Rema, un réseau d’étudiants qui promeut le monde arabe

Journée du monde arabe à l'Inalco (Photo, fournie).
Journée du monde arabe à l'Inalco (Photo, fournie).
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Publié le Dimanche 30 août 2020

Rema, un réseau d’étudiants qui promeut le monde arabe

  • « Nous avons à cœur d’agir dans une direction précise qui est celle de la promotion du monde arabe à travers le renouvellement des regards portés à cette région »
  • « Un pan important de nos activités consiste à favoriser les événements et projets qui permettent de déconstruire les idées et les images du monde arabe, souvent dégradantes »

PARIS: Entretien avec Dana Jomaa, présidente du Réseau des étudiants pour le monde arabe (Rema), une fédération d’associations présente dans toute la France dans le but de promouvoir le monde arabe.

Depuis sa création en janvier 2017, le Rema a développé sa présence dans une dizaine d’établissements universitaires français. Comment cela se traduit-il sur le terrain ?
Notre développement consiste en premier lieu à aider nos antennes à s’épanouir dans leur environnement respectif, et à accompagner les nouvelles antennes dans leur création. Il s’agit tout d’abord de favoriser l’interaction et l’entraide entre nos membres, des personnes aux expériences et profils très variés, qui ont en commun d’être passionnées par le monde arabe et sa culture. Beaucoup de nos événements ont pour but premier d’encourager les échanges que ce soit en termes de langue, d’expériences, de parcours, d’idées.

Nous organisons conférences, colloques, cercles de discussion, débats, mais aussi des soirées littéraires, des visites d’expositions, des projections de films et documentaires, des soirées culturelles, des sorties dans des restaurants arabes, des ateliers (calligraphie, chorale, théâtre, échanges linguistiques...). Nos antennes ont organisé plusieurs voyages dans des pays arabes (Maroc, Tunisie, Émirats arabes unis…). Nos activités passent aussi par la publication d’articles rédigés par nos membres. Le Rema sert également de structure commune pour développer des collaborations avec des organisations diverses (Unesco, instituts culturels, ambassades), et nous nous faisons le relais de cette « vie arabe » en France.
 

Quels événements majeurs avez-vous pu organiser ?
Sur le plan culturel, un des événements les plus importants pour le Rema est la Journée du monde arabe, organisée chaque année par Al-Wissal, notre association à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Cette journée est ouverte au public, qui peut venir déguster les plats d’un buffet proposé par nos membres, s’informer, participer à des ateliers (henné, calligraphie…), assister à des conférences ou encore à un concert/spectacle.

Nous organisons aussi de nombreuses rencontres pour favoriser les échanges en langue arabe, par exemple autour de thèmes comme la poésie, l’exil…, des visites d’expositions liées au monde arabe ou des projections-débats. Sur le plan académique, nos associations organisent des conférences tout au long de l’année. Nous avons par exemple organisé un colloque sur l’Union du Maghreb arabe (UMA) (Étudiants pour le monde arabe – EMA Science Po), un séminaire sur l’orientalisme (Al Wissal, Inalco), une rencontre avec les ambassadeurs de Jordanie (EMA Science Po) et du Liban (EMA Sorbonne), et des conférences sur de nombreuses thématiques d’actualité : le sport et les pays du Golfe, le monde arabe à l’aube du sursaut écologique…


« Porter un regard arabe sur le monde arabe »
 

Vous avez développé un format original de débats intitulé « la simulation de la Ligue arabe ». Peut-on en savoir davantage ?
Chaque semestre, nous organisons en effet une conférence de simulation de négociations diplomatiques de la Ligue des États arabes. Les participants prennent part à des discussions, pendant un jour ou deux, sur un sujet imposé. Chaque participant représente un État arabe et doit négocier pour produire une résolution commune sur le sujet, ce qui constitue un bon moyen de former les étudiants aux techniques de débats, tout en discutant de sujets d’actualité du monde arabe. Les thèmes sont variés et peuvent être géopolitiques, historiques, culturels ou économiques. D’autre part, nous développons plusieurs initiatives sur le terrain de l’apprentissage de la langue arabe, comme un système de tutorat et la mise en place d’ateliers d’initiation à l’arabe.

Vous semblez déterminée à combattre les clichés et les discriminations envers la culture arabe…
Au-delà de fédérer ces associations, le Rema a été fondé pour poursuivre un objectif plus large. Si nous sommes une organisation apolitique, dans le sens où nous ne sommes affiliés à aucun parti et où nous ne faisons pas de militantisme politique à proprement parler, nous avons toutefois à cœur d’agir dans une direction précise, celle de la promotion du monde arabe à travers le renouvellement des regards portés à cette région qui, selon nous, n’est pas traitée à sa juste valeur dans les initiatives étudiantes déjà existantes en France.

Cela se concrétise d’abord par une déconstruction des approches orientalistes du monde arabe (l’orientalisme au sens des thématiques développées notamment par Edward Saïd). Cela passe par un effort pour se départir des connotations négatives dont le monde arabe et l’arabité en général peuvent être porteurs dans l’environnement universitaire et académique français, et plus largement dans la société dans laquelle nous vivons. Le premier terrain de promotion est celui de la connaissance de la langue arabe, une richesse aux niveaux culturel, personnel et professionnel que malheureusement beaucoup d’étudiants ignorent, même quand ils en maîtrisent déjà les bases ou un dialecte. Nous encourageons à travers nos activités l’apprentissage, l’enseignement et la pratique de l’arabe et de ses dialectes.

D’autre part, un pan important de nos activités consiste à favoriser les événements et projets qui permettent de déconstruire les idées et les images du monde arabe, souvent dégradantes, fatalistes, ou biaisées, pour justement montrer les richesses et les potentialités de la région. Enfin, nous voulons encourager notre public, arabe ou non, à porter ce que j’appellerais « un regard arabe » sur le monde arabe. Cela implique de se départir des concepts et grilles de lecture étrangers au monde arabe qui sont souvent plaqués à cette région depuis l’extérieur, sans une véritable compréhension de ses enjeux et de ses sociétés.


Quels sont vos projets et ambitions pour les mois à venir ?
Cette année a été particulièrement difficile pour l’activité associative en France de manière générale, avec notamment les grèves nationales et la crise sanitaire, ce qui ne fait qu’accroître nos motivations et ambitions pour les mois à venir. Notre priorité sera de poursuivre le développement du réseau sur plusieurs terrains. Il sera question d’organiser plusieurs événements réunissant toutes nos antennes. Nous souhaitons favoriser nos collaborations avec des organismes, institutions, associations et organisations des pays arabes, et nous sommes toujours ouverts aux nouvelles rencontres.

Nous projetons de continuer à nous développer aussi par l’implantation de nouvelles antennes, afin de permettre à un maximum d’étudiants de profiter de nos activités. Plusieurs voyages dans les pays arabes ont été reportés cette année et auront donc lieu quand la situation nous le permettra. Enfin, nous comptons développer nos activités numériques via les réseaux sociaux et notre site Internet, pour proposer à nos membres une plate-forme pour la publication régulière d'articles qui nous aideront à inviter le plus grand nombre à changer leur regard sur le monde arabe et à le voir tel que nous le voyons, une richesse dont nous sommes les héritiers.
 


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.