La Tunisie, «pionnière» de la culture des algues rouges en Méditerranée

Pour un kilo d'algues mis en culture, dix kilos de la plante aquatique sont récoltés un mois et demi plus tard, indique-t-il à l'AFP. De quoi développer la production locale sans épuiser les ressources naturelles, quand d'autres pays comme le Maroc voisin ou le Chili ont vu leurs réserves d'algues rouges épuisées par la surpêche.(AFP)
Pour un kilo d'algues mis en culture, dix kilos de la plante aquatique sont récoltés un mois et demi plus tard, indique-t-il à l'AFP. De quoi développer la production locale sans épuiser les ressources naturelles, quand d'autres pays comme le Maroc voisin ou le Chili ont vu leurs réserves d'algues rouges épuisées par la surpêche.(AFP)
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Publié le Mercredi 23 juin 2021

La Tunisie, «pionnière» de la culture des algues rouges en Méditerranée

  • Après des années de recherche, c'est la première fois cette année que Selt Marine, une entreprise de texturants alimentaires, récolte des algues rouges à l'échelle industrielle
  • Face à l'eau plate d'une lagune près de Bizerte, des femmes vident dans de grandes bassines les filets des touffes rugueuses tirant du vert au rouge sombre, puis en prélèvent quelques sections

BIZERTE : Dans une lagune du nord de la Tunisie, des paysans récoltent des algues rouges qu'ils ont plantées eux-mêmes. Leur entreprise est la principale en Méditerranée et la seule dans le pays à cultiver ces plantes, devenues précieuses avec le succès des épaississants alimentaires végétaux.

Après des années de recherche, c'est la première fois cette année que Selt Marine, une entreprise de texturants alimentaires, récolte des algues rouges à l'échelle industrielle.

Face à l'eau plate d'une lagune près de Bizerte, des femmes vident dans de grandes bassines les filets des touffes rugueuses tirant du vert au rouge sombre, puis en prélèvent quelques sections.

Des fermiers nouent ensuite ces échantillons d'algue autour d'un filet cylindrique qu'ils plongent dans la lagune.

"On récupère 10% de la biomasse naturelle, on la cultive dans la lagune puis on attend que la nature fasse son oeuvre, et après 45 jours, on récolte: c'est du bouturage", explique Mounir Bouklout, un Français d'origine tunisienne, expert des algues et entrepreneur à l'origine du projet.

Pour un kilo d'algues mis en culture, dix kilos de la plante aquatique sont récoltés un mois et demi plus tard, indique-t-il à l'AFP. De quoi développer la production locale sans épuiser les ressources naturelles, quand d'autres pays comme le Maroc voisin ou le Chili ont vu leurs réserves d'algues rouges épuisées par la surpêche.

Les algues sont ensuite séchées au soleil sur de grandes tables puis transportées à l'usine où elles deviendront des texturants, des gélifiants ou des épaississants alimentaires comme de l'agar-agar ou des carraghénanes.

«Dépolluer naturellement»

Ce type de produits supplantent peu à peu la gélatine d'origine animale, moins populaire dans l'industrie alimentaire en raison de scandales sanitaires et du nombre grandissant de végétariens. Les algues rouges commencent aussi à se faire une place dans les secteurs cosmétique et pharmaceutique.

Si elles sont essentiellement cultivées en Asie, premier producteur, consommateur et exportateur d'algues marines dans le monde, les algues rouges bénéficient d'un climat idéal en Tunisie, et leur présence favorise le développement de tout un écosystème avec la présence de crevettes, de petits poissons, d'huitres ou de moules.

Les algues se développent en outre, par la photosynthèse, à partir d'éléments comme l'azote et le phosphore, une façon de "dépolluer naturellement la lagune", explique M. Bouklout. 

Depuis 25 ans, son entreprise transforme à Ben Arous, dans la banlieue de Tunis, des algues qui étaient jusque-là importées d'Asie.

Pour sa première récolte, M. Bouklout espère obtenir 500 tonnes d'algues humides, et il compte porter dès l'année prochaine la surface cultivée à 40 hectares pour une récolte de 3.500 tonnes, avant de passer à 80 hectares d'ici deux ans. 

Nuggets végétariens 

"La Tunisie est pionnière" en Méditerranée, indique à l'AFP Houssam Hamza, spécialiste de l'aquaculture pour la Méditerranée à l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Non seulement Selt Marine est la principale entreprise cultivatrice d'algues rouges dans la région, mais elle a un savoir-faire en matière de "transformation des algues en différents produits", ce qui permet de les valoriser sur place, explique l'expert.

Qu'elles soient cultivées localement ou importées, les algues sont lavées puis cuites à 90 degrés pour obtenir un liquide gélifiant qui est ensuite pressé, séché et broyé en une fine poudre blanche. 

Mélangée avec d'autres ingrédients, elle servira d'additifs dans des produits laitiers, la charcuterie, la confiserie ou la pâtisserie industrielle, pour des entreprises locales mais aussi européennes, turques ou chinoises. 

Une myriade d'autres utilisations sont en cours d'étude: des bouteilles biodégradables, des nouilles ou encore des nuggets végétariens à base d'algues mais au goût de viande qui seront bientôt commercialisés, indique la biologiste Mariem Mouheddine, responsable de la recherche et du développement chez Selt Marine. 

Une aubaine pour toute la région, où le projet emploie environ une centaine de personnes et devrait permettre d'en faire travailler 500 d'ici deux ans, selon M. Bouklout qui a attendu plus de 20 ans l'autorisation d'exploiter des lagunes tunisiennes.

Selon M. Hamza, les algues représentent "des opportunités à saisir". "C'est aussi notre rôle d'être au côté de la Tunisie, qui reste un pays riche en compétences et plein de jeunes talentueux", souligne-t-il.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.