L’absence d’accord sur l'aide syrienne menacera des millions de vies, avertit l’ONU

Un jeune homme pousse une charrette avec des enfants, à l'intérieur du camp d'Al-Hol, géré par les Kurdes, qui abrite des proches de militants présumés de Daech, à Hasakeh, en Syrie, le 23 juin 2021. (Photo, AFP / Delil Souleiman)
Un jeune homme pousse une charrette avec des enfants, à l'intérieur du camp d'Al-Hol, géré par les Kurdes, qui abrite des proches de militants présumés de Daech, à Hasakeh, en Syrie, le 23 juin 2021. (Photo, AFP / Delil Souleiman)
Cette photo prise le 19 avril 2020 montre un grand camp de réfugiés à Atma, dans la province d'Idlib en Syrie. (Photo, AP/Ghaith Alsayed, Archives)
Cette photo prise le 19 avril 2020 montre un grand camp de réfugiés à Atma, dans la province d'Idlib en Syrie. (Photo, AP/Ghaith Alsayed, Archives)
Des réfugiés se promènent dans le camp d'Al-Hol, géré par les Kurdes, qui abrite des proches de combattants présumés de Daech, à Hasakeh, en Syrie, le 23 juin 2021. (Photo, AFP/ Delil Souleiman)
Des réfugiés se promènent dans le camp d'Al-Hol, géré par les Kurdes, qui abrite des proches de combattants présumés de Daech, à Hasakeh, en Syrie, le 23 juin 2021. (Photo, AFP/ Delil Souleiman)
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Publié le Samedi 26 juin 2021

L’absence d’accord sur l'aide syrienne menacera des millions de vies, avertit l’ONU

  • Étant donné que le mandat d'aide transfrontalière arrivera à échéance, Geir Pedersen a affirmé qu'«une réaction transfrontalière à grande échelle est essentielle» afin de sauver des vies
  • L'aide est un «lien vital pour des millions de Syriens», a signalé l'ambassadeur américain, mais la Russie et la Chine continuent de s'opposer au renouvellement de ce mandat

NEW YORK : L'unité au sein du Conseil de sécurité est d'une importance cruciale pour la survie de millions de Syriens qui continuent d'avoir désespérément besoin d'une aide vitale, a déclaré vendredi l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie.

«Il est absolument essentiel de maintenir et d'étendre l'accès, notamment les opérations transfrontalières ainsi que les opérations à travers les lignes de front», a mentionné Geir Pedersen aux 15 membres du Conseil.

Ses commentaires sont intervenus au moment où les membres occidentaux du Conseil semblent se diriger vers une confrontation le mois prochain avec la Russie et la Chine, qui sont tous deux membres permanents et détiennent le droit de veto, sur le renouvellement du mandat de l'opération d'aide en Syrie.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a averti mercredi les membres du Conseil que le non-renouvellement du processus transfrontalier d'aide à la Syrie aura des «conséquences dévastatrices» pour les civils de ce pays déchiré par la guerre.

La précédente autorisation transfrontalière avait été approuvée en 2014 et couvrait quatre passages frontaliers. L'année dernière, l'opposition de la Russie et de la Chine au renouvellement des quatre passages a entraîné la fermeture de trois d'entre eux, n'en laissant qu'un seul encore fonctionnel, à Bab Al-Hawa, à la frontière avec la Turquie. Le mandat de ce passage viendra à échéance le 10 juillet, et donc un vote du Conseil de sécurité est nécessaire pour qu’il reste ouvert au-delà de cette date.

«Une réaction transfrontalière à grande échelle est essentielle pendant 12 mois supplémentaires pour sauver des vies», a déclaré Pedersen aux membres du conseil.

L'ONU estime que plus de 13 millions de personnes à travers la Syrie ont besoin d'une aide humanitaire pour survivre.

La Russie soutient que les opérations d'aide internationale violent la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie. L'ambassadeur russe auprès de l'ONU, Vassily Nebenzya, a qualifié le besoin d'aide transfrontalière d’«anachronisme».

Il a révélé que son pays avait initialement accepté le processus d’aide parce que la Syrie «était à l’époque, déchirée en plusieurs parties par des terroristes». Il soutient que la Syrie est maintenant «libérée» et que toute l'aide au nord devra donc passer par Damas.

Nebenzya a imputé la détérioration de la situation humanitaire en Syrie aux «sanctions économiques illégales» de l'Occident.

Il a ajouté : «Nous considérons qu'il s'agit-là d'une tentative continue d'évincer les autorités légitimes du pays par l'étouffement économique».

Le représentant de la Chine à la réunion a également imputé les problèmes économiques du pays aux sanctions occidentales imposées unilatéralement. Il a appelé à leur levée en avertissant que «tout projet visant à effectuer un changement du régime en Syrie doit être totalement abandonné». Il a également appelé le conseil à séparer l'aide humanitaire du processus politique.

Toutefois, l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, qui s'est récemment rendue au passage frontalier de Bab Al-Hawa, a indiqué que «la grave crise humanitaire influence directement la situation politique».

Elle a appelé le conseil à réautoriser le passage, le décrivant comme «un lien vital pour des millions de Syriens», et à réouvrir deux autres passages à Bab Al-Salam et Al-Yaroubiyah. Elle a de plus averti que la situation politique ira de mal en pis si la Russie et la Chine continuent de refuser de renouveler le mandat d’aide transfrontalière.

«Si nous interrompons l'aide transfrontalière, nous déstabilisons davantage la région; cela encouragera de plus en plus de personnes déplacées à l'intérieur du pays à fuir », a constaté Thomas-Greenfield.

«Comme tout le monde me l'a fait comprendre lorsque j'ai visité la frontière, qu’il s’agissent de refugiés, de représentants d'ONG, de travailleurs humanitaires des Nations Unies, d’experts locaux, il n'y a vraiment pas d'autre alternative à l'aide transfrontalière».

L'envoyée américaine a réitéré que son pays ne normalisera ni ne soutiendra aucune aide à la reconstruction qui profite au régime d’Assad.

Le représentant permanent de la France, Nicolas de Rivière, a imploré le conseil de ne pas abandonner le peuple syrien «à la merci du régime d'Assad» et de revenir plutôt au «cœur de la résolution 2254 ».

La résolution 2254, adoptée en décembre 2018, appelle à la tenue d'un cessez-le-feu immédiat, à des réformes constitutionnelles ainsi qu’à des «élections libres et équitables». Elle appelle aussi à la libération de tous les détenus, à la divulgation du sort de toutes les personnes disparues de force et à la prise de dispositions pour le retour digne et sûr des personnes déplacées et des réfugiés.

L'envoyé spécial Pedersen a affirmé qu'il déplore l'absence de réels progrès sur la voie politique et regrette le «climat de méfiance entre les parties et la complexité de la situation sur le terrain», en exhortant le conseil à s'unir.

«La confiance se gagne par des actions et non par des paroles», a-t-il expliqué. «Les acteurs clés doivent être prêts à venir à la table avec une bonne volonté nécessaire, tout en ayant des bonnes choses à donner».

«Je crois que nous avons besoin d'un nouveau dialogue international constructif sur la Syrie pour discuter des mesures concrètes, des mesures qui devraient être réciproques et mutuelles, définies avec réalisme et précision, mises en œuvre en parallèle et qui sont aussi vérifiables».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.