou des personnes non croyantes, viennent. Des gens arrivent de partout: d'Afrique, d'Europe, de Russie", affirme-il.

Au milieu des effluves d'encens, seul le bruit des travaux de restauration de la tombe de Saint Charbel troublent la quiétude du monastère.

C'est là que, lorsque la tombe a été ouverte en 1950, des représentants du clergé ont constaté que le corps du saint était intact, plus d'un demi-siècle après sa mort.

Le monastère a recensé des dizaines de milliers de personnes qui ont affirmé avoir été guéries par Saint Charbel.

La miraculée la plus célèbre est une Libanaise, Nohad Chami, diagnostiquée avec une maladie en phase terminale en 1993.

Elle affirme avoir eu une vision de Saint Charbel qui l'a guérie. Elle est décédée cette année, à l'âge de 75 ans.

"L'espoir" 

Le Liban, un pays multiconfessionnel, est le seul Etat arabe où le président de la République est un chrétien maronite, en vertu du partage du pouvoir entre les communautés.

"La visite du pape est très importante pour le Liban. Elle apporte du bien et la bénédiction", se réjouit Claude Issa, une mère de trois enfants âgée de 56 ans.

Le Liban est sorti d'une guerre meurtrière il y a près d'un an entre le Hezbollah et Israël, qui continue de mener des frappes dans le pays, disant viser des membres ou infrastructures du mouvement pro-iranien.

Secoué par une crise économique inédite depuis 2019, il a également connu en août 2020 une énorme explosion, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une partie de Beyrouth.

Le pape doit tenir le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion, au port de Beyrouth, et célébrer une messe publique.

"Sa visite donnera un élan aux gens, leur fera sentir qu'il y a toujours de l'espoir au Liban", affirme Claude Issa.

 


L'ONU s'alarme «pour la survie de Gaza»

La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée. (AFP)
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  • Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme"
  • "Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport

GENEVE: La "survie de Gaza est en jeu", s'alarme l'ONU mardi dans un rapport, appelant la communauté internationale à élaborer un "plan de redressement d'ensemble" et à intervenir "sans délai" et de manière coordonnée.

Les opérations militaires israéliennes à Gaza "ont rongé tous les piliers de la survie", de la nourriture au logement en passant par les soins de santé, "nui à la gouvernance et plongé" le territoire palestinien "dans un abîme créé par l'homme", dénonce un rapport de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced).

"Compte tenu des destructions incessantes et méthodiques dont elle a fait l'objet, on peut douter sérieusement de la capacité de Gaza de se reconstruire, en tant qu'espace de vie et société", ajoute le rapport.

La guerre à Gaza a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Plus de 69.756 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas. Ces données, jugés fiables par l'ONU, ne précisent pas le nombre de combattants tués mais indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.

Selon le rapport de la Cnuced, les opérations militaires israéliennes ont fait passer Gaza "d'une situation de sous-développement à celle d'une ruine totale".

L'ONU estime qu'environ 70 milliards de dollars seront nécessaires pour reconstruire le territoire palestinien.

"Même dans un scénario optimiste, dans lequel la croissance atteint un taux à deux chiffres et l'aide étrangère afflue, il faudra plusieurs décennies pour que Gaza retrouve le niveau de qualité de vie d'avant octobre 2023", souligne le rapport.

La Cnuced appelle à la mise en oeuvre "d'un plan de redressement d'ensemble" qui associe "une aide internationale coordonnée, le rétablissement des transferts fiscaux" d'Israël vers Gaza "et des mesures visant à alléger les contraintes qui pèsent sur le commerce, les déplacements et l'investissement".

Cette agence onusienne appelle à instaurer, dans ce cadre, un revenu de base universel à Gaza, pour pourvoir à la subsistance de tous les habitants, sous forme d'un programme d'aide en espèces, "reconductible et sans conditions" et qui serait versé mensuellement.

La Cnuced note également qu'en Cisjordanie occupée, "la violence, l'expansion accélérée des colonies et les restrictions à la mobilité de la main-d'oeuvre" sont à l'origine du pire déclin économique depuis que l'agence a commencé à tenir des registres en 1972.


Au Soudan, les paramilitaires annoncent une trêve unilatérale de trois mois

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués. (AFP)
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  • L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués
  • "En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Daglo

PORT-SOUDAN: Les paramilitaires soudanais des Forces de soutien rapide (FSR) ont annoncé lundi une trêve humanitaire unilatérale de trois mois, au lendemain du rejet par l'armée rivale d'une proposition internationale de cessez-le-feu dans le pays ravagé par plus de deux ans d'un conflit meurtrier.

Le Soudan est le théâtre depuis avril 2023 d'une guerre pour le pouvoir, opposant l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays, aux FSR de son ancien bras droit Mohamed Hamdane Daglo.

Le conflit, marqué par des exactions dans les deux camps et auquel plusieurs médiateurs internationaux tentent de mettre un terme, a fait plusieurs dizaines milliers de morts et forcé le déplacement de millions de personnes, plongeant le pays dans ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire" au monde.

L'émissaire du président américain pour l'Afrique, Massad Boulos, a présenté récemment une proposition de trêve au nom des Etats-Unis, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, pays médiateurs, dont les détails n'ont pas été divulgués.

"En réponse aux efforts internationaux, notamment à l'initiative du président américain Donald Trump et des médiateurs (...), nous annonçons une trêve humanitaire prévoyant une cessation des hostilités pour trois mois", a déclaré lundi Mohamed Hamdane Daglo, dans une allocution vidéo enregistrée.

Les paramilitaires avaient indiqué début novembre accepter le principe d'une trêve humanitaire proposée par les médiateurs, à laquelle l'armée n'avait pas répondu, et les combats entre les deux camps n'ont pas cessé depuis.

Le chef de l'armée a lui jugé dimanche "inacceptable" la nouvelle proposition de trêve, appelé les citoyens désireux de défendre leur pays à "rejoindre immédiatement les lignes de front" et accusé la médiation de partialité.

Frères musulmans? 

"Encore une fois, le général (Abdel Fattah) al-Burhane refuse les offres de paix. Dans son rejet de la proposition américaine pour le Soudan, dans son refus obstiné d'un cessez-le-feu, il fait sans cesse preuve d'un comportement d'obstruction", a réagi lundi la ministre d'Etat à la coopération internationale des Emirats, Reem al Hashimy.

Le général Burhane a estimé que la dernière proposition envoyée par l'émissaire américain était "la pire", car, selon lui elle "élimine les forces armées, dissout les agences de sécurité et maintient les milices là où elles sont" au lieu de les désarmer.

Il a également rejeté les "récits" selon lesquels les islamistes des Frères musulmans contrôleraient l'armée, accusant M. Boulos de reprendre les éléments de langage des Emirats.

"Où sont ces soi-disant membres des Frères musulmans au sein de l'armée soudanaise? Nous ne les connaissons pas. Nous entendons seulement de telles affirmations dans les médias", a-t-il dit.

Dans son discours diffusé lundi, le chef des FSR a réaffirmé son "engagement en faveur d'un processus politique auquel participent tous les acteurs, à l'exception du mouvement islamiste terroriste des Frères musulmans et du Congrès national (parti désormais interdit du général Omar el-Béchir au pouvoir de 1989 à 2019, NDLR), car ils sont responsables de toute la tragédie que vit notre peuple depuis trois décennies".

Au cours des deux dernières années, les parties belligérantes au Soudan ont violé tous les accords de cessez-le-feu, entraînant l'échec des efforts de négociation.