Libye: l'ONU dénonce une « interférence étrangère » sans précédent

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l'ingérence étrangère dans le conflit libyen avait atteint des "niveaux sans précédent". (Michael TEWELDE/AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que l'ingérence étrangère dans le conflit libyen avait atteint des "niveaux sans précédent". (Michael TEWELDE/AFP)
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Publié le Samedi 11 juillet 2020

Libye: l'ONU dénonce une « interférence étrangère » sans précédent

  • Le secrétaire général de l'ONU a évoqué la possibilité de créer une « zone démilitarisée »
  • Le ministre français des Affaires étrangères a démenti tout parti pris de la France dans le conflit libyen, assurant parler avec "l'ensemble des acteurs"

NEW YORK: Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé mercredi une « interférence étrangère ayant atteint des niveaux sans précédent » en Libye, avec « la livraison d'équipements sophistiqués et le nombre de mercenaires impliqués dans les combats ».

S'exprimant lors d'une visioconférence ministérielle du Conseil de sécurité, Antonio Guterres a exprimé son inquiétude sur le regroupement de forces militaires autour de la ville de Syrte, située à mi-chemin entre Tripoli à l'ouest et Benghazi à l'est.

Les forces du Gouvernement d'union libyen (GNA), basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, « avec un soutien externe significatif, continuent leur avance vers l'est et sont maintenant à 25 km à l'ouest de Syrte », a-t-il relevé. Dans le passé, les forces du GNA ont tenté à deux reprises de prendre la ville, a précisé le chef de l'ONU.

« Nous sommes très préoccupés par la concentration militaire alarmante autour de la ville et le haut niveau d'interférence étrangère directe dans le conflit en violation de l'embargo sur les armes décrété par l'ONU, les résolutions du Conseil de sécurité et les engagements pris par les Etats membres à Berlin » en janvier, a insisté Antonio Guterres, sans désigner aucun pays en particulier.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a également dénoncé les violations de l'embargo sur les armes imposé pour la Libye en 2011.

« Pendant que le monde entier ferme ses frontières, les navires, les avions et les camions avec des armes et des mercenaires continuent d'arriver dans les villes libyennes », s'est-il insurgé. Il faut que cela cesse: « plus d'avions, plus de chars, plus de camions ou navires chargés d'armes. Et plus de mensonges », a lancé Heiko Maas.

Son homologue du Niger, Kalla Ankourao, a aussi critiqué les ingérences étrangères, comme l'ont fait lors de la session du Conseil plusieurs autres intervenants comme la France qui a réaffirmé son impartialité dans le conflit.

« La Libye n'a pas besoin d'armes supplémentaires, n'a pas besoin de mercenaires mais a besoin de réconciliation », a fait valoir Kalla Ankourao.

Le secrétaire général de l'ONU a par ailleurs indiqué que les discussions menées par la mission onusienne en Libye avec des représentants militaires des deux parties portaient notamment sur « le départ des mercenaires étrangers », une « coopération antiterroriste », un « désarmement et une démobilisation », ainsi que sur « la possibilité d'un mécanisme de cessez-le-feu ».

Il a également évoqué sans détails la possibilité de créer une « zone démilitarisée » dont le contrôle serait confié à la mission de l'ONU présente en Libye.

Paris dément tout parti pris

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a pour sa part démenti mercredi à Paris tout parti pris de la France dans le conflit libyen, assurant parler avec "l'ensemble des acteurs" et déplorant les « parties de poker menteur » de certains.

« J'entends beaucoup de choses sur le fait que la France aurait choisi le camp du maréchal Khalifa Haftar. Il importe de bien recadrer tout cela », a-t-il lancé devant la Commission des Affaires étrangères du Sénat.

L'Armée nationale libyenne (ANL) du maréchal Haftar a combattu le groupe jihadiste Etat islamique (EI), qui prenait pied en Libye, avant de se lancer en avril 2019 dans la conquête de Tripoli, a-t-il expliqué.

« Nous appuyions l'Armée nationale libyenne reconnue internationalement pour son combat contre Daechm non pas par des soutiens militaires très actifs mais par des conseils et par un soutien politique », a-t-il dit.

« Je m'entretiens très régulièrement avec l'ensemble des acteurs », a insisté Jean-Yves Le Drian. « On se parle, on essaie de faire avancer les choses mais c'est parfois, si je peux me permettre l'expression, des parties de poker menteur ».

Paris, Rome et Berlin sont sur la même longueur d'onde, a-t-il affirmé. « Nous parlons le même langage tous les trois aux uns et aux autres pour leur dire qu'il est urgent de se mettre d'accord pour stabiliser le front Syrte-Joufra, de valider la trêve et de commencer à travailler sur les éléments d'un cessez-le-feu », a-t-il encore dit.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.


Soudan: des dizaines de milliers de personnes fuient le conflit qui s'étend à l'est du Darfour 

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait. (AFP)
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  • Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusien
  • Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023

PORT-SOUDAN: Plus de 36.000 civils soudanais ont fui des villes et des villages face à l'avancée des combats dans une vaste région à l'est du Darfour, un peu plus d'une semaine après la prise de la ville d'El-Facher par les paramilitaires, a indiqué une agence onusienne.

Dans un communiqué publié dimanche soir, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré que 36.825 personnes avaient fui cinq localités du Kordofan-Nord, un Etat situé à quelques centaines de kilomètres à l'est du Darfour, région où les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont pris le dernier grand bastion que l'armée y contrôlait.

Ces dernières semaines, la région du Kordofan est devenue un nouveau champ de bataille entre l'armée et les FSR, en guerre depuis avril 2023.

Des habitants ont rapporté lundi à l'AFP que des villes entières étaient devenues des cibles militaires, alors que l'armée et les FSR s'affrontent pour le contrôle d'El-Obeid, capitale de l'Etat du Kordofan-Nord, important centre logistique et de commandement reliant le Darfour à Khartoum, qui abrite également un aéroport.

"Aujourd'hui, toutes nos forces ont convergé sur le front de Bara", a affirmé un membre des FSR dans une vidéo diffusée dimanche soir par les paramilitaires, en citant une localité située au nord d'El-Obeid. Les FSR avaient revendiqué la prise de Bara la semaine précédente.

Souleiman Babiker, habitant d'Oum Smeima, à l'ouest d'El-Obeid, a déclaré à l'AFP qu'après la prise d'El-Facher par les paramilitaires, "le nombre de véhicules des FSR a augmenté".

"Nous avons cessé d'aller dans nos champs, de peur des affrontements", a-t-il ajouté.

Un autre habitant, ayant requis l'anonymat pour des raisons de sécurité, a également fait état d'"une forte augmentation des véhicules et du matériel militaire à l'ouest et au sud d'El-Obeid" au cours des deux dernières semaines.

Martha Pobee, secrétaire générale adjointe de l'ONU pour l'Afrique, a alerté la semaine dernière sur de "vastes atrocités" et des "représailles à motivation ethnique" commises par les FSR à Bara, évoquant des schémas similaires à ceux observés au Darfour, où les combattants paramilitaires sont accusés de massacres, de violences sexuelles et d'enlèvements visant les communautés non arabes après la chute d'El-Facher.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Israël dit avoir identifié les corps rendus dimanche par le Hamas comme ceux de trois otages

"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
"Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza", indique un communiqué de l'armée israélienne. (AFP)
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  • "Selon les informations fournies par la Croix-Rouge, trois cercueils de personnes décédées prises en otage ont été transférés sous leur garde et sont en route vers les troupes de Tsahal dans la bande de Gaza"
  • L'armée israélienne a annoncé dimanche que le Hamas avait remis à la Croix-Rouge dans la bande de Gaza des cercueils contenant les corps de trois otages

JERUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé lundi avoir identifié les dépouilles rendues par le Hamas la veille comme étant celles de trois soldats enlevés le 7 octobre 2023, ce qui porte à 20 le nombre d'otages morts rendus par le mouvement islamiste sur un total de 28 qu'il doit remettre.

"Après l’achèvement du processus d’identification par l’Institut national de médecine légale, en coopération avec la police israélienne et le rabbinat militaire", l'armée a "informé les familles des otages tombés au combat (...) que leurs proches ont été rapatriés en Israël et identifiés", a indiqué le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, dans un communiqué.

Les défunts ont été identifiés comme le capitaine américano-israélien Omer Neutra, 21 ans lors de son enlèvement, le caporal Oz Daniel, 19 ans, et le colonel Assaf Hamami, 40 ans, l'officier le plus gradé tombé aux mains du Hamas.

Selon le Forum des familles d'otages, les trois ont été tués dans des combats lors de l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7-Octobre qui a déclenché la guerre à Gaza,  et leurs corps ensuite enlevés dans le territoire palestinien.

Israël avait annoncé dimanche soir avoir reçu les dépouilles de trois otages remises par la Croix-Rouge, dans le cadre de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.

Malgré plusieurs moments de tension, une trêve fragile tient à Gaza depuis le 10 octobre, dans le cadre d'un accord négocié par les Etats-Unis, prévoyant le retour de tous les otages enlevés en Israël, vivants ou morts.

En application de l'accord de cessez-le-feu, le Hamas a libéré les derniers 20 otages vivants détenus à Gaza en échange de la libération de près de 2.000 prisonniers palestiniens, et doit encore restituer huit otages décédés.

Israël a à plusieurs reprises accusé le Hamas de ralentir le processus de restitution des corps, tandis que l'organisation islamiste affirme que la lenteur s'explique par le fait que de nombreuses dépouilles sont enfouies sous les décombres de Gaza.