L’effondrement économique ancre la violence dans le quotidien des Libanais

En l'absence d'un système national de protection sociale, les personnes âgées du Liban sont livrées à elles-mêmes au milieu de la crise économique. (Photo AP/Hassan Ammar)
En l'absence d'un système national de protection sociale, les personnes âgées du Liban sont livrées à elles-mêmes au milieu de la crise économique. (Photo AP/Hassan Ammar)
Des véhicules font la queue sur une autoroute côtière devant une station-service dans la région de Balamand au nord de Beyrouth le 21 juin 2021, au milieu d'une grave pénurie de carburant due à l'effondrement économique en cours. (Photo, AFP/Joseph Eid)
Des véhicules font la queue sur une autoroute côtière devant une station-service dans la région de Balamand au nord de Beyrouth le 21 juin 2021, au milieu d'une grave pénurie de carburant due à l'effondrement économique en cours. (Photo, AFP/Joseph Eid)
Les propriétaires des générateurs privés au Liban ont mis en garde contre des ruptures de services en raison de la pénurie de carburant, au moment où la crise économique du pays ne cesse d’empirer. (Photo, AFP)
Les propriétaires des générateurs privés au Liban ont mis en garde contre des ruptures de services en raison de la pénurie de carburant, au moment où la crise économique du pays ne cesse d’empirer. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 24 juin 2021

L’effondrement économique ancre la violence dans le quotidien des Libanais

  • Le Liban se trouve dans l’œil d’un cyclone économique, classé par la Banque mondiale parmi les trois pires au monde depuis plus de 150 ans
  • Un résident de la banlieue Sud de Beyrouth confie que les forces de l’ordre ne sont plus en mesure de faire face au chaos et à la violence

BEYROUTH : La violence se cramponne au quotidien des Libanais au milieu de la crise économique inégalée et l'effondrement des balises sécuritaires, alors que les files d’attente devant les stations-service sont régulièrement ponctuées de bagarres et de fusillades.

Le Liban se trouve dans l’œil d’un cyclone économique, classé par la Banque mondiale parmi les trois pires au monde depuis plus de 150 ans.

Les pénuries touchent des produits essentiels tels que le carburant et les médicaments. Le pain a pour sa part vu son prix revu à la hausse par le Syndicat des propriétaires des boulangeries en raison de la fin des subventions sur le sucre et la levure.

Les gens font la file pendant des heures devant les stations-service, et certaines bagarres se transforment en fusillade dans un contexte de concurrence pour faire le plein.

Certains, découragés, se suicident. D’autres, désespérés détruisent leurs sources de revenus.

Un jeune homme de 25 ans du nom de Mathew s'est pendu dans son appartement dans la région de Keserwan, et un résident de Baalbek a tenté de s’ôter la vie dans son magasin, acculé par ses dettes. Un vendeur de haricots ambulant a mis le feu à sa charrette dans une rue de Beyrouth après avoir reçu l'ordre de la retirer. C’était son unique gagne-pain.

Les conditions de vie se sont considérablement détériorées dans un contexte d’impasse politique sur la formation d'un nouveau gouvernement. Le conflit oppose le Premier ministre désigné Saad Hariri et le président Michel Aoun au sujet des membres du nouvel exécutif et de la distribution des portefeuilles.

Hariri a été nommé pour former un nouveau gouvernement en octobre dernier, sans succès. Le gouvernement du Premier ministre Hassan Diab a démissionné quelques jours après une explosion massive au port de Beyrouth le 4 août qui a fait plus de 200 morts et des milliers de blessés.

Dans un tweet, un militant a fustigé les autorités qui ont «transformé le Liban en une jungle et placé les gens à la merci des voyous dans les stations-service. Vous avez humilié des gens dans chaque recoin de leur vie. Nous remettons les scènes de fusillades dans les stations-service entre les mains de Dieu parce que nous n'avons personne au Liban à qui nous plaindre. Ils sont tous responsables, sans exception».

 

En Bref

Les pénuries touchent des produits essentiels tels que le carburant et les médicaments. Le pain a pour sa part vu son prix revu à la hausse par le Syndicat des propriétaires des boulangeries en raison de la fin des subventions sur le sucre et la levure

Un résident de la banlieue sud de Beyrouth confie que les forces de l’ordre ne sont plus en mesure de faire face au chaos et à la violence qui se frayent un chemin dans le quotidien des Libanais.

«Les forces de sécurité officielles, qui ont partagé la tâche de sécuriser les banlieues sud ces dernières années avec le Hezbollah et le mouvement Amal, ont demandé aux responsables de ces quartiers de participer à la protection de la sécurité des stations-service car eux-mêmes sont incapables de couvrir (tout le secteur)», souffle-t-il à Arab News, sous couvert d'anonymat.

Avoir recours à des groupes privés pour assurer la sécurité ne se limite pas à la banlieue sud, ajoute-t-il. Le phénomène s'étendrait à d'autres secteurs, dont notamment Ain El-Remmaneh et Furn El Chebbak.

Fadi Abou Chakra, porte-parole du syndicat des distributeurs de carburant et des stations-service au Liban, met en garde contre cette pratique.

«Certains responsables auto-proclamés de la sécurité dans les stations-service se livrent à des activités d’extorsions», déclare-t-il à Arab News. «Les émeutes et les attaques devant les stations-service ne sont plus tolérables. Les propriétaires de plus de 140 stations-service ont refusé de recevoir leur livraison d'essence car ils sont victimes d'extorsion et de passages à tabac, et ne peuvent pas assumer leur propre protection».

Il a exhorté les services de sécurité à protéger les stations-service qui, selon lui, «ne font que tenter de faire leur travail».

Mais le général de brigade Anwar Yahya, ancien chef de la police judiciaire, estime que les Forces de sécurité intérieure ne sont pas mandatées de «faire respecter l'ordre public» dans les stations-service. «C’est la responsabilité des municipalités, et il existe une loi qui gère ce genre de situations», a-t-il déclaré à Arab News. «Mais les municipalités souffrent aussi de faibles budgets. Des parties se sont impliquées dans certaines municipalités et peuvent les assister. Cependant, lorsque ces individus ont une plus grande influence que les forces de sécurité officielles, la stature de l'État diminue».

La crise économique a aussi affecté les forces armées libanaises, a-t-il ajouté, et la coopération de la communauté internationale pour les soutenir était «l'expression de sa crainte» de voir l'armée «s'effondrer» sous la pression des événements au Liban.

Les services de sécurité présentent des rapports quotidiens de personnes recherchées, accusées de trafiquer des produits subventionnés vers la Syrie, en plus d’arrestations pour atteinte à la sécurité sociale et alimentaire.

Yahya, qui a passé 39 ans dans le domaine de la sécurité, confie que les gens s'attendaient à ce que les agences de l'État fournissent une protection, et estime que le «sauvetage ultime» est dans les mains de l’armée.

«Le plus important est de faire bouger les choses et former un gouvernement car les gens ont faim», se désole-t-il.

Jusqu'à ce le nouveau gouvernement soit formé, selon lui, tout individu doit assurer sa propre protection. «Parmi les mesures préventives que les citoyens peuvent prendre figurent le verrouillage des portes et des fenêtres, l'application des principes de sécurité dans les quartiers, en plus de tenir la police informée de toute urgence».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 

 

 

 


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com